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 Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe)

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Dralvur Snowhelm

Ours cendré d'Ibenholt

Dralvur Snowhelm
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MessageSujet: Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe)   Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe) EmptyMer 2 Avr - 12:28

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Mon cœur est un palais flétri par la cohue.

irinwe & dralvur

Flashback, quelques mois auparavant.

C'est un poids écrasant. De ceux qui font ployer les nerfs en un roulis tumultueux que la carcasse même d’un homme ne parvient pas à contenir. Les épaules se tassent alors en une falaise écorchée que la houle aurait trop malmené, creusant la pierre du faciès rugueux en des plis contrits et inquiets. Une profonde inspiration soulève le torse du colosse dont les derniers évènements effritent le flegme et la sérénité, malaxant dans son regard d’ébène les tourments d’un esprit affligé et meurtri. Assis face à un imposant bureau de chêne ouvragé, aux pieds épais et à la carrure massive, il besogne jusqu’à l’épuisement pour achever d’écrire les nombreuses missives officielles qui partiront demain, dès l’aube, dans les fiefs et demeures jusqu’ici alliés à la maison des Ebonhand. Sa plume, droite et franche, ne manque pas de tracer au noir des mots qui lui sont laborieux, entachant, si ce n’est le papier, son cœur de souillures profondes et indélébiles. Il est toutefois de son devoir d’avertir le quidam parenté ou associé aux Snowhelm de son outrecuidante décision quant à fédérer son ancestrale maison au nouveau roi, proclamé Souverain par les apologies et Usurpateur par les blâmes.
Tout doit être fait dans les règles, tout doit être consigné, et au plus son union paraîtra tangible, au moins les regards de la cour s’étayeront contre son rachis au détour d’un couloir ou au passage d’une huisserie. Si sa fierté saigne comme un animal sacrifié, ses pensées, elles, ne cessent de le maintenir éveillé nuit et jour depuis l’intronisation fallacieuse pour le maintenir à flot dans cette effroyable tempête.

Quelques coups sont lâchés contre la lourde porte de son cabinet privé, retenant la truffe de sa plume qui se surélève et reste pétrifiée au dessus de ses écrits apocryphes. Pas une heure ne passe sans qu’il ne craigne le souffle d’une flèche, le rire d’une lame ou le murmure d’un poison. Chaque bruit devient une mélopée âpre et stridente qui serre son estomac d’une paranoïa caverneuse, distillant un peu plus les vicissitudes dans l’antre de ses affects normalement si quiets. Il n’est pas encore tout à fait notoire que son loyalisme se porte dorénavant à Jorkell Ravncrone et il ne serait guère étonnant qu’on le veuille plus mort que vif sous les alcôves du palais royal avant que son effigie ne vienne définitivement s’empêtrer dans les hideuses manœuvres du peuple rongeur de Jernvugge.
« Ser ? » L’oxygène jusqu’alors retenu dans ses poumons se relâche en un soupir conforté lorsque son ouïe discerne en travers du bois la voix de son valet. « Entre, Ybas. » L’homme d’âge mûr, au crâne dégarni mais à la barbe finement taillée, fait son apparition à la lueur des candélabres. Une main sur sa colonne, l’autre agrippant avec fermeté la poignée, il se tient à l’encadrement sans faire un pas de plus, annonçant d’un timbre placide et habitué. « Une femme demande à vous voir, ser. Je ne savais pas si je devais la convier à entrer … » Les sourcils cendrés du lord se plient doucement alors que sa paluche s’en vient reposer la plume près de l’encrier. « Elle est encore dehors ? », s’enquière-t-il avec effarement, constatant d’un bref coup d’œil le temps glacial et neigeux s’abattant dans l’extérieur nocturne. « Comme je vous le dis, ser. » Le patriarche Snowhelm se relève avec une diligence que l’on imaginerait difficilement pour un homme de son acabit, contournant déjà son bureau pour venir à l’encontre de son valet. « Par tous les dieux, Ybas, souhaites-tu sa mort ? Fais-la donc entrer ! » Le laquais, bien qu’obéissant, paraît comme hésiter, attendant que le lord vienne jusqu’à lui pour lui confier à ton bas. « C’est que, au vu des derniers faits, je pensais que vous ne souhaitiez recevoir personne … » Le long regard échangé transpire de sous-entendus, ce à quoi Dralvur répond sans détour. « Ybas, les assassins ne frappent pas aux portes. »

Peu de temps après, le valet vient rouvrir l’huisserie de la demeure et convie l’invitée à venir se réfugier entre les murs épais de la résidence, où une atmosphère chaude et tamisée l’attend entre boiseries, peaux de bêtes et âtres enflammés. On l’emmène dans une pièce large où un feu immense brûle et éclaire depuis son foyer une longue tablée usuellement destinée aux repas et rares banquets privés donnés en ces lieux. Un breuvage chaud à l’alcool aigre-doux attend la convive, ainsi qu’un plat de charcuteries et une épaisse miche de pain. Une servante finit d’installer le souper improvisé, puis disparaît dans les cuisines en saluant l’hôte d’un sourire aimable. Ybas disparaît à son tour, conviant la brune à prendre ses aises et lui certifiant que ser Snowhelm ne va pas tarder à la rejoindre.
Pas même une minute ne passe avant que le lord n’arrive effectivement, l’œil aimable et les ridules tirées par une chaleur autre que celle du brasier dans l’immense âtre. Quelque chose, pourtant, traîne sur sa figure comme un linceul mortifère, parant sa bienveillance d’une fatigue opprimante. « Veuillez excuser mon valet, il perd ses bonnes manières en ces temps troublés. » Arrivé à la hauteur de son invitée, il désigne d’un geste la place en bout de table, celle qui lui est destinée par la pitance proposée. « Je vous en prie. » Il s’assoit à son tour sur une chaise annexe, celle en face du foyer chatoyant, bien qu’il tourne quelque peu son assise vers la demoiselle pour mieux la contempler. Après un court moment de silence, Dralvur plisse vaguement les yeux en intimidant doucement. « Vous m’êtes familière … » Son épuisement ne troublant que d’autant plus sa mémoire antédiluvienne.

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Irinwe

Panseuse d'Ibenholt

Irinwe
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MessageSujet: Re: Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe)   Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe) EmptyMer 2 Avr - 17:57

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Chains of fate.





L
es souvenirs restent ancrés en elle, comme une blessure à vif qui gangrène son affect. Ce n’est pas tant la mort d’Hulgard Ebonhand qui l’afflige, mais cet éternel échiquier du pouvoir, ses influences et ses malversations. Irinwe se sent désespérée et impuissante, car elle a du se résoudre à la laisser. Princesse Jora, l’enfant prisonnière de sa cage dorée est maintenant devenue la femme captive de Jorkell Ravncrone. Maintenue sous le joug de l’Ursupateur, la voilà diminuée, séquestrée, et arrachée à sa destinée de digne héritière d’Ibenholt. Mais surtout, la voilà seule.
Pour Irinwe, c’est comme si on venait de lui arracher le cœur de sa poitrine. Son amour est le recueil de sa souffrance. Elle se dit qu’elle aurait du rester lorsque les gardes se sont saisis de la princesse pour la traîner jusqu’à sa chambre. Jusqu’à sa geôle. Elle se dit qu’elle aurait du s’interposer et se battre pour sa frivole liberté. Ce n’est encore qu’oisillon, et il a plus que jamais besoin d’elle. Qu’ils sont barbares, tous ces égos qui ne rêvent que de surplomber les autres sur leur trône d’argent. Qu’ils sont corrompus, pourris jusqu’à la moelle. Et la distinction raciale ni change rien, strictement rien.


A
grippée à sa monture, malmenée par des secousses intempestives et par les quelques flocons qui s’immiscent dans sa large capuche, l’elfe ne peut retenir ses larmes. Des larmes de colère, de rage, mais aussi de culpabilité. Car elle aurait du rester auprès de la princesse, même si ça aurait été vain. Un devoir que lui incombe la promesse faite à cette femme il y a vingt ans de ça. Cette mère aimante qui a donné sa vie pour offrir au monde une princesse douce et bienveillante.
Les images ne cessent de lui troubler la vue, d’égrener les faits terribles qui suscitent tant son désarroi. Lord Ebonhand, le crâne traversé par l’épée du conspirateur. Il n’est qu’un roi déchu. Un de plus.
L’elfe s’en veut, car malgré l’acte abominable qui porte atteinte à la maison qu’elle a servi durant ces vingt dernières années, elle s’entête à penser au sang des siens qu’Hulgard Ebonhand n’a pas hésité à faire couler pour avoir main sur sa couronne. La Nuit des Larmes. Bien sûr qu’il y a eu des pleurs, mais jamais assez pour laver le sang des siens qui entachent la cité d’Ibenholt à l’heure d’aujourd’hui.
Elle est sanglante cette couronne. Peut-être est-ce mieux pour Jora de ne jamais avoir à la poser sur son crâne ? Car toutes ces têtes, elles tombent. Une à une, sous le poids de la jalousie et de l’envie.
Dans les venelles de la cité, tout le monde scande le nom du nouveau roi. Il y en a qui prennent la fuite, craignant d’y perdre la vie - quant à d’autres, ils jubilent, comme s’ils n’attendaient que ça. Il y a des hommes qui aiment le goût des batailles et qui attendent patiemment que les royaumes s’écroulent. Devra-t-elle supporter ça longtemps ? Elle, qui, marquée par la malédiction de vivre longtemps, est forcée de voir les choses se bâtir pour finalement s’écrouler.


O
ù aller maintenant ? La morsure du froid n’a pas vraiment de prise sur sa peau elfique mais une colère sourde lui ronge les entrailles. La nervosité l’anéantit. Et son cheval le sent, car voilà qu’il se braque férocement tout en lâchant un hennissement réprobateur. Irinwe lui harponne les flancs pour ne pas tomber et lui chuchote quelques mots dans l’espoir de le calmer tout en lui flattant l’encolure. Elle redresse l’échine, immobile face au déluge qui prend part tout autour d’elle et se heurte avec lucidité à toute cette folie qui s’insinue pernicieusement dans les demeures. Et elle se surprend à réfléchir sous la voûte sombre et nuageuse, sa monture renâclant bruyamment tout en claquant des sabots. Elle pense aux alliés de la maison Ebonhand, tous ces bannerets qui lui ont porté allégeance. Il sont nombreux et sûrement sont-ils les prochaines proies à abattre pour le roi Jorkell ? Elle qui n’a plus ni famille, ni toit, ne peut que se résoudre à gagner la propriété de l’un d’eux en espérant obtenir leur aide. Peut-être seront-ils tous pendus haut et court à l’aurore mais elle doit s’y risquer. La belle essaie de chasser tous les affres qui empoisonnent sa pensée pour songer à l’identité de ses potentiels alliés, ceux qui seraient susceptibles de continuer à se battre pour la princesse Jora. Le nom vient de lui même fleurir sur ses lèvres. Snowhelm. Irinwe a souvent vu le lord s’entretenir avec Hulgard avec franche sympathie, bien loin des alliances de circonstances. Même si elle s’est évertuée à ne pas se mêler de toutes ces histoires de pouvoir, une femme de son statut est forcée d’en connaître quelques filons, malgré toutes les œillères qui peuvent préserver. L’hypothèse d’aller rendre visite à Snowhelm devient bien vite une certitude et elle plante ses talons dans les flancs de sa monture sans plus attendre. Elle ignore la suite des évènements - aura-t-il pris la fuite, acceptera-t-il de la recevoir et sera-t-il prêt à risquer sa peau pour sauver celle de Jora ? Bon nombre de questions qu’elle se pose mais qui demeurent sans réponse. Au moins jusqu’à ce qu’elle parvienne à trouver la demeure Snowhelm dans les quartiers riches d’Ibenholt.


B
alayant les larmes gelées qui lui piquent les joues, Irinwe tente de reprendre son souffle et un brin de contenance avant de daigner frapper d’un coup sec contre la porte en bois. Elle jette quelques coups d’œil effrayés autour d’elle avant de retrouver une expression lisse et déterminée. C’est un homme qui lui ouvre, sans pour autant rabattre entièrement la porte derrière laquelle il se cache. Il la détaille ostensiblement de la tête aux pieds et elle ne lui laisse pas même le temps de prendre la parole. « Bonsoir... Veuillez excuser ma visite tardive, mais il s’agit là d’une affaire pressante. Pourrais-je m’entretenir avec lord Snowhelm ? » Son timbre assuré et tranquille l’étonne elle-même. Elle ne se serait jamais sentie capable d’autant de tempérance en de telles circonstances. Après une mûre hésitation, comme si l’homme cherchait à lui exhorter ses secrets d’un seul regard, il lui prie d’attendre. Tandis qu’il referme soigneusement la porte, Irinwe se presse contre le bois pour y coller son oreille. Elle entend les pas du valet s’éloigner et se rassure comme elle peut. Sûrement l’aurait-il ouvertement congédié si le lord se trouvait absent. La donzelle croise les bras contre sa poitrine, dissimulée par l’ample pèlerine qui lui retombe jusqu’aux pieds et patiente en faisant aller venir son regard alerte autour d’elle. L’attente lui semble être interminable et de mauvais augure, et pourtant, l’huis finit par s’ouvrir et la main du valet l’invite à entrer.


A
peine entrée, Irinwe sent la chaleur réconfortante de la maison chasser ses appréhensions. Elle prend soin d’observer tout ce qui s’offre à son regard, des boiseries aux représentations rustiques, puis se dirige vers la pièce à recevoir qui accueille un âtre démesuré. On lui propose de se revigorer à l’aide d’un nectar brûlant et de quelques victuailles disposées sur la grande table. Honorée, elle gratifie son interlocuteur d’un sourire courtois quoique préoccupé puis se perd dans la contemplation des flammes le temps que son hôte la rejoigne. Une poignée de secondes se passe avant que l’homme à la chevelure grisonnante se présente à elle avec une figure des plus joviales. Une expression qui ne trompe néanmoins guère l’elfe qui essaie de se composer une image tranquille malgré ses turpitudes. Il l’invite à s’asseoir et elle prend place sur l’une des chaises massives en gardant son godet dans le creux de ses mains, geste machinal pour feindre un brin d’humanité. Il s’installe à ses côtés et la donzelle chasse ses excuses d’un sourire poli. En ces temps troublés. C’est on ne peut plus vrai. Snowhelm semble la reconnaître et l’elfe daigne rabaisser sa capuche pour lui offrir un visage entaché d’une pudique gravité. « Seigneur Snowhelm... Je suis navrée de venir vous importuner à une heure si tardive. Si mon visage vous est familier, c’est parce que nous avons eu quelques occasions de nous croiser, que ce soit dans la demeure de la maison Ebonhand ou au palais. » Elle baisse un instant le regard, chassant le trouble qui tend à lui tordre les lippes. « Mon nom est Irinwe. Je suis la préceptrice et servante de la princesse Jora. L’elfe que lady Ebonhand a tenu à avoir auprès de sa fille. »
Elle plante son regard dans celui de son vis-à-vis, tentant d’y puiser toute les réponses à ses questions intimées un peu plus tôt en son for intérieur. « Nous n’avons jamais été séparées avant aujourd’hui... Princesse Jora, ils l’ont enfermé dans ses appartements et je n’ai rien pu faire. Pas même l’accompagner. Je ne savais pas où aller... Puis, j’ai songé à vous ser Dralvur. Après tout, n’êtes-vous pas un ami de la famille ? » Elle l’interroge du regard, fronçant finalement les sourcils d’un air inquiet. « Puis-je me permettre de vous demander ce que vous comptez faire ? » La suite de ses propos sont bien évidemment sous-entendus. Courber l’échine devant l’Ursupateur ? A-t-il réellement le choix ? L’on peut bien évidemment mourir pour sa cause, mais à quoi bon si ça ne la fait pas avancer ?  


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Dralvur Snowhelm

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MessageSujet: Re: Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe)   Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe) EmptyMer 2 Avr - 21:12

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Mon cœur est un palais flétri par la cohue.

irinwe & dralvur

L’effigie lui apparaît enfin, portrait démasqué sous la caresse des lueurs ardentes, faciès ciselé avec précision mais voilé d’une brume que le lord parvient immédiatement à déceler. A dire vrai, l’impression de déjà-vu s’épaissit avant même qu’elle ne prenne la parole car peu sont les visages que le ser oublie, d’autant plus s’ils se parent d’une allégorie bienveillante à l’encontre de Jora Ebonhand. Ils se sont déjà croisés, lui dit-elle, et nul place au doute ne serait concédé car il semble bel et bien au patriarche que cette femme a déjà coudoyé son chemin. Silencieux, les lippes scellées en une fine barricade de chair, il observe et écoute son invitée avec une attention renforcée. « Oui, bien sûr », réplique-t-il doucement, un éclat de souvenance ravivant ses orbes d’ébène. « Irinwe. » Ce prénom sonne comme une reddition contre son palais, de celles anesthésiantes et adoucissantes ; enfin un allié dans la mer noire de ses peines. Le statut de la dame semble bien peu lui importer, car il sait toute l’affection et le loyalisme dont elle peut faire preuve envers leur astre commun. Les rides du sage colosse s’étiolent dès lors en une mine affable, tout au plus alanguie en une réflexion pensive lorsque la préceptrice en vient à l’humiliante captivité de la princesse. « Un ami, oui », fait-il avec douceur, la langue lourde de flétrissures déshonorées et le regard fuyant vers le feu exalté de l’âtre. Si cette vérité est encore juste en cette soirée, il sait qu’au lendemain, les pierres se mettront à pleuvoir sur les Snowhelm, caillasses portées par la désillusion d’âmes offensées. Un mal pour un bien, dira-t-on, car le cuir de l’ours est épais et ne saurait faiblir contre les avalanches mécontentes. Le beau pelage à la dignité farouche, quant à lui, subira pertes et fracas, c’en est certain. Mais il n’est pas en cette terre pour faire pavaner son crin comme un coq de basse-cour, tant que ses crocs restent aiguisés et que ses griffes sont affutées, il aura toujours les armes pour combattre les véritables intempéries.

« Vous le pouvez », il en revient aux calots de la brune, la barbe distillant ses reflets bigarrés à chaque intonation prononcée. « Je ne remets guère en question vos inquiétudes, ni vos appréhensions. Je connais et comprends la place qu’Elle honore dans votre cœur. Sachez ceci, c’est qu’elle n’est pas abandonnée … » L’échine du lord se redresse quelque peu en soupesant une lourde inspiration qui lui fait divaguer l’attention vers les portes et murs de la pièce. Mille yeux pourpres de corneilles, voici ce qu’il imagine l’entourant comme une hideuse palissade, même ici, même chez lui. « Ne vous blâmez pas pour ce qui lui est arrivé, personne n’aurait pu le deviner, et personne n’aurait rien pu faire. Il y a des actes qui dépassent l’entendement, mais il faut parfois accepter les revers, sans quoi l’esprit s’enlise dans des sentiments qui ne sont guère plus que de piètres tâches d’encre. Et l’on ne peut rien faire de bon, ni de constructif, avec de telles salissures qui vous rongent la raison. » Les coudes de Dralvur se lèvent puis se posent avec pesanteur sur la table, la mâchoire contractée l’espace d’un bref instant. Ses globes oculaires se figent contre ses épaisses phalanges qu’il entrelace et décroise avec mécanisme. « La destinée de Jora n’est pas scellée. Disons simplement qu’Elle est à la croisée des chemins … et son virage dépendra des brises qui sauront, ou non, l’emporter vers une nouvelle voie. Ne perdez pas espoir, Irinwe, si les dieux n’avaient aucun schéma à lui accorder, ils nous l’auraient dérobée le jour du Duel. Si Jorkell la garde encore en vie, c’est qu’il y trouve soit un avantage, soit un profond obstacle à la paix fragile du royaume. » Les iris sont revenus sur la préceptrice, avant qu’un fade quoique bienveillant sourire ne vienne conclure son élocution.

La confiance du ser paraît comme envelopper leur huis clos d’un baume lénifiant, choyant son verbe adroit d’une aisance réconfortante. « Pour en revenir à votre situation, permettez moi de vous aider. Vous serez en sécurité ici, je vous en fais la promesse, et je tenterai de vous donner des nouvelles de Jora autant que je le puis. Les gens de cette maison sont bons, ils sauront vous apporter le foyer dont vous avez besoin. Vous aurez un salaire de domestique, si cela vous convient. Dites-vous que ce n’est qu’un titre de fonction, on ne peut pas dire que vous croulerez sous la besogne … il n’y a que moi, ici. » La risette s’accentue, transperçant l’atmosphère lourde des sombres angoisses d’une légèreté courtoise, voire amicale.

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Irinwe

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MessageSujet: Re: Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe)   Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe) EmptyJeu 3 Avr - 11:50

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Chains of fate.





S
i Iriniwe est forcée de se méfier malgré l’invitation chaleureuse de son hôte, la figure de son interlocuteur a tôt fait de la conforter dans l’idée de la confidence. L’homme d’âge mûr se montre patient et son faciès marqué par les affres du temps et la rigueur des batailles témoigne de sa force inébranlable et de son honneur qui ne vacille pas. De ses quelques paroles fluettes, l’elfe se laisse aller à la confession, posant finalement ses mirettes sur la figure tranquille de Snowhelm. Elle déglutit difficilement, appréhendant sa réaction qui pourrait être biaisée. Et pourtant, il approuve être un ami, sous le poids de quelque chose que la donzelle ne connait que trop bien. La culpabilité. Celle de ne rien avoir pu faire pour sauver la famille Ebonhand. Irinwe a très haute estime de la dignité et de la droiture - ces traits là qui viennent à se défigurer d’envie et d’abjection lorsque le pouvoir est trop fort.


L
es mains posées contre ses cuisses, l’elfe essaie de rester droite et infaillible, malgré le poids des remords et de l’inquiétude qui tend à lui affaisser les épaules. Après avoir cavalé dans le froid, malmenée par ses émotions révoltées, la créature peine à retrouver un tant soit peu de quiétude d’esprit. La retraite inquiète de lord Snowhelm se meut dés lors en l’expression sincère de sa compréhension et compassion. Elle n’est pas abandonnée... En entendant ces paroles, Irinwe lève ses mirettes pour mieux contempler son interlocuteur. Pour mieux déceler s’il lui dit ça avec honnêteté ou si ce n’est là qu’une manière de la rassurer pour faire taire son chagrin. Son attitude parle pour lui. Dralvur se redresse légèrement, comme si l’animal enchaîné venait à se défaire de ses liens, mais le regard trouble se porte sur les alentours - comme s’il craignait d’être piégé. Ce sentiment d’insécurité, elle le comprend, car elle aussi, y nage maintenant sans pouvoir s’en dépêtrer. Doit-elle vraiment le croire lorsqu’il lui dit qu’elle n’aurait pas pu deviner ce qu’il s’est passé ? Elle l’a bien senti, cette tempête à venir. Cette angoisse permanente qui lui a donné l’impression que cela n’en finirait jamais. Mais comment s’entêter dans une vague intuition car elle n’est que la servante d’une princesse. Lord Snowhelm semble avoir déjà saisi le fil de sa pensée et même si elle entrevoit un certain reflet de son désarroi dans ses prunelles à lui, ce dernier est passé outre l’abattement pour songer à l’après. De l’espoir, c’est bien ce dont l’elfe a besoin en ces temps troublés. « Bien sûr. Je sais que ce qui est fait ne peut être défait... » Commente-t-elle en fermant les paupières, ravalant sa peine et sa rancœur. Alors qu’elle emmêle ses doigts sous la table avec une certaine anxiété, l’homme en face d’elle s’enracine dans des certitudes. Il est réconfortant de voir que le chevalier est comme un roc en plein tumulte. Il ne vacille pas dans l’ombre d’un doute, et ça ne semble pas être dans le souci de la préserver. Irinwe doit reconnaître qu’il n’a pas tort sur ce point - Jorkell Ravncrone aurait pu ôter la vie de la belle après avoir défait son père en duel, mais il n’en est rien. L’Usurpateur semble avoir besoin d’elle, peut-être parce qu’il craint au soulèvement des masses s’il l’exécute comme Hulgard l’a fait avec les elfes d’Ibenholt durant la Nuit des Larmes. L’elfe inspire profondément, les lèvres closes dans ses pérégrinations intérieures. Elle ne peut nier que l’échange avec Dralvur parvient à apaiser ses craintes, même si savoir la princesse seule entre les quatre murs de sa geôle lui fait nourrir quelques appréhensions viscérales. C’est qu’elle s’est irrémédiablement attachée à elle, et ne peut concevoir de rester loin - et pourtant, l’y voilà contrainte. La belle acquiesce aux dires de son interlocuteur, faisant l’effort d’un triste sourire pour le gratifier de sa bienveillance.


L
orsqu’il l’invite à rester dans la demeure des Snowhelm tant qu’elle le désire, une étincelle de surprise anime les prunelles de l’elfe qui incline légèrement la tête pour lui intimer toute sa reconnaissance. La proposition du lord lui enlève le poids de savoir où se réfugier après les récents évènements, et ayant déjà été domestique d’un roi méprisant, elle estime pouvoir sans problème s’occuper de la maison d’un tel allié. Qui la respecte. « Je vous en saurais gré monseigneur. Je redoutais de devoir me cacher dans les bas fonds d’Ibenholt. Votre sagesse et votre bienveillance est un vrai soulagement pour mon âme en peine. » L’émotion brille un instant dans les prunelles cristallines mais elle étire un sourire pour chasser tout ce qui pourrait bien la trahir. Après un bref silence, elle reprend d’un timbre assuré. « Dés que je le pourrai, je retournerai auprès de lady Jora. Si lord Ravncrone prend un tant soit peu ses considérations en compte, il n’aura sûrement rien contre ma présence à ses côtés. » Sa loyauté se contrefiche bien des muselières et des barreaux d’une geôle. La confusion s’éprend des traits de la belle lorsque l’ours cendré lui confie vivre seul dans cette grande demeure. « Je suis navrée ser Dralvur... L’on ne devrait pas avoir à subir la solitude dans une si grande maison. » Et c’est qu’elle en sait quelque chose, elle qui s’est attristée de voir Jora forcée à grandir en la seule compagnie de ses domestiques.


L
e regard d'Irinwe se fait un brin inquisiteur tandis qu’elle examine les traits du seigneur de la maison. Piquée par une expression soucieuse, la donzelle soupire dans un battement de cils avant d’affirmer sur le ton du constat. « Concernant la sécurité de la princesse, vous avez probablement raison. Au moins Ravncrone n’emprunte pas les sentiers du carnage comme l’a fait précédemment Hulgard Ebonhand. » Sa remarque sonne sûrement comme un lourd reproche. Car oui, en tant que banneret d’Ebonhand, lord Snowhelm a du certainement tremper dans le massacre des elfes, et ça l’attriste car il ne semble pas être de ceux qui se montrent impitoyables. Ni aveugles. Irinwe se mord férocement la lèvre avant de reprendre. « Puis-je me monter honnête monseigneur ? » Lui demande-t-elle, bien que ce soit plus rhétorique qu’autre chose. « Je ne brûle pas d’envie de voir la princesse monter sur le trône, car ce trône, il a pris beaucoup de vies. Il est maudit. » Les prunelles de la belle se font de glace. « L’allégeance que je lui porte, ça ne concerne en rien sa couronne légitime. Jora est une bonne personne et je la chéris en tant que telle. Si elle n’avait pas été là, je serai probablement morte durant la Nuit des Larmes. Comme tous les autres. » Une autre manière pour elle de dire qu’elle n’est pas une alliée de la maison des Ebonhand mais de Jora en personne. Se rendant compte de ses paroles quelques peu déplacées à l’égard de son hôte, Irinwe ramène sa brune crinière vers l’arrière, les lèvres pincées. « Pardonnez ma rudesse. En parlant ainsi d’Hulgard, je vous manque de respect, dans votre propre maison dans laquelle vous m’avez accueilli à bras ouverts. Excusez-moi. » Et voilà que ses lèvres scellent dans un silence morose.

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MessageSujet: Re: Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe)   Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe) EmptyVen 4 Avr - 16:34

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Mon cœur est un palais flétri par la cohue.

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Le soulagement de son invitée est aussi perceptible que ces flocons de neige tapissant l’ombre nocturne des entrailles d’Ibenholt. Il la sent délestée d’un poids qu’il ne comprend que trop bien, ce genre de masse qui écrase l’esprit et l’âme de dardes métalliques. Heureux de pouvoir apporter une paix éthérée à Irinwe, le lord affine ses ridules déjà adoucies en une nouvelle risette silencieuse. Lorsqu’il est question de sa solitude, l’homme balaye toutefois l’atmosphère tiède d’un signe de tête qui se veut nonchalant. Il n’est nul besoin d’être navré pour lui, car s’il est vrai que les affres de l’isolement claquemurent souvent son cœur, aucune pitié ne lui serait agréable à entendre de quelque bouche que ce soit, quand bien même elle s’enrobe d’une humble sincérité. Il n’y a que la vérité qui blesse, ronronne une voix parjure dans les tréfonds de son crâne, mais il écrase aussitôt la morgue de sa conscience en une expression troublée. « Vous comptez retourner auprès d’Elle ? » C’est rhétorique, incontestablement, car la réponse lui a déjà été insufflée. L’idée, cependant, paraît comme déranger le ser, et, si aucun autre verbe ne se décide à franchir ses lèvres brusquement closes, c’est pour épargner la jeune-femme de tristes inquiétudes. Il redoute la parole du roi Jorkell comme l’on craint les serres d’un rapace. Dans une précipitation des plus dévouées, Irinwe risquerait de se jeter dans le précipice creusé par la Corneille. Le moment venu, le patriarche compte bien être à ses côtés pour s’assurer qu’aucun piège n’est tendu à la fidèle servante. Pour l’heure, il n’est pas utile d’alarmer la dame, aussi se laisse-t-il bercer par le silence en écoutant la douce élocution de son invitée.

« Bien sûr », affirme-t-il avec droiture, réclamant ladite honnêteté de sa convive avec une assurance farouche. Mais les dires narrés tirent bientôt une gêne palpable chez le colosse qui se met à porter les orbes de son regard vers l’ardeur gigotant et valsant dans le nid de pierre. Le feu de l’âtre gronde autant dans le foyer que dans ses souvenirs, ravivant cris et larmes de sang qui s’entassent et s’écrasent dans ses affects comme l’acide viendrait ronger un matériau de piètre valeur. Combien de nuits l’ont tenu éveillé, cédant sous les songes rutilants de peine et de honte. Encrassant son corps d’une sueur répugnante, dégorgée par des pores malades de déshonneur ? Assumer les conséquences de ses actes demande bien plus de courage que la bataille menée, et, bien que sa lucidité se soit imprégnée depuis des lunes d’un pragmatisme martial, il lui est encore à ce jour difficile de ne pas ployer sous l’indignité lorsqu’un tel récit lui est avoué. Une main relevée vers ses lippes, il caresse avec méditation les reliefs escarpés de sa bouche en faisant couler son attention sur le bois usé de la table.
Un long mutisme l’étreint subitement lorsque la voix féminine finit par se taire, plongeant l’hôte de la demeure dans un exil que seuls les dieux seraient capables de décrypter. Il semblerait de prime abord que la prose déliée ait effectivement blessé ou froissé le lord, car pas un mot n’ose franchir la carne murée. Huglard, combien de fois ce prénom devra percer son ouïe sans qu’il ne ressente autant d’émois paradoxaux.

« Je suis épuisé », finit par articuler la gueule hirsute de l’Ours Cendré. Epuisé par cette longue journée. Epuisé par les évènements. Epuisé par cette vie qui ressemble de plus en plus à un marais duquel il se noierait. De la vase dans les narines pour seul oxygène. Des batraciens dans le gosier pour seule ripaille. Ses paupières se rabaissent avec pesanteur, arrachant une profonde inspiration au large thorax. Le soupir s’évade en même temps qu’il se redresse, faisant craquer des articulations meurtries par les températures nordiques. « Je vais vous faire apprêter une chambre dans l’aile des domestiques. Ybas va vous indiquer le chemin, c’est à lui que vous vous adresserez pour toute réclamation, c’est en quelque sorte l’intendant de la maison. » Si, jusqu’alors, les calots du ser se sont montrés fuyants, voire distants, l’attention revint finalement se planter dans les billes d’Irinwe. Une vague hésitation parcourt son effigie, avant que ses traits ne se dulcifient quelque peu. « Ne vous excusez pas pour vos mots. Ils sont justes et je les entends, quand bien même ils soient durs à mon cœur. Quant à lady Jora, gardez cette affection intacte, c’est une force inestimable pour Elle et pour tous ceux qui la soutiennent. Mais je ne peux hélas pas vous promettre de saborder sa destinée que je crois étroitement liée au royaume d’Ibenholt. Le Trône de Jais n’est pas maudit, Irinwe, il ne fait qu’exacerber l’essence même des êtres. Gageons que l’âme de la Princesse soit aussi pure que ne l’est son visage. » Si les propos du lord portent à réflexion, sa voix tonne néanmoins d’une assurance et loyauté dans lesquelles aucun doute n’a sa place. Il finit par se tourner vers l’huis de la pièce, hélant Ybas avec calme mais fermeté.

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Irinwe

Panseuse d'Ibenholt

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MessageSujet: Re: Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe)   Mon coeur est un palais flétri par la cohue. (irinwe) EmptyVen 4 Avr - 19:34

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Chains of fate.





L
e silence. Il les strangulent, impitoyable, alors que l’atmosphère devient pesante, les braises crépitant dans l’âtre pour seul murmure. Et elle chancelle entre regret et certitude. Elle regrette d’avoir ainsi accablé son interlocuteur même si elle sait pertinemment qu’il n’est en rien responsable de la Nuit des Larmes. Il est un homme qui en a suivi un autre - c’est toujours ainsi que commencent les mutineries et les carnages. Le remord, la culpabilité, elle les devine à travers les traits masculins qui se drapent d’une profonde lassitude meurtrie. Les prunelles de Snowhelm se biaisent vers les flammes qui lèchent la pierre noircie et les lèvres ne remuent guère. L’elfe se coule contre le dossier de sa chaise dans un soupir, paupières mi-closes dans un semblant de réflexion qui s’éternise. N’aurait-elle pas du se taire ? Elle qui a coudoyé durant vingt longues années cet homme aux mains tâchées du sang de ses pairs - lui qui, poussé par l’ambition, s’est senti la force de passer femmes et enfants sur le fil de sa lame. Elle le déteste, depuis le jour où elle a posé avec terreur ses yeux sur les pavés d’Ibenholt baignés du sang des elfes. Elle se souvient encore de ses ongles lui meurtrissant les paumes et de son verbe délié lorsqu’elle a susurré entre ses dents à l’encontre du criminel. Un monstre. Vous êtes un montre.


L’
homme semble écrasé par un sinistre fardeau, sa posture et son mutisme laissant à penser qu’il offre ce silence en hommage aux victimes de cette fameuse nuit où Ibenholt a perdu son éclat. Puis les lippes finissent par se fendre dans un constat. Il est épuisé, si ce n’est usé et las à en voir l’affliction qui pèse sur ses traits. La belle reste immobile alors que la carcasse masculine daigne se déplier et se redresser. L’indifférence la rudoie quelque peu, même si elle n’est pas sans savoir qu’aucune parole réconfortante ne pourrait apaiser les torts. L’évènement est marqué dans les esprits et tous ces elfes assassinés ne reviendront pas.
Elle s’arrache à son siège par mimétisme, tandis que son hôte lui explique la suite des évènements. Le sentiment est trouble car elle a l’impression de l’avoir blessé et qu’il le lui rend bien. Ne s’adresser qu’à Ybas pour la moindre réclamation ? Une manière bien courtoise de lui dire qu’ils viendront à rarement se croiser dans les couloirs du château. Mais pourtant, l’ours n’a rien de froid ni de cruel. Et Irinwe est persuadée que seul son silence a été en mesure de lui mettre au baume au coeur. Qu’y a t’il à dire de plus ?
L’elfe acquiesce d’un geste du menton, les mains liées sur le baluchon qui renferme les quelques affaires qu’elle a cru bon de prendre en toute hâte. Elle attend patiemment de lui emboîter le pas, un regard pudique lui épargnant l’impression de remuer le couteau dans la plaie, puis l’homme fait rouler son timbre grave. Il se montre finalement compréhensif, bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Dardant ses iris dans ceux de son interlocuteur, l’émotion s’invite sur les ridules d’Irinwe qui lui concède un triste sourire. Son affection est la loyauté qu’elle lui porte, et cette maudite couronne n’y changera rien. Jamais. Elle aimerait tant le croire lorsqu’il lui assure que le trône n’est pas maudit et que Jora pourrait briller d’une souveraineté légitime et bienveillante. C’est à son tour de garder le silence, un échange de regard demeurant parfois plus sincère que tous les verbiages.
Le banneret a de nouveau revêtu son armure d’assurance. Celle qui est l’apanage des hommes qui prêtent allégeance et qui sont prêts à donner leur vie pour une figure, une maison ou un nom. Elle se sent à la fois proche et étrangère - car l’homme et l’elfe partagent un réel attachement à ce qui est juste, sans pour autant réagir de la même manière aux rouages du pouvoir.


 
C’
est au détour d’un couloir que les carrures se séparent et qu’Irinwe coule un bref regard en direction de l’ours qui rejoint son huis clos. La tanière qui, elle gage, n’apportera guère le repos à l’homme éreinté qui se prépare pour une bataille interminable.
A pas feutrés, évanescente comme un spectre surpris à errer dans le château, l’elfe suit l’intendant jusqu’à la chambre qu’il lui attribue. Elle le gratifie poliment avant d’acquiescer aux instructions et le voilà qui disparait aussitôt, le bruit de ses pas s’étouffant à mesure qu’il s’éloigne.
Seule. Il y a bien des années qu’elle ne l’a pas été. Assise sur sa couche, toujours drapée de sa pèlerine humide de neige, la donzelle laisse son regard parcourir les pierres froides embrasées par la lueur de la bougie. Son cœur se serre mais elle ne pleure pas. Car à défaut d’être auprès de Jora, elle sait qu’entre ses quatre murs, réside pour elle le seul espoir de la retrouver.


Terminé


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