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 his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer

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Lorsei Ravncrone

Lotus noir de l'Orkenenmyr

Lorsei Ravncrone
Lotus noir de l'Orkenenmyr
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ARRIVÉE : 09/04/2014
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MessageSujet: his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer   his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer EmptyMar 22 Avr - 5:03



Flashback. 5E920.

Un reniflement discret perça le silence de la pénombre, se réverbérant sur les pierres froides et austères de l’Arête du Ciel. S’ensuivirent de petits pas silencieux, lestes, que les croassements des corbeaux, le sifflement intermittent du vent et le faible crépitement des nombreuses torches murales couvraient sans peine, masquant le passage éclair de la première princesse de Ravenhole – la seconde étant toujours fermement endormie dans ses quartiers. Lorsei embrassait l’ombre comme les amants qu’elle enlacerait quelques années plus tard, y trouvant refuge et sécurité, loin du champ de vision des quelques gardes qui patrouillaient dans les galeries parcourues par la brise. Dès qu’elle eut quitté l’annexe où l’on trouvait les appartements royaux, elle se dirigea vers la petite aile qui servait de dortoir, mais également de laboratoire, à la guérisseuse personnelle de son père. La femme, d’âge vénérable et à la mémoire souvent défaillante, avait le sommeil lourd et ronflait abondamment, permettant à Lorsei d’y « emprunter » à la dérobée quelque philtre ou onguent de guérison qui lui tombait sous la main, ainsi que des bandages propres. Elle ne s’était encore jamais fait prendre ; et dans une situation idéale, elle n’aurait jamais à se justifier devant son père, le roi, de larcins aussi odieux. Les tendances à l’oubli de la vieille femme jouaient en sa faveur, et elle ne sous-estimait pas cet avantage. Elle était princesse et ce qu’elle souhaitait, on le lui donnerait ; néanmoins, dans cette subreption, mieux valait que son passage reste invisible, et ce, même si elle se sentait souvent coupable de causer de telles inquiétudes à la dame quant à l’état de son encéphale.
Les pentures du petit coffre où la future régente trouvait la plupart des objets utiles à son aventure dans les cachots grincèrent discrètement et Lorsei s’arrêta, le souffle court, jetant un regard paniqué à la couche où dormait la vieille femme, un peu en retrait de l’atelier d’alchimie. La guérisseuse se retourna, maugréant quelque arcane phrase dans son sommeil, permettant à la princesse de s’éclipser sans heurt, remerciant les Dieux de ne pas faire de cette soirée celle qui la verrait se faire pincer.

Elle n’aimait pas les cachots – l’aile du Corbeau, comme on l’appelait généralement entre les murs de la ville. Mais son frère bien-aimé, Lorkhan, s’y était fait jeter sans cérémonie à l’issue d’un combat quasi fratricide, et les souffrances qu’on lui infligeait étaient telles qu’elle en pleurait à chaque visite ; elle les poursuivait néanmoins, espérant apporter un peu de réconfort aux plaies parfois béantes laissées sur le corps exsangue du fils cadet. Les premières semaines n’avaient pas ressemblé à ce massacre, et une certaine haine envers Lorkmir, l’héritier, commençait à s’immiscer dans le cœur de la jouvencelle, qui ignorait comment une telle souffrance était justifiée. Certes Lorkhan avait été prétentieux en balafrant impunément son frère, mais le châtiment était trop sévère pour ce simple crime.
Lorsei se fraya donc un chemin à travers les couloirs du château, un petit sac de cuir en bandoulière sur son épaule contenant les effets dont elle aurait besoin pour apaiser temporairement les douleurs de son frère. Elle avait jusqu’à maintenant réussi à éviter quelque infection que ce fut, et espérait que ses soins fréquents réussiraient à minimiser les cicatrices qui lacèreraient inévitablement le corps de Lorkhan. Il n’était pas facile de passer les gardes, mais une fois engouffré dans l’aile des geôles, ils se faisaient invisibles, préférant eux-mêmes se tenir à l’écart de ces lieux glauques qui transpiraient la mort et la souffrance. Les lamentations des prisonniers et les cris des torturés emplirent les oreilles de la princesse ; elle pinça les lèvres et accéléra le pas, comme si s’éloigner atténuerait les bruits de la dysthanasie qui pestiférait la plupart des enfermés. Une main attrapa sa robe et elle sursauta ; les doigts du prisonnier restèrent obstinément empreints dans le vêtement richement brodé alors qu’elle tirait, dans un mouvement sec, pour s’en défaire. Le bruit de déchirement se réverbéra sur la pierre, omniprésente ; si elle avait maintenant un pan de robe de moins, dévoilant discrètement une jambe pâle à qui s’y attardait, le surplus de tissu masquait pourtant le gros du dommage. Le cœur battant la chamade, elle s’éloigna en vitesse, trottinant sur les pierres humides, jusqu’à la cellule de son frère. Elle n’avait aucun moyen d’y entrer, mais elle réussissait à étaler les baumes préalablement dérobés à la guérisseuse du roi à travers les barreaux.

Silencieusement, comme d’un accord mutuel, Lorkhan avait laissé sa sœur panser ses plaies sans qu’ils n’échangent le moindre mot. Si elle se languissait de réentendre la voix de son frère adoré, elle préférait néanmoins ne rien savoir des atrocités dont il était injustement victime, aussi son silence n’était-il pas entièrement une punition. Elle appliqua généreusement le baume gras sur les lacérations ; le parfum citronné, teinté de gingembre de la mixture prit temporairement le dessus sur les odeurs de mort et de pourriture qui alourdissaient l’air. Lorsei se délesta de l’excès d’onguent collé sur ses doigts en les passant à répétitions sur le bustier de sa robe, puis banda lestement le bras de son frère. Un cri déchira le quasi-silence et elle sursauta ; jetant une œillade apeurée derrière elle, la jouvencelle s’assura d’abord que personne ne s’y trouvait avant de retourner à ses occupations premières. « À bientôt, Lorkhan, » susurra-t-elle à son oreille alors qu’elle se relevait ; c’était les seuls mots qu’elle itérait, bien souvent, ne trouvant aucun autre vocable pour apaiser la souffrance morale de son aîné, se contentant de soigner ses blessures externes. Elle ordonna bocaux et bouteilles dans la sacoche qu’elle portait, puis se défit à contrecœur de son frère, reprenant le chemin inverse pour retourner à ses propres appartements. Elle n’avait pas la force de retourner à leur place originelle les quelques produits qu’elle avait empruntés ; aussi se dit-elle qu’elle s’efforcerait de les dissimuler autant que possible dans sa chambre. La tête baissée, observant où ses pas la menaient dans l’espoir de ne pas se coincer le pied dans une pierre saillante et de s’étaler sur le roc, elle accéléra le pas pour retrouver le confort de ses draps le plus rapidement possible.

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Greer Claymerie

Corbeau de Ravenhole

Greer Claymerie
Corbeau de Ravenhole
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MessageSujet: Re: his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer   his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer EmptySam 26 Avr - 7:51

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greer claymerie & lorsei ravncrone
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V
espéral il déploie ses ailes. Ses oriflammes ne sont ni de galons ni d'honneurs liserés. S'il avait une bannière, elle serait de vermeil sur fond d'incarnat, d'orfrois carbone et de guipures anthracite. Son étendard, loin de se gorger des averses de la gloire, suppurerait le sang, l'urine et la sueur. Et ses tambours de guerre seraient de tonitruantes lamentations sur fond de hurlements, parce que c'est dans l'aile dont nul ne prononce le nom qu'il livre bataille, renommé bourreau, mais honni héros. Puisqu'à lui on ne décerne ni lauriers ni titres. Et pourtant il règne en maître incontesté. Maître chez lui. Lavé par le sang plus que par la dignité, il a retiré sa tunique, les falaises acérées de son abdomen se creusant de sillons de carmin sur une carnation de lait. Dénudé, il rejoint le sanctuaire cuprifère des torches, les rigoles absorbant une halitueuse chaleur qui lui donne presque l'impression que l'hémoglobine vient de couler. D'un coup de pied il referme la trappe, le craquement du bois lui rappelant celui des jointures et des poignets de la pauvre charogne désormais disloquée sur les versants escarpés des falaises. Un anonyme qu'on voulait mort. Une mort lente. Sa spécialité. On l'avait envoyé quérir à l'autre bout de l'aile du Corbeau, il s'était rendu auprès du supplicié, déjà suspendu par les mains au-dessus des cimes effilées et de l'estoc mordant. La mort rapide l'aurait particulièrement ennuyé. Couper une corde était trop facile. Mais l'agonie est une odalisque qu'il aime à baiser souvent. Le plus régulièrement possible. Il s'était donc contenté d'entailler la chair des poignets avec son poignard. Comme ça, d'une entaille bien nette. Jusqu'à ce que l'ivoire des os scintille dans le carmin qui les habillait. Il lui avait suffi ensuite de coincer les cordes dans l'ouverture et d'attacher un baril lesté de pierres aux pieds du supplicié. Trois heures avaient suffi pour écorcher toute la main et la priver de peau, de ligaments et de muscles. Le pauvre quidam était ensuite allé s'écraser en contrebas et lui s'était fait de nouveaux gants. L'hiver venait. Les braies veinées de rouge, le torse couvert de suie et de sang, il exhale un fumet métallique prenant. Un parfum qui ne le suit que trop souvent. Son maître est sans doute déjà en quête d'un peu de putaille, peut-être en ramènera-t-il à son fidèle clébard ? Il en doute. Depuis son arrivée à Ravenhole, le vieux corbeau se fait souffreteux, crachant caillots et conglomérats de déchets, comme s'il avait inhalé toutes les vies des pauvres quidams et que ses poumons en soient lestés, couches de sédiments infects et purulents. Son sempiternel sourire aux lèvres, Greer tourne le dos à l'aquilon qui fuit par les pores de la roche, faisant sécher le sang qui orne son ventre et couvrant sa peau de frissons sous le froid du substrat poisseux.


I
l s'extirpe de l'antre, les soupirs soulagés des autres condamnés caressant son dos alors qu'il claque la porte. Dans l'anthracite des murs se moirent les cupriques spectres des torches, se réverbérant sur l'humidité qui suintent de la lithiase poreuse. Sur sa gauche s'étirent les geôles, les barreaux mangés par la rouille et l'infection d'une liberté en décomposition. Les remugles des condamnés soufflent comme une haleine mortifère. Ici le froid tue la plupart des forcenés quand ils ne crèvent pas de faim et Greer s'attriste de voir une si grande quantité de viande échapper à son surin. La vésanie au coin des lèvres, il étire une langue rose sur la soie carnée de sa lippe, la faim au ventre et l'esprit en liesse. C'est de bière dont il doit s'abreuver, de carne dont il doit se nourrir et du giron brûlant d'une catin nommée Raven dont il doit jouir avant le lever du jour. Plus il s'enfonce dans l'obscure coursive plus il voit se diaprer sur fond d'ivoire une silhouette gracile. Le silence, que l'écho de pas précipités, des pas légers, aériens. Une femme. L'oiselle dérive dans un océan d'ombres faméliques, avalée par la solitude sans même le savoir. Dans l'aile du Corbeau tout n'est que lamentations soufflées, que murmures éthérés, que relents de cauchemar et quand un séquestré brise la litanie lyrique de ce long requiem, c'est pour ajouter le crescendo de sa pisse sur le mur ou le râle qui s'échappe de sa gueule quand il en baise un autre pour oublier son indigence. Ce n'est pas un endroit pour une femme et il sait, à sa dégaine, qu'elle n'est pas sardanapale et encore moins pute. La lady Lorsei. Combien de fois le bourreau lui a-t-il interdit de s'approcher d'elle au risque d'être celui qu'on écorche sur le chevalet ? Oh, mais son maître n'est pas là et seules les fantomatiques ténèbres sont témoins. Muet, silencieux, il attend, dissimulé dans l'ombre alors qu'elle s'approche, jetant de furtifs regards derrière elle, alertée par les râles sporadiques et les spasmodiques reniflements qui déchirent le silence. La sylphide est si belle, faisant miroiter une intruse vénusté. Elle n'appartient pas au monde des ombres et pourtant sa chevelure carbone l'intrigue ostensiblement. S'il avait à couronner une princesse de son propre royaume, il la choisirait elle, vespérale beauté qui ornerait si bien le trône de sa couche. Et quand elle n'est qu'à quelques mètres de lui, il fond sur elle, rapace, la plaque sur le mur et lui chuchote un « Chhhhhh... » avant de plaquer sa main sur la bouche de la donzelle, chevillant ses prunelles aux siennes, sondant les iris céladon de l'oiselle. « Si j'entends un cri sortir de votre bouche, je ne répondrai pas de mes gestes envers le Prince aux Fers... Vous ne voudriez pas qu'on fasse plus de mal à votre frère, hein ? »


U
ne seconde suffit à appuyer ses propos et il resserre son emprise sur elle, traversant les quelques pas menant à une cellule vide où il la tire, refermant la porte de la cage sur eux. Oh, il ne lui veut pas de mal, il n'est pas idiot, mais le prince des ombres s'amuse de sa propre audace, la poitrine soulevée par l'excitation qui irrigue ses veines et creuse alluvions sur son ventre. Il la sait affolée, il imagine les chamades de son noyau, battant sous le clapier osseux et il s'en enivre, se saoulant de panique et se gavant de peur alors que l'oisillon est à sa merci. Carnassier, il se rapproche d'elle, mimant une simiesque douceur, et elle recule, s'accule au mur. Sans la toucher, il plaque une main à côté de sa tête, ses doigts peuvent presque effleurer sa crinière d'ébène et il s'excite, s'amuse d'être à demi nu devant la fille du roi dans une cellule sordide suintant la peur et l'infection, s'amuse d'avoir si facilement capturé l'oiseau, l'extirpant de sa cage dorée pour l'enfermer dans une cage de fer empestant le sang, les fèces et la sueur. Quelle agréable façon de briser la monotonie de la broderie ou des promenades estivales ! Il s'approche d'elle, lui soufflant d'une voix qui se veut douce et feutrée : « Ce n'est pas un endroit pour vous, princesse. Ici il n'y a que mort, que douleur et maladie... » Il glisse un doigt sur sa joue, exerce une légère pression pour l'obliger à tourner les yeux vers lui. Il la surplombe, ombre envahissante qui voile son regard. La tiédeur qu'il dissémine sur le vélin de sa peau se veut réconfortante et pourtant tout suinte l'irréel. « Oh, je sais ce que vous venez faire ici... Ce doit être terrible de voir votre frère ainsi affligé. » Il capte son regard de l'acier du sien, trace le contour de la fine mâchoire d'un doigt avide, relevant le menton de la princesse. Le rapace réduit la distance qui subsiste entre eux. « Les ombres vous siéent pourtant tellement bien, comme si elles avaient été façonnées pour vous servir de stola et faire briller l'émeraude de vos yeux. Il me semble maintenant que si j'avais à choisir une princesse pour trôner sur mes nuits, je vous choisirais vous, lady Lorsei... » Puis il referma ses lèvres sur les siennes, goûtant la pulpe d'une voluptueuse lippe comme s'il goûtait un bon vin. Les princesses, indéniablement, avaient meilleur goût que les catins...

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Lorsei Ravncrone

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MessageSujet: Re: his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer   his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer EmptyMer 7 Mai - 17:49



Le courant d’air qui s’engouffrait impunément sous ses jupes, attiré par la longue déchirure qui courait le long de sa jambe fuselée. Chaque instant qu’elle passait dans ces sombres geôles lui ôtait instantanément l’envie du moindre larcin, quoiqu’elle fut loin, au tendre âge de seize printemps, d’entretenir la moindre pensée criminelle. Un frisson lui parcourut le corps dans un spasme discret et elle accéléra le pas, se faisant de moins en moins alerte aux pierres inégales et aux angles morts habités par les ténèbres qu’elle ignorait désormais, simplement désireuse de retrouver la chaleur de l’âtre de ses appartements.
L’instant suivant fut celui qui marqua la rencontre de son galbe et du mur suintant d’humidité contre lequel on l’avait plaqué : ses cris auraient déchiré l’aile en entier si une paluche empreinte des si distincts parfums de la mort ne l’en empêchait pas. Son regard paniqué croisa celui de son agresseur ; les prunelles de fer, froides et acérées comme le fil d’une dague d’argent semblaient agir de concert avec les paroles du jeune homme dans un effet plus que convaincant. Elle acquiesça d’un petit geste de la tête. Jamais elle n’aurait osé mettre davantage en danger la santé ou la vie de son frère, et si le geôlier promettait de l’épargner alors elle se soumettrait – bien que craintivement – à sa volonté, espérant naïvement que l’homme en était un de parole. Lorkhan était déjà suffisamment éclopé pour qu’elle ne soit pas la cause de futurs mauvais traitements, et elle se chagrinerait de devoir panser des blessures dont elle était indirectement la source.
L’homme la traîna jusqu’à l’une de ces morbides cages, soutenant les genoux flaccides de Lorsei, qui concentrait ce qui restait de son courage à la lourde tâche de ne pas s’évanouir. Si elle ne craint pas pour sa sécurité, sachant plus que pertinemment que le geôlier paierait un tel affront de sa vie, voire pire, elle n’était pas immunisée à la peur qui se répandait lentement à chacun de ses membres, irrigués par ce cœur qui battait à tout rompre, tonnait dans sa poitrine. Elle ne connaissait pas son assaillant ; si elle savait que le tortionnaire du château était au courant de ses visites, pour avoir malencontreusement failli à l’éviter à une occasion, le jeune homme à moitié nu qui s’avançait vers elle, prédateur dans la pénombre, lui était tout à fait étranger. La princesse reculait à mesure que son vis-à-vis se rapprochait d’elle, ne faisant que repousser le moment où, interrompue par la pierre glaciale contre son dos, elle devrait se soumettre à cette squalide proximité.

Lorsei soutenait aussi bravement qu’elle le pouvait le regard de son prédateur, bien que son faciès marmoréen trahissait une angoisse toute palpable, un vertige qui ne partirait pas de sitôt, même lorsqu’on l’aurait arrachée aux serres corrosives de ce sordide rapace. Elle tressaillit lorsque la main sûre du geôlier se plaqua tout près d’elle, pinçant les lèvres en espérant que, dans un élan de frayeur, elle ne se laisse pas aller à un cri suppliant, condamnant ainsi son frère par ce réflexe salvateur. Elle n’itéra pas la moindre parole, le moindre phonème alors que l’homme rouvrait la bouche ; elle osa presque dérober son visage à la griffe inquisitrice de son ravisseur, mais se ravisa, comme paralysée par l’acier curarisant des prunelles anthracites qui l’observaient. Ses paroles sont douces ; elle n’aurait pas cru qu’un simple tortionnaire, croupissant comme ses victimes dans l’ombre du palais, puisse faire preuve d’une telle éloquence, contrastant drastiquement avec l’environnement dans lequel il stagnait. Lorsei ne s’en voyait que plus déboussolée, déconfite par cette disparité déconcertante.

La princesse ferma les yeux lorsqu’elle réalisa qu’un baiser était à anticiper ; non pas pour profiter de la passion d’avoir ainsi été ravie, contre son gré, à son retour bien mérité à ses quartiers, mais bien d’appréhension, comme si elle espérait encore que son tortionnaire ait la décence de remarquer son inconfort. Dès qu’elle put goûter aux lèvres sèches de l’homme, elle les rouvrit, ne pouvant que constater avec horreur et crainte la proximité qu’elle partageait désormais avec son vis-à-vis au torse dévoilé, ses prunelles smaragdines cherchant avec empressement un échappatoire, sans succès. Un seul autre homme avait eu le privilège de partager avec elle un tel moment de promiscuité, bien que ce fut dans un tout autre contexte ; elle se sentait désormais souillée et bafouée, violentée moralement et physiquement par ce jeune corbeau qui l’avait contrainte à partager ainsi son espace vital. Rassemblant ce qui lui restait de force et de volonté, dans un amalgame de courage dont elle n’aurait pas cru pouvoir faire preuve, elle plaqua ses mains contre le torse luisant de sueur de son agresseur, le repoussant autant que possible, sans trop de succès ; elle parvint néanmoins à libérer ses lèvres afin de prononcer quelques paroles, qu’elle savait néanmoins inutiles.

« Vos jolis mots auraient peut-être réussi à me toucher s’ils n’avaient pas été accompagnés de telles viles simagrées, » pesta-t-elle, le souffle court, passant la manche de sa robe sur son visage afin d’effacer toute trace physique de la présence de l’homme. « J’ignore ce qui motive vos gestes mais sachez que mon père ne sera pas clément lorsque l’incident viendra à ses oreilles. » Aussitôt dites, aussitôt regrettées, les paroles avaient quitté la bouche violée de Lorsei sur un coup de tête ; ses yeux s’élargirent, comme surprise par sa propre impétuosité, sachant très bien que cet élan d’émotivité ne lui apporterait que des problèmes. Il en avait toujours été ainsi, et elle doutait que cela change un jour, lorsqu’elle vieillirait. La jouvencelle baissa la tête, persuadée d’être allée trop loin. « Je… ne faites pas de mal à mon frère… je vous en prie… je suis désolée, » murmura-t-elle, espérant toucher une corde sensible de son ravisseur – s’il en avait.

Ceux qui allaient et venaient dans les geôles ne semblaient pas particulièrement s’offusquer de la scène – soit ils ne les remarquaient pas, soit rien n’était trop outrageux lorsqu’il s’agissait de ce jeune homme en particulier. Lorsei redoutait ce qu’il pourrait lui faire, prétextant torturer son frère en cas de refus ou de résistance. Dans un naïf dernier espoir, elle leva la tête, ses prunelles brillantes de larmes, alimentées autant par la peur que par la honte, s’ancrant dans l’ardoise de celles de son assaillant, comme si elle espérait s’attirer quelque clémence.

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Greer Claymerie

Corbeau de Ravenhole

Greer Claymerie
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MessageSujet: Re: his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer   his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer EmptyJeu 22 Mai - 17:43

lorsei & greer

His eyes a prison ; His thoughts a cage
5E 920


C
aptive, elle sent la strychnine d'un venin morfal se répandre par osmose sous la lustrine de son derme. Il le sait, il le sent. Tout ici n'est qu'exhalaisons méphitiques, que remugles humectés de sépulcre ; une morfale liqueur qu'il goûte de lèvres assoiffées, puisque c'est tout ce qu'il a connu. Puisque c'est tout ce qu'il ne connaîtra jamais. Et si le dantesque sybarite a fait de cet atroce bagne de chairs tronquées son castel, c'est qu'il est conscient qu'il y mourra un jour, écorché à son tour par dents plus effilées que les siennes. La loi du plus fort le veut et l'exige. Sous la férule de la Camarde, il ne peut y avoir qu'un élu et nombreux sont les corbacs à avoir embrassé de leur gueule défigurée par la crève le sol frigide d'un cénotaphe précoce. Mais dans cette sépulcrale empyrée d'encre, il règne sur les mânes d'une main mortifère, toujours pétri d'une ascendance qu'il croit empire, morcelé entre cette omnipotente souveraineté et cette frustrante obédience ; se faisant tantôt suzerain des hurlements arrachés aux gorges exsangues tantôt vassal des mains omniscientes qui le nourrissent et lui permettent d'exercer son art en toute impunité. Ce paradoxe se fait suaire sur le gisant de son âme et il ne sait qu’elle option choisir : relâcher l’oiselle affolée ou exercer sur elle une poigne plus hégémonique encore. Initié au subtil équilibre des révérencieuses convenances, il a néanmoins choisi de les abandonner, trois ans plus tôt, laissant dans son sillage nomade les infects faux-semblants dont il s’était grisé enfant pour n’être que l’ombre de lui-même, animal acculé dans un monde qui voulait faire de lui un homme. Et ne subsiste de cette travestie anamnèse que le spectre d’une bestialité qu’il enchaîne à demi lorsque la nécessité se fait suzeraine pour la relâcher ensuite, plus terrible et férale encore, sur le monde qui l’a forcé à taire ses primitives pulsions. Les azurées prunelles s'attachent au céladon de ses iris nitescents, rapaces d'y voir une spectrale crainte pour s'en nourrir, impudent anthropophage qui cannibalise indéniablement toute carne qu'on jette sous ses pattes griffues. Pourtant, il lit dans l'argile ductile de ce regard smaragdin bien plus qu'une égrotante panique, exhortant la vésanique encéphale à y voir bien davantage que l'amok affolé qu'il suscite d'ordinaire chez les exuvies qu'on lui lance en pâture. L'astreint contact des dextres de la princesse sur l'estoc de son abdomen réussit à lui promettre de lubriques chimères et installe au creux de son ventre creusé de vacuité une boulimique fièvre qu'il contient derrière ses crocs laiteux. Mais la rupture de leurs lèvres scindées lui arrache une plainte mauvaise et il recule, toujours famélique, toujours carnassier, lui servant une expression fauve qu'il rive à la commissure de ses lèvres comme si elle venait d'entailler sa chair d'un surin noyé d'arsenic. La princesse se fait céraste, déversant à l'orée d'un esprit en friche un atrabilaire fiel moucheté d'admonestations qu'elle s'empresse aussitôt de taire sous de melliflues résipiscences. Ainsi l'agnelle joue la repentie devant les iris squalides du belliciste, mue par la crainte de voir son déplorable frère plus esquinté encore par le vorace tourmenteur. Charognard, il profite de la vulnérante sentence, calquant sur son visage séraphique une pastiche contrition avant de clouer ses prunelles aux voliges, mimétique repentance qu'il vole aux visages de ceux qu'il afflige de ses indicibles tourments pour tourner vers l'héritière un faciès maculé d'attrition. « J'en déduis que mon panégyrique n'a su trouver en vous que l'écho du mépris qui émaille tous les gens de votre condition à l'égard des indigents de mon rang... »


S
imulacre, la vaudeville n'en est pas moins ointe d'un fond de vérité. Indigent, il l'a toujours été même pour ses semblables, se faisant tare sur l'immaculé linceul d'une société qu'il comprend sans jamais y appartenir. La marge dans laquelle on a  buriné son existence parasitaire lui permet toutefois une certaine agentivité et c'est à travers sa propre hétérodoxie qu'il tisse désormais la lustrine de sa propre félicité, menant sa barque dans des flots houleux. L'oiselle sait piailler, mais il se rapproche d'elle, se laisse avaler par le magnétisme de leurs deux corps alors qu'il attache de nouveau une patte aux aspérités du mur suintant, juste au-dessus de l'épaule régalienne. Dans l'hyalin de ses prunelles s'esquisse une lueur énigmatique, arcanes d'un esprit aux nuées caligineuses alors qu'il suspend à nouveau ses lèvres près de l'oreille de la princesse, lui soufflant d'une haleine tiède un nébuleux aphorisme qui a le mérite d'être on ne peut plus clair sur la nature profonde d'un monde impardonnable : « Ici le pardon se décline en hurlements et la rédemption, en chairs moissonnées par mon surin. Votre cathartique expectoration ne servira qu'à vous attirer des ennuis, rappelez-vous de cette leçon lorsque vous arpenterez de votre liliale et frêle carcasse les coursives de ce monde sous le regard carnassier des squales de basse comme de haute extraction. » Pourtant la pompeuse maxime n'a rien de menaçant et le sybarite s'amuse à servir leçons et homélies à l'ingénue lady, disséminant quelques bribes d'un savoir accumulé à grand renfort de poignards et d'expériences dantesques. Les rapaces et les charognards ne sont pas que dans les prisons et la colombe ferait bien de s'en apercevoir au plus vite. Mais alors qu'il s'apprête à la gaver d'un autre sourire fauve, l'écho métallique de cuirasses imprime dans sa cervelle un réflexe qui l'oblige à tourner la tête, ses mirettes croisant celles, émaillées de heaumes, des factionnaires qui fondent sur lui pour ramener ses bras dans son dos musculeux, l'immobilisant pour mieux apposer sur sa gorge tendue et dénudée le fil d'une rapière. Ainsi statufié, le corbac étire ses lippes en une raillerie moqueuse, faisant étinceler ses crocs dans le clair-obscur du cachot, les prunelles toujours clouées au visage sibyllin de la fille du roi. « T'avise pas de reposer tes sales pattes sur la princesse, chien, ou je te ferai éviscérer par ton propre maître, c'est clair ? » Devant l'interdit du tortionnaire, le garde resserre son étau autour des bras du volucre, mordant la chair de sa lame avec plus de zèle. L'un des deux gardes s'approche de l'oiselle apeurée, posant une main sur son épaule pour s'assurer qu'elle n'est pas blessée. « Vous allez bien, lady Lorsei ? Si vous le désirez nous le jetons au cachot et il sera pendu au petit matin pour avoir osé poser la main sur vous... » Le rapace sourit lorsqu'une goutte perle enfin du parchemin de sa peau, s'étirant en rigole sinueuse sur sa poitrine glabre. Il n'a pas cessé de plonger le cristal de ses iris dans celui de la princesse, s'amusant de coudoyer de si près la Camarde, déjà prêt à embrasser la gueule bée d'un sépulcre qu'il n'a déjà que trop distillé à son tour. L'ironie est si empreinte de vénusté qu'il s'empanache de l'orgueil de voir sa vie ainsi placée entre les mains blanches de celle qu'il vient de violer d'un baiser halitueux capturé à l'aulne d'une innocente jouvence. Sans un mot il continue de la fixer, attendant lui aussi le verdict de sa seule et unique juge.

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Lorsei Ravncrone

Lotus noir de l'Orkenenmyr

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MessageSujet: Re: his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer   his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer EmptyVen 30 Mai - 6:41



Le souffle irrégulier ; le cœur battant à rompre le demi-silence, qui n’était haché que par les gémissements des enchaînés ; les genoux menaçant de céder sous le poids de l’angoisse qui habitait la jeune femme… Si l’effrayer avait été l’objectif du sinistre tortionnaire, il avait été rutilant de succès, la terreur de la princesse sans doute évidente au fond de ses orbes smaragdins, qu’elle ne trouvait le courage de détacher de ceux, plus clairs, de son agresseur. Elle n’était qu’à un cri de la liberté, qu’à un appel à l’aide de pouvoir s’arracher à l’emprise de la gueule du squale ; or elle demeurait muette, haletante après avoir invectivé, en proie à l’horreur, l’homme qui avait laissé la flaveur de la mort à musarder sur ses lèvres carmin. Les phonèmes n’étaient pas ceux d’un moins que rien, d’un vanupied de bas étage ; les yeux ronds de stupéfaction, Lorsei se fit silence, persuadée de l’anormalité du discours trop lettré de son interlocuteur, son esprit se remplissant de conjectures et d’hypothèses aussitôt embrouillées par la peur saisissante qui lui rongeait impunément l’âme.
Il se rapprocha d’elle à nouveau et elle ferma les yeux alors qu’elle sentait le souffle ardent du tortionnaire caresser son oreille. Aussi péniblement fut-elle apprise, Lorsei se jura de se rappeler du moindre mot de son ravisseur comme d’un apophtegme, si seulement pouvait-il l’extirper d’un futur mauvais pas, lui éviter de revivre un moment aussi frigorifiant que celui-là même où, appuyée contre le mur humide d’un cachot méphitique, elle craignait pour son salut autant que pour celui de son tendre frère aîné.

Puis, la lumière ; d’abord celles des torches, réverbérées sur les cuirasses scintillantes des gardes, puis celle, métaphorique, qui annonçait son imminente libération. Ses iris d’émeraude rutilaient d’espoir alors que l’un de vigiles contraignait le tortionnaire à se soumettre ou à périr par le fil de son épée, qui mordait déjà la chair. Mais malgré les attentions du factionnaire qui s’approchait d’elle avec consternation, visiblement dégoûté par la scène, elle ne parvenait pas à serper ses prunelles du céladon de celles de celui qui avait été pris en flagrant délit, et qui paierait sans doute pour avoir osé poser un doigt sur la bien-aimée princesse de Ravenhole. Les paroles fusèrent, acerbes, mais l’homme refusait toujours de se repentir, silencieux comme la mort qu’il côtoyait inéluctablement chaque jour. La main gantée d’un garde sur son épaule la fit sursauter, et elle lâcha un hoquet de peur, se voyant enfin délestée de l’emprise oculaire qu’avait son agresseur sur elle, pauvre corneille apeurée. Mais bien trop hâtivement, elle le recroisa, en même temps que le grenat du sang de l’homme vint entacher le canevas vierge de son abdomen. Son silence est loquace, éloquent même, mais elle lâche tout de même d’une voix rauque, alors qu’elle remarque que le glaive s’enfonce plus profondément, lacérant la chair sans pitié. « Non. » Non à quoi, les deux vigiles semblaient se le demander ; jusqu’à ce que, brisant sa sempiternelle moue effrayée, elle fronce les sourcils, fusillant de ses iris orageux celui qui lui agrippait l’épaule. « Non, je ne vais pas bien, pauvres insanes ! » croassa-t-elle, la voix rauque, un feulement peu caractéristique de la jeune corneille – mais qui lui deviendrait naturel au cours des années. « Cessez donc de miser vos salaires à de grotesques parties d’osselets ; si vous en avez tant à dilapider, je m’assurerai que mon père le Roi les péjore ! Je suis persuadée que savoir que les florins qu’il dédie à compenser votre ardu travail ne servent qu’à nourrir votre vice le ravira autant, sans doute, que savoir que sa précieuse fille aurait pu s’éviter cet aléa si vous n’aviez pas été occupés à de plus intéressantes occupations ! » Inspirant profondément après avoir houspillé les factionnaires qui, éberlués, s’étaient figés comme des statues de grès, elle poursuivit, non sans les avoir chacun pourfendus du regard.

« Laissez-le donc retourner à sa besogne ; il semblerait que lui, au moins, l’exécute avec adresse. »

La sentence était tombée et, visiblement peu enchantés du déroulement de la situation, les factionnaires quittèrent les lieux du crime, penauds, laissant de nouveau la corneille et son agresseur en face à face. Dans l’embrasure de la porte grinçante, la jouvencelle décocha une œillade à mi-chemin entre le ressentiment et le soulagement vers l’homme. « J’ose espérer que je n’aurai pas droit à un traitement semblable lors de notre prochaine rencontre. Néanmoins… » Elle soupira, comme si les mots qu’elle s’apprêtait à prononcer la pesaient terriblement. « … je suis disposée à faire de grands sacrifices pour le bien-être de mon frère. Demandez et vous recevrez, tortionnaire, tant que vous m'assurez que mon frère ne périra point dans ces sordides geôles. » Une telle offre, tendue à la mauvaise personne, pouvait devenir une malédiction ; or Lorsei disait vrai, et elle était réellement consternée par la punition de Lorkhan. S’il voulait de l’or, il l’aurait ; du vin, des femmes, de la reconnaissance, également. Si le lunatique tortionnaire souhaitait toujours l’empreindre ses mains sur sa peau… alors elle le laisserait faire, en dépit de sa réticence.

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Greer Claymerie

Corbeau de Ravenhole

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MessageSujet: Re: his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer   his eyes a prison; his thoughts a cage ♦ greer EmptyMar 3 Juin - 22:47

lorsei & greer

His eyes a prison ; His thoughts a cage
5E 920


U
ne existence parasitaire aux pans intangibles et noyés de mânes ombrageuses. Rien de plus qu’une autre vermine - quoique plus mortifère - qu’il incombe de renvoyer dans le ventre infect de la Fossoyeuse ; éternelle anorexique en quête d’exuvies à la carne indigeste, sempiternelle dipsomaniaque anémique à la recherche de quelques gouttes de cruor. La princesse sait-elle que son sérail deviendra ergastule au cours des âges et qu’elle verra son escient transformé en capharnaüm par le gris d’orage de ces prunelles faméliques ? Lui-même ne le sait pas encore, tout dédié qu’il est à insuffler le chaos dans les brèches de son regard céladon. Et dans l’empyrée d’encre qui se suspend au-dessus de leurs nuques mortelles, Dagoth ne se gausse pas d’envoyer son séide dans les abyssales profondeurs de son antre. Peut-être le Moissonneur a-t-il toujours de providentielles besognes à lui faire avaler, lançant quelque sépulcral morceau de carne dans la gamelle du tortionnaire. Quoiqu’il en soit, le freux s’attend à embrasser le linceul au petit matin et plutôt que de trouver au détour du phonème cristallin une sentence létale, il récolte plutôt la moisson d’une indulgence qui le sidère presque, poussant la lithiase de son visage séraphique à se faire reflet d’une perplexité incommensurable. Puis, la commissure de sa lippe s’étire inextricablement, émaillant son visage d’une expression amusée qui ne plaît visiblement pas à un cerbère qui s’empresse de le gratifier d’un coup de coude qu’il vrille dans ses côtes exposées. Nul gémissement ne vient troubler la bouche quiète qui, impassible se referme sur un nouveau sourire. Souverain en ces bastides halitueuses, suzerain des suppliciés qui lui vouent gémonies et géhennes incoercibles, il ne saurait trouver âme qui vive capable de lui disputer ce fief de ténèbres et cet alleu de carne mutilée, relevant le chef comme pour se faire altier, régalien, hégémonique malgré la prison de chrome dans lequel on le contraint à se tenir tranquille. Si tout en lui hurle de se faire justice lui-même, arrachant l’œsophage de ces inanes vigiles pour le leur faire avaler de plus belle, le belliciste ne succombe pas aux apanages de l’odalisque qu’il appelle envie, préférant continuer de sonder dans les prunelles smaragdines les vaporeuses pensées qui en burinent d’appréhensions la surface grêle.


À
nouveau réunis dans un solitaire conclave, le tortionnaire décoche à la sylphide à l’écrin de jais une expression intriguée, ses orbiculaires glissant sur le visage jouvenceau pour tenter d’en relever les pensées intrinsèques. La nymphe ne tarde pas à faire la lumière sur les ombres de son encéphale, arrachant au corbac un sourire manifeste. Le Prince-aux-Fers, bien sûr. Or, tout disposé qu'il était à accéder à sa requête, le tortionnaire n'avait aucun pouvoir sur les géhennes du puîné Ravncrone. Son phonème railleur s'émousse d'une inhabituelle chaleur alors qu'il la toise de ses prunelles fauves. « Je ne peux rien pour votre frère, hélas. Les tourments dont il est la cible sont infligés par le prince Lorkmir, je ne fais, à vrai dire, qu'apprendre de ses souffrances... » S'il ne s'était que peu de fois fait bourreau du prince captif, disséminant quelque souffrance à l'orée de son enveloppe carnée, il n'en disait pas moins la vérité. De cette fratricide belligérance, il n'est ni l'instigateur ni le glaive, se contentant de jouer le volucre au-dessus de tous les cieux qui tendent leurs caligineuses nuées au-dessus de son pennage d'ébène. Et c'est embastillé qu'il se soumet à la suzeraineté de ce regard sinople, avançant vers la princesse sa carcasse libérée de toute entrave, posant une patte au-dessus de l'épaule princière afin de rapprocher son minois dégénéré de celui, fragile et vénuste, de la sylphide. Les exhalaisons fruitées de ce corps de jouvence viennent tapisser les muqueuses d'un flair qui se fait témoin de cette promiscuité olfactive. Sur le grès de son faciès, il laisse se ciseler une narquoise expression, reflet désinhibé des paroles de la princesse. « J'en conclus que l'éventualité d'une prochaine rencontre ne vous est pas complètement aberrante... » Au creux de son regard ne se distille plus éclat méphitique, mais plutôt raillerie qu'il ponctue d'un ironique sourire, clouant ses prunelles rapaces à celles de la jeune femme qu'il n'incarcère plus de ses caresses malsaines et de la prison carnée de ses bras puissants. L'obole n'est que trop chère à ses yeux pour qu'il ose à nouveau lui faire boire la strychnine de la peur, soutirant derrière cette chaste étreinte quelque pans prophétiques de maints conciliabules à venir. Reine des ténèbres, elle l'est sans doute, perchée sur la panoptique cime de Ravenhole, germée des aspirations d'une coryphée en devenir qui ne tardera pas à lui rendre au centuple cette clémence dont il s'empanache à l'instant. Fort d'une diligence factice, il s'empare de la dextre liliale et la porte à ses lèvres, apposant le sceau d'un baiser poli, ses orbes ne quittant jamais leurs jumelles. Puis, il lui souffle : « À bientôt, princesse... » avant de se laisser happer par les spectrales nippes de son royaume mortifère.

Nul n'est duc en ce castel de chairs brûlées qu'un roi à la couronne de sang et au sceptre de gémissements.
Ils se reverront, voilà de quoi sustenter le corbac au ventre crevé de vacuité.

fin


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