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 My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE

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Ehvan Clanfell

Le Jeune Lion

Ehvan Clanfell
Le Jeune Lion
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ARRIVÉE : 15/04/2014
MURMURES : 463



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MessageSujet: My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE   My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE EmptyDim 27 Avr - 17:11


MY FLESH IS IVORY AND MY BONES ARE STEEL, BUT MY HEART IS GLASS
Flashback ; quelques jours après la Nuit des Larmes.

Pour la première fois de son existence, le lionceau Clanfell avait mordu la poussière. Il en gardait un goût particulièrement âcre en bouche, et depuis que la lame de son frère avait percé son flan, il n'avait plus cessé de se maudire pour sa bêtise, de se traiter de triple idiot. Il n'avait pas été plus malin qu'un vulgaire canasson, il avait porté des œillères pendant tant d'années qu'il avait fini par se faire à la noirceur, et ne s'était pas posé la moindre question. La cruelle vérité l'avait aveuglé aussitôt qu'elles avaient été retirées, si bien qu'il s'étonnait de ne pas avoir eu les prunelles brûlées aussitôt. Comment avait-il pu être aussi... naïf ? Naïf... Le mot paraissait bien faible. Avide de reconnaissance et d'affection, il avait porté Synric aux nues, lui qui ne l'avait jamais traité différemment à cause de sa prétendue malédiction, lui qui l'avait aimé et protégé... Le jeune lion aurait fait absolument n'importe quoi pour plaire à son aîné, il aurait même été jusqu'à poser sa tête sur un billot si Synric le lui avait demandé, et il l'aurait fait sans que la moindre interrogation ne traverse son esprit. Il y tenait tant, à cette affection fraternelle. Le pauvre lionceau avait quémandé des caresses auprès du père et de la sœur pendant si longtemps, sans jamais récolter autre chose que des regards torves et des mines agacées – quand elles n'étaient pas tout simplement dégoûtées. Et voilà qu'à présent, c'était son adoré Synric qui lui tournait le dos. Voir son sang tacher d'écarlate les sols était en soit fort désagréable, mais la douleur physique qui découlait de sa blessure et se réveillait au moindre de ses mouvements n'était rien comparée à ce qu'il ressentait intérieurement. Son esprit bouillonnait de rage et de déception, le gouffre idéologique qui le séparait à présent de son aîné semblait infranchissable. Avait-il seulement encore envie de tenter une traversée ? Présentement, certainement pas. Il n'avait plus qu'une envie ; mettre autant de distance qu'il lui serait possible de le faire entre les jumeaux Clanfell – à présent tous deux rabaissés au même niveau – et sa personne.

S'il avait pu, il aurait vomi son cœur aux pieds de Synric et lui aurait offert de le piétiner une bonne fois pour toutes, que cela soit fait. Mais puisqu'il n'était pas question de se séparer de ce palpitant qui lui causait tant de peine, il lui faudrait trouver autre chose. Qu'à cela ne tienne, ce cher Synric semblait avoir une solution à absolument tout. Si ce dernier lui avait demandé poliment de récupérer ses affaires restées à Fortrekke, son cadet avait bien compris le sous-entendu ; il lui fallait quitter la ville pour quelques temps, probablement pour ne pas jeter l'opprobre sur le nom des Clanfell – pas plus qu'il ne l'avait déjà fait – et ne pas froisser leurs alliés. Fort bien, ce n'était de toute façon pas comme si il avait l'intention de s'attarder en ces lieux, qui empestaient la trahison, et risquaient fort de voir une odeur de fratricide s'y ajouter s'il s'attardait trop. Ehvan était certes un homme d'honneur, mais il n'en restait pas moins un être sensible, un être qui n'en pouvait décidément plus de prendre les coups sans jamais pouvoir les rendre.

Le lionceau qui remit les pieds dans la cour de Fortrekke faisait peine à voir. Le crin doré était terne et défait, la figure blême et poussiéreuse. Les calots azurés qui d'ordinaire éclairaient son visage étaient eux aussi ternes, cerclé de mauve pour l'un d'entre eux, car le coude de Synric s'était échoué dans sa figure à quelques reprises. Ehvan était plié sur sa monture, les lèvres déformées par une grimace douloureuse, il semblait avoir pris dix ans en quelques jours à peine. La fardeau de l'échec pesait lourd sur ses épaules affligées, il avait failli à sa tâche de chevalier, de protecteur... Ehvan le maudit, Ehvan le fils ignoré, Ehvan le frère dédaigné... Ehvan le bon à rien, semblait-il. Il était fatigué, las, il en avait assez. Il était comme un malheureux naufragé qui luttait vainement contre les courants. Le lion n'avait plus rien d'un prédateur, il avait été réduit à l'état d'agneau. Un agneau qui se demandait s'il trouverait un jour sa place dans le monde. Pourquoi avait-il fallu qu'il arrache son dernier souffle à Kataryn en poussant son dernier cri ? Il en était persuadé, tout aurait été si différent si sa mère avait vécu. Que n'aurait-il donné, pour se blottir dans le giron de cette mère, qu'il avait toujours imaginée douce et délicate... Que n'aurait-il donné, pour enfouir son visage dans la chevelure opaline de Jora... Jora, sa douce Jora. Elle l'aurait rassuré, apaisé, elle lui aurait mis du baume au cœur. Las ! Il lui faudrait faire sans elle, il lui faudrait faire sans personne. Il devait se reprendre, coûte que coûte. Ramasser son ego piétiné, se draper dans une nouvelle pèlerine de fierté et relever la tête ; encore une fois.

Comme un fauve blessé, il boitilla jusqu'à l'entrée de la demeure familiale, incertain de parvenir jusqu'à ses appartements sans s'être étalé pitoyablement de tout son long dans les corridors. Les yeux rivés sur ses pieds, il avançait lentement, réfléchissait mûrement chacun des pas qu'il faisait. Pathétique, pensait-il. Il avait honte de l'image qu'il devait renvoyer, mais au fond, avait-ce encore la moindre importance ? Certainement que non... Après tout, il était habitué aux regards indélicats, et voilà bien longtemps qu'il prétendait être sourd aux persiflages. Ah ! À n'en point douter, l'on entendrait parler de ce triste duel entre frères longtemps, et lui, le perdant, ne serait décrit que comme un lionceau capricieux auquel l'on avait appris ce que c'était que de réellement rugir.

L'air hagard, les sourcils froncés, il se figea soudain, au beau milieu du corridor. L'animal blessé attire les charognards... Trop brusquement, Ehvan releva les yeux. La tête lui tourna et il ne dut qu'à un fabuleux réflexe de se rattraper au mur d'obsidienne plutôt que de choir bêtement. Bêtement, il battit des paupières pour chasser le voile sombre qui était tombé sur ses prunelles, et lorsqu'il put voir enfin clairement, il regretta de ne pas être devenu aveugle. Distinguant la silhouette svelte et gracieuse de sa sœur, il grogna et se redressa, tout en ayant conscience qu'il pourrait bien faire tous les efforts du monde pour retrouver une contenance, il n'aurait pas moins l'air d'un paysan que l'on aurait châtié pour un quelconque crime. La bile lui monta au lèvres, il aurait voulu lui hurler de disparaître, de s'écarter de son chemin, mais il resta aussi muet qui si ses lippes avaient été cousues. Et finalement, mu par l'épuisement émotionnel et physique, il se laissa aller à la hargne. La colère qui lui serrait la gorge étouffa son honneur, et il cracha tout son venin à Sylarne, qui s'il s'était tu, n'aurait peut-être fait que passer son chemin et l'ignorant superbement, comme elle l'avait toujours fait. «  Quel dommage, que notre cher Synric ait manqué mon cœur, tu ne trouves pas ? À moins qu'il n'ait simplement cherché à m’éviscérer ? J'ai du mal à me rendre compte, je l'admets... » Un sourire, une grimace, éclaira sa mine chagrine d'une drôle de façon. « Tu dois être contente. Tu t'apprêtes à faire ta grande entrée à la cour et moi... bah, ce n'est pas aujourd'hui que tu vas commencer à te soucier de ma pauvre personne. » Il aurait été ivre qu'il aurait eu l'air moins misérable. « Ne suis-je pas, après tout, le maudit imbécile de la famille ? » D'une main tremblante, il chassa les mèches dorées venues barrer son visage. Puisqu'il n'avait su trouver en lui la force d'affronter Synric une fois de plus, il se vengerait sur Sylarne, comme un gamin blessé. Quitte à cracher du venin, autant que ce soit au visage d'une vipère qui y serait, il en était persuadé, insensible.


FICHE PAR ELBERETH.

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Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
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MessageSujet: Re: My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE   My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE EmptyJeu 1 Mai - 0:44

Fiche © Quantum Mechanics
sylarne clanfell & ehvan clanfell
my flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass
C
atatoniques élucubrations d'un esprit malmené. Les prunelles rivées dans la vacuité du ciel, elle se perdait dans les pérégrinations de son être, invariablement déchirée par des affects à la tectonique incontrôlable, lithiase ignée qui se liquéfiait pour redevenir magma. Combien de lunaisons avaient passé sans qu'elle ressente les turpitudes d'une colère sourde, incendiaire ? Le fiel qui alourdissait sa langue d'une aigreur infecte se faisait émétique et c'est le cœur au bord des lèvres qu'elle faisait tournoyer le sébile vide entre ses doigts, le vin lui-même ne trouvant pas grâce à ses yeux asthéniques, ne se faisant même plus antalgique. La cour d'Ibenholt. Un nid de frelons dont elle redoutait la piqûre et si elle avait déjà frappé de ses pas les voliges du castel, évoluant parmi les apis comme si elle y était née, elle exécrait particulièrement les faux-semblants et le poisseux substrat d'hypocrisie dont elle devait s'oindre pour échapper aux prédateurs, indéniablement alertés par une odeur qui n'était pas la leur. Sur la crédence gisait le cadavre d'une amphore et au creux de ses paumes agonisaient les dernières exuvies d'une liberté qui filait désormais entre ses doigts diaphanes. Dans quelques jours, elle serait jetée en pâture dans l'arène de la cour avec pour seul glaive sa langue acérée et son intellect pour seul bouclier. Elle savait d'ores et déjà que son géminé la contraignait à quitter le berceau de Fortrekke dans l'unique but qu'elle s'y fasse une place dans l'éventualité d'un hyménée qui serait profitable aux Clanfell et si son jumeau avait d'abord pensé à l'unir au veuf Ebonhand, puis au fils aîné du patriarche Ravncrone, il songeait désormais à l'introduire entre les murs de Jernvugge pour faire grimper les enchères, rappelant à sa sœur à quel point il était crucial qu'elle se fasse séductrice, féline et indispensable aux yeux des prétendants potentiels. Or, elle ne comptait ployer l'échine ou battre des cils pour aucun de ces hommes ; Hulgard et ses penchants dominateurs la révulsaient, comme si la férale Clanfell allait se laisser domestiquer par un tyran, le fils aîné de Jorkell, quant à lui, ne lui inspirait qu'un mépris non dissimulé, ses prétentions injustifiées et sa vantardise ne lui arrachant qu'une morgue cinglante et l'héritier avait déjà goûté à ses froides algarades ce qui, elle l'espérait, le convaincrait de persuader Jorkell que la lionne n'était pas pour lui.


A
utour d'elle s'activaient déjà les caméristes, soumettant pour approbation à son regard vitrifié les toilettes qu'on devait acheminer dans ses appartements de Jernvugge, étalant devant elle les bijoux qu'on mettait ensuite dans leur écrin, pendant qu'un tailleur prenait les mesures pour la commande que Synric avait faite de toutes nouvelles robes, houppelandes et stola ; une bien inutile dépense pour afficher aux yeux de tous le faste Clanfell, mais le lion croulant déjà sous les florins ne rechignait aucune ostentation pour sa sœur-objet et elle se gardait bien de lui recracher son nouveau statut d'accessoire au visage, préférant davantage se murer dans le silence, une indifférence qui était insupportable à Synric. Les prunelles smaragdines buvaient l'éclat cuprifère des torches, insensibles à l'agitation qui faisaient se mouvoir de fuligineuses ombres sur le mur. Elle ne broncha pas plus lorsque le factionnaire déchira le silence qu'elle avait imposé à la ruche d'abeilles bourdonnantes, lui lançant une apostrophe avant d'enchaîner. « Ser Ehvan est revenu, ma lady. » Le marbre de son faciès se crevassa d'un sourire amer. Quelles conflagrations venait-il lui faire vivre à présent ? Le jeune lion était-il vorace au point de vouloir laper les lambeaux épars de la fratrie déchirée ? Son épigastre se retournait à la simple pensée qu'il venait achever ce qu'il avait mis tant de zèle à commencer. Quand arrêterait-il enfin de faire l'enfant schismatique, jaloux de n'être point né jumeau, de n'avoir pas partagé avec les géminés le ventre maternel, giron qu'il avait crevé de ses vagissements pour laisser leur mère exsangue et ses entrailles à vif, remugles infects d'une naissance qui se nourrissait de la mort, ovovivipare parasite qui venait désormais s'accrocher tantôt à l'occiput de Synric tantôt au sien, famélique, affamé, avide de déchirer ce qui était déjà scindé. La vie du frondeur cadet lui semblait désormais toute orientée vers une finalité nocive, celle de diviser les jumeaux, de leur arracher leur bonheur de griffes jalouses pour ne laisser dans son sillage que vestiges et ruines. Qu'espérait-il en provoquant Synric en duel ? Quel chimérique honneur défendait-il avec autant d'âpreté et d'ingénuité ? L'orbe céladon quitta le berceau nitescent du jour alors qu'elle déposait l'hyalin calice sur la maie. Ses pensées mussées par son sempiternel masque de placidité, elle s'arracha à ses appartements, jetant l'écho de ses pas dans la coursive, sous l’œil méphitique des torches et les quelques flaves rayons de l'astre diurne qui fusait des tentures écarlate. Quand elle le vit, souffreteux, vacillant, elle sentit son cœur se comprimer sous le clapier osseux, invariablement choquée de voir s'étirer sous la peau fraternelle d'érubescentes ecchymoses et de graves contusions. Quand Synric lui avait apprit la nouvelle de l'altercation filiale, il ne lui avait pas fait part de l'étendue des blessures du cadet. Elle n'était d'ailleurs pas allé le visiter lors de sa convalescence, trop acrimonieuse pour daigner faire l'effort.


E
lle l'aurait presque aidé à se redresser, lui offrant son aide pour se rendre à la loggia, s'il n'avait pas décidé de s'épancher en objurgations cinglantes et en jactances sardoniques. Les mots avaient beau se loger comme surin dans sa poitrine, la lithiase de son impavide faciès était demeurée intacte ; ce n'était que le noyau qui s'érodait sous l'aquilon de ses froides invectives. La léonine jumelle ne put qu'exhaler un feulement, ne tardant pas à faire fuser sur le puiné une flèche tout aussi venimeuse. « Oh, Ehvan, cesse de faire de toi une victime. » Sur son visage désormais se sculptait une expression de froide colère. Son cadet n'avait fait que lui servir le même lamentatio toute sa vie durant et à présent Sylarne ne le supportait plus. Avait-il été imbécile ? Certes. Synric l'avait été tout autant. Et la férale sœur n'avait jamais pu dire pourquoi elle avait hérité de deux frères prompts à l'emportement et si peu enclins à une réflexion pragmatique. « Ce titre, vous êtes deux à vous le disputer désormais. Je ne sais pas lequel de vous deux est le plus imbécile : celui qui a provoqué l'autre en duel en croyant naïvement pouvoir mettre fin à quelque chose qui dépasse son entendement ou celui qui a accepté de diviser la famille et de laisser se perpétrer un génocide pour un gramme d'influence. » Qu'aurait-elle pu faire, elle, la sœur, la femme ? Ce n'était que pour constater l'ampleur de la félonie des hommes qu'elle était restée à Fortrekke durant la Nuit des Larmes. Ses vespéraux songes n'étaient désormais peuplés que des hurlements stridents des violées qu'on écartelaient, des larmes cendreuses des enfants qu'on égorgeaient et de la prégnante odeur ferreuse du sang qui ruisselait dans les venelles comme pluie suivant l'orage. Elle avait vu la fureur des hommes, avait senti le musc de leur cruauté, s'était effondrée à genoux dans la loggia, incapable de quitter des yeux les dantesques scènes qui se déroulaient devant elle. Cloîtrée par le carreau de l'immense pièce, elle ne vivait que par procuration les indicibles tourments qu'on infligeait à la populace et pourtant elle les sentait glisser dans son encéphale, rachidien feu grégeois qui enflammait ses affects pour ne la laisser que catatonique, atone enveloppe dont le cristal oculaire se gravait de souvenirs indélébiles, de tares ineffables. Les prunelles suppurant cynisme et morgue s'étaient glissées sur le visage tuméfié de son frère. « Il serait plus que temps que tu cesses de croire aux fables et de jouer les héros pour porter enfin un regard lucide sur le monde... Il n'y a pas de bons rois, il n'y a pas de nobles chevaliers, il n'y a que des tyrans et des parasites. Dans ce monde il n'y a pas d'agneaux ou de brebis, il n'y a que des loups et des corbeaux. » Sa lippe se tordit et elle baissa les yeux un instant, en proie à une égrotante colère. Elle inclina la tête, les yeux attachés à un point invisible sur les voliges du sol. « Si tu crois que te voir mort m'aurait rendue heureuse, tu es plus imbécile que je le croyais... »

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Ehvan Clanfell

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MessageSujet: Re: My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE   My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE EmptyLun 5 Mai - 12:49

Il aurait tellement, tellement voulu l'aimer. Si elle lui avait offert ne serait-ce qu'un centième de l'affection que l'on attendait de la part d'une sœur, il l'aurait portée aux nues comme il l'avait fait pour Synric, et aurait été son indéfectible protecteur, son bouclier contre tout et tous. Il avait rêvé de l'étreindre à mille et une reprises, avait rêvé de ses sourires, s'était surpris à se demander combien sa peau pouvait être douce, avait rêvé... Toujours en vain. Alors, las d'alimenter ses chimères, Ehvan leur avait tordu le cou et avait préféré attribuer à son aînée le vilain sobriquet de vipère, quitte à ne plus voir que ce qu'il y avait de plus mauvais en elle, sans se poser davantage de questions. Il était pourtant loin d'être idiot, le lionceau Clanfell ; il se doutait bien que la belle n'était pas odieuse pour le simple plaisir d'être odieuse, qu'il devait y avoir une excellente raison à son comportement... Seulement voilà, ce ne serait certainement pas à lui qu'elle ferait part de ses craintes les plus profondes, il l'avait bien compris. Et il le lui rendait si bien ! Si elle lui avait craché son venin au visage au cours des ans, lui n'avait pas hésité à lui montrer les crocs. Il n'avait jamais mordu, mais les dieux savaient à quel point il en avait parfois eu envie... A quel point il en avait envie. Si Sylarne  avait l'intention de le titiller, elle avait fort mal choisi son moment. Tel un animal blessé et apeuré, Ehvan se retournerait pour mordre et cette fois-ci, ses crocs se refermeraient bel et bien sur la chair délicate de sa sœur, et ce serait de son sang qu'il se gorgerait. Que ce soit bien, que ce soit mal... Il s'en moquait éperdument à présent, il n'était de toute façon plus capable de faire la distinction.

À quoi bon faire la différence, se demandait-il. Oui, à quoi bon ? À quoi lui avait servi son honneur, son sens aigu de la justice ? À se faire percer le flan par son propre frère, rien de plus. Cette triste déconvenue aurait au moins eu le mérite de lui ouvrir les yeux sur ce qu'il était réellement ; rien de plus qu'un paria dans son propre clan. Il était plus que temps que le lionceau s'en rende compte. Où tout ceci s'arrêterait ? Il n'avait eu de cesse de se le demander, tout comme il continuait encore et toujours à s'interroger sur la place qui était la sienne. À présent qu'il portait la marque des parjures, il n'était même plus question de son intégration. Bah, peu importait au fond. Il n'avait fait que sectionner une bonne fois pour toutes le lien qui l'unissait encore au nom des Clanfell. Le clan n'avait jamais voulu de lui, qu'à cela ne tienne ! Il ne voulait plus d'eux non plus. Oh, il avait mal, son cœur était plus douloureux que la blessure encore fraîche de sa chair, mais cela passerait. Mieux valait amputer un membre gangrené avant que le mal ne se propage à tout l'organisme. La douleur qui résultait de l'amputation ne durait qu'un temps, puis la guérison était totale. Naïf ? Non, cette fois-ci il ne s'agissait que de pragmatisme et d'auto-préservation. Le temps était venu pour Ehvan de penser un peu à lui, de cesser de s'accrocher à de vains principes dans le seul but d'impressionner des aveugles. S'il avait été lâche, il aurait fui. Il aurait fui, se serait inventé un nom et une histoire, aurait abandonné ses titres et son épée et serait devenu un anonyme. Bâti comme il l'était, Ehvan n'aurait eu nul mal à trouver une besogne à accomplir bêtement jusqu'à la fin de ses jours. Pas plus qu'il n'aurait eu la moindre peine à se trouver une épouse, il aurait pu... Être heureux ? Non, point du tout, du moins pas sans Elle. Si les dieux avaient été miséricordieux, ce serait Elle qui serait apparue dans ce couloir. Il serait tombée à ses genoux, l'aurait étreinte comme un perdu... Lorsqu'il serait parfaitement rétabli, lorsqu'il serait présentable, il irait La voir. Il fallait qu'il aille la voir.

Un ricanement sinistre monta du fond de sa gorge à la première morsure de la vipère, qu'il continuait de toiser de toute sa hauteur ratatinée. « Ma chère Sylarne, seuls Père et toi avez fait de moi une victime. Tu apprendras qu'il est fort aisé de s'apitoyer sur son sort lorsque tout ce que l'on obtient des siens sont des regards torves et dédaigneux. » Il serra les dents si fort que ce fut un miracle que sa mâchoire n'éclate pas sous la pression. Elle pouvait le foudroyait du regard autant qu'elle le voulait, ça lui était égal à présent. Toutefois, il ne put empêcher la surprise de s'afficher sur son visage blême lorsque Sylarne rabaissa Synric à son niveau de maudit imbécile. Il battit des paupières bêtement ; il se serait attendu à ce qu'elle prenne le parti de son jumeau, pas à ce qu'elle l'accuse de bêtise lui aussi. Si bien qu'il ne sut quoi dire, il se contenta de la contempler un long moment, les sourcils froncés. Sa première erreur avait été de croire que qu'elle le détestait au point d'être incapable de faire preuve de discernement. En effet, il ne la connaissait pas suffisamment pour savoir à quel point elle était futée et bien plus pragmatique que ni Synric ni lui ne le seraient jamais. Cependant, c'était elle qui était naïve de croire que c'était le geste de Synric qui avait divisé leur famille. « La seule chose qui nous enferme dans le sac d'une même famille, c'est notre nom. Tu ne crois pas sincèrement que la scission vient seulement d'avoir lieu, hm ? » Ehvan passait sous silence le reste des paroles de son aîné, car il ne savait fichtrement pas quoi y répondre. Oui, il avait été imbécile de croire qu'il pouvait faire quoi que ce soit pour empêcher le massacre. « Il fallait bien que quelqu'un tente quelque chose... » se contenta-t-il d'ajouter dans un murmure, davantage pour lui même que pour Sylarne qui avait raison, bien que cela lui coûtait de l'admettre. Il ignorait qu'elle avait été le témoin des atrocités perpétrées par la faute de Synric, ignorait que les hurlements des victimes la hanteraient éternellement. Dans son malheur, lui avait eu de la chance. L'inconscience l'avait sauvé de ces tourments.

« Et dans un monde de loups et de corbeaux, où dirais-tu que se trouve la place du lion ? » Où dirais-tu que se trouve notre place ? Le lion ne courbait pas l'échine devant le loup, encore moins devant le corbeau, que celui-ci lui picore les yeux ou non. Hélas, il semblait que les lions se faisaient rares, rares et dociles si l'en on croyait les agissements de Synric. Avaient-ils été réduits à l'état de fauves mendiants, pour grappiller un peu de pouvoir partout où l'on voulait bien lui en donner ? Si cela continuait ainsi, les fauves seraient bientôt réduits à de jolies pelisses jetées sur les épaules des plus offrants. N'était-ce pas déjà le cas ? Synric avait vendu son âme au parjure et leur avait jeté sa jumelle en pâture. Il ne le lui dirait pas, mais Ehvan se sentait un brin désolé pour Sylarne, nulle femme n'aurait dû être ainsi traitée. Même elle méritait mieux que cela. Là encore, il n'y avait rien qu'il puisse y faire, alors il se tairait. La vipère baissa les yeux, et le lionceau faillit passer son chemin, mais ce qui sonnait comme une confession le cloua au sol. Il eut, l'espace d'une poignée de secondes, l'air d'un garçonnet égaré. Puis une colère sourde s'empara de lui, il serra les poings. « Pitié, ne commence pas à prétendre m'aimer maintenant. » Si c'était une plaisanterie, elle n'était à son goût. « Tu m'as détesté dès le jour où je suis venu au monde, comme si crever le ventre de Mère en ce faisant avait été ma première action volontaire. » Il avait toujours considéré sa naissance comme le pire jour de son existence, celui qui l'avait marqué au fer rouge de la marque des maudits. « Je n'ignore pas que toi, et tous autant que vous êtes, vous auriez échangé sa place contre la mienne si l'occasion vous avait été donnée. » Il ferma les yeux. Soupira longuement, comme pour évacuer toute la misère qui était la sienne. Baissa la tête. « Et je l'aurais fait aussi. Car vois-tu... Kataryn était ma mère à moi aussi. »  Il sentit son flanc blessé recommencer à ruisseler d'écarlate, tachant son vêtement, mais il n'en avait cure. Il n'avait plus cure de rien.


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MessageSujet: Re: My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE   My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE EmptyMer 14 Mai - 4:59

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my flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass
L'
anamnèse était un fardeau, une incoercible douleur qui jetait au creux de son épigastre d'égrotants tourments et d'indicibles géhennes. Ehvan avait-il partagé ses pandémoniums, jeté, lui aussi, aux gémonies éprouvantes de Sylar ? Peut-être était-ce là, avec leur nom et leur crin flave, la seule similitude qu'ils partageaient tous deux. L'opprobre paternelle était l'unique fléau que Synric n'avait jamais partagé avec sa jumelle ou son cadet, les jactances du géniteur coulant sur les épaules de l'aîné pour venir mithridatiser la fille et martyriser le puiné. Contre le fiel paternel elle avait su se forger une cuirasse de placidité et se blinder d'un flegme qui ne laissait au creux de sa gorge plus les feux de sa jouvence, mais lui subtilisait toute flamme pour la faire apyre, lui dérobant tout brasier pour le faire taire de denses cendres anthracite. Ehvan avait au moins échappé à l'asthénie de leur père, échappé aux violences malades qui le taraudaient et qu'il épanchait en brutalités plus atrabilaires encore, échappé aux vésanies mortifiantes et aux soliloquies vulnérantes. Lorsqu'il l'avait abandonnée pour rejoindre Synric aux Tours d'Airain il ne lui restait plus de frère que l'isolement et de sœur que la déréliction. Sa pétulance s'était fanée comme une fleur sous l'aquilon d'un hiver trop impétueux et de la jouvencelle qu'elle était ne subsistait que le spectre d'une vénusté dont l'orfroi d'une chevelure cuprifère constituait le dernier vestige. Même au creux du socle de ses prunelles une lueur s'était éteinte ; innocence qui avait fui une conque se faisant chrysalide d'où avait émergé un lépidoptère aux élytres déjà brûlés. Elle avait porté le deuil de sa fratrie sept années durant. Comment osait-il lui rappeler que le schisme ne datait pas d'hier, que du duel fratricide n'avaient émergé que quelques fissures de plus lézardant l'infrastructure d'une famille déjà scindée ? Or il oubliait que le fer qu'il avait retourné contre son propre frère n'avait rien de bénin, que cette rapière brandie devant une chair irriguée du même substrat sanguin n'était qu'une réification plus tragique de leur irréparable lien et ce faisant, il avait tranché le précaire suaire de leur attache filiale d'une manière plus irrévocable encore. À travers la cascade biliaire qu'il faisait couler à l'orée de son pensum il disséminait affligeants axiomes et pourtant, elle ne pouvait ressentir à son égard qu'une profonde pitié, une pitié si abyssale qu'elle se muait inexorablement en acrimonieux cynisme, touchée plus qu'elle ne le voudrait pas ces pernicieux affects, par ces valétudinaires émotions qui la terrifiaient tout à fait. Elles avaient été ses martyres à elle, laissant sur le vélin de son âme d'indélébiles stigmates, d'impérissables séquelles qui la plongeait chaque fois dans une vésanique ascèse ; forteresse ultime qui la protégeait d'une morfale chute et d'une inexorable décadence qu'elle défendait toutes griffes et crocs dehors, envers et contre tout. Les algarades de son cadet n'eurent de mérite que de lui soutirer une strychnine plus nocive encore. « Oh oui ! Le beau geste que voilà que celui de fondre sur ton frère, l'épée tirée, pour le contraindre à un duel enfantin et stupide ! N'as-tu pas réfléchi une seule seconde à ton geste, Ehvan ? N'as-tu pas cru un instant que cette lubie était aussi vaine que superflue ? » Un sourcil empreint de morgue fit s'ébouler la lisse lithiase de son visage alors que ses fines lèvres s'étiraient en un anémié sourire, la commissure de ses lippes s'imprégnant d'un indicible sinistrose. « N'as-tu pas cru un instant que la mort aurait pu m'arracher un frère, comme si elle ne m'avait pas déjà arraché trop de choses en ce monde ? Oh, je t'en prie, épargne-moi le récit de l'enfant mal-aimé et ne prétend pas savoir qui j'aurais préféré voir mourir à la fin de cette fratricide querelle ! »


E
lle avait tant voulu les éviscérer tous les deux de ses propres mains pour ce qu'ils lui avaient fait enduré lors de la Nuit des Larmes. À quel point la sœur s'était-elle rongé les sangs, sa médullaire placidité se disloquant sous les assauts d'un surin plus destructeur que toutes les furies qui enflammaient sa conscience, en apprenant que les deux frères se livraient bataille à l'ombre des murs noirs de Jernvugge alors qu'elle se claquemurait dans le castel reclus de Fortrekke, spectre d'elle-même une seconde fois ? Il n'aurait pas pu comprendre l'intolérable impuissance qui se chevillait à son âme cacochyme alors qu'elle était une nouvelle fois cloîtrée entre les murs de cette loggia qu'elle avait trop vu, qu'elle avait trop arpentée, qu'elle avait trop connue ; cloaque de toutes ses aliénées neurasthénies, de toutes ses larvées colères et creuset des remugles infects d'une solitude veuve. Les limbes l'avaient réclamée encore une fois et c'est creusée de sanglots silencieux qu'elle se faisait violence une nouvelle fois, alors que le sinople de ses prunelles se calquait au verre d'une fenêtre à travers laquelle elle contemplait la sépulcrale silhouette de la bastide, engoncée dans l'impotence que cette prison exerçait sur elle. Comment pourrait-il même envisager désormais qu'elle avait sacrifié de diluviennes larmes pour lui, se mutilant de la brûlure d'une souffrance qui s'épanchait en perles liquides et souffreteuses sur ses joues liliales rendues rubicondes par une dipsomanie pathologique ? Comment pourrait-il continuer d'endosser le rôle de victime, celui qu'il avait toujours voulu joué avec tant de justesse, s'il apprenait aujourd'hui que sa vipérine sœur avait pleuré pour lui ; que celle qui semblait être à ses yeux la plus dantesque des gorgones avait prié Catharis, s'écorchant les genoux sur les voliges fuligineuses de la loggia, pour qu'elle l'épargne lui, le cadet, l'enfant et qu'elle octroie à l'aîné une mort rapide en réponse à ses atroces crimes et à sa dirimante ambition qui les condamnerait tous à s'entredéchirer comme fauves en cage avant de crever, l'épigastre ouvert et offert aux nécrophages ? Oh, elle s'était maudite, se fustigeant d'un indicible talion à la seule pensée d'avoir voulu que mal se fasse à son géminé, à celui qui, comme elle, avait porté son premier souffle en ce monde à ses côtés. Et si Kataryn s'était éteinte, exhalant son dernier souffle alors qu'Ehvan s'en saisissait pour le faire sien, Sylarne n'avait pu s'empêcher de porter sur son frère un imperceptible regard maternel, se gardant bien de lui dire pour ne point laisser éclater le masque de son apparente morgue de peur qu'elle s'effondre dans ses bras protecteurs pour expier à son tour une mort qui l'avait laissée amputée d'une mère et d'une égérie qu'elle aurait pu connaître pour mieux l'imiter. Brisée, incomplète, fragmentaire, elle avait trouvé refuge derrière les remparts jumeaux parce qu'ils faisaient partie d'elle comme le sang irriguant les jaspures cinabre qui irriguaient sa carnation, parce qu'il lui semblait tout naturel que Synric voit en elle cette vulnérabilité qu'elle se gardait bien de montrer à son cadet. Dans la jouvence d'un esprit tourmenté elle avait toujours cru que sa fragilité ferait s'effondrer les repères du puiné. Une mère ne se montrait pas précaire aux yeux de ses enfants. Une sœur aînée ne vacillait pas sous l'assaut des tempêtes qui déferlaient derrière l'azur des yeux fraternels. Elle se devait d'être forte et elle l'avait toujours été. Même si pour, la férale lionne, force rimait avec distance et résilience avec placidité. Elle ignora l'aporique interrogation qu'il retournait contre elle, l'orbiculaire de son encéphale s'engluant d'un glaive moins tranchant encore que celui des paroles qu'il souffla ensuite. « Pitié, ne commence pas à prétendre m'aimer maintenant. »


L
e reste de son algarade ne fut que surin supplémentaire qu'il logeait à la frontière de sa nuque, se distillant en égrotants frissons qui révulsaient son âme et faisaient affluer à l'angle de ses yeux une cristalline perle qui s'abattit sur le parchemin de sa joue comme un couperet alors qu'elle se retournait, lui tournant le dos en chassant l'unique témoin de sa souffrance d'une main rageuse. Oh, elle l'avait haï, détesté de toutes ses forces, exécré de toute son âme et pourtant rien n'y faisait, il revenait en elle comme la lymphe se répandant dans ses veines par osmose. Et elle avait tenté tant de fois de le repousser, de chasser cette faiblesse ampliative qui s'annexait à elle comme une tare de plus la faisant sombrer dans un sordide et funeste cénotaphe, un sépulcre qu'elle n'avait que trop goûté avec Synric pour l'avaler encore avec Ehvan. Ne comprenait-il pas ce qui motivait cette sidérale distance ? Ne saisissait-il pas ce qui justifiait cette exorbitante condescendance ? Sa naïveté l'aveuglait au point de musser à ses yeux l'évidence : depuis que Sylarne avait posé ses lèvres sur celles de son jumeau, se laissant happer toute entière par une promiscuité malsaine, elle avait voulu savoir ce que recelaient celles d'Ehvan, cette question devenant idée, cette idée devenant rêve et ce rêve, obsession. Depuis cet instant leurs jeux badins d'adolescents s'étaient transformés en hantise, la hantise de voir les deux frères séparés par un amour schismatique pour la sœur qui la poursuivait nuit et jour pour la laisser affolée à l'éclosion de l'aube, le cœur battant et les joues ruisselantes de larmes. Quelle autre explication pour son ascétisme que la peur de se réfugier entre ses bras pour succomber à nouveau au spectre magnétique et envoûtant de l'inceste ? Et elle lui en voulait à cet instant de n'avoir rien vu, d'avoir pris son indifférence pour une triviale méchanceté, pourtant elle avait tout fait pour lui dissimuler cet avilissant secret, redoutant à la fois de le perdre lui et Synric. Et elle savait sans se l'avouer qu'elle avait échoué dans son entreprise : à trop vouloir lui musser l'indicible confidence dans l'espoir de garder l'étoffe filiale intacte, elle avait elle-même apposé sa morsure sur la lustrine dans l'espoir de faire taire une envie viscérale tout en la déchirant de ses crocs acérés. Il ne lui pardonnerait jamais. Et il ne devrait jamais savoir ce qui avait motivé une si acrimonieuse attitude. Se soustrayant toujours au regard de son frère, elle avait substitué à l'atrabilaire fiel une froide distance. « Et tu es là et elle est morte. Et pourtant tu t'obstines avec tant de zèle à ruiner le cadeau qu'elle t'a offert à travers son sacrifice, comme si cette vie qu'elle t'avait donnée était le plus incommensurable des fardeaux... » Sur ses lèvres frémissait une sourde imprécation qu'elle dédiait davantage à la fatalité cruelle qui lui avait arraché sa mère pour lui mettre sur les bras un frère qui n'avait cure du souffle qu'elle avait insufflé dans sa poitrine creuse avant de se noyer dans la vacuité de sa propre poitrine éteinte. « Oui, Ehvan, oui je t'en veux ! Je t'en veux de cracher sur cet héritage, je t'en veux pour chaque jour que tu passes à t'acharner à gâcher l'abnégation dont elle a fait preuve pour te laisser vivre, toi ! » Sentant l'esquisse d'une colère consumante elle se retourna, l'émeraude de ses yeux se vitrifiant sous l'étreinte tiède des larmes qui captaient la lumière des torches avant de creuser sur sa joue une rigole flavescente. Et alors qu'elle ouvrait la bouche pour le fustiger davantage, sa prunelle fut captivée par l'éclat carmin qui s'étirait comme une fleur sous l'étoffe qui nippait son frère, ses lèvres furent traversées d'un souffle pétrifié qui la statufia un instant alors qu'elle murmurait un faible « Ehvan... » avant de glisser une main sur l'épigastre blessé, ses doigts adamantins se maculant du sang Clanfell, un sang qu'elle ne connaissait que trop bien. Désarmée par le flux vital qui s'échappait de l'abdomen filial, elle leva vers son frère des yeux affolés avant d'exhaler un souffle inquiet, posant un instant son front contre l'épaule fuselée de son frère, reprenant ses esprits alors que l'accrétion d'affects trop longtemps refoulés faisait s'effriter la lithosphère de sa contenance. Puis, happée par le trouble qui grandissait en elle, le même tourment qui l'avait contrainte une décennie plus tôt à s'écarter de lui, elle rompit l'étreinte fraternelle, se détournant avant de lui lancer d'une voix neutre : « Je fais mander le guérisseur. »

Puis elle se referma à nouveau, cloîtrée dans un ascétisme qui l'empêchait de chuter dans les profondeurs abyssales qui ne l'avaient déjà que trop esquintée...

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Ehvan Clanfell

Le Jeune Lion

Ehvan Clanfell
Le Jeune Lion
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ARRIVÉE : 15/04/2014
MURMURES : 463



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MessageSujet: Re: My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE   My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE EmptyJeu 15 Mai - 18:50

Les lions étaient-ils donc condamnés à se meurtrir les uns les autres au lieu de faire front ensemble, comme un clan uni ? Ehvan n'était peut-être pas le seul Clanfell à être maudit, en fin de compte, il semblait que les dieux prenaient un malin plaisir à se jouer de ce qu'il restait des grands fauves. N'auraient-ils pas mieux fait de faire front commun face aux charognards et autres rusés plutôt que de s'entre-déchirer comme ils continuaient à le faire ? Oh, bien sûr que si... Mais les lions étaient tous aveuglés par leur propre ire, leur propre chagrin, si bien qu'ils préféraient jouer les solitaires... Tous oubliaient que sans le clan, le lion était destiné à mourir. Seul, comme il aurait vécu. Il y avait quelque chose de pitoyable et de particulièrement ironique dans leurs affrontements. Elle était bien belle, la famille la plus puissante de Middholt ! Réduite à trois lionceaux qui ne savaient que geindre et couiner après leur mère ; une mère qui ne reviendrait jamais pour les cajoler, et encore moins pour les corriger et les traîner par la peau du cou les uns vers les autres. Le plus jeune n'avait peut-être pas connu sa lionne de mère, mais il supposait qu'elle aurait abhorré de voir ses enfants ainsi, plus désunis qu'un agneau ne l'était avec un loup. Même enfoncé dans sa rage jusqu'au cou, il parvenait encore à percevoir la cruauté de leur situation. En d'autres circonstances, d'autres temps, le jeune lion aurait retrouvé sa sœur avec bonheur et elle l'aurait rassuré, l'aurait dorloté comme on le faisait avec un bambin qui se serait éraflé le genou après une vilaine chute. Au lieu de cela, elle l'accablait davantage, mais lui ne faisait guère mieux en jetant du sel sur ses plaies – des plaies qu'il était à mille lieues d'imaginer, empêtré comme il l'était dans les réminiscences de son duel avec son frère. Égoïstement, bêtement, il ne songeait pas qu'elle aussi était meurtrie. Elle n'était qu'une vile vipère, comment aurait-elle pu souffrir de quoi que ce soit ? La réalité était pourtant bien différente de ce qu'il s'imaginait. Sylarne n'était que son pauvre exutoire, celle qui serait toujours plus aisée à haïr que les autres, que Synric. Il n'en avait simplement pas conscience et quand bien même cela aurait été le cas, il ne l'aurait jamais avoué. Ni à lui-même, ni à elle, ni à quiconque. Il préférait la douceur sucrée de ce mensonge à l'amertume de la vérité. Pareil comportement était aussi peu honorable que l'avait été Synric lors de la tragique Nuit des Larmes.

S'il avait tendu l'oreille au lieu de se prétendre à moitié sourd, peut-être aurait-il pu entendre ce que Sylarne s'échinait à lui dire et à lui faire comprendre. Qu'elle ne le haïssait pas autant qu'il s'en était persuadé, qu'elle ne voulait certainement pas le voir trépasser, mais surtout que son maudit honneur et ses fichues bonnes intentions n'étaient pas pour ce monde et ne serviraient jamais qu'à lui attirer des tracas. La belle comprenait mieux le jeu du pouvoir qu'il ne le pourrait jamais. Ehvan voulait aider le bien à triompher quoi qu'il lui coûte et c'était, eh bien, tout à son honneur, mais cela faisait de lui un paria et une proie facile pour tous les carnassiers d'Ibenholt.  « Et que voudrais-tu que je fasse pour faire honneur à Mère, hm ? Que voudrais-tu que je fasse ?! Voilà presque trois décennies que je cherche vainement ma place dans ce semblant de famille ! Je croyais qu'elle était aux côtés de Synric, mais de toute évidence je me suis fourvoyé. » Le lionceau perdait de sa superbe à chaque instant et sa colère se muait lentement en une peine incommensurable, il se sentait comme un homme à la mer qui ne pouvait lutter contre les flots. Le sel des larmes qu'il n'osait pas verser lui brûlait la gorge, et il n'avait plus qu'une envie, tomber à genoux et hurler, s'arracher les cheveux et encore hurler, jusqu'à ce que cela cesse. Pitié, faites que cela cesse. Il avait mal, si mal qu'il se fichait éperdument de blesser celle qui aurait pu devenir son alliée s'il avait fait taire sa fierté. Car lui aussi possédait cette arrogance qui semblait indissociable du patronyme Clanfell ; il savait simplement la dissimuler avec brio derrière un air avenant et de grands yeux rieurs. Face à son aîné, il agissait comme un fauve pris dans un piège mais qui se refuserait à ployer l'échine jusqu'à la dernière seconde, un fauve qui préférerait se ronger plutôt que d'appeler à l'aide.

Seulement, si lui n'avait pas vu l'empreinte salée qu'avait laissée la larme sur la joue de Sylarne, elle eut tôt fait de remarquer l'incarnat qui tachait la chemise du cadet meurtri. Celui-ci manqua d'avoir un mouvement de recul lorsqu'elle porta sa main à l'endroit de la plaie, comme s'il ne craignait que le contact ne le brûle comme de la poix enflammé. Il ne bougea toutefois pas et observa d'un drôle d'air son sang maculer les doigts de sa sœur, et le regard paniqué de cette dernière lui fit définitivement perdre toute envie de rugir. Ses jambes manquèrent de plier sous son poids de géant, et lorsque le front de la sœur se posa contre l'épaule du frère, ce fut comme si l'univers lui-même volait en éclats. Dans un geste inconscient, Ehvan leva le bras, et sa main épousa un instant le crâne délicat de Sylarne, ses doigts rencontrèrent pour la première fois la soie de sa crinière dorée. La main retomba en même temps que la lionne s'écartait, rompant ainsi leur étrange étreinte pour lui donner l'allure d'un songe, d'une chimère qui n'avait jamais existé. La mâchoire du lionceau se contractura, il battit des paupières pour retrouver pied dans la réalité. Aucun son ne franchit ses lippes lorsqu'il les ouvrit, l'air lui manquait, une main invisible semblait s'être refermée autour de son gosier. À l'arrogance se mêla le désire, l'envie impérieuse d'attirer Sylarne contre lui. « Tu es cruelle... » avait-il exhalé, comme si le moindre mot lui coûtait une quantité astronomique d'énergie. Cruelle de me faire goûter ainsi à un semblant d'étreinte, aurait-il voulu ajouter, mais le reste de la sentence mourut sur le bord de ses lippes.

« Ne fait mander personne. Je ne reste pas. » Son passage éphémère et son départ précipité ne signifiaient nullement qu'il n'avait pas besoin de soins, mais il ne lui paraissait pas nécessaire de s'attarder. « Je ne suis plus le bienvenu ici pour le moment, Synric a été très clair à ce sujet. » Voilà que le lionceau était chassé de la tanière familiale comme un malpropre. Il apposa sa large paluche sur la plaie, comme si une simple pression suffirait à contenir le flux sanguin. « Cela n'aura certainement pas grande importance pour toi, mais... Méfie-toi de Synric. Je pensais qu'il était mon seul allié, et je me suis lourdement trompé. Je croyais que la menace d'un duel suffirait à lui faire entendre raison, j'ai eu tort. » Le dicton disait faute avouée à moitié pardonnée, mais il doutait fort que Sylarne soit sensible à ses aveux. Qu'importe. « Viendra le moment où toi aussi tu subiras les affres de ses envies de pouvoir et Catharis seule sait jusqu'où il ira. » Sonnait-elle faux et hypocrite, cette mise en garde, après tout ce venin craché à la figure de la lionne ? Sans doute, mais la sincérité n'était pas feinte, pas cette fois. Ehvan n'aimait pas ce qu'il pensait être sa sœur, mais il abhorrait davantage ce qu'il savait à présent être le vrai visage de leur frère. Il se fendit d'un ricanement sinistre, qui se répercuta contre les pierres d'obsidienne de Fortrekke comme le gémissement d'un spectre. « Toi et moi... Nous ne sommes que des pions sur l'échiquier de son ambition. » Non... Pas tout à fait. « Finalement, il m'a rendu service en me perçant le flanc, il m'a ouvert les yeux. Tu feras comme il te siéra, mais il n'est pas question que je le laisse se servir de moi comme d'un vulgaire pantin. Il n'en est plus question... C'est terminé. » Comme était terminée la relation fraternelle à laquelle il s'était accroché pendant tant d'années.


FICHE PAR ELBERETH.

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Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
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ARRIVÉE : 24/11/2013
MURMURES : 1919



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MessageSujet: Re: My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE   My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE EmptyMar 20 Mai - 0:14

Fiche © Quantum Mechanics
sylarne clanfell & ehvan clanfell
my flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass
S
ur l'adamantine carnation de ses doigts, le carmin d'un cruor qu'ils partageaient comme seul héritage, unique legs dont on ne les avaient pas exhérédés ou spoliés. Qu'aurait-elle donné pour que tout cela cesse, cette esclandre fratricide comme cette schismatique ambition qui dévorait un à un les fauves de la glorieuse maison écarlate ? Quel héritage n'aurait-elle pas envoyé dans les dantesques profondeurs de l'Abime pour se délester d'une si parasitaire vésanie qui éprenait l'épigastre de son géminé comme l'hubris empoignait et corrodait celui de son puiné ? Les homélies du géniteur lui semblaient désormais bien factices, ses apophtegmatiques bribes d'une sagesse aseptique ne pouvant soustraire la fratrie à une sclérose inévitable. Et si les deux frères s'étaient laissés happés par une démence qui n'avait ajouté que vulnérantes lézardes à l'architecture de leur fraternité déjà précarisée, elle n'avait pas été l'immaculée sylphide que ses propres paroles laissaient entrevoir. Et si elle connaissait ses torts, façonnait de leur ichor l'arantèle de sa conscience, elle ne pouvait admettre à son cadet que sa froide et implacable logique était déficitaire, que les égrotants affects qu'elle s'évertuait à museler d'une ferveur presque fanatique ne pouvaient être que thaumaturges quand les blessures se faisaient mutilations de l'âme. Que faisait-il de ses excoriations à elle, de ses géhennes et de ses gémonies ? Que faisait-il du sang que suppurait son âme nécrosée, de la lymphe que pleurait sa chair mortifiée et du substrat ferreux qui creusait sa médullaire anamnèse d'une corrosion plus méphitique que mithridatisante ? Sans doute ne percevait-il même pas derrière la lithosphère de sa pastiche placidité les remugles d'une infection qui l'avalait toute entière. Elle ne pouvait lui en vouloir d'être aveugle dans les ombres qu'elle tendait devant lui, de se laisser abreuver de cécité lorsqu'elle lui servait un vin de ténèbres et un banquet de spectres. Il était normal qu'il ait vu dans ce cortège obscur le flambeau du spéculaire orfroi que l'aîné avait agité devant ses yeux amblyopes avant de voir ses prunelles assombries aussitôt par les insondables abysses, plus noires encore puisque criardes de contraste avec la lumière cuprique dont il l'avait étourdi. Elle au-moins n'avait jamais prétendu être lucifère alors qu'elle était lucifuge. La lionne se dissimula dans le silence, laissant son cadet se complaire dans l'ire qui galvanisait la cuirasse de son orgueil. On l'avait si longtemps maintenu dans les arcanes d'une nuit sans lune qu'au lieu de s'être fait nyctalope, il persistait à rester borgne.


L'
empreinte que sa dextre avait laissé sur son crin mordoré semblait faire de l'apyre de ses sens un brasier incommensurable, la vésanie qui pulsait dans les jaspures érubescentes de son épiderme se faisant empire auquel elle avait du mal à se soustraire malgré l'apparente équanimité dont elle s'était vêtue comme pèlerine chargée de la garder de la nudité d'une âme déjà trop vulnérable. Mais déjà il déversait sur ses épaules une autre averse de fiel, de nitides gouttelettes qui cascadaient sur son dos pour s'étirer en rigoles magmatiques, puis frigides, sur son échine frêle. Cruelle, l'était-elle à ce point ? Encore cette cécité le taraudait et il se refusait à saisir les pans de la psychée filiale, inconscient que cette étreinte, aussi fugace soit-elle lui avait coûté un fragment d'elle-même, une parcelle qui morcelait sa placidité pour dévoiler à l'oeil rapace une faiblesse qui ne tarderait pas à lui valoir mille périls. N'avait-il pas perçu la détresse qui enserrait sa taille comme des serres du nécrophage s'agrippaient à l'épine dorsale d'une proie ? N'avait-il pas senti l'incoercible folie qui s'était apposée sur la lustrine soyeuse de sa peau, y disséminant des flammes qui léchaient son corps pour le laisser immolé, consumé, cendres de ce qu'il était avant cette incendie fulgurante ? Les paroles de son cadet eurent l'effet d'un couperet, la lame aux aspérités tranchantes mordant la chair de sa nuque pour la laisser vacillante, flamme chevrotante qu'il soufflait d'une voix ferme et non plus frébricitante de morgue. Et les dieux seuls savaient qu'elle aurait préféré faire face aux surins de sa colère qu'à cette annonce qui achevait de réifier ses pires craintes, comme si ses cauchemardesques chimères devenaient désormais réalité mortifère. La férale soeur lui fit face à nouveau, les prunelles dévorées par une perplexité révulsée qui éroda la lithiase de son proverbial flegme. « De quel droit… ? » Elle sentit son phonème mourir sur ses lèvres, creusée d'une colère sourde qui brûlait les mots avant même qu'ils ne s'échappent de sa gorge troublée. Oui, de quel droit son jumeau exerçait-il son outrecuidante souveraineté sur Ehvan ? De quel droit s'arrogeait-il désormais chaque liberté, concentrant entre ses mains omnipotentes les empires des trois lions Clanfell, rogue de ce statut de patriarche qui, jusqu'à maintenant, n'avait été prétexte à une quelconque tyrannie ? Ulcérée, Sylarne se réfugia dans un silence qui la rendait asthénique, frustrée de n'avoir été avertie de cette dantesque tragédie que de la bouche de son cadet, frustrée de ne pas avoir été consultée ni même mise au courant d'un schisme qu'il rendait désormais physique.


P
eu importait, pourtant, l'arbitraire folie de Synric. Peu importait, désormais, les enjeux d'une telle décision et les raisons derrière cette révoltante autocratie, elle tanguait dorénavant à la frontière de l'aporie, déchirée par ses frères comme elle l'avait toujours été. Elle avait déjà perdu Ehvan, avait vu le vélum de leur fraternité glisser d'entre ses doigts fragiles pour choir à ses pieds et être emportés par l'impérieux aquilon d'un hiver qui subsistait entre leurs deux destinées, nivale tempête qui ne cessait de battre les carreaux de son pensum d'un vent létal et frigide. Au creux de sa poitrine s'esquissait les atones cendres d'un brasier qui agonisait avant d'exhaler son dernier souffle ardent, remugle brûlant qui fut absorbé dans sa gorge comme s'il n'avait jamais existé. Ne subsistait dans l'apyre que Synric. Aurait-elle à se séparer de lui aussi ? Au risque de se condamner, ressuscitant de caligineux deuils qu'elle s'était déjà infligés, elle préférait laisser le linceul de leur relation desquamée être emporté par le vent. Elle n'avait pas d'autre choix. Peut-être croyait-il qu'elle n'avait pas entrevu les pans de l'arrivisme de leur aîné, peut-être croyait-il qu'elle n'avait déjà souffert des affres de son opportunisme désolant… Peut-être croyait-il qu'il était même possible pour elle de partir avec lui, de laisser son jumeau à l'opium de ses utopies pour lui tenir tête à son tour. Mais il se trompait. Se fourvoyait plus que quiconque en nourrissant l'espoir qu'elle avait même son mot à dire dans l'épilogue de cette triste histoire. Elle aurait tant voulu lui cracher, atrabilaire, qu'elle avait été toute sa vie élevée dans la perspective d'obéir et d'être domestiquée. Le fauve n'était au final qu'une emblème à laquelle elle ne croyait pas plus qu'aux artificieux festons qui ornaient leur oriflamme. Seuls les hommes de cette famille étaient des lions. La lionne en elle, Sylar s'était évertué à l'écorcher. Synric, quant à lui, avait jeté sa peau au pied de son lit sans plus de cérémonie, s'efforçant à la garder captive pour qu'elle satisfasse ses moindres désirs, comme si leur naissance partagée était un prétexte suffisant pour faire d'elle sa chose, son objet, sa Sylarne. « Alors dans ta grande clairvoyance tu m'abandonnes sans même une arrière pensée… Et tu oses me qualifier de cruelle en m'accusant de tous tes maux ? » Le roc liquéfié se déversait désormais en elle, couvrant sa peau de colères et son âme de vésaniques rages. « Mais vas-y, je t'en prie, Ehvan ! Passe cette porte et ne reviens plus, puisque tu brûles tant de tout plaquer par lâcheté ! Étonnant que tu aies été aussi prompt à tirer l'épée contre ton frère, mais que tu la rengaines aussitôt lorsqu'il s'agit de moi. » Désormais dévorée par une cynique morgue, elle le toisa avec des prunelles dédaigneuses, les lippes tordues par une révulsion qu'elle n'arrivait plus à contenir. « C'est terminé tout ça, j'en ai plus qu'assez moi aussi. J'ai toujours eu à me débrouiller seule. Un frère en moins ou en plus n'y changera pas grand chose. » Tremblante, elle sentait perler à l'ourlet de ses paupières d'ardentes larmes qu'elle lui dissimula en se retournant, passant une main discrète sur ses joues creusées de flammes liquides. Tournant le versant d'un visage glacial vers lui, elle lui souffla, gorgée de venin : « Si tu passes cette porte, tu seras mort pour moi, Ehvan. »

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Ehvan Clanfell

Le Jeune Lion

Ehvan Clanfell
Le Jeune Lion
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ARRIVÉE : 15/04/2014
MURMURES : 463



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MessageSujet: Re: My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE   My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE EmptyVen 30 Mai - 23:12

En d'autres temps, d'autres circonstances, le lion et la lionne auraient pu être de redoutables alliés. Ils auraient pu jouer de leurs crocs et de leurs griffes ensemble contre leurs ennemis, et leurs rugissements auraient suffi à tous les faire trembler, des dragons aux corbeaux sans la moindre exception. Hélas, ils ne savaient que s’entre déchirer, et tournaient autour l'un de l'autre comme des charognards plutôt que comme des fauves. Ehvan était le premier à le regretter. Du moins le pensait-il ; s'il avait pu se glisser dans l'esprit de son aînée ne serait-ce qu'une seconde il aurait su à quelle point elle aussi souffrait de cette situation. La véritable malédiction du Clanfell n'était pas d'avoir coûté la vie à Kataryn en venant au monde, c'était de n'avoir jamais su s'entendre avec les siens. Sylar l'avait rejeté, Sylarne l'avait dédaigné et Synric l'avait trahi. Et l'on osait encore affirmer que la maison Clanfell était parmi les plus puissantes de Middholt ? Oh non, il n'en était rien ! Elle n'était pas faite d'or pur, c'était à peine si ses façades étaient dorées. Il suffisait de gratter un peu pour que l'or disparaisse au profit de l'obsidienne de Fortrekke. La forteresse familiale ne lui avait jamais paru aussi sombre et hostile qu'en ce triste jour et pourtant, il se demandait si ses murs sombres et ses froids couloirs ne lui manqueraient pas, à présent qu'il en serait privé... Après tout, ne disait-on pas que l'on ne prenait conscience de la valeur des choses qu'après les avoir perdues ? Il ne serait point étonnant que le jeune lion se prenne à songer avec mélancolie à cette triste forteresse, il n'était, après tout, plus à une déconvenue et une mauvaise surprise de plus. Synric avait-il réellement l'intention de bannir le pauvre lionceau de la tanière familiale, ou l'en éloignait-il le temps que celui-ci ne s'apaise un peu et qu'on lui pardonne ses incartades ? Plus que tout, Ehvan souhaitait croire que Synric agissait avec sévérité pour son bien et celui de leur maison, mais... C'eut été trop beau. Si quitter Fortrekke la tête basse et la queue entre les jambes avait suffi à apaiser l'ire de Synric, il l'aurait fait bien volontiers et aurait même fait taire sa vertu chevaleresque pour le retrouver. Comment oublier que pendant toutes ces années, son aîné avait été son père, son instructeur, son protecteur ? C'était impossible, il ne le pouvait pas. Chaque immersion dans les souvenirs que renfermait son esprit était plus douloureuse que la précédente. Il... Ils avaient tout gâché en préférant la voix des armes au lieu de la voix de la raison, en laissant la bêtise aveugler l'un et la cupidité l'autre. Il était fort dommage que la plus sensée des trois, la plus à même de diriger la maison Clanfell n'ait été qu'un pion sur l'échiquier de son jumeau, à l'instar de leur cadet.

À deux, elle et lui, ils auraient pu s'élever contre la folie de Synric et mettre un peu de bon sens dans le crâne du lion dominant, qui avait perdu de vue les intérêts du clan pour ne plus se préoccuper que des siens. S'il en avait eu le courage, Ehvan s'en serait retourné trouver Synric et plutôt que de le bercer de belles paroles qui coulaient sur lui comme de l'eau sur les plumes d'un cygne, ce sont ses poings que l'imbécile aurait goûté ! Peut-être n'avait-il besoin que de cela, un bon coup sur la tête. Et si cela ne suffisait pas, cela aurait au moins le mérite de soulager le cadet. Las, le jeune lion avait mordit la poussière si fort qu'il en gardait un goût acre en bouche, il n'était pas prêt de retrouver le courage d'affronter Synric. Il ne voulait plus le voir, le simple fait de savoir son nom encore associé au sien suffisait à lui tordre le cœur. Toutefois... Aussi faible et affligé soit-il, il était certain d'encore pouvoir trouver la force de répondre aux accusations et attaques de sa lionne de sœur, ne serait-ce qu'en la toisant de toute sa hauteur de mâle. Menton levé, mâchoires contracturés et poings serrés, il la laissa lui cracher sa bile au visage sans mot dire. Il bouillonnait, le sang avait laissé place à la lave incandescente dans ses veines, et après l'accalmie de leur presque étreinte, l'orage éclatait de nouveau. À mesure que les battements de son cœur accéléraient, sa respiration se faisait erratique, son souffle rauque. Jamais Ehvan n'aurait osé lever la main sur une femme, mais l'envie d'étrangler la lionne redevenue vipère pour la faire taire était impérieuse, presque irrésistible. Pour elle, ce serait rapide, indolore et cela lui permettrait d'enfin ôter cette épine au creux de sa paume, cette épine qui le faisait souffrir au moindre mouvement depuis si longtemps.

« Cela suffit... Tais-toi... TAIS-TOI !! » Son venin craché, Sylarne s'était détournée pour sécher les perles salées qui menaçaient de couler sur ses joues, mais plutôt que de la réconforter en lui assurant qu'il ne l'abandonnerait pas, Ehvan agrippa ses fragiles épaules avec brusquerie, et dans un élan de rage incontrôlée, il la plaqua contre le mur d'obsidienne et il saisit sa figure dans l'étau de ses doigts.  « Je t'abandonne ? Je t'abandonne ?! Je n'ai jamais voulu que t'aimer et te plaire, je me serais jeté à tes pieds et t'aurais offert tout ce que tu désirais sur un plateau d'or si tu avais eu une seule petite marque d'affection pour moi ! Tu m'as toujours dédaigné, rejeté, et à présent tu oses m'accuser de t'abandonner ?! Oh ma pauvre sœur, aurais-tu perdu la mémoire ? » Le jeune lion en avait fini avec les grognements de mise en garde, à présent il rugissait enfin, qu'importe que ce soit après son propre sang. « Pour que je t'abandonne, il aurait d'abord fallu qu'un quelconque lien nous unisse, or vois-tu, je peine à me rappeler les jours heureux que nous avons passés ensemble ! Si tu voulais deux frères au lieu d'un seul, tu aurais dû te comporter comme une sœur digne de ce nom ! Sais-tu seulement à quel point j'ai souffert de ton mépris ? J'en ai rêvé de tes étreintes, j'en rêve encore et crois-moi, cela me rend fou de rage d'égarer des pensées pour toi ! Tu es vile, tu mérites d'être abandonnée !! » Il se tenait si près d'elle, leurs visages étaient si proches que s'il n'avait pas hurlé et elle pleuré, on aurait aisément pu les prendre pour des amants enlacés. Sans doute aurait-il mieux valu qu'ils le soient. « Pourquoi rester, si ce n'est que pour endurer ta froideur et ton dédain ? Je ne suis pas un chaton que tu peux dresser ou chasser à ta guise, je suis un Clanfell au même titre que Synric, au même titre que toi, il n'est plus question de me laisser humilier sans rugir, tu entends ? » Craignez la fureur du lion, elle annonce la tempête. Jamais les mots de leur maison ne s'étaient mieux prêtés à son humeur. Sa main glissa sur la gorge de Sylarne, qu'il tenait toujours contre la pierre, et il colla sa joue à la sienne, pour mieux murmurer à son oreille. « Ma chère, si tu désirais me compter parmi tes alliés, parmi tes frères, il ne fallait pas mépriser le petit garçon craintif et en mal d'attention qui déposait des roses à la porte de sa sœur... » Le fauve expira un souffle chaud dans le cou de son aînée, et il retira enfin sa main. « Cette porte, je vais la passer. Si tu désires me compter pour mort une bonne fois pour toutes, peu m'importe. Je ne perdrais rien. » Il n'avait, après tout, jamais eu de sœur. La rupture définitive entre eux ne l'affligerait guère.


FICHE PAR ELBERETH.


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Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
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ARRIVÉE : 24/11/2013
MURMURES : 1919



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MessageSujet: Re: My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE   My flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass ϟ SYLARNE EmptyJeu 5 Juin - 19:01

Fiche ©️ Quantum Mechanics
sylarne clanfell & ehvan clanfell
my flesh is ivory and my bones are steel, but my heart is glass
S
chismatique hémistiche, leur fratrie n'avait été que précaire charpente, infrastructure tout juste capable de se faire socle des aspirations morfales de Sylar avant de s'effriter sous la poussière du sépulcre paternel. Avec le géniteur, ils avaient fossoyé leur concomitance et leur commisération et c'était désormais le linceul stigmatisé de leur enfance qu'elle contemplait d'un œil asthénique, la prunelle cacochyme. Plus rien en elle ne suppurait une résilience thaumaturge et les caresses des mains filiales n'auraient sur ses affects plus aucune emprise. Comme le cénotaphe de leur anamnèse, elle s'était refermée ; hermétique sanctuaire qui lui permettait de ne plus souffrir les turpides géhennes de l'hélianthe colossal qui s'embrasait devant son regard placide. Aussi atrabilaire que pouvait se faire la montagne, l'averse de son fiel n'atteignait plus la cime de son pensum. Sylarne n'avait que trop enduré les affres d'un hubris esquinté pour en souffrir encore le méphitique seing et son équanimité n'en était que plus nitescente encore, vétillant quelque estoc aux murs du castel pour en faire cuirasse pétrée destinée à exempter son âme des excoriations du verbe magmatique. Mais tout aussi blindée qu'elle était, la léonine sœur ne put que sursauter lorsque d'aventure le phonème de son frère se fit tonnerre stridulant, déversant à l'orée de ses affects quelque imprécation vivace. Et se taire fut, en vérité, sa seule option, comme si de plus virulentes jactances ne feraient qu'aviver des flammes déjà trop rémanentes. Sous l'azuréen joyau des orbes fraternels, elle ne lisait que la rancœur et quoiqu'elle s'en su coupable, elle ne put lui octroyer victoire, se contentant d'opposer au minois farouche un faciès uniquement altéré par une expression torve. Alors que son râble venait embrasser les anfractuosités du mur avec rudesse, elle ne put que retenir l'exhalaison tiède de son souffle lapidaire qui faisait violence à sa poitrine creuse, se butant aux alvéoles soyeuses des poumons malmenés par un cœur battant l'adret de sa prison osseuse. L'impact psychologique la tortura, au final, bien plus que la lancinante douleur qui s'étirait sous la falaise de ses reins cambrés et elle amarra ses pupilles auréolées de sinople à celles de son frère, son impavidité se lézardant à mesure qu'il abattait sur elle de funestes syntagmes comme autant de couperets effilés. Pavois carné ne réussissait à juguler le fiel qu'il diffluait sur ses étiques épaules et la targe qu'elle élevait comme rempart autour de son vulnérable flegmatisme n'avait plus de marmoréenne que le nacre de son faciès. Il lui semblait que le noyau de son stoïcisme voyait ses parois s'effriter, pulvérisées sous l'auster volcanique de ses sentences violentes et c'est dans la stupeur la plus complète qu'elle s'imprégna de ses mots mortifères pour n'en graver que l'épitaphe sur le granite de son esprit. Tu mérites d'être abandonnée. Sous le masque au marbre inflexible se niellait pourtant l'inexorable réquisitoire comme se burinaient ces cinq mots d'une cannelure indélébile. Parviendrait-elle jamais à oublier l'anathème qu'il lui avait jetée avec cruauté ce jour-là ?


R
ien ne semblait pourtant endiguer le flot des morgues épanchées et tout n'était désormais que péroraison sans appel. Le contact de sa peau sur la sienne se fit étreinte nivale alors qu'il remuait, la voix diluée de frimas, la caligineuse anamnèse qu'ils partageaient. Et chaque phonème était un surin de plus cloué à l'âme sclérosée de la sœur indigne qui ne devenait que suaire de ce qu'elle avait été, quelques années auparavant. Ne savait-il pas qu'elle aurait tout fait pour revenir en arrière et expier ses fautes, qu'elle aurait échangé chaque caresse distillée par l'ambition ou chaque baiser disséminé par l'orgueil pour racheter cette filiation qui s'était progressivement nécrosée, au fil du temps, comme une peau de chagrin ? Il semblait pourtant que tout était trop tard, que leurs chemins s'étaient scindés éternellement et que rien ne subsisterait leur permettant de les conjuguer à nouveau. Les ultimes paroles de son frère avaient été probantes : plus rien ne subsistait entre eux qu'un lien sectionné et quelques hostiles palabres dont il était temps de se délester désormais. Leur conclave n'en était que délétère, de toute façon, pour leurs deux âmes déchirées. D'un geste brusque, elle le repoussa, apposant une main sans appel sur l'épaule du cadet afin de mettre fin définitivement à leur nocive promiscuité. S'extirpant de sa cage rocheuse, elle tourna vers lui des prunelles obliques, faisant fuser du tombeau de ses lèvres une caustique sentence : « Ce petit garçon craintif n'existe définitivement plus. Te voilà capable de faire ta marque dans ce monde corrompu et de coudoyer les plus retors comme si tu étais leur égal. Je n'ai plus rien à faire de tes algarades, puissent-elles t'asphyxier ou dusses-tu les entraîner avec toi jusque dans les profondeurs de l’Abîme. » Tout n'avait été, pourtant, que murmure presque imperceptible alors que se damasquinaient sur son visage les traits d'une indifférence croissante. Les bras croisés, elle inclina du chef, lui opposant toute sa morgue latente. Et elle rejouait la pénible scène de l'exil, entérinant de son fiel la décision injuste de Synric, désormais impitoyablement fermée à toute empathie. « Je ne veux plus te voir ici. Dusses-tu être revu entre les murs de cette cité ou même à la frontière des fiefs Clanfell, tu seras traité comme le factieux que tu es et ton nom ne te préservera plus du sort qu'on réserve aux traîtres. » C'était elle, maintenant, qui se faisait bourreau, faisant pleuvoir sur les épaules martyrisées de son jeune frère l'averse d'une cruauté impardonnable et sans appel. Et si elle ne mesurait, en cet instant, la portée de ses meurtrières sentences, elle aurait tout le loisir dans un avenir rapproché de ruminer son indicible cruauté et de ressasser ce méphitique souvenir. Son port altier la mena à accroître indéniablement la distance qui les séparait et elle lui tourna le dos, soustrayant son regard meurtri de l'astre fraternel pour ne pas laisser ses remparts se précariser encore davantage. « Tu as jusqu'à l'aube pour prendre tes affaires et partir. » Sa prunelle fauve vint une ultime fois s'amarrer à celles de son frère alors qu'elle tournait vers lui un visage placide, plus marmoréen qu'une stèle. « Adieu, Ehvan. »


Et c'est la peau cuirassée d'ivoire qu'elle s'en fut, son cœur se vitrifiant sous les chamades de son incoercible affliction alors qu'il battait sur la surface métallique de ses os, un sombre requiem qui l'accompagnerait dans ses pires cauchemars.


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