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 The First Law of Conservation [Cevryn]

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Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
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MessageSujet: The First Law of Conservation [Cevryn]   The First Law of Conservation [Cevryn] EmptyMar 27 Mai - 3:26

sylarne & cevryn

The first law of conservation


L
orsque l'on coudoyait la céraste aussi bien que le vouivre, le venin devenait plus bénin qu'un broc d'eau claire ; les jaspures d'une carnation jadis fragile se mithridatisant sous les méphitiques biles pour se voir devenir aussi insensibles qu'invulnérables. Il semblait alors à l'héritière de la maison écarlate que l'étreinte de la morfale strychnine ne se faisait que plus insidieuse encore dès lors qu'on s'en croyait immunisé. Il n'y avait dans ce monde que paradoxes et ironiques altérités, puisqu'au matin elle se trouvait précarisée, alors qu'au soir, elle n'en était que fortifiée ; sa cuirasse se façonnant d'airain sous les feux des batailles verbeuses pour être galvanisée par les forges d'une rhétorique ardente et spéculaire. Dans cette oppressante bastide tout n'était que simulacres, pantomimes de faciès apatrides et de masques affidés dont elle ne distinguait même plus les traits. Et si son aversion pour les minauderies n'était plus à faire, elle les côtoyait si souvent que servir de factieux sourires était désormais si instinctif et machinal qu'avaler souffle et exhaler frimas par une sorgue nivale. Tous les pastiches dont elle empanachait son faciès léonin n'était, à terme, que basses nécessités, un indispensable sirop mielleux qu'elle devait glisser de force dans sa gorge liliale pour en oindre une voix d'ordinaire si cinglante et aujourd'hui pourtant si melliflue. Compendieuse gnose, sa survivance se déclinait en nécessaires sacrifices sur l'arantèle de ses tactiques. Son épistémè avait toujours été d'assurer sa propre pérennité avant de penser à celle des autres. À quoi servaient l'hubris ou son propre holocauste si la fin se dérobait aux mains tendues et si on ne pouvait en apprécier le dénouement ? Ainsi sur la cartésienne orbiculaire de la lionne se chamarrait une unique loi, empire qui s'exerçait inexorablement sur tous ses sens et sur le moindre de ses affects : celle de la conservation. Un unique axiome qui guidait tous ses pas, un paradigmatique mode de vie que celui de la survie dans un monde dominé par les squales, les rapaces et les chacals. Au lion la part du lion. Et où tout n'était que banquet de charognes, orgiaques véneries anthropophages ou cannibalistiques agapes, le fauve avait toujours une dent sur chaque exuvie, prêt à se gorger d'une sanglante libation à travers les ligneuses fibres d'une carne rivale. Tout comme ceux de son engeance, la férale souveraine n'était pas en reste, se faisant comminatoire là où on la croyait inoffensive et bénigne lorsqu'on la présumait belliqueuse. Une bien belle ambivalence avec laquelle elle composait aussi facilement qu'elle servait sourires artificieux et fallacieuses révérences aux volucres capitieux qui gravitaient dans l’orbitale flavescence de sa crinière couronnée.  


F
ossoyant quelques acrimonieuses jactances dans la nuée arachnéenne de son pensum, elle prit congé de quelques mijaurées courtisanes, occupées à moirer les versicolores corolles des fleurs nivéales qui s'épanouissaient sous les premières conflagrations du printemps en pépiant d'inanes onomatopées, délaissant sa pelisse hivernale entre les mains d'un factionnaire avant de prendre le chemin de l'Aile du Phénix où se nichaient les appartements du patriarche Cladfell ; un phare dans la brume des hypocrisies qui ne cessait de lui apporter une lénifiante sérénité, comme si l'essaim de frelons bourdonnants de ce castel avait sur elle une empreinte plus que délétère. Agitées de friselis, les coursives prenaient vie sur les langues alourdies de rumeurs pour se perdre jusqu'à la nuit dans les soupirs lascifs des alcôves. Tout lui semblait épicentre d'antagonismes aussi turpides que sordides et dans la forteresse aux arêtes éburnéennes on fustigeait l'ascétisme comme la dépravation, on accusait l'arrivisme comme l'abnégation et on écimait le discernement comme la sottise. Et la souveraine fit résonner contre les murs orbes des dédaléens couloirs un empressement qui n'avait d'égal que son indifférence face aux pâles mignards qui s'échinaient, sur son passage, à lui servir des inanes Votre Majesté, ponctuant ses pas résolus des frémissements de lèvres blanches si elles n'étaient pas déjà exsangues d'avoir trop voulu se faire violence. Escortée par une poignée de roquets à l'obédience Clanfell, elle s'en délesta néanmoins une fois devant les imposantes portes de l'antichambre où l'attendait sans doute Cevryn, déjà au fait de sa visite imminente dans ses quartiers nantis. Laissant dans son sillage cerbères caparaçonnés, elle vit s'ouvrir le lourd portique avant d'y engouffrer sa gracile silhouette ourlée de soires chrysoprase parementées de liserés mordorés, sa crinière cuprifère dévalant la falaise de son dos pour n'être arrêtée que par l'estoc de son râble. Il lui sembla, quand le céladon de ses prunelles s'attarda sur le profil tronqué de son vis-à-vis, qu'il y avait des lustres qu'elle n'avait pu partager avec lui de véhémentes discussions entrecoupées d'apories, contemplant une nouvelle fois l'ironique fatalité qui avait fait de lui un Fils du Midi alors qu'il appartenait d'esprit à ceux de Septentrion. « Il me semble que le poids incommensurable des années alourdit désormais ton visage, Cevryn. La tâche de patriarche rend-elle tous les hommes vétustes ou est-ce ce maudit castel qui empoisonne toutes les chairs qui éclosent en son sein ? »


E
lle le savait vrillé d'intangibles surins, guettant toujours les mânes vespérales de ses yeux vairon dans l'espoir de n'y voir fendre les ombres aucune rapière. Cela devait-être invivable, de se voir mirer avec appétence par les carnassiers vautours de Jernvugge, constamment épié par les nyctalopes ou continuellement traqué par les ambitions chasseresses d'un usurpateur dont la mortifère souveraineté n'était plus à prouver. Elle frôla des doigts le fuligineux bois d'une crédence, coulant vers lui des pupilles couronnées de sinople alors que dardait sur ses lèvres le spectre d'un sourire qui ne miroitait rien d'autre qu'une profonde désolation de voir ainsi son allié éprouvé par le jeu fatal des obédiences et des frondes. Et c'est à cette épineuse conjoncture qu'elle tentait de trouver un échappatoire, se soustrayant à l'empire belliqueux des langues factieuses pour trouver auprès de son banneret une oreille attentive à un pacte qu'elle ne souhaitait pas qu'il signe de son sang, mais qu'il honore de sa parole. Auprès de Cevryn les formalités n'étaient plus d'usage et il y avait longtemps déjà qu'il ne l’appelait plus Majesté, tout le poids que pouvait exercer une cuprique tiare sur sa nuque gracile ne réussissait à farder ce qu'elle était avant, ce qu'elle avait toujours été. Sylarne. Elle avait passé avec lui de précieuses années, perdant avec le temps ces quelques bribes temporelles s'étiolant entre leurs doigts adolescents pour les laisser presque frère et sœur même s'ils ne coudoyaient ni la même parentèle ni le même atavisme. La particularité de Cevryn n'avait jamais constitué rempart à pourfendre pour elle. Elle n'avait jamais jugé l'intelligence et la valeur par la vénusté et si elle avait du le faire, elle aurait alors prêté l'ineptie aux plus brillants prodiges et le génie aux plus creux des sots. Une erreur qu'elle n'avait pas faite, voyant en lui plus que la difformité, mais l'escient. Tout n'était qu'une question de perspective. Elle laissa sa paume s'accrocher à un sébile, y faisant cascader flots vermeil avant d'en porter le ressac à ses lèvres pâles. « Me voilà aussi dans la mire de Jorkell désormais. Je commence à ton instar à redouter de voir le surin de sa colère fendre l'obscurité et le couperet de sa vengeance entamer mon joli cou... » Le cynisme entachait son faible sourire, épigone d'un sardonisme plus grand encore qui mordait son épigastre pour n'y laisser qu'une traînée acide et fielleuse. « Mais tu sais ce que je me dis ? Il est presque dommage que je partage seule le fardeau d'avoir un freux pour époux... Et la princesse régente de Ravenhole est beaucoup plus ravissante que son père, qui plus est. » Évidemment, il ne tarderait pas à y voir clair dans le jeu de la lionne et à discerner le fond de vérité dans ses sarcasmes. Mais que pouvait-elle faire d'autre que le convaincre à l'hyménée pour éviter qu'il ne se voit écimer par le bourreau en même temps qu'on hisserait sa longue et souveraine crinière flave sur les créneaux ?

La première loi de la conservation : toujours faire ce qui s'impose pour survivre.


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MessageSujet: Re: The First Law of Conservation [Cevryn]   The First Law of Conservation [Cevryn] EmptyMar 27 Mai - 23:20

sylarne & cevryn

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L
'éclairage dansant illuminait le faciès las et fatigué du petit homme qui se tenait debout devant la cheminée. Le brasier luttait tant bien que mal contre la fraîcheur pénétrante de la pièce aux murs de jais qui était la sienne. Ses pupilles d'un bleu d'acier si peu commun reflétaient les vives flammes incandescentes. Dans sa main gauche, qui pendait le long de son frêle et menu corps, Cevryn tenait un épais livre fermé. Dans son autre main, une profonde coupe en argent qui brillait sous l'éclat de la fournaise. En son sein reposait un nectar royal de grand cru dont la surface pourpre était lisse. Voilà plusieurs jours qu'il était arrivé de Stonehaven pour continuer d'apporter son soutien à Synric Clanfell, ainsi que pour représenter sa famille auprès du souverain et de ses conseillers. Depuis la mort de son aîné sur ordre de l'Usurpateur, les voyages à Jernvugge avaient perdu leur charme. Jorkell Ravncrone n'était pas seulement responsable de la mort de son frère, mais de l'empoisonnement de Hulgard. Un secret lourd qu'il ne pouvait pas avoir confié au nain en deuil sans avoir l'intention de le tuer. Prisonnier de ses responsabilités, le nouveau patriarche des Cladfell avait dû redoubler d'ingéniosité pour se rendre indispensable aux yeux du Roi et ainsi retarder la si-redoutée échéance du terme de sa vie, tout en assurant la pérennité et la sécurité des Cladfell. L'échiquier du pouvoir était étonnement complexe, mais Cevryn se découvrit un certain goût pour la partie. Il aurait simplement préféré que sa vie ne soit pas la mise. Le tête légère après quelques verres du doux vin qui lui avait été offert, le nain se laissait bercer par le crépitement irrégulier du feu qui monopolisait à lui seul le silence de la salle, parfois interrompu par les rires ou les cris d'une femme en provenance de la chambre voisine.

Lorsque la porte s'ouvrit derrière lui, il sursauta légèrement. Même si Cevryn rêvassait, il semblait évident qu'il n'était pas serein. Un courant d'air glacial s'engouffra dans l'entrebâillement de la porte - rapidement suivi par une silhouette féminine - puis vint lui caresser l'échine. Un léger frisson imperceptible hérissa le fin coussin pileux de son cou. Un frisson qu'il ne saurait vraiment blâmer sur le souffle vivifiant dont il venait d'être la victime. Il se retourna lentement, comme s'il s'attendait à tomber nez-à-nez avec un démon, pour reconnaître le visage familier de l'une des enfants Clanfell avec qui il avait partagé une conséquente partie de sa jeunesse. Sylarne, le reine d'Ibenholt. Sa souveraine, mais aussi son amie. En vérité, plus qu'une amie, elle avait tout d'une sœur si ce n'était le sang. Même ce dernier point était à nuancer. Les Cladfell et les Clanfell ne partageaient-ils pas un lointain ancêtre commun ? Mais des années s'était écoulées et avait dilué la férocité des fauves Cladfell, tout en renforçant celle des Cladfell. Désormais, l'un n'était que le vassal de l'autre. Mais le sang pouvait être une différence redoutable lorsqu'il était question de  pouvoir. Sylarne, en revanche, était quelqu'un en qui il avait une confiance toute particulière. Cevryn a vite su reconnaître en elle son intelligence, et a très vite apprécié de partager son pragmatisme. La voir lui faisait réellement plaisir, bien que le motif de sa visite - pas imprévue - lui restait inconnu. Il ne put retenir un léger sourire, lorsqu'elle remarqua son apparente lassitude. Il s'approcha d'elle en déposant son livre, intitulé "Mythes & Légendes des Îles Brulées", sur la table. « Rares sont ceux et celles qui, comme toi Sylarne, restent éternellement jeunes et ravissants. Ceci étant dit, je crains que ma fatigue ne soit simplement liée à mon manque de sommeil, que seule une garde personnelle et une serrure renforcée pourraient arranger.  » Cevryn faisait bien entendu référence à ses craintes quant aux intentions létales de Jorkell vis-à-vis de sa très petite personne. S'il y a bien une personne qui était au courant de la ... situation ... dans laquelle se trouvait le demi-lion, c'était bien elle. Il était probable qu'elle ignore les origines de la haine de son époux envers le nain - puisque le roi n'avait vraisemblablement pas partagé avec elle la vérité sur son accession au pouvoir -, mais elle n'était pas sans ignorer son existence pour autant.

D'une pragmatique à un pragmatique, il semblait clair que la reine n'allait pas être longue à expliquer la raison de sa présence dans les quartiers privés de Cevryn. Lorsqu'elle commença par expliquer que la colère du souverain n'était pas exclusive au lion, mais s'étendait également à la lionne, le nain exprima une surprise mitigée. Connaissant le fort caractère de ce roi ambitieux et le tempérament maladif envers le contrôle de la reine, il paraissait presque évident que des frictions, peut-être fatales, puissent se former. Il prit une grande gorgée du fluide pourpre et fruité que contenait sa coupe lorsque Sylarne lui expliqua la véritable raison de sa présence. Le nain manqua de s'étouffer. Il recracha un peu de vin - tâchant sa tenue, et possiblement celle de la reine en se faisant - et tapa de son poing fermé sur son thorax, comme pour évacuer le vin qui aurait eut l'imprudence de s'aventurer dans ses poumons. Après un court épisode de toux, il leva la main pour dire que tout allait bien. « Je pensais naïvement avoir enterré ce genre de suggestions en même temps que ma défunte mère.  »  Bien sûr, ses intentions étaient bien plus calculées que celles d'une mère qui voulait voir son fils épouser le grand amour. Cevryn n'était pas un imbécile, loin de là. Il était réaliste, et avait compris bien des choses sur les jeux de pouvoir du royaume. Pour quelqu'un de son rang et surtout de son nom, l'union amoureuse n'était jamais une hypothèse qu'il avait envisagé. Il se tut un instant et leva les yeux. « Mais tu es sérieuse.  » compléta-t-il en déposant sa coupe sur la table. Ainsi, elle voulait le voir épouser la fille de Jorkell. L'idée était ingénieuse. En mariant son principal banneret à la famille royale et surtout à la régente d'Ibenholt, Sylarne étendait son influence. Quand à Cevryn... Il accroitrait son importance aux yeux de Jorkell. Comme l'adage le disait, "un nain dispose d'un excellent moyen d'être plus grand qu'un géant ; celui de se jucher sur ses épaules". Pourtant l'idée lui paraissait invraisemblable. Premièrement, il n'était pas bon à marier. Deuxièmement, jamais le roi n'accepterait une telle offre, où il n'avait absolument rien - ou presque - à gagner. « Je ne sais pas ce qui me plait le moins : l'idée de devoir t'appeler belle-maman, ou celle de de devoir l'appeler beau-papa.  » Cevryn avait déjà croisé la régente d'Ibenholt. Lorsei Ravncrone. Une femme ravissante, agréable, mais au tempérament connu pour être pour le moins... cyclothymique. Il n'avait cependant jamais eut l'occasion d'apprendre à la connaître ou de lui parler de sujets autres que ceux concernant les fiefs des Cladfell ou les affaires militaires ibenholtoises. « Sylarne, c'est de la folie. Le roi ne tolérera jamais que sa fille aînée épouse un homme mort, et un nain qui plus est. Les gens rient déjà suffisamment du nom de l'Usurpateur pour qu'il accepte de l'associer à celui du Nabot d'Ibenholt. » Il prit une inspiration. « Et j'ignore tout de cette femme! »


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MessageSujet: Re: The First Law of Conservation [Cevryn]   The First Law of Conservation [Cevryn] EmptyMer 28 Mai - 4:30

sylarne & cevryn

The first law of conservation


U
ne variable parmi tant d'autres que l'hyménée qu'elle suggérait, fin calcul qui s'ajoutait à l'abaque de son escient comme se déplaçaient les immatériels pions sur l’échiquier spectral de son intellect. Il n'y avait, dans cette spéculatrice hypothèse, aucune place pour les affects, aussi impérieux eussent-ils été, puisqu'on l'avait elle-même claustrée dans cet ergastule sans même l'ombre d'une pensée pour l’asthénosphère de ses émois où mariage rimait encore ingénument avec consentement. Veulerie que d'avoir cru qu'on allait lui soutirer son avis sur les alliances qui tisseraient l'empyrée de son existence, n'étant au final que vénale poupée carnée qu'on espérait plus disloquée que caustique. Autant elle ne supportait pas cet ilotisme, autant elle devait s'y faire et composer avec les paramètres qui embastillaient ses axiomatiques cabales dans l'hélianthe du pouvoir ibenholtien. L'homoncule n'échapperait pas à la poisse des arantèles visqueuses, pas plus qu'il n'aurait, à terme, un doigt à coincer dans l'engrenage huilé des complots s'il ne tenait pas préalablement entre les chairs de ses paumes le cou gracile du volucre Ravncrone. Elle vit poindre sur le drap de ses lèvres un sourire ironique aux premiers phonèmes poussés par son vis-à-vis. Les minauderies avaient le mérite de tirer du substrat de son flegme une raillerie dont l'éclat ne trouvait écho que dans le grès malachite de ses pupilles dilatées. « Ne m'abreuve pas de flatteries, elles sont un vin qui ne m'enivre pas. » Son ongle vint caresser la paroi hyaline de sa coupe, traçant les linéaments qui ciselaient le cristal ouvragé. « Et je doute qu'une poignée de factionnaires Clanfell ou un verrou plus effectif réussiraient à constituer remparts dissuasifs entre toi et l'homme le plus puissant de Middholt... » Les cauchemardesques psychoses de Cevryn réussissaient néanmoins à occire son éclatant sarcasme, faisant cascader en elle flots impossibles à juguler de craintes délétères et d'appréhensions nocives. Il y avait de quoi se soumettre à la prépotence de l'amok lorsqu'on avait été si insidieusement menacé par le rapace dont l'ombre s'étendait sur trois des telluriques appétences de l'Homme qu'on appelait cités. Entre les remparts d'aucune d'entre elles il ne trouverait sanctuaire, constamment soumis aux velléités et prérogatives erratiques du freux même dans ses plus défensifs retranchements. Une démence qu'elle ne saurait elle-même tolérer malgré l'acier galvanisé de sa propre cuirasse... Derrière le voile de son visage troublé, il mussait sans doute l'ampleur de cette dantesque phobie qui devait incarcérer ses tripes pour en déchirer les viscères et ne laisser au creux de sa bouche que remugles indigestes. Elle était loin d'en saisir les fragments pour en recomposer un tout et si la globalité des craintes de Cevryn lui échappait, cela ne l'empêchait pas d'éprouver à son encontre une considération qui était loin de la laisser quiète.


L'
averse de sa stupéfaction ne se fit pas tarder et c'est d'une prunelle cynique qu'elle accueillit les quelques perles de vermeil liquide qui vinrent nieller sa robe d'une constellation d'abscisses rubicondes. Levant ses orbes sinople vers une empyrée immatérielle, cherchant dans les voûtes à faire chuter de son piédestal une quelconque divinité avec ses imprécations intestines, elle haussa un sourcil, ses lippes s'étirant en un imperceptible sourire excédé alors que les poumons de Cevryn embrassaient à nouveau l'oxygène plutôt que leur libation. Une dextre toujours rivée au sébile, elle ne releva pas de ses propres sarcasmes les railleries du patriarche Cladfell, ne le gratifiant que d'un masque sardonique alors qu'il se complaisait à nouveau dans une lexie plus que perplexe. Ses prunelles lucides renvoyèrent néanmoins à son interlocuteur la spéculaire lumière des chandelles alors qu'elle laissait le timbre feutré de sa voix féline fendre le suaire de leur intime conclave. « Cesse de te complaire dans cette vaudeville et de jouer les victimes, Cevryn... Parfois je me demande si tu n'as pas toi-même fait courir ce quolibet ridicule dans l'espoir de te faire plaindre par quelque débonnaire fille de joie. » La férale reine ne se vautrait pas elle-même dans une incapacitante cécité concernant la singularité de son ami d'enfance, mais de prêter voix à l'avanie lui semblait tout aussi fortuit. Certes, l'entreprise qu'elle agitait comme oriflamme étincelant devant les yeux d'orage de Cevryn n'était pas gagnée d'avance, mais quelle bataille l'était ? Si le régalien freux ne prêterait certainement pas crédit à une telle lubie, le prince héritier, lui, en ferait tout autrement. Du moins l'espérait-elle, vésanique chimère qu'elle gavait d'un boulimique banquet d'ingénieuses arguties. Conjuguer la griffe Cladfell au sombre pennage de la corneille ne ferait qu'accentuer l'hégémonie de sa propre maison sur les appétences Ravncrone si bien qu'elle croyait avoir trouvé en ce stratagème un indéfectible soutien à ses machinations ultérieures. « Jorkell est aussi un homme pragmatique. Au-delà des nécessaires décorums à préserver, il sait que de s'attacher les Cladfell équivaut à me priver de mes affidés... »


O
h que le freux devait fantasmer sur l'idée de la priver, elle, de ses moindres alliés ! Ainsi jeté sur les tréteaux de la Camarde, Cevryn, tout empiriste qu'il était, n'aurait d'autre choix que de considérer la voie de la forfaiture pour ne point se saigner de rubis entre les serres du charognard, forlancé gibier qu'il était pour le nécrophage affamé. « Certes, les Cladfell demeureront toujours dans notre giron, mais un patriarche craignant pour sa vie et marié à la fille de son plus grand ennemi saura bien trouver dans le déshonneur et la félonie un moyen d'échapper à la frigide étreinte d'une mort certaine... » Peut-être réussirait-elle à arracher son triomphe au corbac en lui faisant miroiter une charogne plus odoriférante encore ? Elle savait que son inventif époux n'était pas homme à se laisser berner aisément, ainsi fallait-il calculer avec plus d'exactitude encore chaque geste esquissé dans l'espoir de connaître avant son temps l'emplacement d'un pion qu'il n'avait pas encore fait se mouvoir. « ...du moins le croit-il. » Une nouvelle lampée d'alluvions éthyliques franchit la frontière de ses lippes, puis elle calqua sur le marbre de son minois une dérisoire expression narquoise. « Si l'aînée des Ravncrone te semble une proie hors de ta portée, nous pourrions t'en trouver une autre plus à ta mesure. » L'infatué jeu de mots n'offrait aucun doute quant à la référence à la plus jeune des filles Ravncrone. Et si cette alliance péremptoire n'en était que moins rutilante, elle n'en demeurait pas moins une alternative viable à son clairvoyant stratagème. La cadette suffirait à octroyer aux Cladfell une influence non-négligeable. « Une telle union te préservera au moins des funestes caprices de notre roi. Loin de moi l'idée de t'expédier dans le nid du freux, mais je préfère te voir à Ravenhole plutôt que d'avoir à fossoyer ta carcasse, aussi tronquée soit-elle, dans la nécropole de ce damné castel. La maison Cladfell n'a que trop été écimée de ses patriarches et je n'ai que trop perdu de frères... » Nippée d'une palpable neurasthénie, sa voix s'était éteinte dans sa poitrine alors qu'elle glissait vers Cevryn des prunelles alourdies par l'anamnèse. Si son vis-à-vis ne voyait pas ses jaspures irriguées du même cruor, elle le considérait néanmoins comme un frère d'âme, géminé spirituel duquel elle ne voulait se départir, au risque de devoir se priver de sa lénifiante présence entre les murs obsidienne de ce cloaque. L'ultime remarque du stratège avait néanmoins damasquiné le grès ductile de son visage d'un subreptice sourire qui se paracheva dans une dernière rasade de myr. « Vaut mieux tout ignorer parfois des apanages de la céraste, pour éviter d'être piégé par ses chatoyantes couleurs... »


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MessageSujet: Re: The First Law of Conservation [Cevryn]   The First Law of Conservation [Cevryn] EmptyJeu 29 Mai - 0:08

sylarne & cevryn

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T
u serais bien ignorante de croire qu'il est l'homme le plus puissant de Middholt avait-il voulu lui répondre, sans que les mots ne parviennent toutefois jusqu'à ses lèvres. D'autant que dans le cas présent, elle avait raison ; et s'il voulait mettre un terme aux intentions meurtrières de Jorkell, ce qu'il allait devoir entreprendre allait devoir être plus radical qu'un changement de loquet sur une porte. Mais à l'instar de ceux qui les suivaient ou qui les affrontaient, les rois eux-mêmes n'étaient pas immortels. L'Usurpateur, mieux que quiconque, le savait très bien, car déjà deux rois défunts gisaient sous les serres de son ambition. Épouser une femme issue de la noblesse dans l'objectif de renforcer la position des Cladfell était quelque chose à laquelle il s'était plus ou moins préparé au cours de ces dernières années. Les mariages d'intérêts allaient de pair avec les patronymes, et il s'agissait bien souvent d'incroyables raccourcis vers le pouvoir. Et à Ibenholt, rien ne se vendait plus cher que le pouvoir. Jamais en revanche, ne lui avait-il traversé l'esprit que celle qui lui serait un jour promise pouvait porter le nom Ravncrone. Si cette idée l'avait surpris dans un premier temps, il devait reconnaître qu'elle était pleine de sens. Lorsque Sylarne s'exaspéra sur sa façon d'utiliser son quolibet pour se défendre contre sa proposition, Cevryn ne chercha pas à contenir un rire léger. Il haussa les sourcils, amusé. « Crois-moi, les filles de joies ne me plaignent jamais quand il est question de taille Sylarne. Jamais. » Puis, elle fit référence au pragmatisme de son époux. Le pragmatisme, une illustration parfaite pour la théorie sur la sélection naturelle. Là où la corruption du pouvoir empoisonnait les esprits, seul aux plus pragmatiques étaient offerte la chance de survivre. Sans cette qualité, essentielle, les plus idéalistes mourraient avec l'espoir vain et futile de faire vivre leur utopie. La preuve était concrète, car le pragmatisme était une qualité que partageaient la reine consort, le roi, et Cevryn. Mais cette qualité ne rendait pas pour autant l'Usurpateur dénoué de raison et de logique. « Comment comptes-tu justifier ça auprès de ton époux? Il sera content de te priver de tes alliés, c'est évident. Donne lui la juteuse impression qu'il contrôle, et il croquera dedans. Mais Jorkell Ravncrone n'est pas stupide et se doutera que si tu lui proposes une telle union, c'est que tu as quelque chose derrière la tête. Vas-tu lui dire que tu lui offres ton principal banneret pour te racheter à ses yeux? »

D'abord réticent à une proposition aussi lourde de conséquences, Cevryn tâchait de mettre en perspective les options qui étaient siennes. Et quelque fut la façon dont il arrangeait les poids, la balance penchait toujours du même côté. Il était réaliste, et ne parvenait pas à trouver des arguments suffisamment pertinents pour s'opposer à "l'offre" de Sylarne. Une offre qui n'avait rien d'une offre, et tout d'une requête. Comment pouvait-il refuser? Sylarne n'était pas simplement sa reine. Elle était également sa suzeraine, à qui il avait fait vœu de vassalité. Qui plus est, sa vie ne tenait qu'à un fil que le surin de la trahison de Jorkell menaçait de sectionner à tout moment. Et quand bien même il pourrait refuser, pourquoi le ferait-il? Il lui était offert l'unique opportunité d'unir son nom à celui de la famille royale ; de redorer la blason poussiéreux des Cladfell, et d'obtenir une main mise sur la totalité d'Ibenholt. Le Lion Cladfell ne pouvait que ronronner à cette idée. Peut-être... Peut-être même cette union pouvait permettre aux Cladfell de bondir sauvagement au-devant de leurs cousins et suzerains Clanfell. Il n'était pas le nain le plus stupide et ignare qui soit. Dans son esprit vif, l'alliance de son nom à celui des Ravncrone pouvait signifier beaucoup. Et puis, il était de savoir commun que Lorsei Ravncrone était d'une beauté au diapason de sa réputation. L'opportunité était rêvée, et Cevryn n'avait absolument aucune raison de la rejeter. Bien sûr, Sylarne n'avait que faire qu'il s'agisse de Lorsei ou de sa plus jeune sœur. Pour la nain, ce "détail" avait son importance. « Le lion qui orne les armoiries de ma famille n'est pas moins sauvage que celui qui orne celles de la tienne. Lorsei Ravncrone, qui n'est pas une proie mais bien ma potentielle femme, n'est hors de ma portée que si tu échoues à convaincre ton mari. Alors, c'est plutôt à moi de te poser la question. Va-t-il falloir que je revois mes ambitions à la baisse pour t'aider et te conforter dans ta tentative de séduction ?  »

Comme le disait Sylarne, l'ignorance pouvait parfois être une bénédiction. Mais ce n'était pas la façon de penser de Cevryn, qui ne voyait qu'un seul frein à cette proposition - outre Jorkell - : le fait de ne pratiquement rien savoir sur Lorsei, qu'il avait brièvement croisé par le passé. Il n'avait jamais cru devenir un jour le patriarche de sa famille, propulsé si jeune par le trépas prématuré de son frère, et par celui de son père avant lui. Les responsabilités d'une telle position étaient parfois encore trop nouvelles. En tant qu'intendant chez les Clanfell ou en tant que stratège pour Hulgard et Jorkell, il n'avait eut qu'un avant-goût de ces responsabilités, qui ne lui empêchait en rien à s'adonner aux plaisirs des  maisons closes ou à apprécier le réconfort de l'alcool qui pulsait dans ses veines. Lorsqu'il était devenu patriarche, il avait complètement renoncé à cette débauche qu'il avait déjà beaucoup réduite en arrivant à Fortrekke sur ordre de son paternel. Cevryn se resservit un verre de vin. Il n'était pas dupe, et Sylarne voulait le voir épouser l'une des filles Ravncrone dans son propre intérêt. Le fait que cette union arrange Cevryn n'était qu'une simple coïncidence qui ne faisait qu'aider la reine à formuler sa requête auprès de son banneret sous forme d'une aimable proposition. « Les murs de cette chambre sont fins, souvent trop fins. Mais les murmures qui les traversent sont parfois très instructifs. Et si le roi a d'autres projets pour sa fille? Me contraindras-tu à épouser la plus jeune de ses enfants? » Si elle demeurait une bonne épouse, la cadette présentait moins de ... bénéfices que sa sœur plus âgée, et la question de Cevryn se justifiait.


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Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
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MURMURES : 1919



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MessageSujet: Re: The First Law of Conservation [Cevryn]   The First Law of Conservation [Cevryn] EmptyMar 3 Juin - 20:26

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B
icéphale, sa suzeraineté n'en était pas une. Et si elle s'octroyait la prérogative de proposer un pacte à Cevryn, c'est qu'elle s'y croyait contrainte par les intérêts de la maison écarlate. Un geste qu'aurait irrémédiablement posé Synric, si la conjoncture s'était insinuée comme parasite sur l'arantèle de ses aspirations. Et si son géminé avait renoncé à l'hégémonique emprise qu'il avait sur le vélum de ses affects en la livrant comme obole au freux, elle ne se gardait pas d'exercer les quelques grammes de souveraineté dont on l'avait fait bénéficiaire ; unique legs qui subsistait après qu'elle eut fossoyé sa liberté sous le linceul de l'hyménée. Là où son épigone se montrait guerrier, beaucoup plus prompt à l'impétuosité des hubris bafoués, elle, au contraire, jouait la patiente épeire, tissant l'orbiculaire d'un intellect qui se faisait plus spéculaire que son impulsivité se faisait lucifuge. Trait qu'elle ne partageait pas, donc, avec l'astre jumeau de son existence. L'humour vaseux de son vis-à-vis ne fit que nieller le marbre de son visage des liserés d'une expression excédée alors qu'un soupir érodait les falaises incarnadines de ses lèvres. Retenant une méphitique exhalaison de sarcasme, elle inclina plutôt du chef, un sourcil levé. Les interrogations du patriarche Cladfell avaient de quoi se nourrir d'appréhensions alors qu'elle entrevoyait presque les tumultueux flots de son encéphale calculatrice chercher activement la faille dans l'édifice de son stratagème. La léonine reine ne lui laissa guère le temps de s'empanacher d'autres inquisitrices questions, reprenant presque aussitôt d'un phonème émaillé de sarcasme : « Voilà qui fait avorter tous mes plans, moi qui croyais si ingénument que mon aimable époux sacrifierait son jugement sur l'autel de notre amour mutuel pour consentir à ce mariage... » Vrillant deux prunelles malachite vers le ciel, elle les fit à nouveau s'éprendre de celles de Cevryn, une paume toujours amarrée au quai hyalin de son sébile. « Sache, pour ta gouverne, que ce n'est pas Jorkell que je comptais convaincre d'une telle union, mais plutôt le prince héritier. Contrairement à son père, il fait preuve d'un utilitarisme plus... audacieux. » L'éhonté euphémisme ne faisait, en réalité, que musser l'impardonnable liaison qu'elle nourrissait avec son beau-fils. La certitude qui parementait ses paroles n'en était pas moins aussi chevrotante que les flammes des candélabres qui, vacillantes lueurs cuprifères, se pliaient au caprice du souffle nival. Rien ne l'autorisait à croire sincèrement que Lorkhan serait plus à même de cautionner et d'entériner une telle assertion que Jorkell. Or, elle était persuadée que de placer savamment ses pions sur les dalles de l'échiquier forcerait la main à ses adversaires, les obligeant à ne voir qu'une seule alternative au guet-apens dans lequel elle les conduisait inéluctablement : le mouvement qu'elle souhaitait justement les contraindre à effectuer sans jamais l'aborder de front.


M
ais l'ambitieux fit miroiter la cuirasse d'airain de son hubris, renvoyant devant les prunelles léonines l'éclat d'un masque qui se faisait sardonique amusement. Piqué au vif, son orgueil ne se fit pas prier pour rugir là où celui de Cevryn avait feulé. « Tu as le luxe d'avoir des ambitions depuis que je suis reine, ne te fourvoie pas, Cevryn ; ou dois-je te rappeler à quel point tes talents, aussi rutilants soient-ils, n'ont convaincu ni Hulgard ni Jorkell de voir en toi plus qu'un nabot ? » La férale souveraine, dans cet épanchement incisif, ne se soucia guère de ménager son vassal. Elle ne l'avait jamais fait et savait pertinemment que Cevryn n'y verrait pas là d'affront ou d'insulte. La franchise avait toujours été un vin auquel ils goûtaient tous deux lorsque d'aventure ils partageaient un conclave aussi privé que celui-ci. Aussi fielleuses semblaient-elles, les paroles de Sylarne n'en étaient pas moins ointes de l'expérience et de constats déduits à partir une équation aux variables équivoques. Cevryn n'avait pu compter sur la vénusté de son minois pour conquérir les acquis sur lesquels il se prélassait désormais, arrachant chaque prérogative dont on damasquinait sa personne à la pointe effilée d'un escient prodigieux et au glaive d'une ruse qui en laissait plus d'un pantois. Or les aspirations politiques qu'il nourrissait dès à présent n'avaient été à portée de la main que grâce au concours de Sylarne et de l'orfroi de couronne qu'on avait perché sur la cime flave de sa crinière. Ses ambitions, il devrait dorénavant les partager avec sa suzeraine, dusse-t-il chuter avec les Clanfell s'il espérait au moins pouvoir monter avec eux. Son doigt vint caresser le sébile avant que ses doigts s'en emparent tout à fait, glissant derrière les lippes charnues des flots rubiconds. Le sarcasme, comme un amant omniprésent, s'éprit de ses lèvres pour en façonner le phonème : « Que ce soit l'aînée ou la cadette, estime-toi chanceux. Si Synric ne s'était pas allié aux Ravncrone, j'aurais épousé Kendryn comme le veut la tradition. Et lui mort, on m'aurait unie à toi.... Sache qu'il est plus aisé de mettre le freux en cage que d'embastiller le lion. » Les prunelles céladon s'attachèrent à celles du patriarche Cladfell alors qu'elle inclinait la tête, haussant un sourcil à l'écrin sombre. « La cadette serait, d'ailleurs, plus aisée à manipuler que l'aînée. Et bien moins névrotique que Lorsei... » La jouvencelle n'en était pas moins un prix de consolation. Et Sylarne ne comptait pas céder du terrain sans avoir joué toutes ses cartes. « Malgré tout, mes aspirations sont alimentées par la  certitude que je saurai obtenir la part du lion, comme il se doit. »


S
i le spectre de ses machinations ne se déclinait pas entièrement dans l'hyménée de Cevryn, ce dernier n'était pas moins une question épineuse qu'il convenait de résoudre avant même d'intégrer sur l'abaque de ses intrigues des variables supplémentaires. Et bien qu'elle n'ait pas été totalement honnête sur ses véritables intentions, les dissimulant sous un couvert politique qui avait lui-aussi une importance cruciale, elle croyait sincèrement pouvoir aider Cevryn à éviter la morsure de la francisque, hélianthe métallique dont la face cuprifère souriait au-dessus de la nuque du stratège. Ne réussirait-il pas, à travers cette alliance maritale, à se glisser comme flots insaisissables et impossibles à juguler entre les travées des mortifères aspirations du seigneur Freux, lui coupant l'herbe sous le pied en se faisant astre de Ravenhole plutôt que spectre des coursives ibenholtoises ? Et si la Clanfell répugnait à voir un de ses principaux alliés lui glisser entre les doigts pour musarder dans quelque sérail d'Okerkysten, elle convenait qu'il s'agissait là d'un mal nécessaire pour faire progresser le lion à la gueule bée dans les tierces citadelles, plutôt que de concentrer ses efforts en Ibenholt, là où tout semblait déjà lui réussir. Elle n'avait pourtant pas parlé de ses pragmatiques tergiversations à son géminé, consciente que ses affects rugiraient plus puissamment que sa logique. Une aptitude qui faisait indéniablement défaut à son épigone masculine. Le phonème de son vis-à-vis se fit à nouveau entendre et elle ne put réprimer un haussement d'épaules devant cette question légitime, quoique à son sens fortuite. Les iris auréolés de malachite se tournant vers Cevryn. « Je ne te contraindrai à rien, Cevryn. Crois-tu que j'aurais pris la peine de te demander ton avis sur la question si j'avais voulu t'obliger à concrétiser une telle alliance ? » Sa crinière mordorée capta un rayon de l'hélianthe, chamarrant ses attributs de cupriques éclats alors qu'elle laissait la tiède chaleur du jour réchauffer sa joue déjà rougie par le vin. « Le roi a certainement d'autres projets pour ses filles. Je l'imagine mal prendre une telle décision, toutefois, sans avoir soupesé toutes les conséquences et bénéfices qu'il pourrait en retirer. En pragmatique, Jorkell attendra certainement jusqu'au dernier moment pour arrêter son choix. Nous devrons alors lui fournir de quoi ruminer sur ton cas, lui faire miroiter quelque chose de si alléchant qu'il n'aura d'autre choix que de choisir la pièce de viande la plus juteuse... » Un pâle sourire ombragea ses lèvres. « Ce sera à toi de conforter tes propres capacités de séduction, Cevryn. Si la régente voit en toi plus qu'un nabot, il y a fort à parier qu'elle ira piailler à l'oreille de son père pour lui forcer la main. » Croyait-elle que l'homoncule réussirait à se faire sybarite aux yeux de la régente ? Elle n'était pas stupide et songeait, en réalité, à une alternative qui ne ferait que séduire Lorsei. « J'ai appris que cette chère Lorsei avait eu une liaison avec un ménestrel de Ravenhole. Tu te doutes que les deux tourtereaux ont été découverts. J'imagine qu'elle nourrit toujours à l'égard du rhapsode une quelconque affection. Si tu lui permets de vivre pleinement cette amourette, peut-être pourras-tu gagner son cœur à ta cause... »

L'atout était joué. Il ne restait plus qu'à espérer que Cevryn se saisirait de l'occasion.


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