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 Tu seras mon fils. (Leogran)

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Dralvur Snowhelm

Ours cendré d'Ibenholt

Dralvur Snowhelm
Ours cendré d'Ibenholt
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MessageSujet: Tu seras mon fils. (Leogran)   Tu seras mon fils. (Leogran) EmptyMer 2 Juil - 12:11

Fiche © Quantum Mechanics & Moriarty


Tu seras mon fils.
leogran & dralvur
Peu importe les tourmentes, du cœur comme des cieux, un ours revient toujours en sa tanière. Sous l’adage de ses aïeuls, le seigneur de Redcliff fit route trois jours entiers vers l’Est, sillonnant les côtes septentrionales que l’ombre menaçante du Solvkant recouvrait sur des lieues entières, piétinant les monts rêches courant au Sud, puis grimpant les layons sinueux menant jusqu’à son fief, conduisant les brides de sa monture avec la roideur d’une circonspection à toute épreuve. A sa suite, gens et soldats l’escortaient, tirant avec eux les quelques bagages qu’une lourde voiture s’occupait en grande partie de charroyer tant bien que mal sur la caillasse escarpée. La plupart étaient de sa patrie, fidèles quidams l’ayant suivi jusqu’en contrée citadine, et embrassaient le paysage et sa rusticité avec autant d’aise et de plaisir que leur maître et sire. Du reste, un ou deux domestiques, tout droit extirpés de la capitale, geignaient et chuintaient en queue de cortège sous les orbes folâtres des reîtres en manteaux noirs et cobalt. L’on ne pérégrinait point en ce royaume pyramidal sans une once de sang montagnard coulant dans ses veines, et les pauvres hères en concassaient rudement l’enseignement à même leurs semelles, sous coups de bottes et salves de jurons. Dralvur, en tête et distançant quelque peu ce tohubohu, allait maintenant au pas comme la montée s’enhardissait. Au-dessus de leurs crins, un peu plus en avant, se hissait avec fierté les Entrailles Rouges, sur lesquelles il porta un regard qu’aucun autre homme, outre Snowhelm, ne pouvait offrir au galbe puissant et altier de Redcliff. Ses commissures marquèrent des voussures réjouies, mais sa risette s’abîma vite d’un masque sombre qui s’en alla jusqu'à gâter ses deux farouches onyx. Son retour n’avait guère pour dessein celui de la flânerie, il se moirait même d’un profond désir qu’il n’espérait pas devenir velléité : revoir son fils et héritier, l’astre de sa voûte qui s’était, des mois auparavant, esbigné loin de l’étreinte paternelle. Le lord, toutefois, ne portait aucune antipathie à l’encontre de son garçon, pis, même, il avait ressenti un étrange réconfort à l’idée de savoir Leogran loin de toutes conjurations ibenholtoises. Il avait subrepticement appris que le chevalier avait longuement gîté aux Tours d’Airain, consolidant le soulagement patriarcal qui connaissait on ne peut mieux cet aréopage institutionnel. S’il y avait bien un fanum dans lequel il aurait souhaité savoir son fils sauf, c’était là-bas. « Haron. Messire ? Je m’en vais au-devant, j’ai grand besoin de galoper. Bien messire. Nous connaissons le chemin. » Sous un visage amène, l’un de ses gardes branla du chef tandis que l’Ours Cendré faisait de ses dires grandes actions, talonnant sitôt son cheval qui partit rondement. La cavalcade lui procura un semblant de vigueur que le vent glacial, même en cette période, se plut à attiser sur chacune de ses ridules, et il fut bientôt seul et unique à courir la lande sous le souffle puissant du poitrail animal.

La sente bardée par les deux gargouilles antédiluviennes fut gravie à l’identique célérité, bien que la fougue équine dut pâtir un instant d’un semblant d’hésitation. Les globes exorbités de la bête mirèrent les flancs vertigineux, mais la sommation seigneuriale de son cavalier eut tôt fait de sarcler quelconque doute : ils graviraient le périlleux bras de la forteresse, coûte que coûte. Le lord avait déjà suffisamment patienté au fil des semaines pour ne pas perdre un seul instant de plus. Vaille que vaille, le destrier se soumit donc.
Arrivé aux portes, toute herse levée et deux fantassins déjà postés, il tira sur les rênes et mit les sabots au trot, puis derechef au pas. « Hoo… » Les rachis et épaules des hommes se dressèrent en un salut protocolaire auquel Snowhelm ne répondit que par un vague signe de menton. Là n’était point quelconque aveu de dédain, mais Dralvur n’aimait guère les grandes effusions, tout comme ses soldats ne s’offusquaient jamais de ses courtes syllabes ou rares œillades. Ils étaient hommes d’arme, et ne s’accommodaient que peu des simagrées usuellement entretenues sur des terres comme celle de Sorhelm. Une fois dans la cour, valets et serviteurs vinrent à son encontre, et, pieds à terre, un lad s’enquit de la besogne arrogée aux bons soins de son étalon noir. Le gosier sec de ne s’être guère sustenté depuis la veille, il assigna sitôt de faire monter un repas de plus sobre dans l’un des petits salons, dans l’éventualité quasi certaine d’y mangeotter quelques heures plus tard avec son fils. De courtes minutes s’étaient à peine écoulées qu’un ancêtre, claudicant, vêtu d’une toge grise et épaisse, le crin dégarni ou blanc, s’approcha à son encontre. « Josius ! » Salua le noble colosse, tirant chez l’Intendant un sourire édenté. Une fois à sa hauteur, le pauvre homme dut redresser à l’extrême sa barbichette pour porter ses calots blafards dans ceux encore vivaces du seigneur. « Messire, c’est une joie immense que de vous revoir parmi nous. » Le mestre semblait avoir pris une décennie de plus, depuis son départ, et pourtant, il se campait sur ses deux jambes comme au premier jour. Une paluche ferme mais amicale vint se poser sur l’ossature d’une épaule. « C’est un ravissement pour moi aussi. Trop de choses me manquaient, et mes bronches commençaient à s’habituer à la l’exhalaison citadine. Il était temps que je revienne inhaler l’arôme du vrai nord. » Josius eut un rire de nez et ses paupières se plissèrent en une fissure juvénile, accompagnant le rire sobre du chevalier, avant qu’il ne se taisent tous deux et s’observent. « Il est là. » Répondit le vieillard à la question muette du père, et celui-ci n’eut pour réaction que d’acquiescer lentement. Sa patte se déracina et ils firent quelques pas jusqu’au grand hall principal dans lequel teintures, rideaux et fourrures offraient une impression exquise et sauvage de confort et chaleur. « Rien n’a changé. » Remarqua simplement le maître de maison, et l’érudit, de répliquer avec malice. « Tout change à qui sait observer. » Dralvur l’épia en faisant rauquer son phonème grave d’un éclat assourdi. Ce vieux singe n’avait jamais manqué d’éclairer cette famille d’avis aussi justes que perspicaces, quitte à, de temps à autres, piquer à vif les plaies d’orgueil dont les mâles ursidés se paraient à foison. Mais il fallait bien un finaud de cette trempe pour débloquer parfois les conflits parentaux. « Diables que j’ai soif. Apportez-moi un bock de bière ! » Héla-t-il une servante qui couina un bien messire avant de trottiner jusqu’aux cuisines de l’aile sud. « Où est-il ? » Les pas de Josius firent halte, obligeant le feudataire à en faire de même. « Eh bien quoi ? » Sourcilla-t-il, et le mestre de répondre, le lorgnant de pied en cap. « Mon seigneur ne souhaite-t-il pas se changer…? » La réplique laissa coi le chevalier, qui, finalement, s’observa tout du long. Sa précipitation évidente lui avait fait obvier les plus minimes usages de rigueur, et, se renfrognant, il reprit marche, obligeant son dévoué à le rattraper. « Si mon fils s’offusque de la fange couvrant mes chausses, c’est que je me suis lourdement trompé sur son compte. » C’était, à n’en point douter, dit avec mauvaise foi, mais il y avait là-dedans une part de truisme ; tous deux semblaient être des étrangers depuis la brusque dérobade de Leogran, et, tous deux, devraient assurément dompter l’un et l’autre en ces promptes retrouvailles. « Dînerez-vous en notre compagnie ? » L’interrogation avait jailli sitôt ses précédentes syllabes étayées, cherchant par là à changer instamment de sujet. Le sage emboîta docilement le rouage autoproclamé. « Las, non. J’ai quelques lectures qui requièrent ma complète attention. Eh bien vous n’aurez qu’à les ânonner plus tard. Je crains que la fatigue ne m’étreigne plus tôt qu’à mes jeunes années, messire… Mh. » Josius lisait en son seigneur comme dans l’un de ses opuscules ; il craignait, sciemment ou inconsciemment, rester trop longtemps seul en présence de son fils. C’était là la croix de tous les grands hommes qui devisaient aussi bien en politique qu’ils ne s’exprimaient gauchement en sentiments. Ses lippes ridées exprimèrent une douce risette que Dralvur ne vit guère. « Eh bien, ma foi, lisez donc. J’espère au moins que cela vous sera d’une grande érudition. » Il arqua un sourcil et vrilla la nuque vers son compagnon. L’ancêtre opina du chef. « Cela sera, sans nul doute, des plus captivant. » Et ce disant, ils conversèrent encore un peu avant que tous deux ne se séparent, le petit homme ayant avisé au grand par où l’attendait le démon de son cœur.

En pénétrant dans la volière de la Tour Morgane, grande et belle salle spacieuse, toute de pierre et de bois vêtue, il découvrit effectivement la silhouette de l’éphèbe contant fleurette à un épervier. L’image eut l’audace de lui arracher quelque sourire éthéré. Leogran avait toujours chéri l’art de la fauconnerie et s’y exerçait avec le talent de son grand-père, bien plus que Dralvur lui-même et tous ses oncles réunis. « Enfant, tu abhorrais cet endroit. » Il découvrit sa voix plus marmoréenne qu’il ne l’aurait souhaité, toute risette effacée par l’expectative du conciliabule tant attendu. « Le vent. Le vent glissant à travers les interstices. Tu t’étais convaincu qu’il s’agissait là de spectres éhontés que chaque présence humaine courrouçait. » Comme pour concéder ses dires, le zéphyr se mit à siffler avec force, allant jusqu’à masquer les pas lents que faisaient les bottes patriarcales à l’encontre du bellâtre. « Il nous a fallu plus de cinq années de patience avec ta mère pour te défaire de cette crainte… et lorsque tu as enfin compris qu’il n’y avait là nulle chimère irascible, tu t’est mis à hanter ces cloisons comme l’aurait justement fait un esprit tapageur, ne lâchant plus ces pauvres bêtes que pour souper ou jouer avec ton frère… » Ses cordes vocales se brisèrent et l’orateur se tut. Il s’était arrêté à moins d’un mètre de son fils, et ses prunelles cherchèrent quelconque port dans lequel s’ancrer, autre que le faciès sculptural de Leogran.

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MessageSujet: Re: Tu seras mon fils. (Leogran)   Tu seras mon fils. (Leogran) EmptyDim 6 Juil - 5:17

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Tu seras mon fils

dralvur & leogran

Juché à la cime de la Tour Morgane, l’onyx rivé au paysage qui se découpait de la meurtrière, Leogran se tenait immobile avec, au bras, un faucon à qui épancher ses confidences sans risque de colportage. Soulagé d’avoir retrouvé son breuil après des mois d’errance, il ne s’était pourtant point précipité à chasser sa solitude, continuant plutôt de s’y engluer, comme si ravi de sa compagnie. À l’exception d'échanges rudimentaires  lorsqu’il lui donnait de se montrer au grand jour, il passait le plus clair de son temps à arpenter tel un fantôme les pierres de la demeure la nuit, pour se retrouver dans le repaire de ses volailles dès l’astre levé  – ça ou quelque endroit à l’abri des regards. La mémoire assaillie par de douloureux souvenirs, le cœur lourd d’appréhension à l’égard de la proche venue de son père, il avait manifesté, dès la botte dans son berceau, un sérieux besoin de méditation, prévenant les hommes du patriarche de ne le déranger que sous prétexte urgent.

Ainsi il se terrait depuis les premières lueurs mordorées de l’olympe parmi les rapaces. À ces êtres muets il se confiait ouvertement, sans crainte d’ouïr en retour quelque argument qui puisse le vexer ou le gêner dans la lente progression vers l’inexorable conciliabule avec son père. Car si Leogran crut avoir dompté son fiel durant les derniers mois, il ne savait guère quelle serait la réaction de son cœur à la vue du démiurge de ses affects. Comme il accordait peu de foi à son calme et sa sérénité, il craignait que le tête-à-tête n’éveille en lui de frangibles balafres promptes à se fissurer derechef. Or, une réaction aussi torrentielle que la dernière fois mènerait à de sévères conclusions telles qu’augurait la missive récemment reçue. De lui spolier son legs s’il se montrait peu digne d’un héritier était chose inconcevable pour celui qui pompait sa fierté dans l’hoirie lui étant due. De fait, il était trop plein de pression, et hélas trop peu de confiance vis-à-vis de cette venue. « Il ne tardera pas à arriver. » La phrase s’estompa dans un soupir comme il observait le rapace feindre l’écoute attentive. Chaque jour depuis son arrivée, Leogran n’avait de cesse de réitérer le même discours à ses oiseaux, trouvant dans son monologue un zeste de baume pour panser ses affres, ou un poil de courage pour affronter ses craintes. L’épervier dont les serres enrobaient avec force le bras surélevé de l’éphèbe ne se contenta que de fendre l’ersatz de silence d’un chant de crécelle comme il battait des ailes sans abandonner son perchoir. « Trop de tristes souvenirs qu’il faille indubitablement hisser hors du cœur lors de cette proche rencontre. » Et des souvenirs, il en avait une kyrielle qui se succédait perpétuellement chaque fois que son regard embrassait un lieu quelconque, car chaque lieu était témoin d’un vécu sombrement révolu. Mais si en subir leur fardeau au moindre pas était tolérable pour le fier homme, de faire face à la victime de toute sa colère s’annonçait être une tâche insurmontable pour celui qui oscillait entre effroi, rancune et timides regrets.

L’index caressa avec précaution le buste au plumage coruscant de sa bête, profitant du comportement quiet de cette dernière pour en admirer l’allure, laquelle exsudait une prestance que les deux êtres se partageaient évidemment. Par le zéphyr qui se faufilait bruyamment des interstices du bois et le tumulte des rapaces, l’héritier ne put ouïr quelque rumeur d’une venue créée de pas en approche, et ne put de fait réprimer un sursaut lorsqu’une voix se fit maitresse dans l’espace spacieuse, transformant sitôt son cœur en tambour affolé. Si la panique s’empara à ce moment de son palpitant, il en chassa le moindre signe via un masque impassible, barrière à toutes émotions. Il écouta d’une oreille distraite le récit oublié et inconnu du bric-à-brac de sa mémoire en même temps qu’il portait jusqu’à sa cage l’oiseau. Que l’attention ait été minime ne lui empêcha pas de saisir la faiblesse dans la voix du patriarche suite à l’allusion de feu son frère, et à ce moment seulement il se retourna pour laisser échapper avec froideur – et ne serait-ce avec un zeste de morgue, sans trémolo pour faire vriller ses mots : « Je n’en doute point, mais ces temps ne sont plus. Tout comme mon frère. » Déjà fort tourmenté par son passé pour vouloir partager ses maux avec lui, le voici qu'il jugula sans délicatesse les premiers élans du pater.

L’heure n’étant pas à la nostalgie et à l’affliction, Leogran se fit violence pour annihiler la vague d’émotions que provoquait cette entrée en matière et qui menaçaient sa barque. Il allait sans dire qu’il était loin de s’imaginer le voir pénétrer son repaire, encore moins avec un dialogue qui, tout en voulant faire fi de l’état de leur relation, incitait à bousculer de vieilles réminiscences qu’il vaille mieux garder prisonnières du cœur. Irrité par l’introduction, mais peu enclin à lui faire savoir le moindre ressenti, il préféra plutôt inviter son père sur un autre terrain qui puisse être moins favorable à l’ouverture d’anciennes plaies ou à quelque inconfort qui soit. « Tu n’as pas tardé. Je ne t’attendais pas avant des jours. Me voilà quand même ravi de te voir sauf et solide après ce long périple et, surtout, suite aux récents événements. » Pourtant, peu de joie lui fut prouvée au moment de ses dires, mais nul autre que le pater ne pouvait saisir dans l’ébène de son regard ses émotions inavouées, ou de lire à travers ses paroles la vérité tue. Il ne s’esbigna pas du face-à-face, pas plus que ses calots cherchèrent à se dérober à ceux du père. « Viens-tu tout juste de mettre pied à terre ? Tu aurais dû me faire quérir au lieu de monter jusqu’ici. Je ne puis croire que la demeure ne recèle pas de lieux plus propices pour nos retrouvailles que cette vieille tour. » Il força ses lippes à épouser un sourire, mais seule l’ombre parut fragiliser son impassibilité. « Allons, descendons. Les oiseaux ont assez joui de ma présence pour aujourd’hui. Tu dois être affamé, et il me tarde de discourir de diplomatie en ta compagnie. » Parce que discuter des affaires sentimentales de la famille, pour ça, il ne se sentait guère prêt et ne le sera probablement jamais.

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MessageSujet: Re: Tu seras mon fils. (Leogran)   Tu seras mon fils. (Leogran) EmptySam 12 Juil - 16:37

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Tu seras mon fils.
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Le seigneur subodora la roideur de ton. Il n’y avait nulle panacée existante pouvant œuvrer contre l’afféterie rancunière de son fils, et rien dans ce qu’auraient pu exprimer les syllabes du père n’aurait adouci cette sombre acrimonie latente. Les premiers mots échangés furent incisif, rompant toute foi chez le patriarche que d’amoindrir ces retrouvailles par l’inespérable – et manifestement utopique – approche filiale. Leurs souvenances, quelles qu’elles pouvaient être, les ramenaient inéluctablement au souvenir du puîné tombé au combat. Celui-ci même dont la mémoire se hissait entre eux comme un gouffre l’aurait fait, emportant dans ses abysses le moindre effort de réconciliation. Contracturant sa mâchoire, le lord opina en silence dans un quant-à-soi forcené, garrottant dans son larynx toute réplique autoritaire que la figure tutélaire se voulait de rauquer, pour ne concentrer ses efforts que sur sa raison et sagesse instruites par ses quatre décennies. « Heureux de te voir tout aussi bien portant. » A l’égal du bellâtre, le phonème de Dralvur se contenta du strict minimum en la question d’aménité. Force était toutefois de constater que le bien-être de son héritier lui importait autant que celui de l’astre flavescent, mais, comme les bêtes se cachent pour mourir, les affects du pater restaient claustrés en son for. Sourcillant quant à sa visite inopinée dans les cimes de Redcliff, il rétorqua simplement. « Qu’importe. J’avais grand besoin de me dégourdir les jambes, et puis je ne suis pas encore assez gâteux pour envoyer mander mon propre fils par quelque domestique qui soit. » Et l’on retrouvait dans son assertion tout l’orgueil seigneurial dont l’Ours Cendré avait toujours fait preuve, ici ou ailleurs, et qu’il portait sur sa colossale stature comme le chatoiement iridescent du blason familial. Ses ridules marmoréennes se fardèrent d’un semblant d’affabilité suite à quoi il emboîta les pas de Leogran, paluches chevillées contre son rachis et lippes mutiques. Entrer dans le vif du sujet l’arrangeait tout autant, plus encore de par la gravité des divulgations qu’il avait à faire, et ce fut d’un naturel laconique qu’il chemina aux côtés du chevalier. La forteresse retrouvait ses deux seuls maîtres subsistants, mais au regard d’un œil dissemblable, ne déambulaient en ces galeries tamisées que deux cerbères étrangers l’un à l’autre, et les spectres d’antan pour unique auditoire larmoyant.

Plus tard, dans le petit salon où l’on dînait depuis quelques minutes déjà, se délia enfin la rocaille du feudataire. « Jora n’est plus une oiselle en cage. » Contre son écuelle en argent résonnèrent les fins tintements des couverts reposés, et, sitôt dit, il vint essuyer ses commissures d’une serviette avant de brandir sa patte vers la coupe qu’il avait quêtée auparavant. « Comme allégué dans mon épitre, son évasion est des plus effective. Ibenholt est en grands émois, plus encore Jernvugge et le roi. » Il promenait ses orbes d’ébène sur bien des choses, sauf sur le portrait lui faisant face à moins de deux mètres. Le grand âtre rougeoyait à son flanc droit et projetait dans la salle des ombres aussi dansantes que sibyllines. Tous les valets avaient été congédiés par le patriarche qui, non peu convaincu de la fidélité de ses gens, préférait néanmoins garder ce conciliabule dans une confidence exiguë. Il but un gorgeon, puis un second, reposa son bock et, le gardant dans la geôle de sa paume, mira longuement la lueur ignée chamarrant l’atmosphère. « Si le chaos plébéien a recouvré un semblant d’accalmie, il en est tout autre pour la couronne. Les récentes exactions à l’encontre du royaume sont les prémices d’une guerre entre les Humains et les Elfes. L’antagonisme est trop fort et trop présent dans les esprits pour que cette affaire ne s’étouffe dans ses scories. Aussi n’est-il pas ardu d’imaginer l’impasse dans laquelle se retrouve Jorkell, délesté de l’héritière Ebonhand d’un côté, et bravé par le Peuple Vilipendé de l’autre. Plus que jamais, il ratiboise les mauvaises herbes dans ses rangs pour s’assurer d’un excellent bastion pouvant le soutenir en ces heures troubles. » Les gemmes enténébrées du ser vrillèrent contre le faciès de l’adonis, et, longuement, il scruta dans la pénombre le masque flegmatique de l’amphitryon. «  Nous faisons partie de ce bastion. Si j’ai inféodé notre maison à celle des Ravncrone ce n’est pas par sujétion mais par réel intérêt, aussi nous devons-nous de légitimer notre place auprès du souverain. » Et ce disant, il se sentit brusquement empli d’un acide qu’une impétueuse auge d’opprobre aurait transvasé.

Il soupira de tout son buste, et ses phalanges, à l’unisson, blanchirent contre la rotondité de sa coupe. « Le roi m’a proposé la main de sa fille ainée, Lorsei, en la bonne foi de notre entente. Il aurait été plus cohérent que de vous unir tous deux, mais cela aurait entraîné une bien toute autre séquelle ; tu es mon seul et unique héritier, ta descendance serait, par conséquent, en droit légitime que de te succéder. » Il arqua un sourcil, intraitable. « Or, je ne tiens pas à ce que les Freux viennent putréfier la quintessence des Ours. Cette progéniture de parvenus était à peine une parentèle des plus négligeable que notre dynastie s’était déjà élevée des siècles auparavant d’entre les Premiers Hommes. » Une torsion de bouche vint entériner sa diatribe et ses prunelles revinrent s’ancrer dans les globes de Leogran. Les réels desseins du Snowhelm commençaient enfin à sourdre de l’alluvion et peu lui importait visiblement que de dulcifier ses propos ou intentions au regard de son fils. « Aussi épouserai-je la Ravncrone pour exaucer le vœu régalien et conforter ma place auprès de Jorkell. Et je parle bien ici de ma place, et non pas de la tienne ou celle de notre famille. » Le cuir et l’étoffe de sa tunique bruissèrent de concert lorsqu’il se pencha en avant, entraînant dans une lente course le cul de son verre qui racla tout du long le bois de la table avant d’accoster contre le torse masculin. « Nous soutiendrons l’Ebonhand. » Comme un couperet, la péroraison trancha toute contestation. Il ne souhaitait point entendre son ainé ergoter de sitôt pour une telle décision. « Et tu seras le visage de cet appui. Une fois les épousailles proclamées, tu annonceras la sédition autonome de notre maison comme dénégation officielle à ma personne. Tu pourras enfin dire de moi ce que tu as toujours pensé, et te suivront sous cet étendard les Snowhelm et nos alliés. Tu m’as renié une fois, nul ne sera étonné que de te voir réitérer, plus encore sous la force d’une raison qui me manquera alors aux yeux de tous. » Son timbre était succinct, dépourvu du moindre émoi qui aurait pu oblitérer le squelette tactique qu’il dévoilait au chevalier. Il n’y avait ni reproches ni insinuations à ouïr, sinon que le verbe pragmatique du politique. « Fort de cette neutralité, il te suffira de patienter l’insurrection de Jora Ebonhand pour joindre notre armée à la sienne. » Il serait, quant à lui, les yeux et les oreilles de cette révolte dans les entrailles même du palais, mais si l’esquisse semblait habilement crayonnée, subsistait en son sein l’irrémédiable doute d’un tel succès. Se donner en pâture, voilà quelle serait sa réelle implication. Force était de constater que depuis la mort de Jedath rien n’avait véritablement changé en la loyauté du Seigneur Ursidé, quiète, elle avait simple attendu de trouver meilleure égérie que celle du roi Hulgard pour laquelle se donner corps et âme.

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MessageSujet: Re: Tu seras mon fils. (Leogran)   Tu seras mon fils. (Leogran) EmptySam 19 Juil - 19:55

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Malgré le ressentiment et le malaise, malgré la démarche fuyarde du chevalier qui s’échinait à conserver une distance d’un ou deux pas avec son père, il était bon de savoir ce dernier dans son ombre. De retrouver sa présence après un éon loin de l’autre. Enfant, il se rappelait ne jamais déambuler à ses flancs; à de rares exceptions près, le loupiot gambadait devant le patriarche en se retournant parfois pour l’exhorter à accélérer, mais toujours heureux de constater qu’il était maitre de leur destination, et que veillait dans son dos le père serein qui suivait sans argument. Mais là n’était point question de vouloir commander le parcours à entreprendre, loin s’en faut. Tout ce que voulait Leogran via cette avancée leste, c’était d’éviter la proximité sentimentale et le silence embarrassant prompts à quelque échange futile comme le pater en avait fait montre aux prémices de leur huit clos. Heureusement, le trajet aboutit presto à un petit salon qui invitait à la confidence, surtout lorsque, une fois les aliments prêts et servis, le maitre de ces terres chassa les domestiques pour cultiver la parfaite discrétion. À cet instant, Leogran devina le moment propice au fameux entretien politique qu’il attendait avec impatience, à défaut de vouloir aborder tout autre sujet. Et comme il le prédit, l’ours ne perdit pas une miette de seconde pour entamer son ouverture, travestissant son fils distant en un adulte mature prêt à boire ses paroles plus qu’il ne buvait sa propre coupe de vin.

Pas une seule fois il ne louvoya dans son monologue pour atténuer les conséquences de ses paroles sur Leogran. Direct comme on le connaissait depuis toujours, le père, en plus de le mettre brièvement aux nouvelles, sauta sans transition sur les plans fomentés par son esprit trop militaire, ou, selon l’aîné, trop épris d’une obédience tant dangereuse que désuète. Quand, d’une délicatesse qui manquait cruellement, il entra dans le vif du sujet, le chevalier préféra pointer son museau dans l’écuelle, cherchant à s’esbigner au fiel qu’on titillait sans crainte, et qu’il sentait se soulever tels les vents qui auguraient une tempête. Solide comme un roc, Dralvur débita un flot de paroles sur une tonalité d’acier, exhalant une certitude scellée bien avant leur rencontre. Tant inébranlable que l’éphèbe se crut un moment soumis de force à ses volontés.  Mais de s’être promis une attitude plus calme ne signifiait en rien de courber l’échine sans y placer mot, au contraire, et si la missive qui avisait de graves conséquences à une morgue trop récurrente et explosive avait été destinée en filigrane à museler les objections prédictibles du fils, alors au diable elle se résumait à n’être qu’un vif échec. Jamais au grand jamais Leogran ne se laissera dicter quelques ordres à l’encontre de ses croyances et ses désirs, du moins pas sans un débat.

De fait, gorgé d’irritation et contrarié par la hardiesse du Snowhelm, il abandonna ses ustensiles en un fracas métallique, pourfendant la dernière note destinée à clore le charabia de son père tout en imposant un court, mais lourd, silence. Les traits furent sitôt déformés de colère, laquelle était garrotée autant que faire se peut pour éviter une catastrophe. « Ton adulation et ton allégeance pour l’Ebonhand n’ont donc aucune limite ? Dois-je te rappeler la… » Sa voix faiblit, mais il puisa dans sa fierté pour s’enhardir et de ce fait musser derrière son nouvel aplomb l’éternelle tristesse en lien au trépas du benjamin. « …mort de Jedath, lequel s’est sacrifié pour ta cause ? » Oh non, il n’avait point besoin de ressasser cette vieille blessure, puisque tout en ces lieux réussissait parfaitement à la lui remémorer, cela même si l’Ours cendré en faisait habilement fi en déployant son discours.  « Et maintenant, tu souhaites me placer aux premières lignes d’un théâtre sanglant qui n’est pas le nôtre dans l’espoir que je sois le pantin de tes désirs, le responsable des morts à venir. » Le dégoût pointait dans sa voix; il ne s’imaginait pas commander prématurément les Snowhelm pour leur indiquer le tracé prédestiné à les mener vers le massacre. « J’ai peine à croire que tu me contrains à cela. » Et médusé, il l’était, lorsqu’il soupesait les sacrifices que le patriarche était prêt à commettre pour le bien-être des Ebonhand. De couper les ponts avec sa propre famille requérait du courage – ou de la folie, et si Leogran jugeait dangereux ce stratagème, il était conscient que les risques guettaient les deux côtés.

Un moment de silence lui permit de ressourcer ses pensées. L’allégeance de la famille des ursidés auprès des Ravncrone n’avait été qu’une grossière mascarade dans laquelle Leogran avait puisé ses premiers réconforts, cela malgré des doutes que lui avaient persiflés à l’oreille les fausses apparences, ce qui n’avait pourtant pas ébranlé sa foi. Maintenant, tout retrouvait sa juste place grâce au truisme révélé. Et des soupçons s’extirpèrent immédiatement des limbes dans lesquels on les avait mutés. « Tu as joué double jeu au risque et péril de notre maison. Tu veux continuer sur le fil ténu du complot sans craindre les échecs qui se profilent pourtant nombreux face à tes plans. Tu me sidères… Dis-moi, père (le mot s’écorcha sur un zeste de sarcasme), ai-je tort si je t’impute, en partie ou en totalité, l’évasion de Jora ? Plus rien ne saurait me surprendre venant de toi. »  La déception brasilla au creux de ses onyx comme il partit à l’assaut de sa coupe pour en prendre une lampée. À petits feux, on le sentait se résigner aux vœux de son père, conscient qu’il ne pourra l’ébranler de quelque façon qui soit. Ses arguments pouvaient être solides comme fondés, ils se butaient à son armure d’impassibilité sans même la fendiller. Tout au plus il pouvait l’admonester pour ses choix peu judicieux, mais de le blesser au point qu’il se rétracte relevait de l’utopie. « Peu importe ce que je dis, tu as déjà mis en marche les rouages, et j’ai l’impression que plus rien ne saura les arrêter. Pas même ma propre mort sur ton champ de bataille. »  Le constat lui pinça le palpitant, convaincu que ses spéculations se mariaient, sinon flirtaient, avec la vérité. Cette fois, il cala en entier son verre, et se saisit de la jarre pour s’en verser derechef. Autant lénifier sa douleur dans la panacée qu’était l’alcool.

Un soupir traversa ses lippes tordues en une moue contrariée après que le silence ait investi la scène un moment. Si son regard partit à l’assaut du feu qui dansait dans l’antre, ses paroles, elles, étaient destinées à son vis-à-vis, en quête de détails sur la stratégie imposée.  « As-tu d’ores et déjà remis ta réponse au roi ? » Sûrement, comme sa tactique avançait sans tenir compte des écueils possibles. « À quand les noces ? »

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