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 Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]

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Avétis Raven

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MessageSujet: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyJeu 17 Avr - 21:33

Flashback An 921,


L

........e cœur léger, flottant, Avétis empruntait ce chemin qu'il connaissait par cœur, depuis le temps. Chaque passage, toutes les façon de ne pas être vu, ou entendu, la moindre petite aspérité dans la roche froide, les renfoncements où s'abriter en cas de présence, les moments d'obscurité qui favorisaient son périple. Le dédale des boyaux menant de la ville aux appartements royaux de l'Arête du Ciel n'avaient plus aucun secret pour lui. La tâche n'était pourtant pas aussi aisée, et il lui fallait à chacune de ses visites, redoubler de prudence et d'agilité afin d'atteindre sa destination ; la chaleureuse antre de Lorsei Ravncrone. Depuis un an maintenant, date de leur rencontre et première nuit d'étreinte, les deux tourteaux maudits rivalisaient d'ingéniosité pour conserver vivace et intact leur amour interdit. Cela faisait quelques jours que le jeune homme n'avait pas retrouvé la douceur des bras immaculés de sa belle, et c'est l'âme en fête, impatient comme un adolescent bravant l'illicite, qu'il pouvait enfin prétendre au bonheur d'être à nouveau en sa compagnie.

La demoiselle n'avait pu se rendre disponible pour son amant, sa royale parenté accueillant en leur demeure une branche cadette de la lignée Ravncrone, et il fallait laisser le temps à cette situation particulière de se décanter. Déçu mais compréhensif, Avétis avait pris son mal en patience et vaqué de tavernes en auberges, s'enivrant plus que de raison, cherchant à noyer sans malheur dans la vinasse et la bière. Lorsei était devenue pour lui une véritable drogue, plus qu'une envie, comme il en avait avant que leurs destinées ne se lient, mais un réel besoin, sans elle, il n'était que l'ombre de lui même. Depuis qu'il lui avait dévoué son amour, tout dans sa vie avait prit sens, de l'occupation de ses journées, de ses intérêts, et même sa musique s'était révélée plus profonde, de meilleure qualité. L'héritière des corbeaux était sa muse, son égérie, sa source d'inspiration la plus fructueuse. Il se plaisait d'ailleurs à chanter ses louanges dans l'intimité de la chambre de la jeune femme.

C'est dans ce cocon abritant leur secret défendu qu'il se rendait ce soir là, à la nuit tout juste tombée, profitant du calme des ténèbres naissantes, tombant sur Ravenhole, assombrissant le château d'un voile inquiétant. Pressé, il se hâta plus qu'à l'habitude, ne fût pas aussi précautionneux, manquant à plusieurs reprises d'oublier la discrétion de mise. Il ne prêta pas non plus attention aux lumières d'ordinaire éteintes dans les couloirs, donnant sur des pièces qu'ils ne connaissaient pas et n'avait jamais vu, de même qu'il n'entendit pas les bruits de pas lointains qui tentaient de suivre sa trace. Cette vivacité, l'impatience de ces retrouvailles, eurent en cette visite devenue banale, de fâcheuses conséquences. La traversée de l'aile des appartements était la plus délicate, emporté par sa fougue, il  résista cependant à l'envie irrépressible qu'il avait de courir jusqu'à son aimée.

Le jeune homme ne croisa pas âme qui vive, s'enfonçant toujours plus dans les méandres de la forteresse, et après tant de jours passés sans le sel qui donnait du goût à son existence, loin de son amante aux cheveux de jais, dévoré par le manque et la passion, il s’engouffra dans un des passages de service, menant par un accès dérobé et sans surveillance particulière à la pièce désormais familière de toute ses espérances.
Enfin....Songea-t-il en refermant la lourde porte de bois massif.

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Lorsei Ravncrone

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MessageSujet: Re: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyMar 22 Avr - 2:20



Les vestiges de l’aquilon faisaient doucement frémir les tendres boucles de jais de Lorsei, appuyée contre la fenêtre, rêveuse. Non loin d’elle traînassaient peigne et brosse, qu’elle avait abandonnées au profit d’une escapade dans les méandres de ses pensées les plus intimes, mue par la singulière beauté du paysage qui s’offrait à elle. De sa chambre, la princesse pouvait généralement apercevoir Daìnnkastal, masse sombre et inhospitalière dans l’immensité quasi infinie de la Mer Adamantine ; néanmoins, la pénombre occultait la terre maudite, et Lorsei ne pouvait faire vaguer son regard que dans les reflets flavescents de la lune dans l’eau noire. Elle n’avait jamais vraiment rêvé de partir, d’explorer plus loin que sa région natale. Malgré la découpe sévère de l’Orkenenmyr, elle s’y sentait en sécurité et rien d’autre que la curiosité n’aurait pu justifier un tel périple. De plus, elle doutait que qui que ce soit la laisse partir ainsi. Sa place était à Ravenhole, au palais, pas dans le méphitisme des marais de quelque sombre forêt d’une région avoisinante.

Mais il y avait bien autre chose qui la clouait à l’Arête du Ciel, à proximité de la cité que la citadelle surplombait glorieusement. Un certain jeune homme, simple troubadour, qui avait su braver la cyclothymie de Lorsei et les interdits et qui détenait maintenant son cœur de jouvencelle. Ils avaient tous deux sept et dix ans et vivaient une idylle que tous deux savaient prohibée, mais avec la folle idée que jamais ils ne se feraient prendre ; et pendant un an, ils avaient nourri cette utopie insensée. Même adolescente, Lorsei était une jeune femme qui ne savait que mal se modérer, passant du noir au blanc sans raison, mue par ses émotions. Si d’abord elle avait tenu tête à ce ménestrel obstiné qui ne cessait de lui chanter la sérénade, elle avait rapidement cédé à ses avances et s’était donnée à lui sans remord, dans le secret le plus absolu. Prisonnière de ses rêveries, qui avaient fait naître sur ses lèvres de grenat un sourire délicat, elle n’avait point entendu la porte s’ouvrir, mais le claquement sourd de sa fermeture la fit se retourner vivement dans un discret friselis de soies. « Avétis… ! » souffla-t-elle avec enthousiasme, se jetant sans retenue dans les bras de son amant pour lui dérober un langoureux baiser, comme si elle avait cru ne jamais le revoir.

Il y avait bien quelque jours qu’ils n’avaient pu partager quelque instant, devant s’isoler l’un de l’autre pour cause de visiteurs impromptus. Préférant rester discrète, sachant que le nombre de Ravncrone et de Crowgale doublerait sans doute pendant cette brève visite, Lorsei avait suggéré à contrecœur qu’ils se gardent de se voir pendant quelque temps. Avétis avait accepté, visiblement déçu, mais sans protester. S’il n’était pas disposé à prendre conscience du risque qu’ils encouraient à partager le lit princier, si près du reste de la famille Ravncrone et de caméristes qui les dénonceraient à la moindre occasion s’ils venaient à se faire prendre, alors il ne méritait pas l’amour de la belle aux yeux de jade. Elle n’était pas timorée, simplement prudente ; se hasarder à une telle affaire était potentiellement destructeur pour les deux partis. Néanmoins, il se montrait raisonnable et elle n’avait point dû avoir recours à quelque menace pour éviter qu’ils ne doivent mettre un terme prématuré à leur relation prohibée. Qu’il soit présent l’enchantait et l’inquiétait à la fois ; ils n’avaient pas convenu d’un moment précis auquel la famille élargie repartirait. « Comment as-tu su que les invités s’en sont allés ? » l’interrogea-t-elle, ancrant ses prunelles smaragdines dans celles de son amant. « As-tu vu les diligences quitter la citadelle ? » Trouvère de profession, Avétis était sans doute bien au courant des allées et venues des dignitaires, nécessitant d’être au bon endroit au bon moment, bien souvent, pour pouvoir collecter quelque pièce d’or offerte par une noblesse blasée. « Peu importe ; j’espère seulement que tu as été prudent… »

Elle n’en doutait pas, mais ses sourcils se froncèrent tout de même, comme dans une maladroite tentative d’arracher quelque confession au blond ; incapable de tenir, elle lâcha un petit rire cristallin, posant son visage contre le torse du ménestrel à la langue d’argent. Elle n’était pas particulièrement grande et Avétis la dépassait de plusieurs centimètres. « Tu m’as manqué… » tintinnabula-t-elle d’une petite voix, passant ses bras autour du jeune homme. Qu’il ne soit pas affublé de soies et de broderies n’embêtait pas la princesse ; si en d’autres occasions, une telle différence de classe sociale aurait empêché qu’elle ait le moindre intérêt envers le musicien, un bourgeon de curiosité avait éclos en un attachement profond sans même qu’elle ne s’en aperçoive.

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MessageSujet: Re: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyMar 22 Avr - 23:28



S

........avourant ces retrouvailles bien trop attendues, enfouissant son visage dans la chevelure d'ébène de sa désirée, s’imprégnant de son odeur enivrante dont le souvenir lui meurtrissait l'esprit. Le ménestrel préféra rester muet devant les milles et unes interrogations de Lorsei, voulant profiter de la fugacité des premiers instants d'un bonheur inouï, à quoi bon s'embêter avec des mots quand ils pouvaient apprécier dans un silence religieux toute l'ampleur de ce moment de grâce. Ils passèrent de longues minutes ainsi enlacés, se serrant fort l'un contre l'autre comme s'il risquaient d'être séparés... Reprenant possession de son odorat, découvrant les effluves discrètement musquées de la chambre, Avétis se détacha lentement de la jeune femme, se débarrassant dans un même temps de son encombrant luth et d'une sacoche fort bien remplie. «  Tu m'as manqué aussi, atrocement. » Lui répondit-il, la voix emplie d'une émotion toute palpable. Lorsei lui semblait encore plus belle, plus rayonnante après cette privation forcée. Il ne s'était que trop imaginé ce moment dans son esprit de garçonnet éperdument fou d'amour, rien ne pouvait le préparer à la force de son cœur battant à la chamade, de cette sensation d'ivresse sans qu'aucun liquide n'en soit à l'origine, elle était sa substance, aussi vitale que le sang coulant dans ses veines.

Invitant sa belle à s'asseoir sur le grand lit à baldaquin, lieu des réconforts les plus intenses et objet couvant l'interdit, il déballa avec précaution le contenu de sa besace. Elle contenait une flacon contenant un liquide d'un rouge foncé presque noir, ainsi qu'une miche d'un pain diffusant une agréable odeur de mie encore tiède, et un bout de fromage. La frugalité de ces présents n’effrayaient plus Avétis, qui savait désormais que sa belle n'était pas de la noblesse sensible aux richesses et au faste de sa condition, certes, elle l'appréciait, il eût été stupide de cracher délibérément sur une vie aisée à l'abri de tout besoin, mais elle savait aussi jouir des choses les plus simples, ne pas juger ceux dont les origines étaient moindres, même à estimer les plaisirs les plus humbles. C'est une des choses qui avait le plus séduit le musicien, cette capacité à demeurer naturelle, vivace, dans ce cadre où toutes les apparences ne sont que tromperies. Simulacres existentiels, la royauté en Middholt ne permettait d'autre recours que des façades mensongères, dans une société où le paraître était placé sur un piédestal. Lorsei Ravncrone n'était pas faite de ce bois là. Du moins, en la présence d'Avétis, dans l'intimité de leurs entretiens, elle était d'une sincérité sans égale.
Un pop, puis le son d'un verre que l'on empli, il tendit à sa belle une coupe de ce fluide sombre.
«  Du vin de Myr, mon amour. J'ai eu un mal fou à m'en procurer, mais rien n'est trop beau pour te satisfaire. J'imagine que tu n'en manques pas ici, mais celui-ci est quelque peu différent, rarement importé car trop puissant pour les palais délicats des grands de ce monde. » Il ricana en portant son propre gobelet à ses lèvres, tourner en ridicule les membres de l'aristocratie était une source de taquinerie sans équivalent, non pas pour agacer Lorsei, non, seulement car il ne connaissait que trop bien leur minauderies et la douce stupidité de leurs nombreux caprices.

Or le breuvage était fort, Avétis toussota en répliquant à sa dame, qui ne semblait pas aussi sensible que lui à la puissance du cru. « J'ai en effet vu quelques diligences quitter Ravenhole au petit matin, mais leur nombre n'était pas aussi conséquent qu'à leur arrivée. Il reste des Crowgale au château, n'est ce pas ?  » Il s'en serait douté, c'était d'une bizarrerie qu'il ne pouvait comprendre, mais il en était certain, la question était presque rhétorique. « J'ai été aussi prudent que mon envie de te voir était immense Lorsei … Je te l'assure, être loin de toi, ne pas te voir, c'est une torture que je ne veux plus jamais, jamais revivre. »
Il s’essaya près de la petite corneille en attrapant son instrument, et se mit à pincer adroitement les fines cordes de l'objet, berçant la pièce d'une mélopée mélancolique. Mauvais présage ….


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Lorsei Ravncrone

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MessageSujet: Re: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyMer 30 Avr - 2:25



Lorsei se défit à regret de son tendre aimé, ramenant ses longs cheveux de jais derrière ses oreilles pour les y coincer, l’air timide. Ses joues rosies par l’émotion, elle avait toujours peine à réaliser qu’il était là, avec elle ; qu’il lui avait fait une surprise aussi agréable, qu’il avait si hâte de la voir. Toujours Lorsei nécessitait le doux sentiment d’être aimée, cette sensation de réciprocité ancré dans sa réalité toujours mise à l’épreuve la portant d’un jour à l’autre. Elle n’était néanmoins pas sotte au point de complètement ignorer l’évidence de la fin de leur relation ; jamais son père ne cautionnerait une telle histoire, et le jour où celui-ci trouverait un mari pour elle, ils devraient sans doute cesser leur douce et réconfortante aventure. Avétis était un Raven ; un bâtard de Ravenhole, indigne du rang de princesse qu’elle détenait. Mais jamais elle n’aurait cru que le moment de leur séparation viendrait si vite…

La jouvencelle trottina jusqu’au lit, où elle prit place, se collant contre le blond autant que possible, les yeux étincelants de découvrir les secrets cachés au creux de la besace de son amant. Contrairement à bien des Ravncrone – et bien des Crowgale – Lorsei n’avait jamais ressenti le besoin d’assouvir son besoin de supériorité. Les moindres nobles et les roturiers, s’ils étaient courtois avec elle, recevraient le même traitement ; Avétis faisait partie d’une catégorie à part, dont il était le seul représentant. Il détenait son cœur, et ce dernier s’embrasait davantage à chacune de ses visites, menaçant de rendre d’autant plus déchirante leur séparation lorsqu’elle viendrait. Portant la coupe remplie de ce vin aux reflets d’obsidienne à son nez, elle huma lentement ses parfums corsés, mais où l’on distinguait néanmoins les particularités du Myr – son préféré. « Tu n’aurais pas dû en faire autant… » minauda-t-elle, touchée par l’attention, comme pour le remercier ; elle déposa un baiser sur la joue du ménestrel avant de l’imiter et de goûter au contenu du verre. Le goût amer de l’alcool prenait toute la place dans ce singulier amalgame de saveurs, mais elle ferma tout de même les yeux, profitant de ces effluves, améliorées par le fait qu’elle le dégustait en précieuse compagnie.

« Oui ; une sœur de ma mère, ma tante Lanna, est toujours présente avec son petit entourage, » confirma la princesse, levant les yeux au ciel, exaspérée. De toute la famille, elle n’avait jamais particulièrement apprécié cette vieille pie ; elle semblait toujours à l’affût du moindre accroc, de la moindre impolitesse à remettre immédiatement sous le nez du coupable. De loin elle avait toujours préféré la famille élargie des Ravncrone, avec qui elle s’entendait à merveille – même s’ils étaient les plus sévères du lot. Lorsei posa une étoffe sur le couvre-lit, sur laquelle elle posa le pain avant d’en déchirer un morceau. La mie encore tiède lui fit croire qu’Avétis avait fait le détour juste avant de venir la voir juste pour qu’elle ait le plaisir de déguster le pain à son meilleur. Elle tendit au blond un bout de croûte et du fromage. « Je suis heureuse que tu sois là. Tu manquais à mon bonheur, » répondit simplement la princesse, satisfaite de la réponse de son cavalier. S’il affirmait qu’il avait été prudent, que personne ne l’avait vu entrer, alors soit ; elle n’avait aucune raison de douter de ses paroles, lui qui avait toujours été honnête avec elle.

Voyant que son prince tendait la main vers son luth, elle poussa leur repas frugal plus loin, puis s’allongea sur le ventre non loin de lui, sa coupe entre les doigts, afin de profiter du spectacle impromptu dont elle aurait la chance de profiter. Le parfum du vin sous le nez, l’agréable musique de son amant résonnant doucement dans ses oreilles, le loisir d’observer aussi indécemment qu’elle le souhaitait le visage du troubadour ; jamais Lorsei ne s’était jamais sentie si heureuse.

Et jamais plus elle ne revivrait un tel bonheur.

Elle profita un instant de la douce musique que lui offrait le trouvère, un délicat sourire flottant sur ses lèvres teintées par le Myr. Une petite main liliale vint trouver celle du musicien, l’arrêtant dans son élan artistique ; Lorsei se redressa et, sans tergiverser, déposa ses lèvres contre celles du blond, passant amoureusement ses bras derrière son cou. Il n’avait jamais été dans les habitudes de la jeune femme de se passer de ce dont elle avait envie, et en cet instant, elle se languissait de sentir le corps d’Avétis contre le sien, de réaffirmer son attachement et son amour envers le plus improbable des partis. « J’ai envie d’une autre mélodie… d’un autre rythme, » murmura-t-elle, ses lèvres mues par une risette espiègle. Autant appréciait-elle la musique de son amant, les notes résonnant d’autant plus profondément dans son cœur puisque c’était lui qui les lui adressait, elle s’était trop languie de leurs retrouvailles pour s’en passer davantage. De petite princesse candide elle passait à jeune adulte au corps enflammé par la passion à l’endroit de ce simple musicien qui avait apporté bien plus qu’une simple ballade à sa vie.

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MessageSujet: Re: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyMer 30 Avr - 12:41



L

........e ménestrel rit doucement aux paroles enchanteresses de son aimée. Bien sur, il aimait par dessus tout le contact charnel, mais avec Lorsei c'était différent de tout ce qu'il avait connu, c'était tellement mieux, tellement plus grisant, tellement plus fort, en ces moments là ils ne faisaient plus qu'un, pas seulement physiquement, une âme forgée de deux entités liées à jamais. La douce semblait tout aussi friande de cet instant, aguicheuse, taquine, la Lorsei en mal de chair, délaissant l'amour courtois et ses balades langoureuses pour s'offrir à lui telle un don des dieux éveillait en lui un état second, une bête intérieure qu'il ne pouvait contrôler. « Mon bonheur à moi est de te chanter n'importe laquelle de mes rhapsodies, ma préférée étant celle où tu m'accompagnes de tes éclats... Ce concert pour deux voix est à mon sens la plus belle des représentations. » Les mots ne pouvaient décrire avec précision le fond de sa pensée, bien que n'ayant aucun mal être francs l'un envers l'autre, des dires trop passionnés auraient pu la gêner. Son souffle court faisant voleter quelques mèches de sa rivière de jais, il s'empressa de mordiller la délicate oreille cachée sous ce flot d'ébène.  « Lorsei Ravncrone, je vous aime.... » Lui murmura t-il lentement. Chaque syllabe de ses propres paroles résonnant comme un echo dans la cacophonie de son cœur battant à tout rompre. Ce serment, il ne lui faisait que trop rarement. Évidement les tourtereaux savaient qu'ils étaient plus que simplement attachés l'un à l'autre, que quelque chose de plus pur et de plus puissant régissait, de là haut, leurs cœurs délirant à l'unisson. Cela était trop dur à affirmer avec toute la simplicité de ces quelques mots, risquant chaque minute, chaque seconde de perdre tout ce bonheur qu'il fallait préserver par le silence. Mais la distance, et surtout la séparation eurent vite raison de cet accord tacite.

La fougue de la bataille qui allait se jouer sous les draps de satin du lit de la belle emporta Avétis loin de la douce mélancolie évoquée par son aveu. D'un geste rapide mais tendre, il attrapa la chevelure de Lorsei qu'il tira doucement afin de lui faire incliner la tête, et l'embrassa avec ardeur, glissant sa langue d'argent dans l'interstice de ses lèvres gracieuses, faisant danser celle de son amante dans un ballet privé n'appartenant qu'à eux. Une fièvre toute humaine dans un telle situation irradia l'atmosphère de la chambre pourtant si froide quelques minutes auparavant, ne pouvant égaler le brasier ardent de ces être enlacés de toute part. La jeune fille pouvait sentir contre elle le désir toujours plus grandissant de son compagnon de canailleries, le fruit de sa passion toute dévouée se raidissant au contact du corps magnifique qui allait recevoir tout cet amour distillé. Tout en continuant d'abreuver la bouche sa corneille, Avétis entreprit de la libérer des affres de soieries qui la maintenaient prisonnière, comme d'un second corps de tissu l'empêchant de se mouvoir à sa guise, de maintenir la danse et de faire descendre leur centre d'intérêt. Ses doigts agiles pourtant maladroits après tant d'attente, vinrent rencontrer les lacets ouvragés de ses atours, qui se délièrent aussitôt, faisant glisser petit à petit la robe des épaules de Lorsei. Brûlant d'envie, le jeune homme tira d'un coup sec sur les pans du fourreau de torture afin d’accélérer ce suspens qui ne faisait qu'empirer son état, déchirant dans un bruit sourd la fragile toilette de sa dame. Elle se trouvait nue, collée à lui, déjà brillante d'émotion, comme au premier jour. Une nymphe sortie de l'eau, faisant découvrir au monde la beauté abyssale de son plus simple appareil. Les mains libre, il en fit descendre une le long du dos maigre, touchant du bout des doigts chaque courbe, arrivant à la chute de reins il massa consciencieusement cette splendeur qu'il ne pouvait voir que tactilement. Enfin, son périple se termina lorsqu'il atteint la chaleur moite de son entrecuisse, qu'il caressa avec une attention toute religieuse, cherchant dans les yeux de Lorsei un signe, que le combat allait pouvoir commencer. Elle était déjà humide, son envie à elle coulant le long de ses jambes, noyant les phalanges d'Avétis dans une averse de présents.

Lorsei ferma les paupières tandis qu'il la porta à bout de bras pour la déposer sur la scène du vice, le lieu de tous les interdits. Admirant sa majesté, ainsi allongée, son bijou le plus précieux reposant sur des soieries, toute prête, il retira ses chausses, sa chemise et plongea dans cette mer des plaisirs. Le premier contact de son épée dans le fourreau embrumé fût d'une souffrance délicieuse, jamais il n'avait ressenti de telles sensations, entamant un sensible puis plus fort mouvement, il lâcha dans un râle de concupiscence en train d'être assouvie « Je t'aime Lorsei, Je t'aime... »

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MessageSujet: Re: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyMer 14 Mai - 7:01



Une légère érubescence vint discrètement tinter les pommettes de la princesse aux paroles de son ménestrel. C’était au contact de l’artiste qu’il était qu’elle avait appris à verbaliser ses sentiments, ses émotions les plus profondes ; néanmoins, le lyrisme dont il faisait preuve l’abasourdissait toujours, tout autant qu’il la touchait. Si elle avait pu penser, au départ, que les jolis mots d’Avétis n’avaient pour but qu’un rapprochement éphémère, destiné à empocher quelques écus supplémentaires, elle avait rapidement retenu comment différencier le rhapsode de l’amant, le beau-parleur de l’amoureux honnête qu’il était en sa présence. Sa déclaration soudaine fit passer le rose de ses joues à un incarnat enflammé ; ces mots étaient rares, et Lorsei savait qu’elle devait en apprécier chaque phonème à sa juste valeur, au risque de ne plus jamais les ouïr.
Sa réponse fut étouffée par un ardent baiser auquel elle se soumit sans hésitation, fondant de bonheur sous les caresses et les baisers de son amant, laissant ses mains vaguer sous la tunique du jeune homme sans honte, osant espérer que de toutes celles avec qui il avait pu frayer, toutes ces filles de peu de vertu qu’il avait pu rencontrer au gré de ses voyages en Middholt, qu’elle restait sa préférée, celle pour qui il renierait toutes les autres. La gaucherie passagère du trouvère arracha un rire discret à la princesse, entre deux baisers enflammés ; sa robe trouva néanmoins rapidement le chemin des oubliettes, cheyant quelque part sur le sol de pierre frigide, dilacérée par la passion brûlante qui commandait les gestes du blond. Lorsei ne pleurerait pas la perte de son délicat vêtement ; il trouverait le chemin de l’âtre, comme tous les autres items qui avaient été les victimes silencieuses de leurs ébats. Taquine, elle laissait le soin à Avétis de mener la danse, curieuse de savoir quel serait le moment qui ferait sa raison défaillir et marquerait le début du règne de la passion ; elle-même dévorée par l’envie, elle retenait patiemment ses pulsions, agissant presque comme la jeune femme de bonne famille qu’elle était, innocente et pleine de retenue.

Les doigts experts du musicien sur sa peau rendirent cette tâche d’autant plus difficile : mordant sa lèvre presque jusqu’à en extraire une précieuse larme de sang, Lorsei couvrait le visage de son amant de baisers tantôt tendres, tantôt fougueux, étouffant ses propres gémissements de plaisir dans ces embrassades enflammées. Elle ne voulait plus attendre, désormais ; sa patience avait atteint sa limite et son désir, un point de non-retour. Son regard céladon s’ancra dans celui d’Avétis, et elle sut qu’il avait compris lorsqu’elle trouva la douceur de ses draps de soie contre son corps, la silhouette de son amant la surplombant comme un bourreau au-dessus de sa victime. Mais le crime qu’elle avait commis n’était que passionnel et le tortionnaire ne la punirait pas, mais la délivrerait d’une attente toxique et assouvirait ses désirs les plus inassumés. Elle regarda avec une attention indécente le ménestrel se départir de ses derniers atours et l’accueillit aussitôt dans ses bras et dans ses chairs, ne réprimant pas une longue lamentation, témoignage du sentiment de complétude et de plaisir qu’elle ressentait. Sa poitrine s’embrasait et son cœur battait plus fort qu’il ne l’avait jamais fait alors qu’Avétis réitérait ses paroles, seulement à moitié abreuvé par le rythme de leurs ébats ; le reste était un amalgame d’émotions brutes et d’envie, qui croissait toujours. Les jambes de la jouvencelle enserrèrent le corps brûlant de son amant, alors qu’elle sommait sa tête de rassembler quelques morceaux, éparpillés par les caresses d’Avétis, suffisamment pour qu’elle puisse lui rendre ses précieux mots. Si les mots ne franchirent pas ses lèvres pourtant déjà entrouvertes, son regard traduisait aisément ce qu’elle aurait voulu lui dire : sa main quitta le dos marqué du trouvère pour se poser sur son visage, le forçant à plonger ses yeux dans les siens alors qu’elle sentait son corps céder complètement, suivi de près par celui du blond, dans une éclatante finale.

Hors d’haleine, ils se laissèrent tous deux choir dans les draps satinés qui avaient vus se dérouler leurs ébats ; Lorsei en profitant pour coller son corps humide contre celui de son amant, posant sa tête contre son épaule, corneille apprivoisée par le ménestrel. S’il était arrivé une fois la nuit tombée, ce furent les premiers rayons du soleil qui tirèrent la princesse de son profond sommeil ; ils s’étaient assoupis dans les bras l’un de l’autre, inconscients du danger que cela pourrait poser si une servante venait à faire irruption dans les appartements princiers. Un léger sourire étira les lèvres grenat de la jouvencelle au crin de jais alors qu’elle pinçait le nez de son amant afin de le réveiller, ne pouvant réprimer un petit rire taquin. « Debout, grand dormeur. Le matin est déjà là, » lui murmura-t-elle tendrement. Toujours recouverte par les épaisses couvertures qui adornaient le lit, Lorsei s’étira, secouant hors de ses muscles l’effort de la veille. Des talons claquetèrent dans le couloir mais elle n’y prêta pas attention, jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent, juste devant la lourde porte de sa chambre. Puis, le bruit du loquet se fit entendre, et les battements de son cœur cessèrent.

« Lorsei, chérie, nous partons dans l’heure ; fais-nous donc l’honneur de – » Puis, plus rien. Un visage figé par la surprise, par l’incompréhension, et surtout, par l’aberration : de son côté, Lorsei s’était redressée, tentant de dissimuler sa peau nue sous le couvre-lit richement brodé. « Tante Lanna… » croassa la corneille d’une voix brisée. Le regard inquisiteur de la vieille tante Crowgale s’était posé sur la figure masculine qui trônait auprès de sa nièce, passant de la curiosité à la fureur. « Comment avez-vous pu tirer ainsi profit de la candeur de ma nièce ! » s’insurgea-t-elle, pointant un doigt tremblotant de rage envers le présumé coupable ; en retour, Lorsei tendit une main qui se voulait rassurante dans la direction de la femme. « Non, tante Lanna, ce n’est pas – » avait entamé la princesse avant d’être subitement interrompue par le regard acéré de la noble dame. Lorsei tourna un regard suppliant vers Avétis ; avec ses jolis mots, avec ce don qu’il avait de vous faire boire ses paroles, peut-être parviendrait-il à calmer, ne serait-ce qu’un peu, la colère de la matriarche.

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Avétis Raven

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MessageSujet: Re: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyJeu 15 Mai - 17:13



C

........omblé, le jeune homme sombra dans les bras de sa belle repue, emporté par Morphée dans des contrées fantastiques. Il aurait voulu l'inonder de cette rage amoureuse toute la nuit durant, mais l'ivresse des retrouvailles étant plus fort il n'avait pu contenir l'ardeur de son désir afin d'en disséminer l'essence jusqu'à l'aurore. Las, il s'était endormi dès qu'il senti le doux contact de la soyeuse literie, enserrant contre lui Lorsei qui était toute aussi éreintée. Il rêva de cette étreinte, encore et encore. Dans cette semi réalité il pouvait clamer au grand jour ses sentiments pour son aimée, s'afficher ouvertement à ses côtés, ayant même l'honneur de lui demander sa main. Dans son inconscience il la serrait d'autant plus fort, comme si ce songe idyllique était le reflet inverse d'une réalité à l'avenir tragique. Il n'entendit point la corneille se moquer avec tendresse de sa paresse, ses paroles faisaient partie intégrante de ces divagations, mais le changement brusque dans la délicate et rassurante respiration de la princesse alerta son être.

Quelle ne fut sa stupeur, sa surprise, aussi mauvaise soit-elle, de voir sur le pas de la porte la cause de cette frayeur. Avétis en eut le souffle coupé, déglutissant avec gène, Lanna Crowgale toisait la scène avec horreur comme si un meurtre avait été commis dans la chambre. Remontant jusqu'au cou les couvertures afin de cacher sa nudité qu'il était malvenu d'afficher à ce moment critique, il chercha des yeux l'apaisant regard de Lorsei qui avait tenté sans succès de se défendre face à la matriarche, mais il ne trouva qu'épouvante et  conjuration dans les prunelles de jais, le ménestrel savait ce qu'elle attendait de lui. Rassemblant son courage et choisissant ses mots avec un soin tout particulier, il se redressa, tâtonnant la couche à la recherche de ses effets sur lesquels, par chance, il tomba sans se découvrir. « Ma Dame... » Répondit-il aux accusations de la tante en gigotant sous la literie afin de se revêtir. « Bien que le tableau semble limpide, j'imagine, vu d’extérieur, avec tout le respect que je vous dois, Dame Crowgale, ne tirez pas de conclusion trop hâtive de ce que vous avez sous les yeux, il s'agirait d'un terrible quiproquo dont les conséquences seraient tout aussi dantesques. » Ne lui laissant le loisir de répliquer, il se leva du lit, mal défroqué mais présentable dans une telle situation, le jeune homme s'approcha de la femme qui ne s'attendait visiblement pas à plus d’effronterie, reculant de quelques pas hors de la pièce, Avétis l'invita d'un geste lent et chaleureux à entrer dans ce qui fût quelques heures plus tôt l'antichambre du vice. Maître des mots, la plupart du temps chanté, il comptait sur son charisme pour mettre à l'aise cette invitée non conviée à l'intimité de leur réveil, et surtout, tenter de sauver l'honneur de Lorsei, sa peau avec. « Voulez-vous que je vous serve quelque chose ? Venez installer-vous, ce sera plus confortable pour discuter. » Enchaîna-t-il tandis que Lanna posait le pied dans les appartements en fermant la porte derrière elle, déconfite. Elle ne se manifesta point quant à la proposition du trouvère, il déposa cependant un godet rempli d'eau fraîche sur la console près de laquelle elle s'était assise.

Un silence pesant s'installa tandis que le bâtard des grands chemins regardait par là fenêtre, à l'horizon, le soleil entamer sa course, illuminant en contre-bas la cité. Se raclant la gorge afin de ne pas défaillir, il reprit sur le ton de la conversation sans se préoccuper de son amante. « Acceptez mes excuses, ma Dame, si cette vision et cette découverte vous ont surpris, peut-être déçu. Je ne suis pas un profiteur, non, comme vous l'avez pensé de vive voix. Mes intentions concernant la Princesse sont plus honorables qu'elles n'en ont l'air. C'est l'amour, milady, qui motive ma présence en cette chambre et à ses côtés, l'amour, un abyssal sentiment qui dévore mon cœur et brûle mon âme. Je ne suis que de modeste condition, de basse naissance, je ne peux prétendre à la main de mon aimée, je ne le sais que trop bien, j'ai cependant droit à un don bien plus précieux encore, sa profonde affection partagée. »

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MessageSujet: Re: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyMer 28 Mai - 6:20



Lorsei baissa la tête, resserrant honteusement les draperies sur son petit corps dans l’espoir de laisser voir à son auguste tante le moins possible sa chair dénudée. Avétis s’activait déjà à désamorcer la taupière, qui était prête à se déclencher au moindre faux pas et à les enserrer tous deux dans son emprise. Les mots étaient habilement choisis et avaient semblé piquer la curiosité de la matriarche, qui sembla honnêtement se questionner sur l’héritage du blond qui se tenait désormais devant elle. Certes, Avétis maniait les mots comme d’autres maniaient l’épée – avec souplesse et adresse – mais il n’en restait pas moins rien d’autre qu’un ménestrel, de basse naissance, tout comme un mercenaire n’était pas un noble chevalier des Tours d’Airain simplement parce qu’il se battait avec dextérité. Profitant du fait que le musicien distrayait la dame Crowgale, elle en profita pour enfiler la tenue de nuit qui avait chu sur le sol, la veille, à l’abri sous les couvertures. Lanna Crowgale ne semblait que trop dépitée par la vision qui s’offrait à elle, mais sembla néanmoins écouter les sages paroles du blond et s’avancer, refermant la porte derrière elle afin de les soustraire tous aux possibles regards curieux des domestiques. Laissant le trouvère mener la danse, Lorsei se contenta de se tenir en retrait, ne pouvait empêcher la honte d’avoir été découverte en flagrant délit empourprer ses joues. Si jamais le mot venait aux oreilles de Jorkell, sans doute le ménestrel devrait-il fuir très loin pour échapper au courroux royal. Si les jolis phonèmes d’Avétis avaient, pendant un instant, semblé faire tanguer le dégoût de la noble femme, elle avait rapidement froncé les sourcils, montrant son désaccord de façon équivoque. « Votre simulacre de justification ne change pas les faits. Ma nièce n’est pas vôtre, à user à votre guise, comme les catins que vous fréquentez sans nul doute dans la basse-ville ! L’amour n’est certainement qu’un lâche prétexte pour amadouer ma pauvre Lorsei, » cracha la Crowgale avec dédain. Elle semblait trouver grotesque l’idée d’un amour pur et sincère, sentiment qui n’avait que trop peu sa place parmi la noblesse.

« Ma tante, » insista Lorsei, la voix égrotante, osant espérer que leur interlocutrice l’écouterait malgré qu’elle ne sache pas, comme son amant, manier les mots à son avantage, « il dit vrai. S’il vous plaît, je ne prétends pas que cette histoire se terminera comme dans les contes que l’on a pu me raconter ; or, ce que mon père ignore ne lui cause aucun préjudice, tant qu’au moment venu j’épouse celui qu’il aura choisi pour moi. » Certes, elle redoutait ce moment, mais elle savait qu’il ne viendrait pas avant plusieurs clémentes années encore. Elle aurait voulu étirer l’idylle jusqu’à la nuit qui précéderait ses noces, mais plus le temps passait, face à face avec sa tante, plus elle se disait que ce n’était que bien trop improbable. « S’il vous plaît, tante Lanna, je vous en conjure… Ne dites rien à mon père à ce sujet, » minauda-t-elle, tentant de se faire convaincante, mais sans trop de succès. Le silence de Lanna Crowgale était éloquent et ne laissait rien présager de bon. « Ma nièce, je suis très déçue… mais tu es jeune, et nous faisons tous des erreurs d’inexpérience. Ce secret m’accompagnera dans ma tombe… à une seule condition. » Le regard étincelant d’espoir de Lorsei s’était soudainement affadi alors que le couperet tombait : la Crowgale demandait quelque chose en retour, et les Quatre seulement savaient que ce ne serait pas une condition qui les rendraient capricants de bonheur. La gorge serrée, Lorsei fit un pas en avant, rejoignant Avétis, sa main effleurant discrètement celle du ménestrel alors qu’elle plongeait son regard dans celui de sa tante avec appréhension.

« Le garçon doit partir, et plus jamais il ne doit remettre les pieds à Ravenhole. Qu’il aille chantonner ailleurs et quémander sa pitance dans d’autres royaumes, il doit quitter ce castel et cette cité avant la tombée du jour. » Lorsei sentit son cœur se fragmenter en autant d’espoirs déchus et elle porta une main tremblotante à sa poitrine, consternée par la cruelle condition qu’elle leur imposait. « Mais ma tante… » tentait de raisonner la princesse. « Préférerais-tu le voir laissé aux bons soins de ton père, hm ? Qu’il parte, et tu ne t’en porteras que mieux, crois-moi. » La jouvencelle réprima un frisson ; rien que la pensée lointaine de ce qui pourrait arriver à Avétis si Jorkell lui mettait la main au collet suffisait à lui faire serrer la mâchoire d’appréhension. Baissant la tête, Lorsei ne put retenir une larme solitaire de rouler sur sa joue, s’écrasant bientôt sur le plancher de roc frigide. « Très bien, ma tante. Vous avez ma parole, » promit la princesse avec un reniflement discret, relevant son regard embué vers la femme. Lanna Crowgale jaugea un instant la sincérité de sa nièce puis pinça les lèvres, se levant de son siège afin d’ouvrir la porte. « Et ne pensez pas que je sois une vieille sotte, » les prévint-elle. « S’il est revu aux abords de Ravenhole, je ne m’encombrerai pas de cet odieux secret bien longtemps. »

La porte se referma lourdement derrière la silhouette de la femme et Lorsei éclata aussitôt en sanglots, enfouissant sa tête dans la chemise froissée de son amant. Plus jamais, peut-être, n’aurait-elle le plaisir de le serrer contre elle, de sentir sa peau contre la sienne, de partager son lit avec celui qu’elle aimait… Elle aurait voulu le rassurer, et lui dire que ce n’était pas bien grave, qu’ils pourraient continuer leur innocente idylle, mais elle savait que les menaces de sa tante n’étaient pas en l’air, et qu’à la moindre occasion, elle n’hésiterait pas à les livrer tous les deux à son beau-frère.

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MessageSujet: Re: Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ]   Far from your Eyes [ Lorsei - Avétis ] EmptyDim 8 Juin - 15:13



L

........e glas de la porte se refermant sur la maléfique ne fit qu'empirer la sonate tragique que les violons du chagrin jouaient en son fort intérieur. Il s'attendait au pire depuis que la Crowgale avait fait irruption dans le secret de leur intimité, et le pire était arrivé, mais jamais il n'aurait pu imaginer la douleur qui lancinerait son cœur trop fragile, tourmenterait son âme trop idéaliste et fourvoyée. Il ne pu retenir le flot de tristesse qui jaillissaient de ses yeux rougis d'émotion, le coup de poignard qui venait de l'achever au lendemain d'une parfaite nuitée de retrouvailles. Éphémère, il avait toujours su que sa tendre relation avec la belle corneille le serait, le ménestrel n'était pas dupe. Jamais il n'aurait pu prétendre à la main d'ivoire de Lorsei et goûter au bonheur ultime de partager officiellement, aux yeux et su de tous, son quotidien. Mais l'attention qu'elle lui avait porté, son affection et tout ce qui entourait leur idylle avait été pour lui plus que suffisant. L'homme de l'ombre, l'amant clandestin, Avétis avait appris à se complaire dans ce dangereux jeu des cachotteries. Pour lui, l'aventure aurait pu durer des années encore, peut-être ne jamais se terminer, un brin idéaliste sûrement, c'est surtout ce que le jeune homme aurait souhaité. C'était sans compter sur cette soirée de toutes les révélations, où éclatait au grand jour leur histoire et la probable funeste fin de celle-ci. La mort dans l'âme, il ne pouvait quitter des yeux la belle de jais qui se tenait interdite, sur le lit de tous les vices, désormais souvenirs d'un temps révolu. Elle ne semblait pas vouloir répondre à l’œillade implorante de celui qui la faisait chanter, sans pour autant l'ignorer, mais ne pouvait affronter à présent le poids de cette réalité trop vite dévoilée. Trop injustement détruite. Avétis n'insista point. Que pouvait-il faire de plus ? Dire de plus ? Cela n'aurait été que sel sur une plaie dorénavant ouverte, à vif, suintante. Rassemblant ses effets dans quelques gestes lents et lourds, il revêtit ses modestes atours avant de retourner vers Lorsei, dans un silence devenu gênant. Sans esquisser le moindre bruit ni l'honorer du moindre mot, il entreprit de l’enserrer de ses bras tremblants, étreinte à laquelle elle répondit d'une façon désespérée. De longues minutes s'écoulèrent ainsi, enchaînés l'un à l'autre dans un mutisme tout cérémonieux, les deux amants que la fatalité venait de séparer à tout jamais tentaient de profiter des derniers instants qu'il leur étaient donné. Tous deux pleuraient et inondaient les draps d'une substance toute inconnue en ces lieux de plaisir infini. S'écartant délicatement de son aimée, reniflant péniblement à l'idée que la chaleur qui était sienne devienne aussi glacée que la perspective de ne plus la revoir, dans une voix toute éreintée et empreinte de trauma, le troubadour lui adressa enfin la parole.

« Lorsei, … Je ne peux m'interposer, je ne sais que dire de plus, à part ce que tu sais déjà. Il fallait que cela arrive, un jour ou l'autre. Pourquoi aujourd'hui alors que tout était si merveilleux ? » Les mots s'étranglaient dans sa gorge tandis qu'il posait de lourds mots sur l'inévitable. « Je ne vais pas m'attarder, mon amour, ta tante ne saura peut-être pas tenir sa langue et je ne voudrais encore blesser ton intégrité... Ta place est ici alors que la mienne bien trop loin à t'admirer du bas de ces murailles ...Je ne saurais te remercier à hauteur de tout ce que tu m'as donné, tout ce que tu as fait pour moi, promets moi de te souvenir de tout ceci comme je m'en ferais de même, mon aimée. Promets moi. » Finit-il par murmurer en approchant ses lippes de celles de la corneille qui n'avait eu le loisir de répondre à son laïus. Aussi afin de l'en empêcher toujours plus il déposa un léger mais intense baiser sur ses lèvres qui quelques heures plutôt étaient entièrement siennes. Chaste mais profond, l'échange ne s'éparpilla pas en démonstration de concupiscence et lorsque les carnes se détachèrent dans un énième sanglot il acheva de remuer la lame dans leurs cœurs ravagés.
« Un jour nous trouverons un moyen, qui sait.... »
Ramassant difficilement le reste de ses affaires, il entama une marche pesante vers cette porte traîtresse. « Je t'aime, Lorsei. » Lacha Avétis dans un ultime regard en arrière, vers celle qui était tout pour lui et qu'il lui était interdit de côtoyer à présent.

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