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 Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid

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Zorkharr

L'Édenteur

Zorkharr
L'Édenteur
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MessageSujet: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyMer 30 Avr - 19:28

Fiche © Quantum Mechanics

The She-Wolf
      The Chosen One
     

P
utain de neige. Putain d'aquilon. Putain de Nord. Putain de continent ! A chaque foulée, il maugréait dans sa longue barbe constellée d'étoiles nivales, se demandant encore quelle boussole il suivait à se hasarder dans ces landes septentrionales qu'il exécrait tant. Par toutes les puterelles de Middholt, comment les autochtones faisaient-ils pour endurer de telles températures ? Une froidure sempiternelle, des nues chargées qui larmoyaient sans cesse leurs corpuscules gelés qui, eux-mêmes, gélifiaient sa carcasse emmaillotée dans divers textiles et fourrures. Il s'exaspérait de voir la chaleur s'évader de ses lippes gercées, brumasse d'opale qui lui remémorait qu'il était certes toujours en vie, mais dans une environnement qui ne lui seyait pas le moins du monde. Une véracité qui avait inéluctablement pesé dans la balance de sa décision lorsque, il y avait tout juste un an, il avait quitté la compagnie fraternelle de Dante au profit d'un pèlerinage qu'il avait sincèrement espéré bénéfique – en vain. Mais que cherchait-il, au juste ? Une étoile à prier. Un feu sacré dans ce dédale au frimas curarisant, simplement une raison, pour continuer à errer telle une âme de bohème à mille lieues des siens, à mille lieues de la brûlante fragrance du désert. S'immoler avait été une perspective d'avenir, le sacrifice de soi pour des déités constamment alouvies d'âmes était un trépas honorifique, toutefois, si lui venait véritablement l'envie de sonner le glas de son odyssée existentielle, il aurait besoin du concours de son ami au crin rubigineux pour les rites funéraires. Sans la certitude que son macchabée ne serait pas abandonné aux rampants nécrophages, il lui était tout bonnement impossible de songer à une issue sépulcrale, au risque de souffrir d'innommables tourments avant qu'il ne soit réincarné et n'entame un nouveau cycle de vie – telles étaient les croyances de sa communauté ostrogoth. Et au-delà de tout, l'intuition qu'il lui restait encore des besognes à accomplir à la surface de ce putride microcosme l'empêchait de tirer sa révérence, tout autant qu'elle le lardait d'une frustration immuable et lancinante. N'y avait probablement rien de pire que de se sentir incomplet, en quête d'une part de son essence dont on ignorait cependant tout, il s'agissait de progresser avec une cécité pour le moins troublante et qu'il craignait incurable.

Ô douce panacée, où es-tu donc...

Une bourrasque souleva son immense chevelure et le fit rauquer une invective à la fourbe éolienne – à défaut d'avoir un compagnon sur lequel gerber sa bile, autant vitupérer le vent. Son regard s'éleva vers l'étendue enneigée et rocailleuse, qu'il n'avait décidément pas fini d'arpenter jusqu'à la capitale. Un soupir furibond, puis il reprit la route... jusqu'à ce que des lamentations ne fassent écho un peu plus loin sur le sentier. Plus contraint à la rencontre que réellement curieux des infortunes d'autrui, il arriva à hauteur de ce qui s'apparentait à une roulotte marchande, qui avait manifestement été éviscérée d'une partie de ses articles. Le propriétaire, paluches sur le crâne, déplorait les dommages et semblait en plein pugilat avec une force invisible. Qu'était-ce que ce drôle de saltimbanque enfiévré ? Un sourcil courbé, le titan finit par continuer à avancer et se retrouva au plus proche de l'olibrius, qui eut une réaction pour le moins inopinée en l'apercevant. « AAAAH !! Ne me tuez pas !! » Le bougre chuta sur les rotules et plaça ses mains en égide devant son faciès rubicond, sous l'oeillade perplexe du mercenaire. « Cesse de trembler couard, je n'vais pas te tuer. Ah bon... ? T'es juste sur ma route. » Et sans plus de cérémonie, le nomade contourna l'obstacle dans le dessein de poursuivre dans son labeur. « Hé ! A... attendez ! » Il s'immobilisa et vit l'homme galoper jusqu'à lui, un air de détresse peint sur ses traits. « Vous ne seriez pas une épée à louer par hasard ? P't'être bien. Oh merci Catharsis ! Je suis dans la panade, vous allez pouvoir m'aider ! J'ai la trogne d'un bon samaritain, marchand ? Non, ça... non, mais je suis sûr qu'on peut s'arranger ! Vous n'aurez qu'à choisir ce qui vous fait plaisir dans ma marchandise, hein ? » Zorkharr s'inclina légèrement sur le côté pour contempler lesdits biens. « C'qui te reste comme marchandise tu veux dire ? Oui bon je... M'intéresse pas. » Il fil volte-face mais son interlocuteur, décidément opiniâtre – ou désespéré – se mit devant lui. « Attendez, attendez ! Là... » Il sortit une aumônière visiblement bien garnie, qu'il feignit de soupeser pour faire oeuvrer l'envoûtante mélodie des piécettes qui s'entreheurtent. Un tintement qui enjôla l'esprit obligeamment vénal du mastodonte qui tendit ses phalanges, pour ne finalement qu'agricher le néant. « Tututut ! D'abord le service, ensuite le paiement. » Evidemment.

Le Krorag plissa les calots, sondant son vis-à-vis qui se transformait, aussi surprenant cela pouvait-il paraître, en employeur plus que potentiel. Qui aurait cru qu'il dénicherait un contrant ici, au beau milieu de nulle part entre deux bourgades ? Pas lui. Il croisa les bras et arbora un rictus équivoque. « Qu'est c'qui t'arrive ? Eh bien, je me rendais à Marlevale après être resté quelques jours à Hurlevent, je passe beaucoup de temps entre les hameaux des environs, affaires obligent et – La version courte. - euh... J'ai dû m'arrêter parce qu'une furie obstruait le passage, la démente s'est jetée sur moi et m'a menacé de son arme ! J'étais impuissant à la voir retourner ma caravane, et puis tout à coup, elle a tranché les sangles de mon bœuf et est partie avec ! Résultat, je ne peux plus avancer ! … Tu t'es fait agresser par une femme ? Ce n'était pas une simple femme ! On aurait dit que le feu des dragons de Solvkant brûlait en elle, elle était au moins haute... comme ça ! Epaisse comme ça ! Et elle était rousse ! T'as un problème avec les roux ? Moi ? Non... non non... » Le détaillant toussota, sentant poindre un léger malaise. « Et pourquoi un bœuf ? Tu peux pas prendre un cheval comme tout le monde ? Baaah, comme ça, ça se fait aussi. Ouiiii, bon, je... j'ai la phobie des chevaux, voilà ! » Cette conversation commençait à devenir beaucoup, beaucoup trop étrange au goût de l'Edenteur, qui hissa une mine incrédule. « Je m'demande pourquoi j'ai posé la question... Elle est partie par où ta succube ? » Il se vit indiquer une direction. « Prépare ma bourse, j'reviens. Le bœuf s'appelle Flocon ! » Alors qu'il était sur le point d'entamer la traque, l'insulaire se statufia, avant de biaiser un long et sombre regard plus qu'éloquent. « … mais « boeuf » ça ira bien aussi. »

Quel truculent revirement de situation. Voilà qu'il remontait la piste d'une donzelle bien hardie qui s'égayait à terroriser et voler les badauds sur les routes, exactement le genre qu'il abhorrait, mais aussi celui qui lui offrait un intérêt pécuniaire. Aux grands maux les grands remèdes, et avec lui, il n'était pas même question de cautères. Ces plaies mouvantes, il les cautérisait au fer chaud de sa hache qui trémulait aujourd'hui à l'idée de trancher de la drôlesse – mais seulement après qu'il lui aurait fait avaler son foutre, car tant qu'à faire, autant allier travail et plaisir. Ragaillardi par cette mission casuelle bien que burlesque, il suivit les indices et empreintes qui l'éloignaient de son itinéraire originel, la truffe humant l'air et parfaitement alerte quant à la moindre manifestation suspicieuse. Le forfait était frais, la fautive n'avait pu s'esbigner bien loin, en particulier si elle s'amusait à tracter un bœuf – ce dont, il avait beau y songer, il ne voyait toujours pas l'intérêt. Après un moment de recherches, la nouvelle résonance d'une phonation cette fois féminine lui parvint, et à en juger par la joliesse du dialecte, il doutait qu'il eut s'agit d'une gente lady qui avait égaré son chemin. Chevauchant une masse bovine, celle qui devait être sa proie suait à faire avancer l'animal rétif comme l'on sommerait à une monture hippique, vraisemblablement persuadée que l'on pouvait galoper sur l'échine de l'un comme de l'autre. Stupéfait par l'ubuesque scène, Zorkharr se transit d'hébétude, à la lisière de la fascination de voir l'hydre rouquine tenter de se faire obéir. Morbleu, de quelle grotte sortait-elle ? S'il était à une année lumière d'être un parangon de perspicacité en la matière, il savait encore ce qu'était un destrier et comment s'en servir, ce qui n'était point le cas de tout le monde ici. Il constata également que les affaires du marchand jonchaient le sol, preuve d'une culpabilité qui était, de toute façon, limpide comme de l'eau de roche. Le géant hâlé sortit de sa cache et rallia discrètement les abords de la jeune femme qui, trop occupée à exploser les tympans et à marteler les flancs du bovidé, ne le vit ni ne l'entendit. A l'image d'un spectateur devant une vaudeville, il observa, puis estima qu'il était temps pour lui de monter sur les tréteaux. Alors, discrètement, il retira sa ceinture, enroulé une extrémité autour de sa paume et, avec violence, fouetta le séant de l'animal. L'impact de la boucle en acier sur le derme même épais suggéra une vive douleur procréée au même titre que le beuglement de bœuf qui s'agita brusquement, et fit lamentablement valdinguer sa cavalière qui s'alita dans la neige.

« J'peux savoir à quoi tu joues, drôlesse ? Au mieux t'en feras une bonne pitance, mais c'est pas un cheval pauvre conne. » Il la toisa, puis opina négativement du chef pour marquer l'absurde de l'intention. « J'crois me souvenir d'une expression d'ici qui dit : qui vole un œuf, vole un bœuf. Bah t'aurais mieux fait de t'en t'nir à l'oeuf. » L'îlien brandit sa hache, qu'il installa nonchalamment sur son épaule. « Sois une gentille femelle et j'te ferai pas mal. Pas trop. Sinon c'est ta tête que j'porterai en pagne si tu m'les brises et que tu rapportes pas tout d'suite ça à son propriétaire, pigé ou faut que j'te le dise dans une autre langue ? »

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Sigrid

Guerrière Skaald

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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyJeu 1 Mai - 16:45

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the chosen one.

zorkharr & sigrid
Seule. Sigrid ne l’a jamais vraiment été, même lors de ses traques sur les terres givrées d’Endhelstein. Les Skaalds ont toujours été un peuple soudé et solidaire dans l’adversité, hantant les grottes d’Utgard comme le ferait une meute de loups à la hiérarchie primitive. Les guerriers ayant survécu au jugement de Loktis à l’âge de dix ans ont le devoir de protéger les autres - femelles soumises, sages Corbeaux, dextres artisans de leur groupe et enfants encore trop jeunes pour combattre. Ils sont tous des chasseurs émérites, barbares hirsutes à la peau crasseuse et aux fourrures épaisses leur donnant cette allure bourrue et inquiétante. Nés de la morsure du froid, pris dans les glaces mortuaires de cet hiver éternel, ils ont grandi dans cette osmose viscérale, dictée par la survie et faits glorieux à accomplir. Les Invaincus. C’est aussi ainsi qu’on les appelait. Et pourtant, si les barbares ont pu se confronter aux bêtes sauvages les plus féroces qui puissent fouler les terres d’Endhelstien pour se couvrir de leur peau, voilà qu’ils ne sont plus que des cadavres que Sigrid a du se résoudre à laisser derrière. Elle, qui n’a pas été là pour eux, trop occupée à talonner un jeune pleutre quand la sinistre silhouette les a exécuté. La louve a toujours été la plus rapide et la plus légère des siens, prédisposée à traquer leurs ennemis sur des lieues sans se fatiguer, flottant et filant malgré l’apanage encombrant qui la préserve du froid. Tandis que les autres, ces mâles tapageurs, ont toujours été pour la plupart baignés dans la force brute qui leur ont porté préjudice. Les barbares du Nord sont impitoyables et cruels pour la plupart - alors Sigrid ne les pleurera guère.
Elle est dorénavant seule à porter Loktis jusqu’aux terres sudistes, espérant entrevoir une vision au sujet de sa nouvelle meute qui saurait déchoir Jormungar. Car elle le sait, le vieux Corbeau lui a donné son don de clairvoyance, alors même qu’il exhalait son dernier soupir. Et c’est à elle de réunir les élus.

La rouquine renifle, chacun de ses pas faisant craquer la neige qui s’étale en une couche épaisse à ses pieds. Un vent cinglant lui souffle au visage, entraînant myriade de flocons qui viennent s’empêtrer dans les cils de la barbare qui rabat sa large capuche dans un geste agacé. Seule. Comme une ombre errant au gré des lueurs qui parsèment son chemin. Les grottes commencent à se faire rares, et la Skaald redoute d’approcher de trop près de ces masures qui se révèlent être notion de confort comme de menace. A force de trop malmener la populace, la meute s’est attirée les foudres des seigneurs qui ont pris soin d’engager des chasseurs de primes. L’homme baisé par les flammes y est parvenu, à les massacrer - et la voilà forcée à faire route seule et à fureter avec discrétion. Comme une bête en chasse. Toujours.

Dans une  respiration régulière, l’œil braqué sur le daim qui grignote quelques brins d’herbes émergeant de la couche glacée, la Skaald bande son arc, en partie dissimulé par le tronc noueux d’un hêtre au sein de ses congénères. Avec une mimique consciencieuse, Sigrid humecte ses lèvres fendues par le froid, la sapidité cuivrée lui enivrant les sens dans la jubilation de pouvoir manger du gibier. Le paysage est différent de chez elle et le climat plus clément n’en reste pas moins étranger à la donzelle à la crinière de flammes qui s’adapte tant bien que mal à son nouvel environnement. Le ventre vide, frustrée, et désespérément seule dans une quête dont elle n’a aucun indice, Sigrid espère au moins s’offrir becquetance digne de ce nom en cette journée maussade. Mais le hasard est une putain qui ouvre les cuisses au plus offrant. Autant dire, pas elle.

Il y a un craquement. Puis un roulis cahoteux, couplé à un sifflement égayé. Prise de court par ces manifestations, les doigts de la barbare dérapent imperceptiblement et la flèche file se planter dans l’écorce déjà ébréchée d’un chêne qui prend racine aux côtés de l’animal. « Merde ! » Vitupère-t-elle entre ses dents serrées. Le cervidé a vite fait de décamper en quelques bonds gracieux, laissant là une Sigrid qui incline son rachis pour biaiser un regard mauvais en direction du talus la dominant. Du chemin boueux perlé de neige, proviennent les bruits d’un attelage, mené par un bougre sifflotant qui n’a guère crainte de s’attirer mésaventures. Dans un rictus méprisant, la donzelle rabaisse son arc contre son flanc tout en grimpant la butte pour mieux se couler sous couvert d’un fourré qui lui donne vue sur l’importun. La carriole couverte tractée par un bœuf arrache un œil perplexe à la guerrière qui n’a pas pour habitude de voir des bêtes domestiquées. L’homme qui conduit l’animal est vêtu de laine et de cuir, saucissonné comme une pièce de viande qui ferait saliver l’affamée. Elle guette et le détaille ostensiblement dans un semblant de curiosité, songeant aux sacs remplis qui tintent à chaque mouvement du bestiaux. Si la barbare s’est évertuée à éviter les rencontres après avoir perdu sa meute un peu plus au nord, il est clair que la présence des marchandises éventuelles qui garnissent les sacoches l’intrigue. Sans oublier la présence de l’animal domestiqué qui, en plus d’être assez gras pour assurer son garde manger le reste du trajet, pique sa curiosité primitive. Elle a vu des monteurs de chevaux, alors pourquoi pas des monteurs de bœufs ?
Secouée par l’excitation et la faim qui lui ronge les entrailles, la rouquine s’anime aux bords du sentier dans un semblant de discrétion. Surgissant comme un diable des fourrés qui la dissimulent, elle décoche une flèche qui vient se planter dans la charpente de la carriole. La fulgurance de l’attaque arrache un sursaut à l’homme qui manque d’en avaler sa langue. « Ah ! Non ! Qui... » Le menaçant d’une seconde flèche, le museau penché pour l’intimider d’un sombre regard, la barbare fait un geste du chef pour l’amener à s’arrêter. Il freine dans un geste alerte et lève ses paumes de main dans un signe de reddition. « Ne me faites pas de mal, ma dame. Je... » La flèche fend les airs pour se planter dans le banc sur lequel repose le séant de son interlocuteur. « La ferme ! Vire ta main de là ! Ou j’t’émascule. Compris ? » Les doigts boudinés par le cuir se retirent prestement de l’intérieur de la doublure. Que croyait-il ? Pouvoir tirer sa dague de là sans qu’elle ne s’en aperçoive ? Un rictus goguenard étire les lippes gercées de la rouquine qui lui siffle sur un ton venimeux. « Descend de là. Tente quoi que ce soit et c’est ton cadavre que j’laisserai sur le bas côté. »
Sigrid ne se gêne pas pour malmener le marchand tout en lui arrachant l’arme qu’il cache dans la doublure de sa pèlerine de laine. Elle le rejette d’un pied dans le séant dans un entremêlas de ronces et ne se soucie guère de le voir se débattre en braillant comme un môme. La Skaald grimpe sur l’attelage et commence à en observer le moindre recoin, l’arc de nouveau sanglé dans son dos et la main caressant la garde de son épée courte au cas où. Se heurtant à toutes formes d’objets clinquants dont elle ignore l’utilité, la donzelle se drape de scepticisme, balançant sans remord cuivres par-dessus bord alors que le marchand blêmit à vue d’œil. Agacée et fort impatiente, elle redresse finalement son crin hirsute et emmêlé avant de sauter à même l’échine du bœuf pour trancher d’un coup sec les attaches à la carriole. Loin d’elle l’envie d’être ralentie par tout ce bric-à-brac qui tinte à alerter tous les bandits du coin. Ne sachant pas vraiment comment on est censé guider pareil bestiaux, la rouquine finit par éperonner ses flancs avant de couler une œillade espiègle au marchand qui la regarde filer, poings sur les hanches et œil effaré.  

Contente de son larcin, ondulant au gré des mouvements de la bête tout en fouillant dans les quelques sacoches ornant ses flancs, Sigrid se prête au jeu de patience pour essayer de deviner l’utilité de cette marchandise. Lorsqu’elle y trouve une miche de pain, un éclat victorieux embrase les prunelles cristallines de la barbare qui ne se fait pas prier pour l’entamer d’un vorace coup de dents. Le bovidé meugle à plusieurs reprises de mécontentement mais la rouquine se contente de le lorgner avec dédain. « J’t’ai pas demandé ton avis. » S’enquiert-elle de lui causer, peu habituée à des pérégrinations solitaires. La bête ne va pas bien vite, ce qui a le don de l’agacer, émiettant les bribes d’amusement qui lui restent pour en faire une sainte frustration. « Bouge ! Bouge que j’te dis ! » Le temps lui semble être interminable sur le dos de la bête récalcitrante. Elle a beau enfoncer ses talons dans ses côtes à lui arracher des beuglements intempestifs, le bœuf s’arrête et refuse de la mener plus loin. Se penchant sur lui, la rouquine se met à lui tapoter le crâne d’un index accusateur tout en lui crachant : « Marche, j’te dis. Ou je vais te bouffer... C’est ça que tu veux ?! Que je t’écorche. Que je t’éventre. S’pas un problème. » Ne cessant de l’agacer de par ses tapotements d’index, la furie reprend sur un ton rauque. « Ah tu vas finir par avancer ! Ca t’agace ça hein ? Hein que ça t’agace ? » Renfrognée dans sa bêtise, prête à jeter quelques miettes de pain dans l’espoir d’amener le bovidé à avancer ce ne serait qu’un peu, la Skaald ne remarque pas la silhouette massive de l’individu qui se gouaille à la voir faire.

Le claquement de la ceinture lui fait ouvrir des yeux effarés alors que dans un élan alerte, l’animal se met à ruer. Prise au dépourvu, la rouquine bascule vers l’arrière, incapable de se retenir à l’échine frémissante du bestiaux et retombe lourdement dans la neige qui épouse sa silhouette. « Bordel ! » Rugit-elle douloureusement alors qu’elle se redresse sur les coudes, balayant sa capuche de sa tête pour reprendre ses esprits. Elle cligne des yeux, encore hébétée par sa chute avant de détailler la physionomie de l’homme qui la surplombe. La stature imposante la fait tressaillir et son expression faciale se saisit de circonspection. J’ai du m’cogner trop fort, c’est pas possible. Des hommes de cette envergure, elle en a bien croisé dans sa vie - mais ils étaient tous Skaalds et ils sont maintenant morts ou trempés dans leur félonie blasphématoire. La peau cuivrée du colosse est la première chose qui lui saute aux yeux. Arrimée à ses traits taillés à la serpe et à sa toison d’ébène qui fait ressortir ses orbes d’acier, la rouquine reste un instant stupéfaite - écoutant distraitement son verbiage acariâtre. Le sentiment de menace grimpe dans la gorge de la Skaald pour l’étrangler dans une méfiance exigüe et lorsqu’il achève son petit laïus en exhibant sa hache qui luit d’un éclat mortifère, Sigrid finit par plisser les yeux avec animosité. « Mais t’es quoi, toi ? L’chien de garde de ce con de chiard ? »
La question lui échappe dans une impulsivité qu’elle aura tout le loisir de maudire par la suite. Faisant aller son regard du titan à la peau cuivrée à l’arme qu’il porte avec nonchalance contre son échine, la donzelle finit par se carapater séant à terre. Elle, se rendre ? Autant dire que ce serait comme cracher à la gueule de son peuple et des valeurs qui l’ont bercé. Tandis qu’elle rampe avec détresse entre les pattes du bovidé, elle finit par se servir de lui comme d’une frontière entre elle et son nouvel ennemi. Se relevant derechef, elle encoche une flèche à son arc qu’elle braque sans crier gare vers le guerrier fauve. « Tu t’approches et j’te fends la poire de quelques plumes. » Qu’elle le menace avec opiniâtreté. Son souffle saccadé libère des volutes de brume hivernale mais elle garde contenance face à son adversaire - aussi impressionnant soit-il. « Je me suis arrêtée le temps d’un casse-dalle. T’as qu’à lui ramener la bête si t’y tiens tant qu’ça. De toute manière, elle semble aussi bourrue qu’toi. J’suis sûre que ça pourrait coller entre vous. » Elle lui jette un regard velouté de moquerie avant d’esquisser quelques pas vers l’arrière, profitant de la carrure du bœuf entre eux pour prendre de la distance. Lèvres pincées avec impertinence, la donzelle au crin de feu semble hésiter, le doigt effleurant la corde sensible. « Dégage. Comme si t’avais b’soin de marchander pour gagner ta croute. Putain d’homme soumis à d’autres pour quelques piécettes. Vous êtes vraiment tous pareils dans l’coin. » Sigrid crache au sol pour témoigner de son mépris. Après tout, c’est un homme de sa trempe qui lui a ravi ses compagnons. Malgré la curiosité qu’il distille en elle de par sa carnation étrangère, la Skaald se sent l’envie de galoper. Décochant sa flèche sans pour autant vraiment viser l’énergumène - juste une manière pour elle d’entretenir l’appréhension - la guerrière tourne les talons pour bondir à travers les fourrés et se dissimuler aux yeux du colosse au derme bigarré. La louve gronde alors qu’elle courbe l’échine pour toiser l’impudent. L’ennemi d’envergure. De quoi aiguiser son instinct de chasse. A coup sûr que cette peau hors norme ferait une belle pièce parmi son pelage hivernal.

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Zorkharr

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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyVen 2 Mai - 13:08

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The She-Wolf
      The Chosen One
     

E
lle ressemblait à un brasier nippé d'une fourrure, ou peut-être, juste à une flammèche qui aurait bondi d'un âtre et serait venue s'égarer dans l'hiver. Quelle idée avait-on eue de l'avoir burinée avec le museau d'une chienne enragée et si ténue à côté ? Elle lui faisait cruellement penser à une brindille qui tentait de vociférer plus fort que le sirocco, et si c'était tout ce qu'il fallait être pour épeurer les quidams des environs, il ne s'étonnait guère de voir régner un tel chaos ubuesque sur ce continent. Et elle qui le toisait depuis son bain de neige, c'était comme si un ours ou quelque créature dantesque que ce soit venait de lui apparaître, et que ce soit pour sa toison de jais ou son gigantisme qu'elle le mirait de la sorte, elle lui ployait une furieuse envie de lui piétiner sa trogne de larronnesse en herbe. Les oeillades curieuses, contemplatives et surtout effarouchées n'étaient point rares, ce qui ne signifiait pas qu'il les appréciait pour autant, encore moins qu'il s'y était accoutumé depuis le temps qu'il les endurait. Mais puisqu'il s'agissait de détailler le portrait de l'autre, le Krorag se prêta également à l'exercice, méprisant de ses calots indociles les esquisses angulaires qui ébauchaient la physionomie ennemie. Une mâchoire prééminente qui aurait pu mystifier sur le genre de l'individu si le galbe n'avait pas été façonné en conséquence – et encore, il se promettait de mettre la main à la pâte pour vérifier lesdits attributs – deux mirettes rogues et des houppes corail, elle était à ses yeux l'effigie d'un fennec. Et le fennec roqua, comme si le chien de garde du chiard avait eu le malheur de pénétrer son territoire, avant de se mettre à ramper sur le sol pour essayer de... s'esbigner ? La fuite était pour le moins truculente, il le concédait, et en fut tant fasciné qu'il ne se mut pas, même s'il se plut à rêver que le bovidé lui défèque sur la tête au passage – la situation aurait été cocasse. Où espérait-elle aller comme cela ? Comptait-elle sur Flocon pour la préserver d'un sort qu'aucune gourgandine ne lui envierait ? Si elle pensait lui échapper en imitant les vipères, elle se fourvoyait lourdement, mais l'intuition du colosse lui confiait qu'il n'avait pas fini d'être pantois.

Et voilà que l'animal au nom nival fit office d'énorme rondache mouvante, tandis que la bougresse bandait son arc et le visait d'une pointe reluisante. Une arme qui heurtait à distance était un stratagème de pleutre sans envergure guerrière, un rictus rebuté orna la commissure labiale du barbare qui observait la bête rubigineuse avec un flegme dénigreur, attentif aux nues blanchâtres qu'elle expirait avec nervosité. Il était comme un prédateur se délectant de l'angoisse fardée de sa proie, envoûté par les palpitations qu'il entendait presque marteler de sa place et qui éperonnait son instinct de chasse. L'euphonie de l'effroi était peut-être encore plus subjuguant que la mélopée du mourant, c'était de l'appréhension du rival dont se sustentait le courage du combattant – et il ne parlait pas de ces sigisbées en robe d'acier qui ne juraient que par l'honneur et la probité. Le quolibet, il l'essuya d'un plissement oculaire qui souligna davantage la noirceur d'un regard naturellement cabalistique, exaspéré mais peu surpris de découvrir que la harpie avait un humour aussi discordant que sa personnalité. Elle recula, cracha son glaviot au même titre que son fiel, qui résonna comme curieusement familier. Autrefois, la vénalité lui avait aussi été une notion écoeurante, qu'il avait considéré avec un mépris profond et qu'il avait pensé immuable jusqu'à ce que Dante lui ouvre les yeux sur la survie et les sacrifices que cela impliquait. Zorkharr avait beau se sentir et se prôner Krorag, il n'était plus parmi les siens, et ne pouvait de ce fait plus jouir des rouages communautaires qui faisaient de ladite survie plus une liesse qu'une besogne. Son erg lui manquait, tous ses frères et sœurs desquels il n'avait pas été digne, et cette cohésion tribale qui outrepassait l'entendement et rendait le quotidien infiniment plus agréable. Cela le répugna, mais il s'aperçut un succinct instant à travers elle, et malgré lui, elle parvint à piquer sa curiosité. Qui prit son essor lorsque la flèche glapit non loin de lui à l'instar d'un avertissement criard, et avant qu'il n'ait eu le temps de grogner, la rouquine s'était déjà réfugiée dans un hallier pour en faire sa piètre carapace. Cette affaire allait être laborieuse, il le sentait.

Déjà fatigué des cabrioles de la coquine, il fit rouler ses calots puis se mit à approcher sans une once de crainte, entamant le dialogue pour faire diversion. « Tu crois que la boustifaille ça pousse sur les arbres tronche de feu ? Et tu crois que lécher l'cul des continentaux pour du putain de métal qui brille m'fait jouir ? Détrompe-toi, j'en gerbe rien qu'à l'idée, j'ai juste envie de leur péter la denture et d'y fourrer leur saloperie d'monnaie, mais c'est pas comme ça que ça fonctionne ici, va falloir t'faire une raison et arrêter d'chialer parce que ta tête vaut quelques piécettes. Tu l'as cherché, et dommage pour toi, c'est moi que t'as trouvé. » Se résigner, voilà bien une chose qu'il avait appris à faire au gré de ses péripéties et de la pédagogie obligée du Firebeard, occultant une partie de ses croyances sans pour autant y renoncer. Voleuse et mercenaire avaient-ils plus en commun que les apparences ne le suggéraient ? Probablement, mais il n'en avait cure. Désormais aux abords de la cache d'infortune, il renâcla. « Assume tes conneries au lieu de te planquer, renarde, ou ferme ta gueule et m'ramène pas ta morale si t'es pas capable de r'garder la mort en face. » Sans crier gare, il leva sa hache contre la lame de laquelle claquaient des chapelets de dents et l'abattit froidement sur le fourré qui se morcela, et s'il avait souri en imaginant lui fendre la boite crânienne, force fut de constater qu'il l'avait ratée, car aucune giclure hématique ni même de cri moribond ne ponctua son geste. Un sourcil courbé, il s'inclina vers le buisson avant de constater que celui juste à côté gesticulait étrangement, il ne perdit donc point une seconde pour lui faire subir le même sort... toujours en vain. « Mais ! Tu vas arrêter de bouger grognasse ?!! Laisse-toi faire ! » Et il continua à trancher, une fois, deux fois, trois fois, sans succès, s'improvisant saltimbanque pour certainement le plus grand plaisir de la Skaald, qui commençait très sérieusement à entamer la patience du mastodonte. « Raaaaaah !! Je sais que t'es là-dedans ! » Dans le dessein de vérifier, il y plongea la paluche en quête de la récalcitrante, sans s'attendre à l'offensive qu'il était sur le point d'essuyer. « … ?... AAAH CHIURE DE CHACAL !! LACHE !! » Hurla subitement le géant en peine dans son dialecte maternel, qui arbora ensuite une expression torsadée de douleur. La rousse rétive venait de saisir ses doigts entre ses mâchoires, ses crocs plantés dans le derme de cuivre du titan qui tentait de récupérer son bien sans s'estropier au passage. Plus il tirait, plus il sentait les organes durs d'ivoire lui déchirer la carne comme si elle était résolue à endiguer sa faim par un peu d'anthropophagie – et pour un ostrogoth qui, lui, mangeait véritablement de la chair humaine dans certains cas, c'était le comble. Fort heureusement, il réussit à se dégager de l'étau maxillaire dans un râle guttural et évalua un bref instant les dommages, ses phalanges sanguinolentes mais encore entières. « Tu vas l'regretter !! » Même si elle ne pouvait pas comprendre le krorag, l'intonation empruntée suffirait à lui donner une idée de la menace qui pesait sur son minois.

Lourde arme de nouveau brandie, l'Edenteur se remit à tailler les halliers un par un au gré des bonds de la chafouine, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus nulle part où se dissimuler. A peine montra t-elle la truffe dehors qu'il l'accueillit d'un crochet du droit, lui explosant les voies nasales qui larmoyèrent de longs filets pourprins. Il la laissa choir dans la neige sous l'impulsion de l'impact, le temps pour lui de rengainer sa hache et de la délester de tous les outils tranchants et contondants ainsi que de lancer son arc au hasard, que le pauvre bœuf se reçut d'ailleurs sur le coin du museau. Une fois cela fait, il harpa le crin de braises d'une poigne péremptoire et la releva quitte à le lui arracher. « J't'avais dit d'être une gentille femelle, mais puisque tu veux jouer, on va jouer ! Reste consciente parce que j'veux t'entendre crier ! » Avec une risette de lucifer, il se pencha et lécha allègrement le visage de la succube pour goûter au fluide de garance qui le lui jaspait, sa langue chaude glissant sur les lippes entrouvertes avec une délectation sauvage qui le caractérisait. Puis, il la traîna brutalement jusqu'à la paroi de roche noire constellée de neige et de givre pour y aplatir la figure de sa captive, sa paluche libre trouvant instantanément l'itinéraire de l'entrecuisse féminin qu'il palpa, salive aux babines comme un mâle en rut. « T'as moins de burnes que c'que t'aimerais me faire croire, même si j'ai eu un doute en t'voyant, mais c'est bien la fente d'une femme que j'sens là. » Un ricanement de rogomme retentit proche du tympan de l'hydre immobilisée, un mauvais augure pour la suite des évènements. Et tout en la plaquant contre la rocaille de son propre corps, il chercha à la dévêtir à des fins grivoises. « Serre les fesses si ça t'chante, tu la sentiras quand même ma grosse soumission ! »

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Sigrid

Guerrière Skaald

Sigrid
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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptySam 3 Mai - 17:30

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the chosen one.

zorkharr & sigrid
Pourquoi lui a-t-on mis pareil adversaire sur son chemin ? Est-ce un signe ? Cela signifie-t-il que la terre promise est proche, de par ses mœurs contrefaites et ses énergumènes étonnants ? C’est la première fois qu’elle croise pareil bougre exotique et si la louve n’est pas sans savoir se battre contre des galbes masculins aussi intimidants, force brute qui écrase et piétine sans remord, c’est avec circonspection qu’elle découvre cet ennemi là. La matoise le reluque de derrière ses fourrés, les sens alertes et le goût du carnage en bouche. Elle s’apprête à encocher une nouvelle flèche à l’adresse de l’individu mais ce dernier se met à avancer dans sa direction, ce qui coupe court à toute initiative. Elle l’entend causer et ne peut s’empêcher de tendre l’oreille dans une attitude revêche. Sa tête, mise à prix ? Ça ne fera que la seconde fois en l’espace d’un mois dans ces terres de misère. Seule, se heurtant à l’inimitié du sud, Sigrid songe sérieusement à se trouver une grotte dans les flancs montagneux plus à l’est et d’y résider des mois durant pour se libérer des menaces persistantes. Maudite. Doit-t-elle ramper pour gagner la liberté de sillonner le sentier à sa guise ? Acquérir quelques piécettes par des moyens détournés et se civiliser pour rentrer dans les normes de Middholt ? Evidemment que ça lui arracherait la gueule. Les paroles du mercenaire ne tombent pas dans l’oreille d’une sourde et elle le scrute avec défiance, cherchant quelconque échappatoire à sa situation épineuse. Il dit s’être résigné à adopter ce comportement pour survivre sur ses terres imbues de valeurs barbantes, et elle accueille la remarque en haussant un sourcil plein de sarcasmes. T’es qu’un chien agenouillé. Et tous tes mots barbares n’y changeront rien. Tapie contre la sylve givrée, la rouquine guette son adversaire approcher en bougeant au gré de ses inclinaisons. Si elle tourne les talons et qu’elle détale dans la plaine, ça donnerait raison aux provocations du guerrier, et la fierté de la Skaald le lui interdit. Regarder la mort en face ? Elle étouffe un ricanement moqueur - refusant d’accorder un tel honneur au bougre à la peau cuivrée. Ouais c’est ça, approche. Ses appréhensions la font frémir de la tête aux pieds dans un amusement périlleux. Souplement campée sur ses pattes arrières, l’échine recourbée pour dissimuler sa carrure aux yeux de l’importun, Sigrid le regarde approcher en démystifiant sa menace d’un sourire goguenard. Alors qu’il lève sa hache d’envergure pour l’abattre dans l’un des fourrés voisins, la donzelle retient son souffle en esquissant un geste de côté par instinct de préservation. Déterminée à égrener la patience du titan à l’instar de sa bêtise démesurée, la rouquine s’amuse à bouger de buisson au gré de ses attaques virulentes. S’amusant à le voir hacher allègrement toutes les feuilles dans une offense chaotique à Mère Nature, la Skaald finit par se tapir, ses orbes d’acier braquées sur le colosse s’apprêtant à plonger la main vers sa boîte crânienne. Dans un sursaut, la donzelle tombe sur le cul et pointe le museau en direction de la paluche épaisse qui tend à la saisir. Saisie par son instinct primaire, Sigrid mord à pleine dents dans la chair offerte, menaçant d’arracher quelques phalanges à celui qui a osé se moquer d’elle. « Humph ! » Accrochée à l’ennemi comme un animal enragé, la fragrance ferreuse embaumant ses sens, la rouquine refuse de céder aux remarques intempestives lâchées dans le jargon barbare de son adversaire. Malmenée par l’agitation de ce dernier, elle finit par lâcher le robuste morceau de viande, les commissures de ses lèvres et le menton perlés par le précieux fluide vital. Renversée sur son séant, maintenant son rachis par ses mains plantées dans la neige, la donzelle essaie de bouger rapidement au gré de la hache qui s’abat avec fureur vers son buisson. Manifestement, le mercenaire est remonté, et Sigrid manque de se faire raccourcir à plusieurs reprises, étouffant glapissements de colère en roulant du mieux qu’elle peut pour s’éloigner. Prise à son jeu de furtivité par le flagrant manque de cachette que lui offre la végétation ratiboisée, la Skaald se retrouve vite en fâcheuse posture, lorgnant d’une œillade effarée la silhouette furibonde se jeter sur elle. Le poing qu’elle se reçoit en pleine tronche la déstabilise dans sa tentative de se redresser et la myriade d’étoiles qu’elle entrevoit la fait tomber au sol dans un grondement étouffé. Elle porte instinctivement quelques doigts à sa cloison nasale déviée, inspirant un gémissement entre ses dents serrées. La douleur se répand dans son crâne et elle couvre son visage grimaçant de ses deux mains gantées. Sonnée par l’uppercut, elle gesticule peu sous les paluches de l’homme qui lui arrache ses lames avant d’éloigner son arc. « ‘Foiré ! » Parvient-elle à articuler entre deux reniflements. Quand Sigrid ouvre les yeux, c’est pour voir son bourreau lui arracher le cuir chevelu pour la remettre sur ses pieds, lui vociférant une menace qui n’annonce rien de bon. Empoignant sa crinière avec férocité, le guerrier la force à se courber, sa bouche tâchée de sang tordue dans un rictus méprisant. Tandis qu’il lèche avidement le liquide carmin qui dégoutte de son visage, allant jusqu’à taquiner ses lippes de sa langue inquisitrice, la Skaald est trop occupée à reprendre ses esprits pour le gratifier d’un coup de dents hargneux. Et pourtant, ce qu’elle aurait aimé pouvoir profiter de leur proximité pour lui arracher une oreille ou la carotide - lui prouvant ainsi que son barbarisme peut-être égal au sien. Mais en vain. Dépossédée de combattivité en l’espace de quelques secondes, empêtrée dans ses sensations nauséeuses, la rouquine se voit traînée jusqu’à une paroi rocheuse contre laquelle il l’agglutine brusquement, face contre pierre. « Lâche moi ! Sale con d’agenouillé. » Proteste-t-elle en ondulant l’échine par de brefs à-coups. Le rustre l’écrase de sa lourde charpente, lui coupant le souffle de par son initiative lubrique et elle serre les dents, fulminant dans son enveloppe charnelle affaiblie. « Vire ta patte d’là ! T’m’as compris ?! » Rugit-elle en sentant les épaisses paluches masculines entreprendre de la déculotter à l’air hivernal. « J’suis une femme libre, pas une chienne qu’tu peux... Aie ! » Quand elle était encore à Endhelstein, la rouquine a bien du refroidir quelques ardeurs de ses compagnons d’armes qui croyaient bon de pouvoir la saillir comme une vulgaire louve soumise à leur hiérarchie phallocrate. Sigrid s’est battue pour préserver ses droits de guerrière, gagnant le respect de ses pairs en leur faisant bouffer de la neige à plusieurs reprises. Plus jamais depuis, les Skaalds ne se sont permis de la toucher - et maintenant, ils ne sont guère là pour lui éviter le sort que lui réserve l’étranger. Les phalanges entreprenantes du barbare pressées contre le bas-ventre de la rouquine ne lui arrachent que frissons furibonds. Battant des bras pour alpaguer tout ce qui pourrait se présenter à sa portée, la joue masculine collée contre la sienne alors qu’il jubile d’un air conquérant, la Skaald finit par se tortiller. Son initiative, en plus de probablement exciter le mâle dominant - vise surtout à se défaire le buste des peaux de bêtes qui crées un ensemble rigide chargé de couper les bourrasques du blizzard. Sûrement le mercenaire s’empêtre-t-il dans son envie de fourrer sa queue quelque part, car il ne se rend pas de suite compte de la manœuvre de la donzelle qui se dérobe à sa poigne pour mieux se glisser au sol et le laisser étreindre ses frusques de laine et de fourrures.

Piquée par l’adrénaline et n’ayant guère le temps de s’appesantir sur ses miches dénudées et sa peau offerte aux températures négatives, la guerrière s’élance vers l’attelage pour mettre le plus de distance entre elle et son adversaire. Bondissant par dessus la carcasse animale qui meugle pour rappeler qu’elle est belle et bien là, la Skaald entraîne dans son élan les sacoches sanglées qui se renversent dans un tintement sonore. Elle se rattrape dans un flottement incertain et finit par braquer ses prunelles sibyllines autour d’elle dans l’espoir de discerner ses armes dispersées. Elle se rend vite compte que le barbare à la crinière sombre et au regard peu amène n’est qu’à quelques mètres et profite du bœuf qui les sépare pour se saisir de la neige à ses pieds. « Attend ! On peut causer toi et moi ? » Ose-t-elle en ouvrant une paume de main vers lui. « J’suis sûre que tu es l’un des élus dont parle la prophétie Skaald. Ma tête vaut vraiment l’prix que t’as donné ce pauvre type geignard ? » Se défend-t-elle comme elle peut. Pour ponctuer sa question, la rouquine lance avec témérité une boule de neige qui vient frapper le titan en pleine poire. En espérant que ça refroidisse ses ardeurs... « R’garde dans cette marchandise. Tu peux prendre c’que tu veux. Même le bœuf. Moi je m’en fous, je cherche juste à partir vers le sud pour trouver des guerriers qui puissent défaire mon ennemi. » Sigrid s’empresse de former une autre boule de neige entre ses mains encore gantées et la balance derechef sur son interlocuteur, allant ainsi percuter son torse pour disparaitre en une kyrielle de flocons givrés. « Tu m’écoutes... ? » La tête enfoncée dans ses épaules, la rouquine regrette plus que jamais d’avoir abandonné la chaleur de ses vêtements. Alors que sa peau nue non exemptée de quelques cicatrices se bigarrent de rougeurs bleutées, la donzelle replie un avant bras contre ses seins douloureux en lorgnant son ennemi avec animosité. Échapper des paluches persécutrices de ce barbare pour finir baisée par le froid - ça c’est encore un charmant coup du sort.



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Zorkharr

L'Édenteur

Zorkharr
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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyLun 5 Mai - 15:35

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The She-Wolf
      The Chosen One
     

C
'était ainsi qu'il les adorait, quinteuses, l'âme revêche, et la croupe convexe à en faire roidir un rat d'église. Qu'elle gigote, oh, qu'elle s'en donne à cœur joie, et choque de ses cambrures l'organe viril qui s'enorgueillissait au gré de la rebuffade. Il n'escomptait pas mieux que sa résistance si cela signifiait exciter ses sens les plus scabreux, car plus émoustillant encore qu'une femelle passive, c'étaient des cuisses qui répugnaient à s'ouvrir. Il laissait la suave putaille à qui aimait payer pour un service qu'il était meilleur de profaner, les créatures rétives avaient toutes cette propension inconsciente d'offrir au violateur plus que la sensation de mâle repu, en particulier lorsqu'elles finissaient le coït avec la gorge tranchée, à agonir dans leur propre sang tandis que la semence les souillait. Zorkharr se languissait de voir le vermeil jasper la neige virginale après qu'il l'ait ointe de sa turpitude, et s'il lui laisserait gracieusement ses dents, il songeait déjà à scalper ce beau crin rougeoyant pour le ramener en preuve morbide à son employeur du moment. Des vilenies, des blasphèmes, il pourrait en faire à ce corps de gypse blanc qui contrastait atrocement avec sa carnation exotique, elle ne serait jamais rien qu'une de plus dans son innommable palmarès. Si elle avait été plus sagace, elle aurait subito pris ses jambes à son cou en l'apercevant, il ne se serait pas exténué à lui courir après tant qu'il pouvait récupérer les brides du bovidé et le rapporter à son propriétaire. Mais il avait fallu que la pauvre écervelée fasse claquer sa langue pour autre chose que le faire jouir et décoche cette flèche qui les avait condamné elle et son croupion – dommage, cet halo subtil de primitivisme était parvenu à l'intriguer, tant pis pour lui – tant pis pour elle. Le souffle de rocaille et le stupre ardent, il se débattait avec les nippes tout en mettant la piètre résistance en déroute, trop concentré à tenter d'apercevoir une parcelle de nudité pour constater et comprendre ce qu'était en train d'ourdir la sauvageonne. Une femme libre, pas une chienne, et pourtant, il allait la faire japper comme aucun autre bélître avant lui – si tant est qu'il n'ait pas été le premier à lui chatouiller la vulve.

A brûle-pourpoint, il la sentit choir – se pâmait-elle ? Non ! Elle s'esbignait, la bougresse ! Avant qu'il n'ait eu le loisir d'y mettre son véto barbare, la tignasse de braises se faufila avec dextérité hors de son étreinte licencieuse et il n'eut plus que  ses épaisses hardes à empoigner. Le nomade émit un râle frustré puis fit aussitôt volte-face pour contempler la fuite de sa proie, mamelles à l'air givré sans que cela ne semble de prime abord l'offusquer. La scène et l'idée qu'elle puisse se retrouver avec les tétons bleutés le fit succinctement rire, avant qu'il ne commence lentement à ravaler la distance si durement instaurée, une phosphorescence lubrique au fond des prunelles. Curieusement, elle brandit l'étendard de la diplomatie, elle qui avait pourtant inoculé le germe de la violence en osant le cibler de son arc. Il ne se serait pas arrêté pour lui ployer du répit s'il n'avait pas été interloqué par ses élucubrations sans queue ni tête, qui lui fit d'ailleurs incliner la sienne sur son côté senestre. « La prophétie Ska-quoi ? De quoi tu m'causes ribaude, j'ai ja-- » Paf. Une orbe nivale en plein faciès qui plus que le meurtrir le décontenance totalement, et à l'instar d'un animal, il s'ébroua avec tapage en chassant la matière glacée de tous les orifices de son visage. « Bwah ! Non mais, toi... !! » Les dieux savaient à quel point il abhorrait le Nord et tout ce qui y avait attrait – dont ce qu'il était persuadé être des bribes de nuages qui, ainsi lancées, avaient au moins le mérite de lui rafraîchir les idées, c'était le cas de le dire. En revanche, la mauvaise pantalonnade exacerba son ire et ce fut sans même broncher qu'il endura l'impact du second projectile qui ne créa qu'une sphère humide et sensiblement blanchâtre sur son vêtement. « J'm'en branle de tes conneries et tu vas en avaler l'foutre, de gré ou de force ! » Excédé, il exhala des volutes par les narines qui lui donnèrent l'allure d'un véritable taureau, puis chargea vers son interlocutrice pour finalement se heurter au bœuf qui n'en fut pas enchanté. Les serres de l'Edenteur s'essayèrent à agripper la guerrière – essai infructueux grâce à un beau réflexe de cette dernière qui avait fait un bond en arrière. Chemin obstrué par le steak sur sabots, le Krorag le bouscula sans ménagement et se jeta sur la pauvrette, qu'il captura enfin.

Sigrid attrapée par l'échine, une main écrasée sur l'un de ses seins nus et l'autre à sa taille, il la souleva du sol, luttant pour l'immobiliser  tandis que, fidèle à elle-même, elle s'agitait comme si elle avait eu le diable au corps. Une pétulance qui fit vaciller le titan sur la droite, où sa chausse rencontra une épaisse couche de glace qui eut raison de son équilibre. Tous deux chutèrent puis roulèrent tout le long d'un coteau jusqu'à s'écraser non loin l'un de l'autre, un atterrissage qui résonna plus lourdement pour le quidam, mais qui ne serait vertement pas sans conséquence pour le derme démuni de protection textile de la harpie à demi ensevelie. Etourdi par la culbute, Zorkharr demeura un instant en forme d'astérie sur son tapis lilial, la physionomie lacérée par un aquilon mordant qui se rappelait à son bon souvenir. Sa denture grinça, et après s'être assuré que la lame de sa propre arme ne lui avait causé aucun tort, il se releva en observant les alentours. Au même moment, la Skaald s'élançait telle une gazelle pour gravir la butte qu'ils venaient de dévaler, et tant de prestresse ne pouvait signifier qu'une chose : elle avait un plan, un qui serait de mauvais augure pour lui. Ni une, ni deux, il se mit à la pourchasser avec l'avantage de ne point être à moitié ankylosé par la froidure atmosphérique, si bien qu'il la rattrapa juste avant qu'elle ne récupère son carquois et tout le matériel nécessaire. Il la percuta d'un furieux coup d'épaule qui l'envoya de nouveau sur le sol, et après avoir shooté dans l'étui qui contenait les flèches dans le but de l'éloigner le plus plausible, il la toisa.

« Bien essayé, mais tu commences sérieusement à m'emmerder ! Si tu crois que j'vais m'apitoyer sur ton sort, tu t'carres le doigt dans l'oeil jusqu'à l'épaule, j'ai horreur de cette putain d'neige et tu m'en as fait bouffer ! J'baiserai ton cadavre encore chaud, tant pis pour ta gueule. » Il saisit sa lourde hache dont le tranchant scintilla d'un éclat létal et arbitraire, puis, il avança, pas à pas, contraignant la condamnée à ramper par terre dans l'espérance infertile de lui échapper. Elle pourrait bien tenter de le mystifier, de le convaincre et même de l'implorer qu'il cracherait sur la notion de miséricorde. Et avec un rictus lascif, il admirait les atouts busqués du buste féminin danser à la moindre mouvance de leur propriétaire qui s'inquiétait probablement bien plus pour sa vie que pour eux. « Nan, j'ai une meilleure idée... j'vais te trancher les deux bras histoire que tu t'tiennes tranquille le temps que j'te monte, et après, j'aviserai si tu mérites que j't'achève vite ou lentement... A moins que tu préfères que j'te cisaille les doigts et que j'remonte petit à petit ? Si t'es sage j'm'arrêterai aux coudes, et j'te ferai goûter à ta propre viande pour voir ce que t'en penses. » Il continua de marcher, jusqu'à ce que le râble de la succube ne heurte la paroi rocheuse et qu'elle ne puisse plus se déplacer. Une bourrasque émit un hurlement fantomal, soulevant crinière rubigineuse et noirâtre dans un tableau presque spectral, comme si la nature elle-même se faisait spectatrice impatiente des supplices énoncés. L'arme s'éleva au-dessus du crâne du mastodonte, qui sourit en l'apercevant ériger une égide de ses frêles avant-bras qui se croisèrent devant elle. Tout à coup... dans la paume martyre, il distingua un objet inopiné. « … Quoi ? » La lame se rabaissa, et résolu à vérifier, l'îlien se pencha en plissant les paupières. « Comment... ? Où t'as eu ça ?! » Il ne se rendit compte que trop tard qu'il avait bramé dans son dialecte natal, dont elle ne risquait pas de comprendre un traitre mot, aussi se reprit-il, manifestement aussi désarçonné que furibond. « Où t'as trouvé ça ?! Là, ce que t'as dans la main ! Tu l'as volé c'est ça ?! T'as osé dépouiller une Krorag ?! » Au creux de sa main ? Une petite statuette d'un blanc tirant sur l'ivoire qui faisait office de pendentif, un fétiche sculpté dans de l'os qui représentait ce qui s'apparentait à une femme tenant sur son crâne une mystérieuse sphère. Dans la culture de sa peuplade, les femelles étaient apparentées à l'astre sélénite, tandis que leurs mâles l'étaient à celui diurne, et la fameuse figure était notamment offerte aux épouses et aux concubines lors de leur première grossesse, la sphère symbolisant la lune ainsi que la panse fécondée des parturientes. Un emblème de protection et de maternité. « C'est censé se trouver au fin fond du désert des Iles Brûlées, pas ici ! C'est juste... impossible ! C'est sacré putain, ça appartient à mon peuple ! MON PEUPLE ! » Enragé par la découverte qui lui retournait les boyaux, ses phalanges se crispèrent sur le manche de son arme, puis... une fulguration de lucidité lui fit mirer en direction de la marchandise étalée, et il fit promptement le rapprochement. Il n'avait pas vu la rouquine en possession de l'apparent colifichet plus avant et elle ne l'avait décemment pas sorti du peu de frusques qui lui restaient. Stupéfait et quelque peu perdu, il revint sur elle et la jaugea avec férocité. « Donne ! »

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Sigrid

Guerrière Skaald

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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyMar 6 Mai - 10:07

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the chosen one.

zorkharr & sigrid
A cause désespérée, réflexes stupides. En plus de ne pas du tout calmer les ardeurs du mâle en rut, la perspective d’une bataille de boules de neige n’a pas l’air d’égayer le barbare à la mine rembrunie par l’outrage. Alors, voilà qu’elle le maudit, cet instinct qui l’a poussé à voler ce marchand. Si elle s’était enfoncée un peu plus dans les terres, jamais elle n’aurait vu sa pitance se carapater dans les sous-bois en entendant le raffut causé par ce geignard d’agenouillé. Et elle ne serait pas là à se peler les miches dans la perspective de finir démembrée, souillée, et aussi froide que les nuits d’éternel hiver. La menace proférée par son bourreau lui arrache une expression farouche tandis qu’elle presse ses bras contre son buste, recroquevillée et maudissant le froid qui la secoue dans un tremblement irrépressible. Ce n’est pas franchement la mort à laquelle elle se sentait destinée - quoi de plus humiliant pour une Skaald Invaincue que de mourir des sévices d’un titan brûlé par le soleil ? Que Loktis la foudroie immédiatement si elle n’est pas digne de porter son flambeau, ou que le colosse soit frappé par le destin qui lui réservé s’il est vraiment l’un de ceux qui doit déchoir Jormungar. En attendant, les vaines tentatives de la rouquine pour le garder éloigné n’ont pas fait mouche. Au contraire. Tandis que l’homme au crin noir se rue vers elle en se heurtant au bœuf comme si l’animal n’était qu’un désagrément qu’il aurait pu dégager de sa trajectoire, la guerrière plie l’échine de justesse quand il essaie de l’agripper de ses mains larges comme des battoirs. Jouant sur l’esquive en se balançant d’un pied sur l’autre, ses bras résolument plaqués contre son galbe féminin frigorifié, la donzelle pense encore profiter de la masse de l’animal pour se préserver de son adversaire mais en vain. Le persévérant, aussi têtu qu’une mule et puissant qu’un troupeau de buffles, bouscule le bestiaux avant de bondir vers elle sans plus de cérémonie. Sigrid parvient à articuler un cri rauque en signe de protestation mais le bougre manque de lui arracher un sein en l’empoignant comme un vulgaire sac de marchandises. Soulevée à quelques centimètres du sol, gesticulant pour se dégager de la poigne de son agresseur, la rouquine plaque sa main libre contre la face masculine dans l’espoir de se garder le plus loin possible de lui. Puis tandis qu’elle le rue de coups de pieds pour mieux le faire flancher, elle tend à tracer des sillons sanguinolents sur la face du barbare qui la comprime d’un air véhément.
C’est qu’elle est emportée par son élan de frénésie, la harpie crachant comme un chat sauvage mécontent. Mais quand le duo de protagonistes penche dangereusement sur le côté, la rouquine s’arrête dans une mimique circonspecte. « Aie ! » A-t-elle le temps de lâcher dans une murmure traduisant son appréhension. Fermant les paupières tout en crispant ses traits, la guerrière se voit chuter dans une série de chocs et d’entrechocs. Les deux carrures se séparent pour rouler-bouler jusqu’au pied d’une pente recouverte d’une neige intacte - du moins jusqu’à ce qu’ils ne débaroulent avec la violence d’une chute de pierres. « P’tain de merde. » Heureusement pour la Skaald, elle a atterri sur un lit moelleux et stable de neige fraîche mais l’impression de se noyer dans cet océan de poudreuse la gagne et elle se redresse dans un sursaut agonisant. Autant dire qu’elle ne sent plus grand chose de son corps contus - excepté cette brûlure insupportable qui lui dévore le derme pigmenté de givre. Pas le temps de tergiverser ou de constater les dommages, car elle braque son regard sur la silhouette massive du forçat étendue un peu plus loin et qui reprend doucement conscience de la situation. S’arrachant à sa tombe gelée, la guerrière entreprend de gravir la pente - à quatre pattes si il faut - pour s’arrimer du mieux qu’elle peut histoire de s’assurer de son avance sur son adversaire. Une seule évidence l’obnubile à cet instant précis malgré l’air froid qui transit davantage les ecchymoses qui lui marquent les seins. Son arc. Ses flèches. Une fois là-haut, elle pourra enfin prendre l’avantage sur la brute épaisse qui lui colle au train. Donnant tout dans cet effort surhumain, son seul salut, la Skaald sent vite sa charpente s’enrayer dans un flottement affaibli. Plus qu’une poignée de secondes avant qu’il ne la rattrape et...
La rouquine s’élance vers son carquois et alors qu’elle en caresse le bois d’une emprise éphémère, son ennemi la heurte dans une charge téméraire. Elle atterrit une fois de plus dans le lit sépulcral immaculé, recroquevillée sur ses côtes douloureuses et elle mord ses lèvres scellées, le goût du sang enivrant ses papilles. Etendue sur le flanc, la rouquine finit par s’incliner en direction du titan qui la lorgne avec mépris et se fait violence pour ne pas lui dégobiller sur les chausses. Gelée, rampant dans un élan futile pour fuir la hache de son bourreau, la Skaald creuse un sillon dans l’épaisse couche de neige, secouée par des quintes de toux qui lui font cracher rouge. Elle s’enlise dans les éléments, traverse le champ d’objets disséminés sans trouver quoi que ce soit à utiliser contre le barbare. Et lui, il cause. Il est même sacrément bavard lorsqu’il s’agit de s’épandre sur les techniques de torture qu’il lui réserve. En guise de réponse, la rouquine se contente de gronder son inimitié en haletant comme une pauvrette, suivie par le colosse - fort patient - qui s’amuse à la voir prise dans les glaces.
Pas un seul mot ne franchit les lèvres bleutées de la guerrière se trouvant finalement acculée contre la roche, forcée à regarder la mort en face - comme il dit si bien. Elle ne va pas larmoyer à s’esquinter les yeux. Elle ne va pas supplier son bourreau pour qu’il lui laisse la vie sauve. Non, c’est pas le genre de la maison. L’Invaincue va tomber et Loktis va disparaitre avec elle. « Du cadavre des tes partisans renaîtront les loups. » Murmure-t-elle entre ses dents serrées, faisant taire les tremblements intempestifs de sa mâchoire. Elle ne ferme pas les paupières, essaie de garder de l’aplomb - et pourtant, lorsque la hache menace de lui fendre du crâne jusqu’au nombril, Sigrid lève les bras dans une impulsion appréhensive.

Mais rien n’arrive.

Elle entend le dialecte étranger aux sonorités agressives la gratifier d’un intérêt inopiné et ouvre un œil avant de lorgner de côté. Les jambes ramassées contre son buste, la rouquine interroge son interlocuteur dans un bref haussement de sourcils stupéfait. Ses bras, elle les tient toujours devant son visage, maigre rempart de chair blanche tuméfié entre elle et son bourreau. Elle ne se rend compte qu’après insistance de la part de ce dernier qu’elle tient quelque chose dans l’une de ses mains crispées. « Qu...oi ?! » Le colosse semble avoir troqué son détachement jubilatoire pour un effarement colérique. La tête enfoncée dans les épaules, ramassée contre la paroi givrée, la donzelle au crin de feu se tasse lorsqu’il lui vitupère des accusations en approchant son museau. « Non. » Riposte-t-elle avant de tourner la paume de sa main pour offrir un regard éberlué à ce qui s’y trouve. En rampant jusqu’ici dans le tas de marchandises, espérant y trouver quelque chose d’utile, sûrement a-t-elle cru bon de s’y accrocher pour pouvoir lui jeter à la figure ensuite ? D’une œillade plissée, la rouquine détaille l’objet délicat aux courbes graciles. La Skaald n’a jamais vu tel matériau avant et se surprend à la contempler évasivement. Le barbare lui jacte de désert des Iles Brûlées, terres de son peuple et la guerrière reste abasourdie, intriguée par cette statuette à l’effigie de femme portant la lune. « J’l’ai pas volé. » Mais à quoi bon préciser ? Les prunelles abyssales de la femelle se braque sur le tranchant de la hache qu’il ne lui a toujours pas abattu sur le coin du museau. Il semble hors de lui et troublé par la présence de cet objet - assez pour ralentir son exécution. Alors qu’elle aurait pu essayer de marchander sa vie contre la statuette qu’elle devine précieuse à ses yeux, Sigrid n’en fait pourtant rien, trop occupée à décortiquer l’expression faciale de son adversaire. N’est-ce pas un signe ? Peut-être de Loktis lui-même pour avorter ce combat et mettre le titan cuivré sur la bonne voie ? Lorsque l’homme lui ordonne de lui donner l’objet, la rouquine s’exécute docilement, interdite. Sûrement en est-il surpris, lui aussi, car il se met à mirer l’objet en ne mettant guère à exécution les menaces proférées un peu plus tôt. Sigrid fait rouler ses yeux de la masse colossale à ses effets étalés un peu plus loin. Secouée par des tremblements, transie dans un état léthargique qui n’annonce rien de bon, la Skaald détaille avec circonspection le colosse pétri de contemplation. « Qu’est ce que c’est... ? » Demande-t-elle avant de s’ébrouer comme un chien, espérant trouver un brin de chaleur dans une vaine agitation. « C’est Loktis qui t’a guidé vers moi. Toi, l’homme brûlé par le soleil. Cette statuette, c’est un signe. » Sigrid ose se remettre sur ses pieds et se redresser avec lenteur, surveillant l’homme d’un œil prudent. « J’ai quelque chose à te proposer. Je récupère mon barda et on se trouve un coin pour passer la nuit. Une grotte. J’en ai repéré une pas très loin. » Elle se penche de côté pour désigner le bœuf du menton. « On le bouffe. Il promet un vrai festin et j’ai les crocs. » Elle se mord les lèvres, guettant un semblant d’approbation chez son adversaire qui semble avoir apaisé son ire. Les bras croisés contre sa poitrine, frêle silhouette évanescente meurtrie par le vent qui souffle, Sigrid finit par contourner la silhouette masculine pour se lancer à la recherche de ses frusques abandonnées à quelques pas d’ici. Même lorsqu’elle enfile les fourrures épaisses, elle ne cesse de trembler, saisie par le gel qui l’a pénétré jusqu’à l’os. Elle fait passer ses hauts le cœur en courbant l’échine contre la roche puis reprend contenance et se met en quête de son arc, carquois et ses lames. « Nos destins sont liés. T’y crois toi ? Faut que j’te parle de ce qui m’amène. Je suis sûre que tu es un des élus de la prophétie Skaalds. Les Skaalds, c’est mon peuple à moi. Je viens du Nord, d’Endhelstein. » Tout en lui faisant part de ses quelques certitudes, la donzelle ramasse ses affaires, grelottant dans la masse informe de ses vêtements. Elle s’attarde du côté du bœuf en lui donnant un coup dans le séant pour le faire avancer. « J’espère que t’as pas peur des dragons... » Qu’elle lui lâche avec une risette moqueuse, ayant retrouvé un peu de rouge aux joues.

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Zorkharr

L'Édenteur

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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyMer 7 Mai - 16:09

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The She-Wolf
      The Chosen One
     

I
l la voyait venir à mille lieues, avec ses brandons capillaires et un feu pas moins vif dans l'abysse de ses prunelles, elle possédait un brasier spirituel à défaut d'une quelconque chaleur corporelle pour le moment, il pouvait étrangement le deviner.  Mais chacun vivifiait ses propres intérêts, celui prioritaire de la louve meurtrie était de ne pas se faire dépecer par le mastodonte qui prendrait le temps de faire durer le plaisir, et il venait, involontairement, de lui offrir une brèche salvatrice dans laquelle elle s'immiscerait sûrement. Un éclat d'os taillé, un artefact qui ne payait diantre pas de mine, que le commun middholtien aurait probablement rangé dans un tiroir pour l'y oublier à jamais, chatoyait pourtant d'une essence indiciblement fondamentale pour le titan à qui l'on aurait guère prêté pareil comportement. Un objet liturgique qui pourrait aisément se retourner contre lui, car si son adversaire avait un tant soit peu de témérité – ce dont elle ne manquait vraisemblablement pas – et de sagacité, elle en ferait usage pour le plier à sa volonté. La vindicte tribale prendrait des aspects de croisades si elle osait, et même les dieux réunis de leurs panthéons respectifs seraient impuissants pour la protéger des conséquences de son ineptie hardie. Il n'avait encore rencontré personne à l'exception d'un qui avait daigné ployer un semblant de considération pour ses croyances et tout ce qui s'y rapportait, pourquoi ne serait-ce point aussi le cas avec l'atrabilaire à ses pieds ? Viscéralement persuadé qu'elle jouerait de fourbe ruse et qu'il serait contraint de l'écloper pour récupérer son bien, Zorkharr se courrouçait d'avance, furia prématurée qui fit presque naître l'écume à ses lèvres tordues. Bien sûr, qu'elle se torcherait gaiement avec le fétiche miniature si cela lui garantissait la survie et importunait le mercenaire qui l'avait particulièrement rudoyée. Bien sûr, qu'elle s'enorgueillirait d'avoir déniché la faille dans l'imposante montagne de muscles et d'immoralité et en profiterait pour s'ébaudir à souhait. Bien sûr qu'elle... la lui rendait ? C'était tout sauf à sa collaboration qu'il avait pensé glaner, si bien qu'il en resta perclus d'aberration avant de saisir hâtivement le colifichet pour le mettre en sûreté dans sa paume. Instinctivement, il s'éloigna de plusieurs pas à l'instar d'une bête à laquelle l'on venait de lancer une livre de chair pour en lénifier l'acerbité, et arme en équilibre contre sa jambe, il se mit à consciencieusement inspecter la sculpture pour vérifier qu'elle était en parfait état.

Le Krorag en vint à omettre la présence de la donzelle tant l'encéphale se concentrait sur l'exercice, le palpitant martelant au poitrail dans une décharge d'adrénaline inopinée. Il ne fut rassuré qu'une fois l'auscultation achevée, même si une pléthore d'interrogations caboter dans son esprit quant au fait de retrouver cela ici, au milieu de nulle part. Puis, la rouquine se rappela à lui, et ce fut d'un phonème incisif qu'il rétorqua. « C'est rien qui t'concerne ! » En guise d'illustration, il referma ses phalanges en un écrin protecteur, encore sur la défensive nonobstant la coopération assurément loin d'être désintéressée – elle avait été bien plus finaude qu'il ne l'aurait jamais imaginé, en accédant naturellement à son injonction plutôt que l'inverse, car ses menaces, finalement, il ne les avait pas mises à exécution. Et pour le moment, rien ne présageait qu'il en serait ainsi, un bon augure pour la suite des évènements. Par ailleurs, cette rencontre était-elle aussi fortuite qu'elle en avait l'air ? Bien malgré lui, il commençait également à en douter, les coïncidences n'existaient que pour les sots. Il ignorait qui était ce Loktis et, s'il était le réel instigateur de tout ceci, ce qu'il pouvait bien lui vouloir. Etrangement circonspect, la pugnacité pacifiée, il lorgna son interlocutrice et prêta une oreille attentive à sa suggestion qui ne fut pas tant pour lui déplaire, mais devait-il vraiment ? Ses calots épousèrent le sentier qu'il avait emprunté lors de sa traque comme s'ils auraient été à même d'apercevoir le marchand de là où il se tenait, et il conclut promptement qu'il avait plus à gagner qu'une aumônière garnie s'il choisissait de pisser sur le contrat verbalement établi. Le mugissement de l'idiot bovin paracheva de le convaincre, car lui aussi avait comme l'envie de faire dieu de sa panse, et un bœuf entier était bien plus qu'il n'aurait jamais pu obtenir dans la bourgade qu'il avait escompté rallier avant la nuit. Alors, en guise d'agrément mutique, il la laissa se mouvoir et récupérer ses affaires sans rauquer, rengainant lui-même son arme dans son échine pour sonner le glas de l'antagonisme. S'il feignit ensuite la plus ostensible des nonchalances, il grava en sa mémoire le terme de Skaald tout en subodorant que leurs deux peuples possédaient plus en similitudes qu'avec n'importe quelle autre meute de ces steppes glacées. Il était toutefois encore un peu tôt pour la sympathie. « Ta gueule. » Lâcha t-il pour faire taire ses fadaises – la soirée se promettait cossue en émotions.

Sans l'ombre d'un remord, les truculents compagnons s'enfoncèrent dans le paysage immaculé avec leur estimable butin qui n'avait pas idée du sort qu'ils lui réservaient. Les bourrasques se firent de plus en plus cinglantes, le frimas pénétrant jusque sous les fourrures et textiles tandis que les étoiles nivales s'étaient remises à choir. Fort heureusement, ils parvinrent à l'orée d'une grande et profonde cavité dans laquelle ils jugèrent judicieux de se réfugier avant que de quelconques intempéries ne les bénissent de l'âpreté septentrionale. Bienheureux de pouvoir s'établir dans un lieu relativement sec et où son long crin de jais ne se constellait pas de manière ridicule et importune, le quidam ne lanterna pas et eut tôt fait de dépêcher la mission d'allumer un feu à la jeune femme tandis qu'il taillait une bavette avec ce cher Flocon. Et Flocon fondit comme neige au soleil, un beuglement moribond faisant écho dans la grotte lorsque le nomade lui asséna l'estocade sans hésitation, distinguant la succulente pitance par-delà la brave bête qu'il était. Les minutes, voire les heures, fluèrent inexorablement pendant que chacun remplissait sa besogne sans mot dire. La lueur diurne périclitait au profit du manteau de sorgue, et les ténèbres froids, ils n'eurent à les craindre grâce à l'âtre enflammé autour duquel ils avaient pris place. La croupe installée sur un morceau de roche aux veinures argentites, l'îlien, coudes sur les rotules et poings devant devant la truffe, observait la Skaald comme si celle-ci avait été une apparition sibylline. Paupières plissées en une oeillade inquisitrice, il désirait harponner son âme et tenter de la rendre intelligible. Un regard vif et pesant, elle le sentait très certainement, la moindre de ses gestures analysée et il ne prenait fichtrement pas la peine de détourner les yeux d'un air penaud lorsqu'il croisait les siens. Il la contemplait, oui, peut-être encore plus impénétrable qu'elle ne l'était pour lui, secrètement admiratif des flammèches qu'il voyait se miroiter dans la chevelure néanmoins trop courte. « Tu n'es pas une femelle. » S'éleva enfin sa phonation, placide, mais hors de doute. D'aucuns auraient estimé la réplique telle une injure, et pourtant, elle était de constituer un manque de respect – la première du genre. Verrait-elle plus loin que les coutures incongrues de sa phrase ? Il se le demandait.

« Tu es une louve qui danse avec les lames, j'respecte ça. » Contingent, surprenant, le compliment ne sembla pas même écorcher les lèvres du colosse qui retira ses paluches de devant sa bouche, il ne faisait qu'admettre ce qu'il pensait. « Te fais pas d'illusion, une femme aussi guerrière soit-elle devrait pas arpenter les landes seule. Ils sont où, les mâles de ton peuple ? Ton mari ? » Chez lui, celles qui maniaient l'estoc n'étaient et de loin pas exemptes de mariage, et ne pérégrinaient jamais sans la compagnie d'au moins un homme. Il avait du mal à concevoir qu'elle se soit hasardée dans les environs avec son carquois et ses coutelas en guise de piètre escorte. « Mh, m'ouais... j'sais pas d'puis quand tu foules cette terre, mais y t'reste beaucoup à apprendre, à commencer par pas t'en prendre à plus fort que toi. » Conseil évasif, après lequel il renâcla en se frictionnant brièvement les épaules, transi par un froid trop opiniâtre qui lui coûta un long soupir éreinté. Sacré Nord, et ces températures auxquelles il ne s'accoutumerait jamais. Il se rapprocha légèrement du feu qui faisait doucement rôtir les tranches de carne qu'ils avaient disposées sur des broches de fortune, improvisant avec le peu d'outils à disposition. « C'est quoi ton nom ? » S'enquit le Krorag, curieux, ce qui était relativement bon signe lorsqu'on le connaissait, et il ne s'arrêta pas en si bon chemin. « Tu parlais d'une prophétie ? Raconte-moi. » Car s'il était concerné, il voulait en entendre parler.

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Sigrid

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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyJeu 8 Mai - 15:03

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Autant dire que l’incongruité de la situation tranche avec les rixes précédentes. Le colosse bigarré, pudiquement accroché à ses réminiscences, s’enhardit à protéger de sa paluche l’objet de son intrigue tandis que la guerrière Skaald profite de sa liberté retrouvée. Alors qu’elle surveille d’un regard biaisé les réactions du mercenaire, peu certaine d’être définitivement hors des sentiers de son inimité, la brune essuie d’un revers de manche le sang qui encombre ses nasaux. C’est qu’elle se sent de nouveau entière, arc et carquois reposant contre son rachis, fourrures préservant sa frêle carcasse de la morsure du froid. La Skaald s’attarde sur les quelques marchandises dispersées dans la neige pour remplir les sacoches qu’elle replace sur l’échine du bestiaux avant de s’incliner en direction du guerrier exotique pour l’interroger de ses orbes glaciales. Renfrogné dans ses pensées, peu enclin à se montrer loquace maintenant qu’elle a sollicité son pacifisme, l’homme finit par ranger son arme et lui emboite le pas dans un accord tacite. Faisant grincer ses dents dans un rictus sauvage lorsque celui-ci lui intime de se la fermer, Sigrid se contente de lutter contre le vent qui se lève en bourrasques cinglantes, sa capuche fauve enfoncée sur son museau pour lui épargner de nouvelles déconvenues. Les charpentes sillonnent l’océan blanchâtre immaculé, circulent entre les cimes des sapins fièrement campés, jusqu’à finalement apercevoir la grotte qui leur promet un peu de confort après cette agitation douloureuse.
Instinct de préservation oblige, la donzelle se munit de sa lame avant de s’enfoncer dans l’obscurité de la caverne, s’assurant d’un rapide examen que celle-ci ne soit pas déjà occupée par un prédateur. Puis, elle retourne en quête d’un peu de bois sec pour alimenter le feu qu’il lui tarde de voir brûler pour réchauffer leur carne dépossédée de verve.  
Lèvres pincées dans l’espoir de leur faire retrouver un peu de couleur, Sigrid reste docilement mutique jusqu’à pouvoir enfin détendre son corps meurtri contre la pierre froide de la tanière. Les reflets chatoyants des flammes lèchent bientôt les parois rocheuses et insufflent un peu de vie à cet endroit morne qui est pourtant ultime source de réconfort pour la troglodyte qui s’y sent comme chez elle. A ça prés qu’un mastodonte la reluque sans vergogne.
Brune crinière dépeignée encore humide, genoux serrés contre son buste et lame contre le pouce, la Skaald taille patiemment les plumes d’une de ses flèches, espérant la rendre plus affutée pour fendre les airs. La dépouille du bœuf git à l’orée de la grotte, prise par les glaces dans le dessein d’en conserver toute la fraîcheur et Sigrid salive aux fragrances des tranches de sa carne qui frémissent au dessus de l’âtre. Concentrée sur sa tâche dans une religieuse précaution, la donzelle ne jette que quelques œillades sombres à son vis à vis qui la scrute avec insistance. Si les provocations ne manquent pas de lui écorcher le palais, elle les réfrène avec vigueur - ne désirant guère raviver une ire qui a mis si longtemps à s’apaiser. Parce que l’Invaincue n’est plus qu’une épargnée. Tandis qu’elle s’installe plus confortablement, son expression trahit la fulgurance d’une douleur dans son bassin malmené. Bruissements, raclements des semelles de ses bottes contre les aspérités de rocaille, avant que la voix grave du barbare ne brise la monotonie du crépitement des flammes. A sa remarque, Sigrid visse ses prunelles dans les siennes, saisie dans son mouvement. Pas une femelle. Ce qui veut plutôt dire dans l’esprit de la guerrière des terres nordiques -pas qu’une femelle. Pour réponse, la femme ne lui adresse qu’un battement de cils qui trahit un sursaut d’orgueil. Evidemment qu’elle n’en est pas une. Chasseuse avant tout. Guerrière à jamais.
Le colosse, malgré toute la misogynie dont il a fait preuve, lui confie les bribes d’estime qu’il a pour elle. L’aveu la fait sourciller et elle confronte ses prunelles aux siennes, prenant pour la première fois le temps de détailler le faciès masculin, au-delà de cette mine patibulaire. Qu’elle ait réussi à intriguer son interlocuteur sur sa condition, son peuple, et ses croyances est une petite victoire dans le crâne de la louve soumise. A l’élu. Qu’elle se dit pour rendre l’évidence moins acrimonieuse. Alors qu’il la questionne derechef sur sa périlleuse solitude et l’absence évidente d’un « mari », Sigrid laisse échapper un rire sec qui s’enraye dans sa gorge. « Un mari ? » Répète-t-elle en redressant le chef vers son interlocuteur. « J’ai prêté serment à mon dieu. Ma vie lui appartient, pour la chasse et la guerre. Pour mon peuple. Et les mâles n’ont voix au chapitre que si je le désire. Ce qui n’est pas l’cas. » Le jour où Sigrid est ressortie victorieuse de son initiation, elle a gagné de la valeur et du respect. Car la pugnacité et la bravoure sont les traits que le Loup Primordial offre à ses guerriers et son jugement ne peut être discuté. « Comme les autres, j’ai survécu à l’initiation. J’ai gagné le respect des loups. Et Loktis m’a choisi pour honorer sa parole. » Une fièvre de dévotion embrase le regard de la belle, seule survivante, dévote de la figure de la guerre aux longues canines. « Tu es plus fort. Indéniablement. » Elle grince des dents en articulant son aveu, lorgnant son interlocuteur avec une gravité qui s’effrite pour laisser filtrer une risette malicieuse. « Tu es l’un des élus. »
La donzelle souffle sur le bout de sa flèche pour disperser les miettes duveteuses puis repose son coutelas et ses effets sur le côté, croisant ses bras contre ses genoux remontés. Ses orbes se drapent avec trouble lorsqu’elle se met à contempler les flammes revigorantes tout en livrant les détails de ses dernières pérégrinations. « Mon nom est Sigrid. J’étais une guerrière invaincue de mon peuple, native des terres gelées d’Endhelstein tout au Nord d’ici. L’avènement d’un nouveau dieu, Jormungar, le dragon des glaces, à remis en cause l’hégémonie de Loktis, Loup Primordial, maître de la guerre, qui nous guide depuis des siècles. Les félons de mon clan se sont levés pour le dragon, et nous avons fuit avec quelques guerriers, ma meute, pour trouver la terre promise par notre sage clairvoyant. » Elle se rappelle du charnier et des cris. De la fuite, impensable mais manifestement nécessaire. « Une terre plus au sud que nous a dit le Vieux Corbeau. Là où on pourrait trouver les élus, des guerriers capables de faire tomber Jormungar et de reprendre Utgard aux traîtres. Des puissants qui pourraient vaincre, sous l’égide de Loktis lui-même. » La Skaald se mâchouille la lèvre inférieure, ses yeux plantés sur la silhouette massive de l’étranger. « Toi. Tu es un élu. Je le sais maintenant. Alors, quel est ton nom, homme brûlé par le soleil ? Qu’est ce qu’elle représente cette statuette, et d’où est-ce que tu viens ? » Piquée par la vive curiosité qu’elle a contenu jusqu’ici, la femme coince un bras contre son genou, l’autre jambe pliée sous son séant, les prunelles en partie dissimulée par sa chevelure hirsute. « Est-ce que tu me crois ? Il me faut trouver les autres élus. Je suis seule maintenant, à devoir les chercher. Un homme a tué ma meute. Pour quelques piécettes. » Elle grimace avec dégoût et animosité, se remémorant sa rencontre avec le chasseur de primes. « Tu m’aideras ? »
Elle soutient son regard, espérant le transpercer de sa présence et de sa détermination. Un noble combat est toujours l’appât d’un bon guerrier. Et Sigrid ne compte pas lâcher l’élu à la carnation exotique aussi facilement.              
           

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Zorkharr

L'Édenteur

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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyVen 9 Mai - 16:28

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L
es Skaalds différenciaient-ils foi divine et dévotion matrimoniale ? L'une n'allait-elle pas avec l'autre ? Ouïr que les mâles n'avaient pas voix au chapitre le fit sourciller, non point d'éréthisme phallocrate ni même d'offense personnelle, mais d'incompréhension. Le concept lui semblait flirter avec l'inintelligence, ce qui brûlait comme du sexisme congénial aux yeux de beaucoup n'était rien de plus qu'un dogme ethnique pour le bélître, pour lequel l'hégémonie d'un genre sur un autre était toute relative. Une femme ne guerroierait jamais aussi bien qu'un homme, aussi bien qu'un homme n'éduquerait jamais aussi bien un enfant qu'une femme. Chacun possédait leurs facultés et les tâches inhérentes à leur nature, et il était dans l'ordre des choses de respecter la place que l'omnipotence des dieux avait désignée, ce n'était... rien de plus que de la cohérence, et qui ne reniait aucun pan de sa philosophie était assuré de vivre heureux. Tous les peuples avaient leurs écueils, leurs discordances, mais lorsqu'il en arrivait à comparer sa communauté à celles divisées du continent, force était de conclure que les Krorag goûtaient bien plus à la concorde que ce n'était le cas dans les environs. Ironique alors qu'il entendait parler des siens comme d'aborigènes arriérés, mais s'ils avaient très certainement des mœurs et des origines archaïques, ils n'avaient pas, au gré du temps, omis la définition de fraternité. Une notion fondamentale mais précaire que les troglodytes de Grand Nord n'avaient finalement pas su préserver, de ce que l'informèrent les explications de la locutrice qu'il voyait brodée de fierté et soûle de piété. Une âme consacrée était toujours belle à contempler, qu'importait le panthéon qu'elle servait avec zèle, et ce n'était pas un phénomène qu'il avait eu grand loisir d'apercevoir dans ces strates impies. Alors, il se taisait, et prêtait une oreille religieusement attentive aux paroles qui caressaient les parois d'un écho mystique plus qu'elles ne s'y fracassaient. Il ne se risquerait pas à prononcer le nom de la mère patrie septentrionale pour ne pas impoliment l'écorcher de son accent encore abrasif, malgré les années d'entrainement et sa maîtrise quasi parfaite du vocable middholtien. Si le sirocco plus que l'aquilon avait présentement effleuré son derme, il aurait presque pu se croire chez lui, et se remémorait non sans mélancolie ces nuits passées autour d'un grand bûcher, à ripailler, à se narrer des fables... à célébrer la vie et le firmament qui leur faisait office de nécropole royale. La voûte céleste était le cimetière des chefs de clan et par extension le domaine immatériel des déités, royaume que tout autochtone rêvait de pénétrer, mais qui n'était accessible qu'aux élus dignes de les guider.

En terme d'élu, justement, Zorkharr avait jadis failli dans ce rôle, et ne s'était diantrement pas attendu à ce que l'opportunité se représente. Etait-ce seulement légitime à défaut de sage que d'accepter ce qui résonnait comme un privilège octroyé par l'émissaire de Loktis ? Il n'en était et de loin pas convaincu, rattrapé par un passé qu'il parvenait difficilement à abandonner dans son sillon pour mirer l'horizon, et mirer l'horizon, c'était ce que Sigrid lui demandait de faire en sollicitant sa contribution. Esseulée par les lames d'un chasseur de primes qui avait fait couler le sang de ses compagnons, elle était seule avec sa destinée... un peu comme lui, à la différence que son avenir à lui n'était qu'une étendue trouble qu'il ne réussissait à rendre limpide. Par où elle passait et passerait, il était passé, et à cette idée qui fit lanciner les maux d'une culpabilité qu'il était l'unique à porter, il arracha son regard au sien pour le darder sur les flammes. Avant tout, il lui fallait se présenter, il n'était plus question de jouer les anonymes, même s'il n'avait pas l'intention d'être aussi diaphane qu'avait pu l'être la harpie. « Mon nom est Zorkharr, fils du jour là où tu es fille de la nuit. J'ai été conçu et mis au monde dans les dunes arides du Grand Désert, là où les nuages n'se désagrègent pas en pluie glacée et où leurs larmes s'évaporent avant même d'avoir touché le sol. Je viens de c'que les civilisés appellent les Iles Brûlées, très au sud d'ici, et comme j'l'ai déjà dit, mon peuple se nomme les Krorag. » Il aurait pu lui aussi être fier, redresser l'épine dorsale et bomber le poitrail, laisser son essence barbare jasper ses iris mordorés et lui conter à quel point sa peuplade de bohème était féroce et honorable en son sens. Il aurait pu... mais il ne le fit point, se contentant d'une humilité équivoque. « On est tous pérégrins d'nature, on marche sur les pas d'nos ancêtres qui ont arpenté la contrée avant nous, et un Krorag tâche de ne pas vivre pour lui, mais pour son prochain. Tout ou rien pour la communauté, j'pense que tu sais ce que c'est. » Autrefois ce fut tout, aujourd'hui ce n'était plus que rien, le concernant, un exil choisi par dépit, un dépit qu'il ne refletta pas. « Y a rien que t'aies besoin de savoir d'plus sur moi louve, j'suis qu'un être égaré qui cherche sa route. » Elle devrait se satisfaire du maigre flot révélé en attendant qu'il se décide à confesser les raisons qui l'avaient expatrié, ce qui n'était absolument pas à l'ordre du jour.

Le titan s'interrogea alors, et ses phalanges aux stigmates enflés récupérèrent le fétiche assoupi dans sa poche pour le dévoiler aux lueurs ignées. Tenu par le lacet de cuir auquel il était accroché, le colifichet balla dans le vide à l'instar d'un objet hypnotique, le blanc d'ivoire jurant avec le hâle prononcé de son possesseur qui le mira longuement. Elle lui avait parlé de ce qui apparaissait être son démiurge, il pourrait bien se confier sur l'une de ses figures déifiées, ce n'était pas comme s'ils en manquaient par chez lui. « Manàhad. » Déclama t-il dans une élocution propre à son dialecte maternel, avant de préciser. « Manàhad. C'est la seule effigie féminine parmi nos dieux, elle est la mère, la sœur, la fille, elle est comme la lune et ses différentes formes. En krorag, on utilise le même mot pour désigner la femme et la lune, comme pour l'homme et le soleil. » Il prit la statuette entre ses doigts et la fit rouler contre la pulpe encrassée. « Selon sa position et avec quelle phase lunaire elle est sculptée, sa symbolique change. Ici, l'astre est plein, aussi rond que l'ventre d'une femelle qui porte la progéniture à venir, la tradition veut que le mari offre ce genre de figurine à son épouse ou à sa concubine lors d'sa première grossesse, c'est comme décrocher un bout d'la lune et la confier à la future mère pour lui assurer la bénédiction et la protection de Manàhad. Une Krorag se sépare pas d'ça, théoriquement pas à moins qu'elle y soit obligée. C'est vraiment pas censé s'trouver ici, si j'avais su que l'marchand avait ça sur lui j'l'aurais noyé dans sa propre pisse ! »

Il grogna, serrant la sculpture dans sa paume comme s'il avait tenu le cou du faquin, s'égara un instant dans ses pensées avant d'amarrer sur terre et d'observer Sigrid, un air pas moins durci en dépit de leur discussion somme toute profonde. L'Edenteur ne se laisserait pas émouvoir par leurs hypothétiques concordances ou parce qu'elle dirait comprendre ce qu'il avait exprimé, leur affaire était tout autre et ils n'étaient pas amis, qu'à peine de vagues connaissances qui auraient achevé leur conciliabule dans la semence, la sueur et l'hémoglobine si Manàhad n'était pas intervenue. Etait-ce une forme d'augure ? Il n'en savait rien, et il était délicat de se faire une opinion. « Mais tout ça, ça change rien en c'qui nous concerne. Si j'te crois ? Je crois en ton récit, j'remettrai pas en doute tes croyances, pour le reste... j'crois surtout que tu t'illusionnes. » L'espérance conduisait souvent aux chimères, la Skaald avait confiance en son intuition, mais elle était peut-être la seule. « Y a pas si longtemps j'étais qu'un soumis prêt à s'faire enculer pour quelques piécettes, nan ? Et parce que j't'ai mis une branlée j'deviens l'élu... Dan ce cas, ce bougre qui a fauché les tiens, pourquoi il serait pas un élu lui aussi ? Tu penses sincèrement que t'as la gueule d'une Invaincue ? Y en a une tripotée là dehors qui te ferait bouffer la neige par tous les orifices, que tu l'veuilles ou non, va falloir trouver mieux que ça si tu veux les rassembler tes péquenauds. » Il secoua le chef avec un rictus improbateur, puis détourna les calots. « J'suis pas un bon samaritain, Skaald, j'vois pas pourquoi j't'aiderais, pas même pour ton beau cul. Ton peuple n'est pas le mien, j'ai rien à gagner à ta croisade, tu t'fourvoies d'homme. »

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Guerrière Skaald

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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyVen 9 Mai - 23:14

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zorkharr & sigrid
Sûrement lui semble-t-elle embrassée par les flammes de la dévotion, embringuée dans de nébuleuses chimères, des croyances qui ont soulevé tout un peuple jusqu’à les faire s’entretuer. Et pour quoi ? Figures emblématiques ou créatures féroces. Et de ça découle des guerres, se voient avortés des destins tout tracés pour chasser l’incertitude la plus totale. Celle que représente le plus grand mystère de ce monde et auquel personne n’échappe. La mort.
La guerrière Skaald se heurte aux mœurs étranges de ces terres avec arrogance, débectée à l’idée que l’on puisse monnayer un service quoi qu’il soit. Ils étaient une meute d’invincibles, réduite à néant par la volonté d’un seul homme. Guidé par Jormungar ou non, la donzelle peut toujours se bercer d’illusions pour se rassurer comme elle peut. Et pourtant, elle s’est résolue à lécher ses plaies, la louve. Elle essaie d’apprendre de ses erreurs et d’affronter avec bien plus de vigilance le nouveau monde dont elle ne s’est manifestement pas assez méfié. Elle ronge son os d’humilité, forcée à côtoyer l’ennemi qui l’a déchu - celui dont il lui reste beaucoup à apprendre...
La rancunière en elle n’oubliera jamais mais la curieuse est aux abois, guettant le colosse comme le ferait un animal à l’égard d’une présence étrangère. Les ombres se dessinent et ondulent sur la faciès creusé du guerrier au derme cuivré, la vivacité de son regard cristallin lui faisant l’effet d’une lame effilée plantée à même sa chair. Si la physionomie de l’exotique la plonge dans la perplexité, ses possibles origines et le mysticisme qui s’impose à elle le font bien davantage. Est-il né de la roche d’ocre ou du sable ardent dont on parle dans les terres isolées du sud ? Dévoré par le soleil et embrassé par la glace - derme de feu pour orbes de givre. Il est un paradoxe incisif.
Sigrid s’incline légèrement, buste contre cuisse, et essaie de déposséder l’âme du nomade de sa vérité dans un regard inquisiteur. Le nom qu’il lui révèle résonne dans un écho ténébreux et sauvage. Zorkharr le Krorag. Il y a autant d’agressivité que de suavité ronronnant dans cette évocation étrangère. Sigrid voit les terres de glaise aux tourments de poussière s’ébaucher dans son esprit au gré de la description offerte par le timbre caverneux du barbare. Sol ardent qui brûle la plante des pieds à travers le cuir des sandales, carcasses qui s’essorent de leur jus en cuisant sous les yeux de l’astre diurne dans l’azur d’un ciel découvert de tout voile vaporeux. Fuir le soleil, comme l’on fuit le blizzard, sous peine de finir tout aussi raide mort.
Elle se sent comme une vague qui vient s’écraser contre une falaise. Téméraire, impulsive et brutale dans l’espoir de faire vaciller le roc imperturbable. Les similitudes qu’elle entraperçoit dans leurs valeurs respectives la claquemurent derrière une expression insondable et obscure. Elle, sait pourquoi elle se retrouve dorénavant à devoir arpenter le territoire civilisé, mais lui ? Qu’en est-il ? Sigrid la flaire pourtant comme une plaie qui suinte, l’estafilade du passé. Car qui est plus égaré que le fautif ?

L’homme ne s’attarde guère sur le sujet de son errance fortuite, dévoilant l’objet qui a pacifié la situation. La petite statuette chatoie à la lueur des flammes, figure humaine portant l’astre lunaire. Les prunelles de la belle s’en accaparent dans une longue contemplation évasive, se demandant brièvement dans quel os elle a été taillée. Chez les Skaalds, les trophées et effigies sont bien plus sommaires. Peaux, couvre-chefs de bête et peintures corporelles ou rupestres sont les seules manifestations de leurs croyances. La barbare n’a d’ailleurs jamais vu tel ouvrage, excepté dans les flancs de glace parfois cisaillés par la main divine en idole sinistre. Lèvres imperturbablement closes, Sigrid reste figée dans ses pudiques réflexions, se surprenant à boire les détails d’une culture étrangère à la sienne. Manàhad est en quelque sorte la déesse de la fécondité, comprend la sauvageonne qui a déjà vu les femelles Skaalds prier l’Ourse pour donner force et vigueur à la progéniture venant à naître. L’attachement et le respect dont témoigne le mastodonte sur un sujet si féminin a de quoi l’étonner mais ses lippes se décrispent seulement dans l’expression d’une pensée qui sonne évidente. « Bah, faut croire que t’es pas le seul Krorag dans le coin. Qui irait se griller la peau pour récupérer sciemment un objet de ton culte pour finalement le ram’ner sur le continent ? » Qu’elle lâche d’une œillade plissée. Croisant les bras sur ses genoux, la donzelle se met à fixer les flammes vacillantes. Un peu de chaleur de ce désert ardent ne serait pas de trop à cet instant précis où elle se gèle les miches dans ses fripes humides.

Quant à adhérer à ses croyances et son jugement, le Krorag se montre peu convaincu. Qui mieux qu’elle pourrait le comprendre ? Alors qu’elle se targue d’affronter cet univers avec la même pugnacité que les terres sauvages du Nord. Le barbare s’indigne presque de l’entendre l’honorer du nom d’élu alors qu’elle n’a pas hésité à lui craché son dégout lors de leur premier face à face. La jeune femme balance la tête vers l’arrière pour étouffer un petit rire avant de figer ses yeux dans les siens. « C’est pas parce que j’dis que t’es un élu que tu m’débectes pas hein ? » Lui lâche-t-elle en le détaillant d’un œil circonspect. Lèvres jointes dans une moue dubitative, la Skaald roule des yeux lorsque son vis-à-vis lui parle de celui qui a tué les siens. « Je sais pas, je cherche encore. » Envoyé de Jormungar ? Punition de Loktis ? La guerrière se scie les dents sur les éventualités. « Le sage m’a filé ses visions. J’ai vu des montagnes de pierres assemblées par l’homme, foule de gens aux gueules niaisées. Je ne sais pas ce que ça signifie, mais je m’en rapproche. » Une ville, une cité. Est-ce parmi tous ces badauds que la Skaald est censée trouver ses alliés ? Alors qu’il la provoque, blessant l’orgueil de la guerrière vaincue, elle le dévisage d’un regard mutin. « Et ben, comme ça on est frileux ? Pas étonnant pour un gars qui s’prélasse au soleil. » Le murmure s’égrène dans le brasier crépitant. « Rien à gagner, t’es bien sûr de ça ? Parce que j’sais pas, un peu plus et on pourrait croire qu’t’aurais à faire pour te racheter. » Elle n’élève pas la voix, campée dans une posture nonchalante. « Et la gloire ? Un ennemi d’envergure à défaire. Tu vas pas m’dire qu’il te manque pas, le frisson du combat. Le vrai combat. Je te parle pas des pécores que tu dois raccourcir pour remplir ta bourse. Non, je te parle d’un dragon. » Ses billes d’acier se confrontent aux siennes dans une œillade courroucée avant qu’elle ne s’avance pour se saisir de la becquetance brûlante qui la fait tant saliver. « Mais tu dis vrai, j’peux obliger personne à m’accompagner. » Le goût n’en est que plus âpre. « Alors quoi ? Ce serait quoi ton prix ? Un bon paquet de ces pièces de métal, pour que tu puisses t’y baigner dedans ? » Elle émet un petit rire sec avant de secouer la tête et souffler sur sa brochette. « Si tu crois que ça m’fait plaisir d’avoir à coller au train d’agenouillés... »

Elle ne finit pas sa phrase, préférant croquer à pleines dents dans la tranche rôtie. Son ventre creux criait famine depuis bien trop longtemps et elle ne peut réprimer un soupir de soulagement en mâchouillant la viande de feu Flocon. Ne se souciant guère d’avoir l’air d’une dépenaillée fort disgracieuse, Sigrid finit sa part jusqu’à la dernière couche huileuse dont elle se pourlèche les doigts. Quelques bourrasques de vent glacial s’engouffrent dans la caverne dans une complainte terrifiante, amenuisant les flammes dans un souffle menaçant. La Skaald se penche de côté pour préserver leur maigre chaleur, faisant rempart à la brise glacée puis elle vrille un regard vers son interlocuteur. « Ton peuple et le mien ne semblent pas être si différents Zorkharr. Et si tu y réfléchis bien... Tu trouveras bien plus d’honneur dans les terres gelées d’Endhelstein que dans c’coin où l’on s’arrache le fer - que ce soit celui des couronnes ou de la monnaie. » Elle est dépendante et ça la rend folle. Parce que sa meute n’est plus et qu’elle se doit d’en former une nouvelle. Mais avec horde de récalcitrants, la tâche ne promet guère d’être facile.
La femme s’étend sur le dos, dépliant sa charpente dans une grimace crispée. La douleur qui transit sa carcasse, elle a le goût de la défaite. L’âpreté de son obédience.  

   



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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyLun 12 Mai - 2:05

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P
lus qu'une histoire de se cuire le derme sous l'incandescence de l'empyrée depuis lequel les figures déifiées veillaient sur leurs ouailles cuivrées, il fallait avoir l'encéphale tronqué de trois quarts pour sciemment croiser la route d'une cohorte barbare, et n'avoir aucune activité cérébrale pour espérer les spolier d'un talisman avec l'intention de s'enfuir sur ses deux jambes. L'on ne s'attaquait pas à une civilisation archaïque que les ouï-dires disaient anthropophage et entichée d'holocaustes – à juste titre, leurs aumônes humaines passaient outre les lisière de leur désert pour choir dans les conversations de quelque narrateur qui les ravaudait ensuite à sa guise. Il ne doutait pas qu'il en allait de même pour les Skaalds, que nul avisé ne se serait essayé à les importuner directement sur le territoire à moins de se voir offrir en pâture à Loktis ou il ne savait quelle effigie. Toutefois... cela signifiait-il pour autant qu'un autre Krorag que lui arpentait ces strates insipides ? L'unique raison pour laquelle il se calcinait les pieds et l'essence dans ce brasier de glace était parce qu'il n'avait pas d'autre alternative, s'il avait pu, il aurait subito regagné son erg pour étreindre ses frères et reprendre son existence d'antan, à mille lieues de la vésanie des citadins dont il ne tolérait plus l'ivresse de conneries. Les expatriés de son acabit étaient éminemment rares, alors, à ses prunelles, le mystère demeurait entier, sibyllin et peut-être trop moralement incommodant pour qu'il daigne réellement y pencher ses méninges. Qui plus est et pour ce faire, il lui fallait être seul avec lui-même, dans une méditation plénière propre à ses coutumes tribales dont il ne ferait point profiter la troglodyte, qui pouvait amplement se vanter avoir l'avantage de l'environnement de son côté. Il n'était pas question de lui tendre le manche de sa hache pour se faire ensuite écharper, élu ou pas, et d'ailleurs, il n'était pas des plus prompt à accepter la cape salvatrice dont elle désirait le vêtir. Les chemins ne se croisaient jamais de façon fortuite, mais de là à ce qu'il joue les paladins pour une communauté d'inuits dont les prétendus prodiges avaient été réduits au silence par un unique chasseur de primes, il ne fallait pas le prendre pour le dernier des cons – ni pour le premier. Qu'elle s'esclaffe jaune, la joliette créature, le rallier à sa cause ne serait pas une sinécure.

« Nan. » Entérina le reître quant au fait que son opinion la concernant ne s'épurait pas juste grâce au titre qu'elle lui accordait. Puis, ses sourcils se serrèrent d'une manière imperceptible lorsqu'elle clama avoir hérité des visions de son chaman – ou il ne savait ce que cela pouvait être. Avait-elle conscience qu'elle délivrait trop d'informations en peu de tirades ? Des détails qui n'étaient pas bon de choir dans l'oreille de n'importe qui, car de ce qu'il en concluait, elle était comme lui : un prophète. Ils étaient loin de jouir de l'omniscience, mais ils avaient vraisemblablement cet avantage qui leur permettait parfois d'avoir une longueur d'avance sur le monde, enclins à échapper aux serres du fatum pour peu qu'ils parviennent à en traduire les augures. Il savait que l'acuité du don différait selon les individus, et se demandait à quel point elle maîtrisait ce pouvoir qui était à soupeser avec sapience. Il ne dirait rien quant à leur analogie, elle en ferait la découverte si les déités en voulaient ainsi. Il prêta une oreille curieuse à ses réponses, s'assombrissant sans artifice lorsqu'elle visa trop juste et conjectura qu'il avait une dignité à redorer. La lèvre supérieure se contracta en rictus hostile, sans qu'il ne l'interrompe pour autant dans son élan discursif. L'argument de la gloire eut au moins le mérite de le faire doucement rire, il opina négativement du chef, non sans se dire qu'il deviendrait définitivement une bête de somme s'il consentait à transbahuter les espoirs de son interlocutrice. La perspective d'un dragon comme antagonisme de prestige ne lui donna pas plus envie de se palucher en y rêvant, et dans un mimétisme évasif, il se pencha plutôt pour agricher sa pitance à l'instar de sa vis-à-vis. Avec la saveur d'un Flocon bien grillé, peut-être aurait-il l'esprit moins obtus, l'on réfléchissait après tout toujours mieux la panse pleine. Chaque parole se répercutait dans l'antre réchauffait comme dans la boite crânienne hirsute, et même s'il n'en avait pas l'air, il considérait ses propos. « Tu m'fais rire avec tes histoires d'agenouillés, c'était toi qui étais sur les rotules tout à l'heure que j'sache. » Railla t-il  en tâtant une bribe de carne pour s'assurer qu'elle était parée à être dégustée, et peu sensible à la chaleur, il lança l'offensive culinaire avec voracité et aucun décorum.

Les échos de mastications furent un instant les seuls à retentir dans l'abri de fortune, deux bâfreurs récitant les cantiques de la gourmandise souillonne avec une concentration religieuse, jusqu'à ce que la conversation ne reprenne là où elle s'était figée le temps de régaler les papilles. Le sirop de viande maculant les babines du mastodonte qui feignit d'ignorer la bourrasque conquérante, il darda ses calots sur la guerrière contusionnée dont il observa la position. « Mais qu'est c'que t'en sais à la fin, merde, de ce que je cherche et veux trouver ? Après la gloriole et l'aumônière, tu m'déploies l'honneur ? On a même pas la même définition de l'honneur, réfléchis avant d'causer et de me croire aussi vénal qu'une pute de lupanar. Mes contrats j'les choisis, j'tends pas le cul à qui veut me fourrer. » Ses canines se plantèrent dans la chair braisée qu'il arracha à sa broche, puis se débarrassa de celle-ci avec nonchalance et la pointe de sa langue bourlinguant entre ses dents pour récupérer les morceaux égarés. Il prit une profonde inspira, et soupira. « Ecoute bien ce que j'vais te dire, Skaald. » Il fit claque son organe lingual contre son palais et essuya sa gueule d'un revers de manche, l'échine redressée dans une contenance plus grave. « J'vais te donner des conseils que tu ferais mieux d'entendre et d'appliquer si tu veux aller jusqu'au bout de ta prophétie et sauver ta sacro-sainte idéologie. Ta philosophie, va falloir que t'apprennes à la foutre un minimum de côté si tu veux rester en vie, les civilisés et les culs-dorés ont vite la trouille de ce qui est étranger et tu passeras pas inaperçue. Que tu le veuilles ou pas, t'auras besoin de leur monnaie, tu feras rien sans ici. Tu vois les hommes habillés de métal ? Reste loin d'eux, les cuirassés, s'ils sont pas des faquins de grands chemins, sont les emblèmes de la loi, et ils te foutront en cage ou sur le gibet au pire des cas. Raccourcie d'un membre ou pendue à du chanvre tressé, v'là comment tu vas t'retrouver si tu les emmerdes. C'est particulièrement vrai dans les villes, là où ils construisent des monts de roche taillée pour en faire leurs logis. » Il pointa l'extérieur de la grotte du pouce. « Ibenholt est plus très loin d'ici, t'y trouveras toutes les gueules niaisées que tu veux, surtout en c'moment. Paraît qui s'prépare un gros événement, ils s'y rassemblent en troupeau pour fêter la nouvelle saison, de c'que j'ai entendu dire. » Il rabaissa sa paluche et plissa les yeux d'un air inquisiteur. « Crois-pas que ce s'ra facile pour toi, moi ça fait trois ans que ça dure, et j'y suis toujours pas habitué. Y a pas d'place pour des galvaudeux comme nous, tu vas vite comprendre ta douleur et la mienne. »

Il savait de quoi il parlait, et remerciait les dieux d'avoir mis Dante sur sa route. Sans le cabot rubigineux, il n'aurait assurément pas pu survivre dans les environs, et il doutait des chances d'intégration ou de ce qui y ressemblait de Sigrid si elle n'était pas prête à se sacrifier. Une véracité qui fit germer une idée turpide chez Zorkharr, qui prenait d'ailleurs soin à ne pas véritablement se prononcer sur la requête de la harpie qu'il abandonnait volontiers dans des spéculations opaques. Il se leva, puis approcha de la louve à l'instar d'un mâle vers une femelle potentiellement en période de chaleurs. Accroupi à ses abords, il quitta l'onyx de ses mirettes pour contempler les courbures anatomiques sans l'ombre d'une opprobre, se remémorant qu'il n'avait point profité d'atouts charnels depuis un moment maintenant – depuis son dernier viol, en l'occurrence. La mettre dans l'embarras n'était qu'un moyen, la fin, elle, était autre. « Si t'es tant dévouée à ton peuple - à Loktis, c'est que tu reculerais devant rien pour accomplir ta mission, mh ? T'es si sûre que ça que j'suis l'un de tes élus ? » Ses lippes s'étirèrent lentement en un sourire mauvais et lubrique, le tout accentué par la noirceur de son crin et le hâle de son teint qui donnait l'impression qu'il surgissait tout droit des ténèbres. Dans un geste vif et cavalier, il saisit lui des jambes de la Skaald pour la tirer brutalement vers lui, lui ouvrant symboliquement les cuisses sans pour autant se conglomérer à son anatomie. « Si mon prix c'est d'te saillir, tu fais quoi ? »

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Sigrid

Guerrière Skaald

Sigrid
Guerrière Skaald
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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyLun 12 Mai - 15:27

Fiche © Quantum Mechanics


The chosen one.

zorkharr & sigrid
Imperméable. Le titan reste de marbre, tout au plus goguenard face aux vaines tentatives de la Skaald de le convaincre. A croire qu’elle s’est trompée en comparant leurs deux peuples, qu’il ne subsiste pas même une étincelle d’honneur dans la carrure impressionnante de celui qui se fait payer pour tuer. Incomprise comme une gamine transie d’illusions, Sigrid se rembrunit, préférant à défaut d’obtenir contentement de son interlocuteur se mettre quelque chose sous la dent. Trop impatiente, trop instable, la guerrière serre entre ses dents le mors de l’affrontement, la plaie de sa meute sacrifiée bien trop fraîche dans son esprit étriqué. Il est trop tôt pour qu’elle accepte de se bâfrer des recommandations d’un civilisé qui chasse du larron. Et pourtant, elle l’écoute, sans manquer de laisser filtrer quelques froncements de sourcils sur son expression farouche. Étalée sur le flanc, faisant aller ses yeux des flammes à la figure de l’animal qui se repait, la Skaald songe à ce qui l’attend si elle doit s’échiner à convaincre tous ces peigne-culs de l’accompagner. Ces élus, dont Loktis tait les noms pour la laisser patauger dans un mysticisme insupportable. Le timbre grave du barbare la fait battre des cils dans une attention qui fait écho à sa propre amertume. Ironique d’imaginer que le monde des civilisés se révèle être bien plus hostile que les terres primitives qui l’ont étreintes. Ça l’enrage. Tumultes d’un désespoir fourbe qui l’enracine dans ce mépris viscéral. Mais elle y songe, néanmoins, à ce qu’il dit. Ils ont la trouille de ce qui est étranger et ils ont mûris dans la couardise, ces gens-là. Elle étouffe un grognement de gorge, s’imaginant les hommes bardés de fer qu’elle se doit d’éviter tout en partant en quête de quelques pièces dans ces dédales de pierres branlantes. Sigrid se redresse sur ses coudes, l’œil curieux planté sur la figure grave de son interlocuteur. « Ibenholt ? » C’est le premier nom que la Skaald peut mettre sur les visions de ce promontoire de roches qu’elle a entrevu en songeant éveillée. Le fiel se distille peu à peu de la guerrière qui s'étire, galvanisée par l’information que lui révèle le Krorag. Ça l’intrigue comme ça l’inquiète, de devoir nager dans ce flot d’incompréhension la plus totale. Y a-t-il corrélation entre le rassemblement qui s’y prépare et le but qui l’y mène ? Peut-être bien. Ou pas. Comment savoir ? Sigrid se masse les tempes, agacée par la perspective d’être lésée en révélations prophétiques durant cette période où elle en a le plus besoin. Elle se déplie de nouveau, dans un soupir las. Maudits soient Jormungar et ses facéties. Ses pairs sont-ils en train de festoyer auprès du Loup tandis qu’elle s’évertue à donner suite à leurs croyances ? En la voyant dans cette fâcheuse posture, à coup sûr que Krog en rirait à s’en claquer les cuisses. C’est qu’ils lui manquent.
« Le fer. Ils misent tout là-dessus par ici. » Ironise-t-elle, écœurée, avant de fermer les paupières sur les réminiscences de ses tribulations. La donzelle se frotte la face, grimaçant en passant ses doigts sur l’ossature nasale douloureuse. « J’ai cru que t’en avais p’têtre marre de survivre dans un trou pareil. Mais faut croire que j’ai eu tort. » Qu’elle lui lâche, une pointe de déception dans la voix. Un peu de dépit aussi.

Un bruissement l’arrache à son atonie et elle braque ses yeux sur le barbare qui s’approche d’elle et s’abaisse à son niveau pour la détailler ostensiblement d’un regard fiévreux. La respiration de la brune se fait plus profonde, à mesure qu’elle le fixe avec un semblant d’incompréhension sauvage. Jusqu’où est-elle prête à aller pour son peuple et ses croyances - qu’il lui demande. Qu’est-elle prête à sacrifier pour obtenir son aide à lui ? Dés qu’il l’attrape pour l’attirer à lui, la Skaald sursaute et retient sa respiration, son cœur tambourinant dans sa poitrine à en rythmer leur face à face. L’allusion graveleuse laisse place à l’évidence même qu’il formule avec un sourire vicelard sur les lèvres. Elle le détaille d’un air halluciné avant de plisser les yeux d’un air réprobateur.« Faudrait que je sois trop conne pour te croire déjà. Pourquoi j’ai l’impression que tu profiteras d’la moindre occasion pour me baiser dans tous les sens du terme ? » Lui rétorque-t-elle avec acidité. La Skaald redressée penche légèrement le chef pour visser ses prunelles dans celle du colosse qui la surplombe. « Parce que tu voudrais m’faire croire que tu te taperais des lieues vers le Nord, te sentant pousser les couilles pour affronter un dragon - tout ça pour une partie d’baise ? » L’impertinence étire une risette moqueuse à la guerrière qui se permet même d’en rire. « Moi j’ai été choisie pour réunir les élus espèce de mâle arriéré, pas pour satisfaire tes envies. » Elle articule ça à quelques centimètres du faciès masculin avant de repousser sa charpente sur le côté d’un appui du genou contre son buste. Basculant du même mouvement, ses bras emmêlés dans les siens, la louve se retrouve contre lui avant de couler sur le sol froid pour se libérer de leur proximité affriolante. La mine de nouveau rembrunie par les prétentions du barbare, la guerrière le fixe d’un œil sombre, tapie dans l’encoignure obscure de la caverne. « A d’autres, Zorkharr... J’suis pas prête d’être ta soumise. »Au moins, pas pour l’instant. Malgré sa défaite, Sigrid ne peut se résoudre à courber l’échine et se faire couvrir par le titan des Iles Brûlées. « Te fous pas d’moi. Je sais que t’es pas un bon samaritain. Et si Loktis t’as mis sur mon chemin, c’est probablement parce qu’il a des projets pour toi. » Dévote enfiévrée certes, mais pas folle ou inconsciente au point de se donner au quidam qu’elle sait ne pouvoir traîner de force dans les terres gelées d’Endhelstein. Elle préfère penser que Loktis lui réserve bien d’autres alternatives que de jouer les putains à guerriers. Le crin brun et hirsute encadrant son visage baigné par les ombres, Sigrid reste à le toiser comme le ferait un animal méfiant prêt à mordre une main qui lui serait tendue. « Ibenholt. Si c’est bien la terre de mes visions, alors je m’y rendrai. » Conclue-t-elle en ramenant ses genoux contre sa poitrine, détournant ses billes de celles du Krorag. « Être discrète, éviter le fer des hommes et récupérer celui des bourses. J’ai bien pigé l’truc. » Boule de poils qui se pelotonne aux pieds de la paroi rocheuse, la Skaald y veille en silence, claquemurée dans ses sombres pensées.    



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Zorkharr

L'Édenteur

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MessageSujet: Re: Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid   Of two evils, the worst is always to be chosen ☼ Sigrid EmptyMer 14 Mai - 11:00

Fiche © Quantum Mechanics

The She-Wolf
      The Chosen One
     

A
vait-ce était l'idée du siècle que de lui parler d'Ibenholt, l'endroit où Lui aussi se rendait ? Il n'avait point pérégriné dans ces steppes gelées pour abdiquer et rallier une région australe à son sens plus accueillante, et puis, son indication demeurait relativement vaste, il n'avait guère prononcé le nom de Jernvugge, pas plus qu'il ne lui avait confié carte et rose des vents pour l'y conduire. Qu'importait qu'elle parvienne au bastion de l'Usurpateur et à la Cité en liesse pour la genèse du printemps, la ville était vaste et les venelles innombrables, à combien culminait le pourcentage de chances qu'ils s'y rencontrent de nouveau ? Car s'il s'était pour l'heure gardé de formuler une réponse diaphane sur le sujet du privilège divin, il n'avait pas la moindre intention de quitter cet antre en sa compagnie qu'elle soit parvenue à éveiller sa curiosité ou non. Tous deux avaient leurs besognes respectives à accomplir – laquelle concernant Zorkharr ? Il quêtait encore, seule son intuition l'avait arraché aux températures estivales du grand sud et guidé sur ces terres incultes qu'il avait jadis arpentées avec son frère de cœur, et pour l'heure, il refusait d'alimenter l'hypothèse que Sigrid et sa cause soient les raisons qui l'avaient inconsciemment mené jusqu'ici. S'il en allait réellement ainsi, les dieux, qu'ils soient Skaalds ou Krorag, s'échineraient à les rassembler derechef, il n'en avait pas l'once d'un doute. Le cas échéant et seulement alors, peut-être daignerait-il la considérer avec plus de sérieux que d'intérêt scabreux, car il concédait sans peine que plus que ses logorrhées laudatives, c'était la volupté de ses cambrures qui enjôlait ses sens. Loin d'être hideuse et repoussante nonobstant ses racines archaïques, sa beauté indocile n'était pas sans lui remémorer la vénusté des femmes de son erg aride, quand même bien le derme de gypse blanc ne trouvait aucun écho dans les teints de cuivre qu'il avait autrefois côtoyés. Cette peau nivale et peinturée irradiait d'un charme hyperboréen qui ne le laissait pas indifférent – vice de mâle qui humait les atomes de progestérone à l'en faire suer de stupre. Sous ses airs relativement flegmatiques malgré l'offensive lubrique, il se sentait frémir d'un désir primitif qu'il aurait été bon de combler séance tenante, mais l'attaque n'était pas moins intéressée qu'elle n'était vouée à expérimenter la véritable dévotion de la sauvageonne. Dans une résultante comme dans l'autre, il se languissait de sa réaction.

Et quelle belle mine pantoise et mécontente, qu'elle lui offrit ! Il ne s'était pas attendu à moins d'opposition de sa part, quand bien même devinait-il l'appréhension sous l'opaque couche de fierté féminine et guerrière qui la faisait rauquer et montrer les crocs plutôt que s'exécuter avec résignation. Le reître avait déjà fait preuve de sa primauté en matière de brutalité, cela aurait été avec aisance qu'il l'aurait immobilisée et prise à même la rocaille de jais, qu'elle griffe, qu'elle morde, qu'elle s'époumone. Quand bien même leur émulation naturelle connaissait une accalmie, la harpie aurait été imprudente et impudente d'omettre qu'il l'aurait soumise sans la moindre difficulté s'il en avait voulu ainsi, ce qu'il ne semblait cependant pas résolu à faire en dépit de son hardiesse. « P't'être bien ? » Nargua t-il lorsqu'elle se fit goguenarde, s'amusant – ou s'indignant – de voir qu'il pourrait lui offrir son âme pour croquer sa pulpe la plus intime. Plus sagace qu'elle n'y paraissait, la louve ne se laissa pas acculer par la suggestion pressante du titan qui contempla les esquisses du faciès rapproché du sien, un imperceptible rictus amadoué à la commissure des lippes. En moins de temps qu'il en aurait fallu pour le dire, elle se déroba à son étreinte téméraire et creusa la distance entre la lasciveté de l'îlien et sa chasteté dévouée. Pas offusqué pour un pécule, le nomade se redressa, séant encore sur le sol froid pour mirer son interlocutrice racornie dans son encoignure et retranchée dans ses pensées les plus abyssales. A son tour, il inclina le chef sur le côté et chercha silencieusement à percer l'ésotérisme rudimentaire et pourtant abscons au possible. « Tu comprends plus vite que j'le pensais, mais si tu crois que c'est aussi facile à faire qu'à dire, tu t'trompes totalement. S'faire violer la chair et l'âme sont deux choses très différentes, tu trouveras des avantages à devenir la catin guerrière des continentaux, et aussi masse d'inconvénients. Y a qu'un seul truc dont on peut rester fier : c'est que si nous on peut s'accoutumer et survivre ici, eux, tiendraient pas deux jours chez nous. Que ce soit dans mon immensité de feu ou dans ton étendue de glace, ils seraient voués à une mort certaine et relativement amusante pour des autochtones dans notre genre. Maigre réconfort, mais faut s'contenter de ce qu'on a. » Il tritura un instant sa longue barbe, songeur. « Et j'ai jamais dit qu'Ibenholt serait ta terre promise, des villes, t'en as plusieurs à travers Middholt. Nord, Sud, Est, Ouest – qui sait où peut se fourrer ta cohorte d'élus ? Va savoir si ce sont des humains et pas des elfes ? Des femmes ? Pourquoi pas des bambins tant qu'on y est ? Tu sais pas plus que moi où tu vas, ton errance fait que commencer. Regarde-moi bien Skaald, dans quelques temps, tu vaudras pas mieux. »

Pas besoin d'augures pour lui prédire cet avenir, et à ses yeux, il s'agissait de réalisme plus que de pessimisme. Un sourire sardonique prit place sur sa physionomie, puis Zorkharr se leva, s'armant de sa hache avant de se tourner de moitié en direction de la sortie. « Quant à Loktis, il aura p't'être de l'influence mais j'compte sur mes propres dieux pour me montrer la voie, alors j'me mettrais à les prier aussi si j'étais à ta place et si tu veux vraiment m'convaincre. » Se disant, il s'éloigna dans le dessein de rejoindre la carcasse du bovidé à l'extérieur, ignorant sciemment la morsure des bourrasques pour se ravitailler en carne fraîche et se refaire une pitance avant le sommeil.
Un sommeil qu'il n'eut aucun mal à trouver une fois alité dans son coin, proche de l'âtre et loin de la succube, à l'affût même endormi d'une quelconque menace qui aurait l'idée de se convier à leur abri. Ce fut à peine si le firmament avait retrouvé sa clarté diurne lorsqu'il s'éveilla, bouclant affaires et nippes avec discrétion pour ne pas attirer les soupçons de la jeune femme encore assoupie. Avec les premières teintes de l'aurore venait son départ, et derrière lui, il n'abandonna aucune trace de son passage, désireux d'estomper son existence de l'esprit de Sigrid qu'il observa un moment avant de quitter la caverne. Etrange rencontre, que lui, n'était pas près d'oublier malgré son opiniâtreté, sans se douter que leur histoire commune était à mille lieues d'être finie.

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