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 Bath of Secrets ♤ Irinwe

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Jora Ebonhand

Perle de Nacre

Jora Ebonhand
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MessageSujet: Bath of Secrets ♤ Irinwe   Bath of Secrets ♤ Irinwe EmptyMar 24 Juin - 15:55



L
eur odyssée n'en était qu'à sa genèse, et pourtant... il lui semblait avoir déjà affronté tout un univers, en l'espace d'un peu plus d'une lunaison. Son microcosme s'était effondré sur lui-même, enseveli sous la déchéance paternelle et la perdition patrimoniale, happée qu'elle fut par les flots saumâtres de la politique, de l'arrivisme sournois. Ces deux dernières décades, elle les avait passées dans une geôle dorée et cossue, et qu'elle était loin, cette époque d'oisellerie où elle n'eut pépié que pour le plaisir de ces nobles benoîts. A présent qu'elle était parvenue à prendre son essor non sans le concours cardinal de ses plus loyaux alliés, Jora escomptait trouver son propre ramage et avoir définitivement voix au chapitre de sa destinée, elle qui transbahutait sur ses frêles épaules la pesanteur d'une postérité immémoriale. La princesse mise au ban n'était pas moins fille de roi et héritière de bien plus qu'un royaume, car y venait se juxtaposer une hoirie spirituelle qui trépasserait avec elle si la contingence venait à la réduire au silence de manière immuable. A chaque landes arpentées, à chaque goulée d'oxygène inspirée, elle songeait à la charge immatérielle qu'elle emportait à travers Middholt, contenant en l'occurrence l'espérance de bien plus de gens qu'elle ne l'aurait jamais imaginé. Les quelques quidams qui les escortaient le lui avaient longuement narré, tout autant qu'ils s'étaient plu à lui jurer officiellement allégeance, prêtant serment sous les oeillades inquisitrices des déités qu'ils n'auraient d'accalmie que lorsque la Main de Nacre serait ceinte de la couronne de Jais. Une abnégation qui avait inspiré à la fois gré et fierté à la jouvencelle qui commençait seulement à réaliser ce qui se profilait à l'horizon, une guerre sainte, une conflagration inéluctable comme elle n'en avait vue que dans ses compendiums diachroniques. Ils étaient à l'aube d'une nouvelle ère, les oracles devaient frémir en se plongeant dans leurs divinations, et ils n'étaient pas les seuls. Nul besoin de posséder le troisième œil pour savoir que les temps prochains seraient ardus, que leur auguste continent n'avait pas achevé là ses tribulations. En étaient-ils aussi conscients qu'elle, les membres de sa cohorte qui avaient été jusqu'à forfaire leur honneur pour soutenir sa cause ? Elle les contemplait avec philosophie, avec admiration, également, car elle ignorait si, à leur place, elle aurait aussi vaillamment lutté pour un intérêt de prime abord utopique, désespéré. Dans son malheur, finalement, la providence ne la dédaignait pas tant que cela.

C'était la première fois qu'elle se hasardait dans le Val d'Airain, la première fois aussi qu'elle pérégrinait aussi longuement sans diligence et dans des conditions embryonnaires, un baptême du feu qui avait ses avantages et ses inconvénients. Etourdie par les contrées enchanteresses et les enjeux de leur exode, l'Ebonhand ne s'abêtissait pas à se lamenter à l'image d'une altesse bégueule, et se contentait d'avancer avec la même peine que le reste de l'arroi – exception faite d'Ehvan qui s'échinait à être aux petits soins. Au moins avaient-ils enfin quitter la froidure boréale au profit de températures bien plus accueillantes, le moral et les galbes s'en étaient trouvés allégés et ils progressaient qui plus est à bonne allure. Si bien qu'ils avaient jugé ne pas avoir démérité une halte dans la futaie qu'ils piétinaient, à l'orée d'une rivière qui avait instantanément ébaudi la demoiselle au crin d'opale. Celle-ci avait sollicité sa tendre préceptrice pour aller se rafraîchir et ainsi se souvenir des bases élémentaires de l'hygiène, c'était ainsi qu'elles avaient abandonné ces sieurs à l'édification du bivouac pour s'aventurer un peu plus loin, là où elles seraient invisibles à leurs calots d'homme bien que suffisamment proches pour que la Claymerie puisse s'en venir vérifier que tout se passait au mieux. « Regarde ! » Lança la joliette innocente, une immense risette pavée sur l'harmonie de son faciès tandis qu'elle observait ses gambettes immergées. Là, dans l'eau diaphane, convergeait un petit banc des plus minuscules poissons qui lui avait été donné de voir et qui se plaisaient à effleurer voire bécoter les jambes fuselées avec curiosité. « Je n'avais jamais vu cela, c'est incroyable ! Ils chatouillent ! » Un ricanement de cristal s'éleva, elle se mut alors sensiblement pour effaroucher la plèbe aquatique qui se dispersa un instant avant de revenir faire des rondes autour d'elle. Depuis qu'ils n'étaient plus à Jernvugge et que le temps avait un tant soit peu lénifié le traumatisme de leur fuite, Jora s'émerveillait de tout et de rien, elle découvrait le monde sous un aspect à la fois si humble et mirifique qu'elle en perdait toute autre notion. Une réalité attendrissante, autant qu'elle était chagrine, car l'on se rendait compte à quel point elle avait été spoliée de la simplicité de vivre.

Dans leurs échines, au revers des frondaisons rubigineuses et des boqueteaux, elles entendirent leurs guerriers s'esclaffer au loin, dans une jovialité qui avait jusqu'ici fait défaut à leur groupe. Qu'importait la source, de la clémence météorologique à une humeur fortuite, qu'il était bon d'entendre des rires plus que des pleurs. La damoiselle ne put s'empêcher de les imiter plus discrètement en imaginant qu'ils aient été en train d'importuner le Clanfell, que d'aucuns aimaient décidément taquiner. « Que c'est étrange d'ouïr ceci, ou plutôt, inopiné... inespéré ? Je n'aurais jamais gagé que nous puissions trouver une embellie dans notre voyage, les quelques-unes que nous avons rencontrées ont été si furtives, des moments volés, dans une intimité toute relative. Cela me met du baume au cœur... Nous touchons au but, peut-être est-ce ce pour quoi nous devenons moins austères. » Sa voix s'était perdue dans une expiration réflective, alors qu'elle replaçait son crâne dans l'axe adéquat pour permettre à l'elfe de poursuivre son entreprise. Cette dernière se délassait à tresser la crinière ivoirine, tant par souci de divertissement, d'esthétisme que d'impératif, car convenablement coiffés, ses cheveux ne s'essaieraient pas à s'esbigner du voile qui vêtait constamment sa tête depuis le début de leur cavale. Un instant comme nourrice et enfant chérie n'en n'avaient plus passé depuis bien longtemps, trop longtemps, et les dieux savaient qu'elle s'en était languie. Leurs nippes étaient suspendues aux ramures à proximité , elles leur avaient préféré de modestes linges au blanc délavé pour emmailloter leurs corps le temps de leur toilette. Une presque communion avec la nature qui amusait grandement l'Ebonhand, assise au bord du cours d'eau avec la sensation de renaître, quand bien même leur restait-il nombre de choses à accomplir. « Ehvan dit que nous serons bientôt sur les Terres de l'Automne, Sorhelm se rapproche, je n'aurais jamais cru avoir un jour l'opportunité de voir cette Cité. Peu d'humains s'y sont déjà rendus, plus rares encore ceux qui ont osé y installer leur foyer. L'on raconte que c'est une merveille d'architecture, que tous les royaumes blêmissent devant la beauté sculpturale de la ville et qu'Ibenholt est une lune dans la sorgue là où Sorhelm est un soleil en plein jour. J'aurais aimé que notre visite se fasse en d'autres circonstances, mais se plaindre relèverait de l'ineptie, et je crois que même Sade serait pour nous un endroit plus sûr que ne l'est actuellement Jernvugge. »

Et que ne l'étaient aussi tous les autres territoires, l'influence des Freux s'étendait bien au-delà des lisières septentrionales, les Cinq Royaumes étaient presque entièrement devenus leur funeste aire. Elle ne doutait pas qu'ils aient été prioritaires dans toutes les recherches, de l'armée aux reîtres peu regardants sur l'essence du contrat, tant qu'il y avait goulue rétribution à la clé. Ils ne seraient en sécurité nulle part si ce n'était, ils l'espéraient tous, au Palais du Zénith où la reine Nelrenethys serait leur bienfaitrice. Plus qu'une question de temps, pour que Jora puisse à son tour tisser l'arantèle de pouvoir et s'introduire en pièce maîtresse sur l'échiquier du Jeu des Trônes, et récupérer ce qui lui revenait de droit. Elle se mordit la lippe, encore néophyte dans l'art des stratagèmes diplomatiques, lui restait tout à apprendre. « Dis Irin, est-ce bien ton père qui était un elfe austral ? Je ne me souviens plus t'avoir déjà posé la question, mais t'a t-il jadis emmenée fouler le sol de tes aïeux, si loin de nos steppes de glace ? Je ne suis pas réellement au fait des climats ethniques, mais il me semble que les elfes nordiques ne sont pas vraiment... appréciés à leur juste valeur, dirons-nous, ne risques-tu rien là-bas ? Pas plus – ou moins – que nous autres humains, osé-je imaginer. »

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MessageSujet: Re: Bath of Secrets ♤ Irinwe   Bath of Secrets ♤ Irinwe EmptyMer 25 Juin - 18:45



L
e périple pour rejoindre Sorhelm s’annonce truffé d’embûches et de contrariétés mais Irinwe doit reconnaitre que la présence d’Ehvan et de ses hommes a de quoi lénifier ses appréhensions. Après avoir quitté Jernvugge en toute hâte et après avoir laissé derrière eux la jeune Morgana aux mains de l’ennemi, la préceptrice a du soigner la vilaine plaie causée par la flèche fichée dans sa cuisse. Les protagonistes étant encore sous le choc de leur fuite précipitée, le début du voyage s’est fait dans un silence morose, l’inquiétude rythmant leur progression se voulant la plus discrète possible. Ils ont tant marché pour s’assoupir sur une couche des plus sommaires, l’escorte veillant à ce qu’aucune menace ne se manifeste - puis ils sont repartis, chacun se souciant davantage de la sécurité de l’héritière à la crinière argentée dissimulée sous un tissu ample. Si Irinwe nage dans une aise instinctive en foulant les terres sauvages et boisées, ce n’est pas le cas de sa jeune protégée qui découvre pour la première fois les aléas du voyage et l’inconfort de leur campement. L’elfe n’a aucun mal à imaginer l’affliction pesant sur Jora, la survivante d’une famille de puissants, elle qui est malgré elle au cœur des intrigues politiques du royaume. Guettant les traits de la belle dans un réel souci de turpitudes impromptues venant à assombrir sa mine, Irinwe n’a pourtant pas eu l’occasion de pouvoir lui parler en tout sincérité ou avec l’affection immuable qu’elle lui porte. Ainsi entourées, il n’y a guère de place pour les confidences, ce qui n’a pas empêché la préceptrice de soutenir sa protégée d’un sourire ou d’une étreinte discrète et rassurante. A mesure de leur parcours, les cœurs ont semblé plus légers et la compagnie s'est faite plus loquace, comme si chacun d’eux avait un regain d’espoir suite à leur départ de ce Nord, froid berceau de tous les complots. La vive inquiétude de l’elfe au sujet de ce qu’ils ont laissé derrière eux s’éclipse d’ailleurs à l’image du visage souriant de Jora, impatiente de gagner le cours d’eau à proximité pour pouvoir s’y tremper. Irinwe accueille d’ailleurs l’idée avec enthousiasme, elle qui se trouve vaguement incommodée par la crasse qui macule son derme. C’est qu’elle a perdu l’habitude de manquer aux bienséances de l’hygiène de la Cour. Si le froid mordant l’a convaincu de rester couverte à longueur de temps un peu plus au nord, le temps plus clément leur permet maintenant de profiter de quelques rayons de soleil. C’est donc sans crainte que les deux donzelles laissent le reste du groupe veiller sur le campement, sans pour autant s’éloigner de trop.

Un sourire bienveillant étire le faciès fatigué de l’elfe qui incline le chef en direction du soleil pour profiter de sa chaleur. Les pieds dans l’eau, assises sur la berge, Irinwe et Jora profitent d’un brin d’intimité pour en revenir à l’essence même de leur relation. Tandis que la préceptrice peigne la chevelure d’albâtre avec précaution, l’héritière s’ébahit devant les merveilles de la nature, chose qui ne manque pas de faire rire l’elfe. Si c’est touchant de la voir ainsi découvrir la faune et la flore, Irinwe ne peut s’empêcher de penser à quel point c’est injuste de l’avoir gardé enfermé entre quatre murs aussi longtemps. Une étincelle de tristesse embrasse le regard de la belle qui vient effleurer l’ondée cristalline de l’index avant d’en revenir à sa coiffure. « Les poissons sont fascinants. Ils sont si curieux, mais ne manquent pas de prudence. » Comme la jouvencelle qui s’émerveille devant chaque simplicité qui lui semble être prodige. Attendrie par l’exaltation de la lady, Irinwe inspire profondément avant de nouer ses tresses argentées et les fixer à l’arrière de son crâne, libérant quelques mèches pour encadrer son beau visage. L’eau clapote et frémit à chacun de leur mouvement, une symphonie des plus douces à leur oreille lasse d’entendre de menaçantes interjections. Tandis que la préceptrice rapproche son séant du bord, elle grimace douloureusement, une main portée à son flanc blessé. Elle s’empresse de rassurer son interlocutrice d’un geste de main, vérifiant le pansement d’un œil avisé. « Je suis plutôt contente d’avoir pu trouver de quoi soigner ça. Je pense que je pourrais marcher sans boiter d’ici quelques jours. » Cette blessure n’est là que pour lui rappeler cette scène qui la hante encore dans ses songes. A dire vrai, Irinwe craint de fermer les yeux, de peur de voir le visage effrayé de Morgana les appelant à l’aide. La préceptrice s’humecte les lèvres, songeuse, avant que les rires n’attirent leur attention à toutes deux. Des rires francs. Le genre qui arrache un sourire pour chasser les mauvais souvenirs. Jora s’en ravit, évoquant leur destination qui n’est finalement plus si loin, soignant ainsi leur humeur morose. « Oui, j’imagine que c’est un soulagement que de s’approcher de Sorhelm en ayant su éviter les mauvais coups du sort. Une fois là-bas, vous serez en sécurité ma lady, et j’imagine que tous ces braves pourront enfin dormir plus sereinement. » Irinwe étire une risette amusée, songeant à la ténacité d’Ehvan et ses compagnons, dormant très peu pour assurer la sécurité de la princesse. Le lion donnerait sa vie pour Jora, il n’y aucun doute là-dessus. L’elfe décroche une fleur qu’elle vient glisser dans la chevelure de sa protégée, écoutant distraitement le discours de cette dernière concernant Sorhelm. En tant qu’elfe nordique, Irinwe n’y est jamais allée, mais son père lui en a parlé, et elle se l’est toujours rêvée. Attachée à la culture australe, elle est probablement aussi impatiente que Jora à l’idée de découvrir la cité elfique. Mais évidemment, il lui faut faire preuve de contenance, surtout qu’une appréhension latente ne cesse de grandir en son sein. Les conflits entre elfes austraux et nordiques ne sont une surprise pour personne. « Sorhelm est une ode à l’astre diurne, baignée par la lumière et le parfum des fleurs sauvages. » Lui glisse-t-elle sur un ton lointain, se remémorant les quelques histoires contées par son paternel. Un endroit merveilleux, en phase avec lui même. « Avez-vous vu la reine Nelrenethys lors du Bal ? Elle est superbe. » Aussi magnifique qu’elle est regrettablement condescendante envers les castes qu’elle estime inférieures. Là est bien le problème avec les elfes austraux. Malgré l’alliance de poids que représente la reine elfe dans leur plan de repli, Irinwe ne peut s’empêcher de se poser bon nombre de questions. Peuvent-ils vraiment faire confiance aux austraux ? N’y a-t-il pas derrière tout ça un dessein qui desservirait l’honneur des Ebonhand ? Quoiqu’il en soit, ils n’ont pas d’autre choix que de faire confiance aux seuls qui ont accepté de leur ouvrir les bras. La préceptrice papillonne un instant avant que la curiosité de Jora ne la surprenne dans ses pensées. « Mon père ? Oui il était bien un elfe austral. C’est d’ailleurs lui qui, sans vraiment le vouloir, m’a transmis tout leur savoir ancestral. Il m’a toujours dit que les elfes austraux sont très intelligents et cultivés. Si passionnés de leur culture qu’ils ne supportent guère celle des autres, qu’ils considèrent comme barbare et arriérée. » Elle laisse échapper un petit rire s’évanouissant dans un soupir. Irinwe se rappelle encore le comportement exaspéré et prompt à l’emportement de son père lorsqu’il parlait de ses racines. « Il a quitté Sorhelm et n’y ait jamais revenu depuis. Il est allé dans le Nord et c’est là qu’il a rencontré ma mère. Même si j’ai toujours insisté auprès de lui pour m’y amener, il n’a jamais voulu. » L’elfe fronce les sourcils, lèvres pincées dans une moue dubitative. « C’est bien dommage, d’être en possession d’un tel savoir et de ne pas vouloir le partager. Les elfes austraux gagneraient tellement à s’ouvrir aux autres. » Comment allaient-ils réagir en les voyant arriver dans leur royaume ? Serait-elle brimée et regardée de haut pour être une elfe de sang mêlé ? « Je pense et j’espère que les elfes austraux sauront mettre de côté leur ressenti pour nous accueillir. Il va bien falloir. » Des éclats de rire masculin résonnent encore à travers la végétation et Irinwe esquisse un sourire tout en venant plonger ses bras dans le cours d’eau. Malicieuse, elle biaise un regard en direction du campement et formule sur le ton de l’anecdote. « Il en pince pour toi. Ehvan. » Cela se voit à la manière dont il la regarde et dont il la protège. C’est bien au-delà de la loyauté infaillible. « T’a-t-il déjà avoué ses sentiments ? » Irinwe en revient volontiers à une note plus futile, la taquinant volontiers sur un sujet qui doit se faire tout aussi nouveau pour elle. Les hommes, le béguin, et toutes ces choses qui allègent un peu la gravité de la situation.

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Jora Ebonhand

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MessageSujet: Re: Bath of Secrets ♤ Irinwe   Bath of Secrets ♤ Irinwe EmptyVen 27 Juin - 14:39



A
chaque fois qu'elle apercevait une grimace endolorie altérer la joliesse du minois elfique, la salve de flèches qui s'était abattue sur leurs galbes à l'instar d'une violente ondée lui revenait en mémoire, et elle se souvenait. Elle se souvenait de l'épinéphrine électrisante, comme si la foudre se fut substituée à son hémoglobine, de la peur sourde et térébrante, du désir viscérale de s'en sortir et de n'égarer aucun de ses acolytes. Ils avaient failli en abandonnant une donzelle à son funeste sort, pour le bien du leur. Puis, elle avait tremblé à la seule perspective de perdre sa préceptrice, l'unique duègne qu'elle considérait par-delà ce titre, celle dont elle aurait pu être la fille. La première chevauchée avait été laborieuse, ardue tant en affect qu'en terme de robustesse, tous avaient craint, tous avaient jeté mille anathèmes sur les Ravncrone sans lesquels rien de tout ceci ne se serait produit. Usurpateurs en Middholt et monarques des limbes en leurs cœurs, l'arantèle du destin leur promettait un retour de flammes digne de ce nom, et n'était pas seulement concernée la dignité profanée de la Main Blanche. Ils avaient été jusqu'à couturer le derme d'Irinwe, lui rappelant pour quelle cause elle luttait, mais aussi à quels périls elle devait inexorablement se heurter pour sustenter ses convictions. Une souillure qui ne s'estomperait jamais, et que les charognards paieraient au centuple, tel était son souhait. Pour l'heure, ceux-là étaient fort loin – elle l'espérait – et ils n'avaient que trop conquis et labouré son esprit depuis leur régicide pour la tourmenter séance tenante, alors qu'elle était encline à une accalmie, succincte, mais salvatrice. Rien ne durait jamais, telle était la péroraison de ces années de labeur, le résultat d'être spectatrice d'une maudite vaudeville dans laquelle elle n'avait eu voix à aucun chapitre. Les choses changeraient, à présent qu'elle avait brisé ses chaînes, le firmament n'était nébuleux que pour lui octroyer l'entier choix de la direction à prendre, de l'itinéraire à parcourir jusqu'à l'avènement. Car accession à la magnificence d'autrefois il y aurait, à l'aube de demain, à celui de l'an prochain et dans des décades, le Feu de la longévité lui était favorable. Il en était de même pour sa gouvernante, qu'elle escomptait voir à ses abords pour le siècle prochain encore. Quant aux enfants des autres arcanes... Elle préférait simplement ne pas y songer, tous n'évolueraient malheureusement pas de façon égale, l'iniquité de la providence en voulait ainsi.

« Ironiquement, une telle étroitesse d'esprit n'est pas sans me rappeler feu mon père. Tu sais à quel point il abhorrait les elfes, qu'ils aient été nordiques ou austraux, tout ceci à cause de l'Histoire. Je me souviens qu'il jurait sans cesse sur ses compendiums diachroniques, pour cette partialité d'antan qui a coûté le Trône de Jais aux Ebonhand. C'est cette faille qu'il désirait réparer, c'est elle qui a pourvu à son ambition et à son opportunisme. Elle qui a condamné tant d'innocents, et cela continue... » Ils n'étaient pas à l'aurore de ce conflit armé, et ils étaient bien loin d'en être au crépuscule, le monde n'arrêterait jamais de patauger dans son propre acide. Jora corrobora du chef aux propos de son interlocutrice quant à la science jalousement préservée, mais sans doute était-ce une manière de se protéger en plus d'être une question de morgue et d'égocentrisme. De la pulpe des doigts, elle effleura la fleur intronisée dans sa crinière coiffée et retourna à la contemplation évasive de la poiscaille qui pirouettaient toujours à hauteur de ses gambettes. « Il va bien falloir, comme tu dis... Enfin... Ils ne nous doivent initialement rien, j'ose espérer que nous ne nous dirigeons pas dans un guet-apens, mais je fais confiance à Ehvan pour avoir tâté le terrain avant. S'il y a bien une chose qu'il n'est pas contrairement à ce que d'aucuns pensent, c'est vain. » Plus d'une décennie qu'elle le coudoyait, certes dans les lisières de la cour la plupart du temps, mais ils ne s'étaient jamais fardés de simagrées et avaient toujours fait preuve d'une probité criarde. Mais quand bien même la jouvencelle pouvait-elle se targuer de bien le connaître, le fauve n'était pas exempt de mystères moins cryptiques aux prunelles d'autrui qu'aux siennes, preuve en fut lorsque la nourrice se hasarda sur un sujet tout bonnement inopiné après que l'hilarité de ces sieurs ait une nouvelle fois vrombit à leurs tympans. « Huh ? » Miaula la donzelle avec une nitescence pantoise et même décontenancée dans ses myosotis chatoyants. Elle considéra tant la désinvolture dans la mimique de la sylphide que le tutoiement qui accentuait l'intimité de cet instant, et qui était bien moins commun que l'on ne pourrait croire. Désorientée par ce qui vêtait l'apparence d'un truisme, elle ne fit que scruter les joyaux oculaires qui l'interrogeaient autant que la carillon cristallin qui revint à la charge, plus hardi encore qu'au premier assaut.

« De... quoi ?! » Le palpitant sous les cambrures juvéniles se mit subitement à pulser, exacerbant sens et ressentis qui firent ascensionner l'écarlate aux pommettes rondes, à tel point qu'elle se demanda si elle ne venait pas de se transfigurer en source d'une chaleur volcanique. « Ne dis pas de sottises !... Ehvan est un sigisbée qui a beaucoup souffert et qui tient aux rares personnes qui ne le mésestiment pas, il... Il m'avait promis qu'il reviendrait, il n'a qu'une parole, c'est... Il n'y a rien d'inusuel... si ? » Les calots de la candide biaisèrent vers les boqueteaux qui leur camouflaient le bivouac et donc le principal intéressé, dont le simple phonème la rendit étrangement et soudainement fébrile, comme si le chant rauque du lion était idéalement venu étayer le discours elfique. Elle scruta frénétiquement les ondoiements à la surface de l'eau, plongée dans une houle sauvage d'introspection et de remise en question quant à toutes les certitudes qu'elle avait jusque-là alimentées concernant le Clanfell. Ce ne fut qu'au déclin de longues secondes qu'elle guigna Irinwe, qu'elle suspectait profondément délassée par la réaction de sa protégée princière qui ne put alors réprimer une risette embarrassée. « Arrêêêête ! » En guise de vindicte espiègle, elle l'éclaboussa dans un rire diaphane et fit diligence dans le but de s'éloigner pour ne pas essuyer de contre-offensive. Elle fit à peine deux coudées dans les eaux claires avant d'installer son séant sur une petite saillie rocailleuse qui lui fit office de siège. Là, elle se mordit la lippe, toujours embaumée dans une confusion composite, et ramena ses jambes contre sa poitrine pour les étreindre non sans une mine pusillanime. « Tu dois certainement te fourvoyer, il n'est pas bon de faire des conclusions trop hâtives, surtout maintenant que nous sommes dans la promiscuité de la fuite. Je veux dire... Il m'a connue fillette, je ne sais même pas s'il me voit encore comme une enfant ou comme une femme... Moi-même j'ignore ce que je suis réellement... » Elle voulait être femme, car telle était la première étape avant d'être reine, et il allait lui falloir devenir bien davantage si elle aspirait à son hoirie, mais comment faire, elle qui avait été couvée et surprotégée toute sa vie durant ? Sans exemple maternel, sans plausibilité de jouir de ses propres expériences... elle pérégrinait vers un inconnu terrifiant, mais qu'elle se devait d'affronter.

Ce que Jora n'avait en revanche pas auguré dans cette péripétie était l'idiome des sentiments, et voici que son âme se faisait barde d'une bien étrange rhapsodie. L'argutie brandie pour réfuter les théories énamourées était précaire, voire, totalement désuète depuis son dernier conciliabule avec un certain Ours Cendré. Derechef, la belle pouponne égara ses pensées dans le décors, ses joues empourprées de plus belle, et déglutit avec une gêne d'autant plus palpable. Elle tritura nerveusement les ongles de l'une de ses menottes, puis hésita longuement avant d'entonner. « Il y a... quelque chose que je devrais peut-être te confier... » Elle laissa la cantilène de la rivière poursuivre ses mots, et ses mirettes épousèrent celles qui lui faisaient face. « Ne le dis à personne, c'est... une folie que j'aimerais continuer à chérir en secret, mh... » Ses phalanges caressèrent distraitement les tresses argentines tandis que la demoiselle quêtait pour les vers adéquats, car ce n'était point le genre de récit qu'elle était accoutumée à narrer, qu'importait qu'il eut s'agit de sa gouvernante pour l'entendre. Le regard désormais absorbé par le liquide translucide qui ruisselait paisiblement, elle humecta ses lèvres, s'ébaucha l'instant volé dans une encoignure de Jernvugge il n'y avait pas si longtemps de cela. « J'ai pu m'entretenir avec Dralvur, peu de temps avant la commémoration du printemps. Il a été suffisamment retors et patient pour savoir où et quand m'interpeller, je me rendais à la bibliothèque ce jour-ci, les gardes Ravncrone étaient restés en faction devant les portes le temps que je glane quelques ouvrages. C'est là qu'il m'a attrapée, et... je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse de le retrouver, surtout après l'esclandre que j'aie sciemment provoquée pour lui faire comprendre que la reine était de notre côté. J'ai été si vile avec lui, si cinglante... » Dieux qu'elle regrettait les tirades impies qu'elle avait pu lui rugir au museau, mais cela avait été un mal pour un bien, et il avait prouvé qu'il ne lui en tenait aucune rigueur. « Il m'a quelque peu renseignée sur nos complots, et surtout, il était venu me dire au revoir, puisqu'il n'avait point le projet de nous suivre... Je l'ai hydraté de mes larmes, entre suppliques et injonctions, je ne savais plus où donner de la tête, je voulais seulement qu'il vienne. Puis alors qu'il me consolait et m'ordonnait d'agir en adulte, il... » L'organe cardiaque se mit de nouveau à marteler, sa panse fut soulevée par une indicible émotion, puis elle se dissimula à moitié derrière ses rotules jointes. « Il m'a embrassée... Mais pas comme un oncle embrasse sa nièce, c'était... un vrai baiser... »

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MessageSujet: Re: Bath of Secrets ♤ Irinwe   Bath of Secrets ♤ Irinwe EmptyMar 1 Juil - 11:15



I
rinwe s’étonne encore de la maturité de la nymphe à la chevelure argentée qui n’a jamais nié le caractère extrême de son paternel. En ce sens, elle dit vrai lorsqu’elle compare Hulgard aux elfes austraux, incarnation de méfiance et de condescendance envers l’autre race. L’évocation de celui qui l’aurait trainé sur le billot sans hésiter lors de la Nuit des Larmes la rembrunit dans une expression morose. Jora aussi, semble affligée d’une profonde tristesse face au fait indéniable - ce sont les actes de son père ont mené à cette guerre ouverte. Lèvres pincées, Irinwe se garde bien d’offrir un commentaire à son interlocutrice. Il ne sert plus à rien de parler sur les morts, même si rien ne saurait réparer ce qu’il a causé. Les ambitieux chuchotent souvent entre eux - et lord Jorkell a eu le fin mot de toute cette histoire. N’est-ce pas risible ? Que ce soit de sa main qu’Hulgard Ebonhand soit mort, alors qu’il aurait pu jurer que les elfes auraient sa peau en guise de revanche ? Malgré toute l’amertume que lui évoque le père de Jora, la préceptrice ne peut s’empêcher de couver cette dernière d’un œil chaleureux. Il est difficile pour un enfant d’avoir une vive conscience des torts de ses parents. Pire encore lorsque les accusations sont portées par de tierces personnes et dénotent complètement avec la personnalité des proches. Irinwe n’a jamais voulu croire ce pour quoi le roi Kalanar a fait exécuter ses parents. Elle s’est toujours entêtée dans ce refus d’obtempérer car ils ont toujours soutenu le roi elfe et c’est insensé d’imaginer qu’ils aient pu conspirer contre celui dont ils étaient si proches. Cela va au delà de ça, comme ils sont toujours restés discrets sur les affaires qui les amenaient auprès de lui.
Irinwe se perd dans la contemplation de l’ondée cristalline dans laquelle s’agite la faune colorée. La nature est à l’image de cette candeur nébuleuse , un havre de paix éphémère dont il leur faut profiter jusqu’au bout. Glissant ses doigts dans sa sombre crinière emmêlée, la belle essaie tant bien que mal d’en défaire le plus gros des nœuds. Jora lui fait part de ses inquiétudes quant à quel genre d’accueil leur réserveront les elfes austraux et sa préceptrice ne peut qu’acquiescer à ses dires en espérant qu’Ehvan ait raison de leur faire confiance. Evidemment qu’eux aussi entrevoient un dessein dans le fait de soutenir la Main Blanche - le tout est de savoir ce qu’ils risquent dans cette entreprise. La donzelle se décide à garder toutes ses craintes pour elle, se refusant à accabler l’héritière de plus de souci qu’elle ne s’en fait déjà.
Préférant la frivolité à la gravité de l’avenir, l’elfe engage sciemment la discussion sur le sujet sensible des cœurs. Elle glisse sa remarque à Jora sur un ton badin, sous-entendant que le lion semble être tombé sous son charme et le minois de la jeune fille se drape d’ahurissement. Se pinçant les lèvres d’un air coupable, Irinwe l’interroge finalement d’un regard feignant l’innocence. La préceptrice peut au moins se féliciter d’avoir surprise son interlocutrice mais elle craint un instant d’avoir été trop indiscrète et impertinente. « Oh allons, Jora... » Lui glisse Irinwe, détournant son regard des joues empourprées de la belle pour ne pas davantage l’incommoder. Elle lève le chef vers les cieux, appuyées contre le sol puis se trempe les jambes jusqu’aux genoux, incapable de balayer le sourire placardé sur son visage. Jora se confond en prétextes, énonçant l’évidence même de la loyauté du jeune lion à son égard. Qu’elle se fourvoie ? Peut-être bien mais elle n’a guère pour habitude de fabuler. Etirant ses lèvres dans une moue dubitative, Irinwe finit par arquer un sourcil pour achever la donzelle enfiévrée par le débat. « Rien d’inusuel, hm... » Renchérit-t-elle avant de suivre le regard de la belle en direction du campement. Attendrie par le comportement maladroit de la jeune fille, Irinwe se mâchouille la lèvre inférieure pour réprimer un petit rire. « Il n’y a rien de mal là-dedans ma lady. » Car le petit oisillon est devenue blanche colombe, l’enfant qu’elle a vu grandir est maintenant une femme qui se passerait certainement de ses conseils. Si Jora entretient une certaine candeur renforcée par son joli minois poupin, ses courbes naissantes, elles, rappellent sans mal qu’elle n’est plus une gamine que l’on peut moucher. Sa fragilité est dorénavant malmenée par le trône de Jai qui lui rappelle ô combien le prix du pouvoir est absons. Irinwe aurait tant désiré la voir épargnée des ficelles égotistes des puissants, mais son nom marque son devoir et elle ne peut rien y faire. En guise de protestation face à ses allusions, la princesse éclabousse allègrement sa préceptrice qui reste éberluée, la mine déconfite avant d’être secouée par un ricanement sincère. La donzelle s’esbigne dans l’eau et telle sirène, vient s’échouer sur la rocaille, la mine toujours empreinte d’une mûre réflexion. Irinwe rabat sa chevelure humide vers l’arrière tout en dardant son regard sur la silhouette soucieuse de l’héritière. Touchée par les turpitudes de la belle, l’elfe sent l’émotion lui border les yeux. Elle a passé une poignée d’années seulement à la voir grandir, un simple battement de cœur dans la vie d’une elfe, qui n’en reste pas moins le fruit d’un attachement viscéral. « Je te vois encore, tirant sur les plis de ma robe pour que je t’accorde quelques biscuits. » Murmure la préceptrice sur un ton nostalgique avant de secouer la tête. « Je verrai toujours l’enfant qu’il y a en toi. Mais dorénavant, je vois aussi la femme. Digne et courageuse. Une reine. » L’elfe porte ses calots sur le visage de sa protégée, inspirant pour reprendre contenance. « Il t’est loyal et je doute qu’il puisse laisser ses sentiments s’immiscer dans ses responsabilités mais il aurait plus d’une raison de te trouver charmante. » Enchaine-t-elle avec légèreté. « Quoiqu’il en soit, même si l’on accuse souvent les femmes de céder à la moindre faiblesse de cœur, les hommes ne sont pas d’instinct taillés pour la bravoure, la rudesse et les champs de bataille. Eux aussi, aiment se complaire dans la douceur d’une étreinte. » Les femmes, ces pauvres créatures si vulnérables, sont pourtant tout aussi capables de régir un royaume que leurs homologues masculins - chose qu’ils ont tendance à oublier. Irinwe s’immerge jusqu’aux épaules, goutant à la fraicheur sur son derme qu’elle s’évertue à croire maculé de crasse. Frottant distraitement la moindre parcelle de peau visible, l’elfe ne tourne son galbe vers son interlocutrice que lorsqu’elle décèle le trouble dans sa voix. A la perspective d’entendre une révélation anxieuse de la part de sa jeune protégée, la préceptrice ne sait pas si elle doit oui ou non s’en s’inquiéter. « Je ne dirai rien, je te le promets. » Et quel soulagement que de pouvoir prêter oreille attentive aux propos de Jora dans l’espoir de peut-être la conseiller. Irinwe est sans cesse confrontée à son rôle déclinant, celui d’une préceptrice qui n’a plus grand chose à apprendre à celle qu’elle a élevé. Surveillant de ses yeux intrigués l’expression embarrassée de la donzelle au crin d’argent, l’elfe se rapproche légèrement, le tissu ondulant autour d’elle à mesure de ses brasses. Elle remarque aussitôt le regard perdu de la nymphe qui cherche ses mots, embrumée dans un malaise palpable. « Qu’est ce qui vous inquiète ma lady ? » Le vouvoiement revient au galop, à l’image du réel souci qu’elle se fait pour sa jeune protégée. Sa question sonne presque ironique, tant Jora aurait de quoi s’inquiéter à l’heure actuelle. Cette dernière finit par délier sa langue, racontant sa dernière entrevue avec ser Dralvur qu’elle a du se résoudre à laisser à Jernvugge face à ses responsabilités. Elle mentionne d’un air coupable les reproches qu’elle lui a adressé et l’elfe ne peut que compatir à son désir de le voir les suivre dans leur fuite. Réflexion qui l’amène à penser à tous ces alliés restés à la capitale, prisonniers de cette inquiétante situation. Des têtes vont tomber pour ça, mais il n’y a plus qu’à espérer que ça ne soit pas la leur. Irinwe inspire profondément, tourmentée par quelques angoisses, mais ses lèvres restent imperturbablement closes face aux confidences de l’héritière. Ce n’est que lorsque Jora décrit la chute de cette anecdote que l’elfe s’éprend d’une torpeur circonspecte. L’émotion de la jouvencelle ne fait aucun doute et y a de quoi être toute chamboulée. « Ser Dralvur vous a embrassé ? » Irinwe reste durant quelques secondes à fixer son interlocutrice avec des yeux ronds comme des coupelles, l’eau qui rigole le long des pierres bravant le silence qui s’impose après ces mots. Elle bat des cils durant quelques secondes avant de se rapprocher de l’héritière, un demi-sourire vissé aux lèvres. « Et bien... Lord Snowhelm est un homme bon. » Seul, aussi, mais ce serait lui manquer de respect que de sous-entendre que son intérêt pour la princesse se résume à ça. « Il vous a toujours côtoyé enfant mais reconnait en vous la femme que vous êtes devenue. Tout en vous amenant à vous comporter comme telle, je crains qu’il ne vous ait mise dans l’embarras. » Un sourire indéchiffrable vient étirer les lippes de la belle qui plonge ses yeux dans ceux de Jora pour entrevoir son sentiment sur la question. « J’espère que vous ne l’avez pas éconduit trop brutalement... Je pense que ser Dralvur est attaché à vous, d’une manière ou d’une autre, et même si son geste était quelque peu déplacé, il faut être indulgente. » Si Irinwe livre sa remarque sur un ton compréhensif, elle ne manque pas de déceler le flottement sur le visage de la belle Ebonhand. « Oh mais... » Irinwe se laisse aller à une moue espiègle, fixant la jeune femme d’un air inquisiteur. « Se pourrait-il que vous ne l’ayez pas éconduit ma lady ? » L’elfe s’abstient d’offrir toute marque de jugement réprobateur. « Il est un homme mûr, certes, mais charmant. Après tout, n’avez-vous pas manqué d’épouser plus vieux que lui ? » L’évocation de Jorkell Ravncrone lui arrache une grimace de dégout, plus par aversion des mariages politiques impliquant jeune jouvencelle et vieil époux ambitieux. Irinwe secoue la tête, entre amusement et scepticisme. « Et bien, va-t-il falloir que je vous protège de tous vos prétendants ? Cela ne risque guère d’être de tout repos. »

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Jora Ebonhand

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MessageSujet: Re: Bath of Secrets ♤ Irinwe   Bath of Secrets ♤ Irinwe EmptySam 5 Juil - 14:21



E
lle se souvenait des lippes sapides de l'ursidé, de cette imprévisible promiscuité qui avait désagrégé le rempart avunculaire au profit d'une chaleur indiciblement moins chaste, d'une sensation nouvelle qu'elle s'était attendue de trouver avec bien des quidams éligibles au titre d'époux, mais assurément pas lui. Les fils de l'Ours avaient été des frères, et lui, avait comblé les failles paternelles avec une telle justesse qu'il en était devenu aussi précieux que Hulgard lui-même. Qu'importaient les divergences d'opinion qui avaient jadis pu ébranler leur concorde, elle se souvenait lui avoir tenu rancune du rôle qu'il avait joué dans les conspirations du despote Ebonhand, notamment lors de la Nuit des Larmes – elle l'avait voué aux gémonies, au moins tout autant que son défunt père. Aujourd'hui, Dralvur était un pion d'importance substantielle dans cette guerre des nerfs qu'il coudoyait de bien des manières, mais, en dehors de ses atours de féal zélé, qu'était-il en vérité ? Maintenant que Jora s'était abandonnée aux tendres confidences en présence de sa préceptrice, elle osait se le demander, et décidément, chaque pas qu'elle faisait qu'il soit question des ramifications diplomatiques ou celles sentimentales la faisait avancer progresser dans une brume sibylline, en terres inconnues qu'elle devinait jalonnées de périls dissimulés. Ce qui s'était produit dans la pénombre de la bibliothèque était contraire aux moeurs, inverse à toute conjecture qu'elle s'était faite de sa relation avec le seigneur Snowhelm, mais... aucune réminiscence l'amenait à penser qu'elle avait exécré cette frasque, de là naissait d'autant plus l'émoi qui brandissait un étendard écarlate sur ses joues rondes. La décontenance de l'elfe ne la surprit guère – après tout, elle avait été la première à tomber des nues lorsque le bon sieur avait échoué ses lèvres sur les siennes. - et elle profita du mutisme de circonstance pour feindre de se prendre de passion pour les vaguelettes qui martelaient la rocaille sur laquelle elle s'était installée. Quoi donc arguer face à pareille révélation ? Si elle connaissait sa gouvernante sur le bout des ongles, elle était toutefois incapable d'augurer sa réaction pour cette fois-ci, elle qui lui avait enseigné la décence inhérente à une demoiselle de haut rang. D'autres se seraient tout bonnement empourprées d'outrage et aurait certainement prêté serment que le châtelain ne s'en tirerait point à si bon compte, mais Irinwe était d'avantage avisée, et puis, elle avait côtoyé le sieur en question, sur lequel elle sauvegardait un avis moins superficiel que si cela n'avait pas été le cas.

Il l'avait mise dans l'embarras, c'était peu de le dire, mais cela n'était pas la péroraison de l'histoire. Une moue songeuse suspendue à son minois, la princesse haussa fébrilement les épaules avant d'être acculée par les mirettes elfiques, venue forer dans l'expression de ses propres yeux pour quêter de façon moins discursive. La présomption qu'elle ait pu éconduire la hardiesse du dignitaire ceignit sa gorge du noeud de culpabilité, elle déglutit et ne su que répondre face à une véracité trop manifeste pour être désavouée. « C'est-à-dire... » Son interlocutrice eut tôt fait d'avoir une vision limpide sur les émotions absconses de sa protégée, ne l'aidant ainsi pas à retrouver une once de contenance et la conviant même à devenir plus rubiconde encore. Ce ne fut finalement qu'à l'évocation du Freux que la jouvencelle daigna réagir et arbora une grimace dûment choisie pour matérialiser l'aversion quant à cette perspective qui avait été occise en même temps que son géniteur. « Je t'en prie ! J'ai bien suffisamment souffert de cette saugrenuité pour m'en souvenir aujourd'hui, j'aurais obéi à la volonté de mon père mais cela n'aurait pas été de gaieté de coeur. Ma vie conjugale m'aurait rendue bien malheureuse, lorsque je me remémore dame Sylarne lors de son mariage, je n'en ai pas le moindre doute... Elle semblait si... je ne sais pas... Meurtrie ? Sous son robuste quant-à-soi. Je lui ai cédé ma déveine, pour le coup. » Et si la lionne avait aimé son époux, elle ne serait pas en train d'ourdir quelque complot contre lui, leur harmonie matrimoniale devait être fort souffreteuse pour qu'elle en soit ainsi réduite à leur offrir son soutien. Même si la muse du Septentrion avait une partie de sa croupe sur le Trône de Jais, elle n'enviait pas sa position, et ne le lui aurait dérobée pour rien au monde.

« Là n'est de toute façon pas la question, Dralvur ne m'a jamais demandée en mariage, pas plus qu'il ne s'est exprimé sur le sujet après son incartade que je n'ai... pas éconduite... » Jora se camoufla au revers de ses gambettes toujours repliées contre elle, et oscilla visiblement entre se confesser à nouveau ou s'abstenir d'empirer la situation. Cependant, si elle ne s'épanchait pas de ses confusions intimes avec sa préceptrice, avec qui diable d'autre pourrait-elle le faire ? « Je me suis écartée, de surprise, et je crois qu'il a instantanément regretté sa témérité... puis... je ne sais pas très bien ce qui s'est emparé de moi mais... là où j'aurais pu m'offenser ou que sais-je, je n'ai... fait que retourner goûter à ses lèvres... » Si l'oiselle n'avait pas eu le crin habilement coiffé, nul doute qu'elle se serait tapie derrière un rideau capillaire, mais elle se contenta de déplier ses jambes pour les immerger de moitié dans l'eau diaphane et fraîche. « J'ai eu nombre de prétendants lorsque je musardais dans la cour de Jernvugge, j'ai été fille de Main du Roi, j'ai été fille de Souverain... je suis fille d'Ebonhand, unique héritière de ce nom, alors, les nobles sieurs tentaient leur chance, j'étais un excellent parti. Je sais ce qu'est le flirt, mais là... Dralvur a fait naître en moi des sensations que je n'avais jamais éprouvées jusqu'à présent, c'était... grisant, j'avais l'impression que ma panse se retournait, je riais comme une idiote, j'étais vraiment puérile... Et le pire, c'est qu'au moment où je commençais à me sentir en confiance, j'ai été gauche à ce point que je l'ai involontairement mordu... » Si elle en avait honte, elle ne put malgré tout s'empêcher de rire en guise de décharge nerveuse, et ce fut avec une immense risette qu'elle contempla la sylphide pour poursuivre. « Si j'avais déjà envie de me cacher dans un trou de souris, je n'ose te dire lorsqu'il m'a répondu « c'est une fougue que beaucoup d'hommes apprécient. » avec un flegme inexpugnable, j'aurais simplement tout offert pour que l'on m'enterre séance tenante ! » Les zygomatiques de la Perle se distendirent et elle s'esclaffa jovialement, préférant et de loin reconsidérer le tout avec frivolité qu'avec une gravité inadéquate. L'elfe le savait parfaitement, qu'il s'agissait de la première expérience voluptueuse de la princesse qui, à coup certain, n'était pas prête de l'omettre. Celle-ci se laissa lentement glisser le long de son récif et rejoignit la rivière pour se mettre à hauteur de sa nourrice, dans l'échine de laquelle elle se hissa pour l'étreindre, un bras passée autour de son cou et son menton positionné sur l'épaule à portée. Sa joue se juxtaposa un instant et avec une affection filiale contre celle de la brune, sans pudibonderie aucune quant à leur contact nonobstant leurs tenues légères.

« Toutes ces histoires de coeur sont bien trop alambiquées pour moi, je ne m'étais pas attendue à devoir y faire face en même temps que ma revendication au Trône de Jais. Peut-être devrais-je rester exclusivement concentrée sur ce but, je ne pense pas que les meilleures conditions soient réunies pour envisager une quelconque liaison. » Elle soupira lourdement, véritablement tarabustée par un sujet qu'elle n'avait pas pris en compte mais qui s'imposait à elle par la force des choses. « Je n'en sais trop rien, je suis théoriquement maîtresse de mon propre destin maintenant, je puis décider de ce qui me plait. Mais il me fait avant tout devenir une reine, et plus qu'un roi, j'ai besoin d'une armée. » L'ingénue damoiselle sembla subitement s'estomper au gré d'une essence plus mature, d'un vouloir que la Jora d'antan n'aurait même jamais soupçonné. Ses gemmes myosotis s'apposèrent au loin avec, en leur épicentre d'ébène, les flammèches de la détermination. « Il me faut regrouper des bannières autour de ma cause et glaner la loyauté des indécis, je dois pouvoir rassembler des troupes et les diriger comme le font les généraux de guerre. Une fois à Sorhelm, il ne sera plus question d'attendre que l'on fasse la besogne pour moi, une reine veule n'a aucun espoir de gouverner. Je sais que ce ne sera pas aisé ni même de tout repos, mais plus je persuaderai de partisans, plus mes chances de récupérer mon hoirie s'accroîtront. » Elle extirpa sa menotte des eaux et la leva devant elles, interposant ainsi les faisceaux du soleil qui en illuminèrent les contours comme si elle avait tenu l'astre diurne au creux de sa main. « En notre paume, Pouvoir et Magnificence. Cet apophtegme doit renaître de ses cendres. »

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