'aquilon s’infiltre à travers ses fourrures, balayant la cité, la faisant frissonner, elle ainsi que ses vagues brunes. Elle avait beau eu tenir Ravenhole en horreur durant la majorité de sa vie, son climat lui manquait terriblement, son climat dépourvu de vents aussi glacés et agressifs …

Elle traverse les rues d’Ibenholt, les sourcils froncés, soulève les pans de sa robe pervenche, leur évitant ainsi de subir un bien triste sort. Elle traverse la cité en effervescence, et elle regrette presque d’être sortie d’entre les murs de Jernvugge, tant l’agitation qui règne l’agace. Œuvres d’art, matériaux et vivres étaient transportés vers le palais, dans la cohue générale. Quoi ? Autant de charivari pour des festivités où régneraient le vin et les orgies, fléaux humains imposés par les dieux ? Emphyria en soupire d’incompréhension, et continue la promenade qu’elle avait voulue calme et reposante, et qui s’avérait être perturbée par toute cette activité incessante.
Et bien que toutes ces vespérales festivités ne l’enchantent guère, elle serait obligée d’y assister, son statut de suivante de la reine l’exigeait. Alors Emphyria s’était éloignée du palais royal pour échapper durant quelques instants à ces préparatifs pour finalement les retrouver, quelques mètres plus loin … Elle offre un chaleureux sourire à quelques gamins qui passent par là, et masque son agacement, comme elle le fait toujours. Et au fur et à mesure qu’elle s’éloigne de Jernvugge, l’agitation disparait, et enfin, elle respire le calme, et l’apaisement. Depuis l’enfance, la solitude la berce, et, à son plus grand désespoir, elle en manque cruellement, depuis qu’elle réside à Ibenholt.

Alors elle poursuit sa flânerie, imperturbable, cette fois, tandis qu’elle diverge encore un peu plus du palais royal, laissant son esprit vagabonder bien au-delà des terres du Nord, vers ses dessins les plus sombres … Mais, très vite, son regard s’arrête sur une vision bien singulière, et qui lui arrache un sourire moqueur ; quel genre d’homme se prélassait sur un muret, l’hiver à peine achevé ? Si Emphyria songe à tracer son chemin, les regards impressionnés et les murmures élogieux qu’ont les passants l’intrigue fortement. Et elle qui désirait passer un moment en compagnie de sa solitude, se voit poussée par la curiosité, et s’approche de l’homme dont elle, elle le croit, a entendu de nombreuses choses sur au cours de ces dernières semaines, et qu’elle a brièvement aperçu à la Cour.

« Seriez-vous l’homme dont tout le monde ne semble qu’avoir le nom à la bouche ? »

Elle lui lance un sourire poli, et s’approche encore, un peu plus près, de lui, étudie l’homme si valeureux qui défit un groupe de malfrats dans l’unique but philanthropique de sauver une pauvre femme démunie. Emphyria n’en croit mot, le personnage l’intrigue. On lui avait conté la manière dont il s’était joué de ces bandits, tournant le combat en dérision, et selon elle, tout ceci n’avait été qu’une tentative désespérée d’obtenir de l’attention, chose qui fonctionna. En effet, qui est-il ? D’où vient-il ? D’inconnu perdu dans la foule obscure, il était passé à un statut si honorable, et ce, tellement rapidement … Le sourire poli qui orne ses lippes ne s’évapore pas, alors qu’elle songe amèrement à l’élévation de tous ceux qui l’entourent, alors qu’elle, elle reste là, toujours aussi assoiffée de pouvoir.

« Votre exploit, dont j’ai, comme tous, entendu parler, vous a donc bien servit ! Je vous ai aperçu à la Cour, récemment … Garde personnelle de Lord Flynn, c’est bien cela ? Vous devez vous sentir bien chanceux, n’est-ce pas ? »

Elle passe les bras sous sa cape de fourrure faite, et l’observe avec un certain intérêt. La discussion sera, elle en était sûre, riche en informations.

e bruit avait été si grand, pour si peu de choses ! Il avait certes belle figure, mais était clairement rustre. Emphyria l’observe terminer son repas, et ne flanche pas une seconde alors qu’il prend le temps d’essuyer ses dextres, avant même de daigner lui répondre. Il n’avait pas eu le temps de prendre connaissance des manières de la Cour, alors, aujourd’hui, elle essuierait cette bévue.
Emphyria esquisse un réel  sourire amusé alors qu’il lui adresse ses premières paroles, et se penche vers elle pour mieux capturer ses traits. Et alors qu’il répond à ses questions, elle ne peut s’empêcher de laisser s’échapper dans l’aquilon un éclat de rire cristallin. Si elle n’appréciait guère les mauvaises manières et les rustres paroles, son interlocuteur l’amusa un bref instant. Mais elle reprit très vite son sourire poli, avant de se racler la gorge. Il ne se pensait pas chanceux d’avoir eu la fortune que Crendal Flynn soit présent à cet instant ? Eh bien, nombreux étaient ceux qui auraient tué pour obtenir sa nouvelle charge.

« Si vous ne l’avez jamais souhaité, nombreux sont ceux qui vous envie à cet instant, lui dit-elle, un léger sourire moqueur peint sur les lippes. Et, j’imagine que la position dont vous parlez ne serait pas aisée à tenir durant la totalité de la journée. »

Son sourire moqueur ne quitte pas ses lèvres charnues, tandis qu’il descend de son piédestal pour se mettre à son niveau. Tiens, l’amusant roturier se souvient donc des bonnes manières, qu’elle se dit, alors qu’elle recule quelque peu, dans le but de laisser un peu d’espace à son interlocuteur, dont elle n’a d’ailleurs pas connaissance du nom.
Ah, il se sert donc d’un ton ironique pour s’adresser à elle ? Emphyria soupire d’indignation en son fort intérieur, mais lui sert toujours et encore le même sourire poli. Elle n’était pas une « petite damoiselle », et elle se ferait un plaisir de le lui apprendre. Son rang était bien supérieur à celui de ces filles de petite noblesse qui se laissaient si facilement attraper entre les filets de roturiers beaucoup trop entreprenants … Et si la solitude était son plus fidèle ami, elle préférait, en cet instant, apprécier la compagnie de la garde personnelle de Lord Flynn, et, peut-être, en profiter pour lui apprendre les bonnes manières.

« En premier lieu, je ne suis pas une petite damoiselle, qu’elle commence rapidement, croisant ses bras sous sa cape. Je suis une lady, suivante de la reine Sylarne. Je pense donc être, légèrement plus que ce dont vous venez de me qualifier. »

Emphyria garde son sourire poli, qu’elle imagine être plus qu’agaçant en cet instant. Il ne se contentera que de cela : il devrait d’ailleurs se sentir flatté qu’une femme comme elle daigne s’adresser à lui, tout garde personnel qu’il était. Orgueilleuse ? Elle l’était assurément. Mais comment ne pas l’être, lorsque l’on venait d’une illustre famille, lorsque l’on ne pouvait compter que sur soi-même ?
Très vite, elle se reprend, recentre toutes ses pensées sur son interlocuteur, attendant avec hâte qu’il s’excuse, même si elle se doute que ces dernières tarderont à intervenir dans la conversation. Alors elle change de sujet,  pour toujours lui être agréable : il pourrait peut-être s’avérer utile d’avoir un tel personnage en tant qu’allié, qui sait.

« Je désirais juste découvrir la personne qui se cachait derrière toutes ces histoires, et, peut-être, apprécier votre compagnie. Si vous le voulez bien, évidemment, s’empresse t-elle d’ajouter, avant de s’appuyer contre le muret. Quel est donc votre nom ? Et d’où venez-vous ? Je serais heureuse d’en apprendre plus sur vous.»

on sourire se crispe légèrement alors que son interlocuteur s’excuse d’un air faussement accablé, une pointe d’impudence dans la voix. Si elle pensait d’abord avoir une tranquille conversation avec lui, elle s’était bien trompée : le garde du corps semblait être bien plus perspicace  qu’elle ne l’avait imaginé. Mais, face au ton qu’il emploie en sa présence, elle ne peut ressentir qu’un léger sentiment d’exaspération. Il n’y avait nul besoin de se mettre dans tous ses états pour un simple roturier qui n’avait pas connaissance de sa place.
Alors Emphyria rehausse ses lippes en un sourire complaisant, bien décidée à se montrer agréable à son interlocuteur. En effet, en tant que véritable lady, on lui avait enseigné à dissimuler ses véritables pensées, et c’est ce qu’elle ferait ici. Et si cet homme pensait que cette farce à laquelle il se livrait devant elle la ferait fuir ou l’humilierait, il se trompait profondément.

« Vous ne m’avez pas vexée, ne vous en faites pas. C’est que je m’emporte assez facilement, et toute cette agitation liée aux festivités ne semble que me perturber davantage. »

Et maintenant, il se pensait plus malin qu’elle. Ah ! L’échange serait décidemment bien plus intéressant qu’elle ne l’aurait crû. Elle joue distraitement avec une bague en or qui orne son index, tandis qu’il se livre à un exposé de ses précédentes paroles, joignant à ses explications quelques gestes illustratifs. La prenait-il pour une sotte ? Certes, ses grands yeux où se reflétait l’innocence prêtaient à confusion, mais tout de même … Et au lieu de se sentir offensée, elle lui offre un joli sourire, comme à son habitude, et se moque intérieurement de l’homme qui lui fait face. Désirait-il introduire l’idée que si elle continuait d'exiger ce qu’elle considérait être du respect, elle devrait s’en aller sur le champ ? Et bien, même si c’était le cas, elle ne bougerait point de sa place, la compagnie du hère étant, peut-être, bien plus intéressante que celle de la solitude.

« Veuillez pardonner cette méprise, je présumais seulement que le respect était connu de tous … Mais si vous considérez que le fait de vous adresser à moi de cette manière est une marque d’affection, je vous en prie, continuez, lui réplique t–elle,  un sourire espiègle peint sur les lèvres. Je suis moi-même lasse des comédies et simulacres de la Cour, alors, je saurais apprécier, j’en suis certaine, votre authenticité ainsi que votre rusticité, comme vous le dites si bien. »

Emphyria se livre, elle aussi, encore une fois et comme toujours, à la comédie. Elle était le parangon même du faux-semblant et ce depuis l’enfance, se mêlant aux gens de la Cour avec une facilité déconcertante, et elle tentait de faire croire qu’elle en était tout l’opposé. Pourtant, nombreux étaient ceux qui succombaient à la tromperie, sans se poser de questions, tant son visage au teint diaphane et à l’expression si douce les induisait en erreur.
Emphyria accompagne ses paroles de quelques battements de cils, et d’une moue qui exprime la totalité de son dépit, pour ajouter un peu plus de crédibilité à ce déjà bien faux témoignage.

« Puisque tout fourvoiement est à présent dissipé, auriez vous l’obligeance de me donner votre nom ? »

Elle revient à la charge ; elle n'aimait guère s'adresser à une personne sans avoir connaissance de son patronyme, et ce quelque soit son statut social.

Elle sourit, alors que Vorn laisse tomber ses dernières défenses. Elle était toujours ravie de voir les gens succomber aussi facilement à ses jolis simulacres.
Emphyria a un léger rire qui se veut amusé, mais qui est, en vérité, condescendant, en entendant les dernières paroles de Vorn. Lui non plus n’échappait pas à l’usage, et songeait, comme tous, à user de son argent pour profiter de ce plaisir charnel. Elle pouvait comprendre l’intérêt de la foule pour cette activité, mais de la à payer pour quelques minutes d’ataraxie … Elle, préférait largement concilier plaisir et avantages.

« Je pensais qu’un homme avait toujours idée de la manière dont il pourrait dépenser son argent, et me voilà contredite. Mais vous avez belle figure, et désormais, un bon statut. Nul besoin d’errer dans ce genre d’établissement obscène pour obtenir les faveurs d’une femme. »

Emphyria l’observe lorgner l’horizon, et passe une main dans ses boucles ambres. La vanité de son interlocuteur lui arrache un léger sourire. Il avait été le sujet de conversation favori pendant plusieurs semaines, mais ne pouvait s’empêcher de louer ses aptitudes au combat. La Crowgale ne condamnait pas la vanité, il lui arrivait d’en faire preuve, elle aussi, et comme tout le monde. Un autre de ces fléaux humains accordés par les dieux … Mais cela ne l’empêcherait pas de dénoncer ce défaut qui lui semblait plutôt prégnant chez Vorn.

« Je vous trouve bien sûr de vous, lui réplique t-elle dans un petit rictus ironique. J’aimerais vraiment vous voir à l’œuvre avec une épée, savoir si votre vanité et tout ce que l’on a bien pu me vanter sur vous est justifié, ajoute rapidement Emphyria, une lueur amusée se reflétant dans ses prunelles céruléennes. Mais je suis d’accord avec vous. Et sachez qu’à Ibenholt, tous se manipulent. »

Tiens, quelques semaines seulement à Ibenholt, et Vorn avait déjà remarqué que tous et chacun mentait, que tous et chacun manipulait dans cette cité ? Il la regarde droit dans les yeux, d’un regard perçant, comme pour chercher à pénétrer son âme, et elle soutient son regard, déterminée à ne rien laisser paraître. Pensait-il qu’elle était l’une de ces personnes ? Emphyria lui offre un sourire complaisant, décidé à en savoir plus sur son interlocuteur.
Elle arque un sourcil, alors que Vorn admet, encore une fois, ne pas désirer sa place auprès de Crendal. Etait-il fou ? Nombreux tueraient pour avoir cette place, elle l’avait déjà dit, mais le fait que cet intriguant homme ne la désire pas, comme toute homme sain d’esprit et un tantinet ambitieux la dépassait. Et s’il préférait sa précédente vie de vagabond, elle ne se gênerait pas pour lui en demander les raisons : qui voudrait quitter Ibenholt ?

« Si vous ne désiriez pas cette place, pourquoi l’avoir acceptée ? »

Parler d’elle ? Il n’y avait rien de bien intéressant à révéler, Emphyria en avait bien peur. Elle aurait pu s’épancher en une logorrhée sur ses sentiment, sur ses qualités, qui, elle le savait, n’était pas si nombreuses qu’elle se plaisait à l’imaginer. Mais elle préférait garder la majeure partie de sa vie dissimulée dans l’obscurité, et servir à son entourage une vie banale et inventée de toute pièce, celle d’une simple dame de la reine souriante à souhait.
                     
« Il n’y a pas grand-chose à dire sur moi, dit-elle en affichant un sourire qui se veut timide. Je me nomme Emphyria Crowgale, cadette de ma famille qui réside d’ailleurs à Ravenhole depuis la nuit des temps. Et je ne saurais qu’ajouter de plus, ma vie n’est sûrement pas aussi intéressante et riche en rebondissement que la vôtre. »

t bien, la conversation prenait une tournure intéressante ! Si Emphyria n'apprécie pas le ton employé par son interlocuteur, elle passe outre, et arque un sourcil, intriguée. Pourquoi haïssait-il autant les nobles ? Vorn ne semblait pas être l'un de ces roturiers simples d'esprit et qui ne supportait de savoir une partie de la population privilégiée au détriment des autres. Emphyria porte les doigts diaphane de son dextre à son menton, et songe, un instant, tandis que Vorn continue de tergiverser sur les nobles et leur sournoiserie. Il avait dû avoir une mauvaise expérience avec eux, et quoique cela soit, elle se promit de le découvrir.

« Vous ne me connaissez pas, vous pourriez vous faire de fausses idées, lui répond t-elle un sourire taquin aux lèvres, alors que les questions se bousculent en son esprit. Mais je ne pense pas être de ces gens-là, c’est qu’ils sont particulièrement agaçants et d’une fausseté incroyable, comme vous le dites si bien, ajoute rapidement Emphyria. Pourtant, rassurez-vous ; tous à la Cour ne sont pas que chimères et simulacres, vous seriez étonné de savoir le nombre de belles rencontres que vous pourriez y faire. »

Elle retient un rictus ironique en prononçant ces dernières paroles. Vorn avait raison, quasiment tous étaient sournois et de faux semblants faits ; mais n’était-ce pas là le secret de la survie en ce monde hypocrite ? Elle l’avait compris bien assez tôt. En tant que dame de la reine et ambitieuse sans scrupule, elle devait toujours garder un visage agréable, s’attirer bonnes grâces et faveurs des plus grands, pour approcher, toujours un peu plus, le pouvoir … Et ce Vorn ne semblait le comprendre.
Et tandis qu’il revient à sa maison close et aux plaisirs qu’elle dispense, Emphyria laisse s’étirer un demi-sourire sur ses lippes. Il n’appréciait guère parler de lui ? Très bien, elle lui forcerait gentiment la main afin qu’il se livre.

« Je vois que vous êtes un homme pétri de culture étrangère. Serait-ce là un vestige de vos voyages passés ? Elle lui offre un sourire malicieux, avant de soupirer tandis qu’il reporte le sujet sur elle-même. Pas le moins du monde ! Ibenholt est une ville bien plus intéressante que Ravenhole, et offreuse de bien plus de possibilités, du moins, à mon sens. »

Etrangement, elle revenait souvent à cette cité qu’elle avait quittée avec empressement, et une joyeuse hâte. Emphyria croise les bras sous sa poitrine, et laisse échapper un rire amer. Rien ne lui avait été agréable à Ravenhole, hormis deux ou trois choses, dont elle avait retrouvé une bonne partie à Ibenholt.

« Je n’ai jamais porté cette ville dans mon cœur, qu’elle avoue, sincèrement cette fois. Seuls ma mère et le climat y sont appréciables, le reste n’est que désappointement et profond ennui. »

Elle soupire et passe une main distraite dans sa chevelure ambrée.

« Et vous ? Askevale ne vous manque pas ? Questionne-t-elle d’un air nonchalant. Je n’ai jamais eu l’occasion de m’y rendre, et aimerai beaucoup en avoir un aperçu, Emphyria lui sourit, fait quelques pas vers son interlocuteur. Ou bien cette cité et ses habitants vous ont laissé un bien amer souvenir ? »

lle a un sourire sincère lorsqu’il admet qu’elle a raison, mais retient un soupir quelque peu exaspéré ; il sera difficile de faire entendre à Vorn qu’il pouvait y avoir des personnes bien intentionnées à Ibenholt, alors qu’elle-même n’y croyait pas. Elle observe son interlocuteur, tandis que les questions se bousculent en elle, et qu’elle cherche une raison valable à ce mépris des nobles.
Mais Vorn ne s’attarde pas sur le sujet, et passe à ce qui semble être une de ses activités favorites, aimer les femmes. Emphyria laisse échapper un léger, discret rire alors qu’il oppose dirigeants grassouillets et guerriers bien bâtis. C’est qu’il n’a pas tort, et sa bouche forme une légère moue amusée alors qu’elle se dit, avec une certaine ironie, qu’elle favorise les dirigeants bien bâtis à tout autre genre d’hommes.

« C’est que les femmes sont particulièrement douées et imaginatives pour ce qui est de ce genre d’activités physiques, acquiesce-t-elle, un sourire amusé peint sur les lippes. »

Elle parle en connaissance de cause : ne doit-t-elle pas vivre au milieu d’une permanente et agaçante cacophonie féminine depuis sa plus tendre enfance ? Pourtant, c’était au milieu de ces femelles qu’elle avait le plus apprit …
Emphyria dépose un doigt diaphane sur son menton, tandis que Vorn lui demande quelques renseignements à propos d’Ibenholt. Elle est forcée d’admettre qu’elle ne connaît pas plus la cité que cela, puisque ses devoirs l’oblige à rester entre les murs de Jernvugge. Pourtant, elle ne s’en plaint pas ; les événements les plus importants et intéressants s’y passent.

« Je ne passe pas énormément de temps en dehors de Jernvugge, où j’apprécie particulièrement la bibliothèque royale ou encore le jardin des glaces. Je vous recommande également le Quartier des Forges, qui, je pense, vous conviendrait parfaitement grâce à son arène, à ses thermes et Bains, mais aussi grâce à ses nombreux bordels ; il me semble que vous appréciez particulièrement ce genre d’établissement, ajoute-t-elle, retrouvant son sourire amusé. »

Pourtant, ce dernier disparaît quelque peu, au fur et à mesure que ses interrogations sur le personnage reviennent à la charge en son esprit. Alors elle se lance, se fichant même presque de paraître indiscrète ; si Vorn ne répond à ses questions –et elle est persuadée qu’il n’y répondra pas- elle se contentera de fouiller par elle-même dans son passé.

« Permettez-moi de vous poser une question indiscrète, commence Emphyria, avant de rapidement poursuivre sans même attendre l’autorisation de son interlocuteur. Pourquoi tant de mépris à l’égard des nobles ? Je me le demande depuis le début de notre conversation, à vrai dire. Il est vrai que certains d’entre nous ne sont pas le parangon même de l’honnêteté, mais généraliser ainsi … Elle s’arrête un instant, s’avance un peu vers Vorn, plonge ses prunelles bleues dans les siennes, tentant d’y trouver une réponse à ses questions. Est-ce là le fruit d’une mauvaise rencontre ? »

Elle se doutait qu’il ne répondrait pas aussi facilement à ses interrogations, mais sa curiosité prenait le dessus, le personnage l’intriguait, et elle se surprit à désirer entendre les récits de ses aventures dans les différentes cités de Middholt, et à désirer connaître son histoire, et les raisons de cette haine non-dissimulée pour les nobles.