chapitre un.

I wanna run away. Never say goodbye, I wanna know the truth Instead of wondering why. I wanna know the answers, No more lies. I wanna shut the door And open up my mind

La fillette à la chevelure noire comme la nuit se tenait debout au milieu de la foule. Jacqueline observait les adultes crier des noms, mettre à feu la bannière de la famille Claymerie et malmener son père et sa mère vers l'estrade où attendait un homme imposant cagoulé de noir, comme s'il était la Mort elle-même. Malgré son jeune âge, elle comprend tout ce qui se passe autour d'elle et ne peut y croire. Les yeux grands ouverts, observant la scène et son coeur qui battait dans sa petite poitrine. Les beaux vêtements de sa mère lui étaient arrachés, les bagues en or de son père ramenées aux lords de Lonerider. Soudain, elle fut bousculée par les nobles autour d’elle, presque piétinée. Et à ce moment même, elle entendit le son particulier d’une lame qui coupe à travers la chair fraîche et les os de porcelaine. Les cris de sa mère, ses pleurs puis le son alors que sa voix s’étrangle dans un second bruit d’exécution. Les larmes coulaient le long des joues blanches de la petite fille de 13 ans. Totalement ignorée par tout le monde autour d’elle, elle se faufila du mieux qu’elle put vers le palais. Il était vide, tout le monde s’était pressé dans la cour pour assister à la démesure et l’effondrement des traîtres Claymerie. « Greer!!! » criait-elle, la voix tremblante à cause des sanglots qui se bousculaient le long de sa gorge. Elle ne trouvait sa famille nulle part, ni ses amis, ni quelconque servantes. Elle était seule, livrée à elle-même. La petite se mit à parcourir le palais en entier, ne trouvant aucun trace de ses frères et soeurs. Elle s'aventura même dans la forêt entourant le manoir des Claymerie, une lanterne à la main. Tout autour d'elle, elle entendait les clameurs de joie et d'insultes envers sa famille. Parfois lointaines, parfois dangereusement proches, les cris l'angoissaient profondément. La peur se faufilait dans ses veines comme un poison mortel. « Milady? » Jacqueline se retourna d’un bond lorsqu'une main vint agripper son épaule. La petite se mit à se débattre, certaine qu’on allait la ramener dehors, devant l’horreur de l’estrade, là où le corps de ses parents pourrissaient déjà, leur tête plantée sur des piques. Mais l’homme essaya de la calmer. « Tout va bien! Je vais vous aider. » La petite s’arrêta un instant et observa l’homme. Elle reconnut Ser Kristoff, le capitaine des gardes. Cet homme qui a toujours été attentionné envers elle. « J’ai peur. » Elle sanglotait et le garde la prit dans ses bras. Elle était si frêle et petite qu’on aurait dit un sac de tissus plutôt qu’une petite fille jonché sur son torse. Il réussit à se faufiler hors du domaine des Claymerie sans grande difficulté, tous étant trop concentré sur les parents pour faire attention aux enfants...

Le duo quitta le royaume. Ils chevauchèrent pendant des jours, sans savoir que faire, ni où se rendre. Ils erraient sans but, fuyant un passé que Jacqueline devait à jamais oublier. Elle pleurait la plupart du temps malgré les efforts de l'homme pour la consoler. Elle se sentait faible, inutile et totalement dépassée par les événements. Après un mois entier à vagabonder, Ser Kristoff revint au petit camp improvisé qu'ils avaient montré avec un parchemin à la main. Il le tendit à l'enfant qui parcourut les quelques lignes sans comprendre ce qu'elle avait sous les yeux. Un avis de recherche pour jeunes écuyers... Voyant l'incompréhension brouiller le regard de Jacqueline, le capitaine de la garde lui dit d'une voix douce mais, ferme. « Milady. Vous pourriez... essayer. » Essayer quoi? pensa-t-elle? Devenir écuyer, manier l'épée? Pour faire quoi, venger ses parents, venger ses frères et soeurs s'ils avaient trouvé le même sort que ses géniteurs? Elle était une dame de la cour, pas une guerrière. De plus, au Val d'Arain et à bien des endroits, une femme chevalier était plutôt mal vu. « Je n'ai aucune chance, ils ne voudront jamais de moi comme écuyer, encore moins chevalier. » Secrètement, elle rêvait de revêtir un bouclier, prendre en main une épée et parcourir les terres de Middholt. « Vous pourriez... mentir, sur vos origines, passer pour un garçon. C'est votre seule chance à une vie autre qu'errer et vagabonder sans buts. Je vous ai vu, vous savez le faire avec une épée, milady. » Elle se battait à l'épée de bois souvent avec son grand frère à la cour... dans le plus grand des secrets. Et souvent, elle gagnait les petits duels. Alors Ser Kristoff l'avait surprise et ne l'avait jamais dénoncée à ses parents? Étonnée, elle ignorait si cette idée lui plaisait ou non. Et étrangement, elle s'en croyait capable. Elle fixait le petit poignard que le garde avait posé contre un arbre et l'agrippa. Jacqueline l'observa pendant un instant, sentant le regard inquiet de l'homme sur elle. Elle porta alors la lame à ses cheveux et agrippa une mèche. D'un coup ferme, elle trancha les cheveux tendus, courts, très courts et elle les laissa tomber sur le sol...

chapitre deux.

Heed my every order And you might survive. You're unsuited for the rage of war, So pack up, go home you're through. How could I make a man Out of you?

Sa poitrine compressée par un bandage autour de ses seins, Jack peinait à respirer. Depuis les sept dernières années, elle avait pris l’habitude de serrer le bandage pour cacher son torse de plus en plus rond et imposant. Sept années où elle avait abandonné le nom Claymerie. Sept années qu’elle mentait et qu’on l’appelait Jack Clayr. L’écuyer puis la recrue frêle et élancé mais, ô combien agile. Le petit garçon isolé et timide qui n’osait parler à personne. Le garçon sauvage qui préférait la compagnie des chevaux que celle des autres recrues. Jack s’avança vers la Chambre du Grand-Maître. Son souffle était court et ses mains moites. Ses cheveux remontés sur sa tête dans une coupe masculine pour cacher son véritable sexe. Elle marchait le plus fièrement possible dans les couloirs froids. Toutes ses années d'entraînement se résumait en cette unique rencontre. Elle allait révéler plus que son sexe... mais également son véritable héritage. La demande d'un retour à la vie civile pour défendre le roi avec sa vie.

La porte était ouverte, les gardes immobiles comme des statues de chaque côté de l'embrasure. Jack pénétra dans l'immense salle où trônait le Grand-Maître sur son immense chaise derrière son bureau de bois massif, tel un roi. Il avait toujours intimidé la jeune femme, mais ce jour-là, elle ne devait laisser paraître aucune hésitation. Droite et fière, elle se posta devant lui et baissa lentement la tête en signe de salutation. « Ser Clayr, que puis-je faire pour vous. Votre message semblait urgent. » Elle releva la tête, fixant le vieillard droit dans les yeux. Quelques instants plus tôt, elle était décidée à dévoiler son identité mais maintenant qu'elle était là, elle ignorait la marche à suivre. « Ser Clayr ne devrait pas être mon titre. » Elle passa sa main sur sa tête et relâcha ses longs cheveux noirs dans une queue de cheval descendant jusque dans son dos. Les gardes à la porte semblaient intrigués et passèrent la tête dans l'embrasure. « Je regrette les mensonges et les tromperies, mais vous devez savoir. Mon nom est Jacqueline. Jacqueline de la Maison Claymerie, fille de Theodore Claymerie. » Son coeur frappait les os de sa poitrine, rendant sa respiration encore plus difficile qu'elle ne l'était avec le bandage qui serrait fortement ses seins pour les dissimuler. Voulant empêcher l'homme de l'interrompre, elle reprit d'un ton déterminé. « Un sang noble coule dans mes veines et je demande à être retournée à la vie civile. » Elle omit d'ajouter les raisons qui la poussait à retourner à la cour. Elle omit d'avouer que son voeu le plus cher était de laver l'honneur de sa famille qui avait été bafouée.

Le silence tomba dans la pièce. Tout ce que Jack entendait était le souffle lourd des deux gardes dans son dos, visiblement très surpris. Mais le Grand-Maître gardait son calme. Étrangement, cela ne semblait pas le surprendre. Est-ce que Ser Kristoff avait tout avoué à l'homme? Jack croyait que son bienfaiteur était le seul à connaître son secret mais peut-être que finalement, quelques chevaliers plus perspicaces avaient réussi à voir clair dans son jeu... Le vieil homme se leva et vint aux côtés de la jeune femme. Elle redoutait sa réponse. Elle savait que l'homme pouvait la désavouer tout comme il pouvait accepter sa demande. Cependant, après sept années passées à ses côtés, elle connaissait le caractère du Grand-Maître. Il était juste et compréhensif, tout le contraire de bien des maîtres d'armes qui s'amusaient à traîner Jack dans la boue. Il prit une plume, un encrier puis un bout de parchemin. Il scella sur le vieux papier sa décision, imprégna le sceau officiel et le tendit à la femme. « Je me demandais lorsque vous auriez le courage de demander votre vie civile. Vous pouvez quitter le Val d'Arain pour honorer vos voeux de chevalier, Ser Jack Claymerie. » Elle prit le parchemin, incrédule. Si elle avait été de ceux qui laissent libre cours à leurs émotions, elle aurait serré le Grand-Maître dans ses bras avant de quitter enfin ses murs. Mais, elle hocha simplement la tête, un sourire s'étirant sur ses lèvres. Elle lui tourna le dos et quitta la salle, les deux gardes la regardant s'éloigner vers sa nouvelle vie...

Quelques mois plus tard, elle s'installa dans la capitale, jurant allégeance au roi et à sa maison, les Ebonhand. Elle dû faire ses preuves, faire oublier la trahison de ses parents et prouver que leur fille pouvait être loyale et fière. Après quelques années, elle intégra la garde personnelle de Jora... Lorsque le roi Hulgard fut tué, que le trône changea de main, Jack resta fidèle aux Ebonhand et à la princesse, considérant ses derniers comme les vrais souverains et non ce Jorkell. Cependant, étant une Claymerie, on la considère comme neutre, les autres nobles cherchant à acquérir ses faveurs. Elle est restée à la cour, cherchant un moyen d'aider la véritable reine à ses yeux. Elle obéit au roi, certes, mais elle reste fidèle aux Ebonhand... si on venait à découvrir ses intentions, sa vie serait certainement en danger...

Félicitations, très cher pion, et bienvenue sur l'échiquier de Frostfall. Gare à toi, parce qu'ici, la félonie est un plat qu'on sert à toutes les sauces...

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   Sur ce, nous te souhaitons bon jeu sur Frostfall et espérons que la Fatalité te sera favorable !