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 [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)

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Dante Firebeard

Cerbère des Bas-Fonds

Dante Firebeard
Cerbère des Bas-Fonds
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ARRIVÉE : 16/04/2014
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MessageSujet: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptySam 26 Avr - 16:12

Fiche © Quantum Mechanics


It's been a while, fucker.

zorkharr & dante
Une cohue bruyante, une masse compacte de chairs et d’os, pareille à une toison de bête clairsemée de parasites. Et l’on s’agite, et l’on se meut, et l’on transpire l’effervescence des festivités qui colle aux carnes comme du stupre. Cris, éclats, braillements et rires, la houle noircie de monde lui chante le refrain des mortels bienheureux. Ses pas lents, pourtant, ne vont guère au rythme de la foule, écrasant pesamment les briques sales et usées des toitures qu’il arpente. Il aime contempler. Il aime observer. Animal investit d’une curiosité ineffable pour ses congénères. Regarde comme ils marchent, là, tout en bas, un bedonnant commerçant qui avance les jambes arquées. La créature, perchée sur son promontoire, se met alors à l’imiter, sillonnant les chaumes tel un reflet gouailleur. Écoute comme ils sifflent, un gamin en haillons brinquebale en portant des seaux d’eau trouble, les lèvres pincées en soufflant une mélodie inconnue. Il ausculte les notes, dompte l’atmosphère et finit par s’approprier la ballade tel un écho clandestin, avant de poursuivre sa traverse avec l’aisance d’un guépard, ses orbes vifs transperçant la moindre vie, la moindre âme qui, à ses pieds, s’acharne à survivre. Rejoindre la barbotière le démange subitement, la fange, la crasse, les viandes suantes et les odeurs capiteuses l’appellent comme sirène au large. Ses lourdes bottes sanglées finissent par déchoir d’un faitage à un autre plus en contre-bas, puis sa musculature décide de rouler sous sa tunique de cuir, de tissus noirs et d'armatures en fer pour tomber comme enclume sur terre, soulevant autour une nuée de poussière qui affadit un instant la pénombre de la venelle.

Sa broussaille de rouille se contorsionne sous un sourire de squale en mirant un peu plus loin la grande rue bondée comme les entrailles d’une charogne éventrée. Il ne tarde pas à s’avancer, à s’engouffrer dans l’entrecuisse véhément et à adopter le courant épidémique des carcasses mobiles. Peu de minutes s’écoulent avant que, porté par la vague, il ne s’échoue sur le parvis où une goulée de feu dégorgée ne manque de roussir un peu plus son crin court. « Hé là ! » Le saltimbanque lui octroie une gestuelle navrée et retourne édifier l’air de colonnes flamboyantes sous les calots mystifiés du Cerbère. Un peu plus loin, il dérobe un fruit d’étalage sans qu’aucun quidam ne le remarque et finit par talonner, sa prise déjà croquée en main, un groupe de jeunes qui s’émoustillent hautement d’aller voir une pièce de théâtre. Lui qui, paysan notoire, fils de la crasse, n’a connu pour tout enseignement que les classes de l’existence, décide avec distraction d’aller reluquer d’un peu plus près les planches piétinées. Ah, la donzelle est bien bonne, celle qui s’agite au centre avec, tout autour, des gredins masqués qui l’invectivent de propos injurieux. Le public, pourtant, s’esclaffe devant la scène, tirant un sourcil chez l’homme qui, mordant dans le fruit comme si ce fût-ce le pubis de la belle, se laisse emporter par le récit conté. Mais l’histoire s’ampute d’une halte brutale, sans véritable fin, ni véritable morale, tirant d’épais rideaux qui voilent instantanément le décor. « Hey », accoste-t-il sans ménagement un vieil homme à ses côtés. « Pourquoi ça s’arrête ? » Le vétéran laisse échapper un rire qui aurait pu vexer un orgueilleux godelureau. Mais loin d’être un précieux freluquet, Dante l’observe en attendant sa réponse. Elle vient, derrière deux petits yeux pétillants de malice. « C’est la fin de l’acte ! » Mais avant qu’il ne puisse s’enquérir d’une définition plus explicite, les pans rouges se rouvrent sous l’acclamation de l’auditoire. Il joint son attention aux autres, mais fronce bien vite les sourcils. Elle est où la gamine ?, celle avec des boucles blondes et un air virginal. Celle qui lui filait déjà la trique avant même de causer. Il tend la nuque çà et là en furetant la scène, mais la nymphe s’en est visiblement allée. Contrarié, il jette sa rognure et sort du public pour contourner habilement le théâtre ambulant, atterrissant dans les coulisses à ciel ouvert. Les acteurs s’agitent, se maquillant les uns les autres, se travestissant de déguisements – certains déambulant parfois nus – et se hélant à voix basse pour quémander quelques accessoires ou pages de textes.  « T’as pas vu une blonde ? », une main arrimée à l’avant-bras d’un androgyne garçon. « Une blonde ? Ella, tu veux dire ? » Celle-qui-a-un-cul-bénit-par-les-dieux, je veux dire. Le molosse acquiesce, et l’autre lui indique une crinière de blé qui disparaît derrière des pans de bois, direction les planches de la scène. « 'chier. » Il relâche son informateur qui repart de plus belles, empressé comme ses autres camarades par une fièvre unanime. Grattant sa barbe de quelques jours, il renifle et va pour quitter le bouillonnant panorama avant de tomber sur une caisse béante, emplie d’étoffes et d’accessoires. Parmi les provisions ornementales ; des masques. Un, en particulier, attire ses billes d’acier. Effigie d’un monstre écarlate, joues bouffies et traits patibulaires, qui semble le guigner avec morgue, la gueule ouverte comme prête à engloutir un chaudron entier de nouveau-nés. Un ricanement pareil au roulement de graviers s’élève dans le gosier du chasseur qui s’empare de l’objet avec convoitise, l’inspectant sous toutes les coutures et l’arborant finalement sur son propre portrait avec une risette puante découvrant ses canines.

« Hey ! Laisse ça ! » Un bonhomme s’en vient en le pointant du doigt, puis, arrivant à sa hauteur : « Rends-moi ça canaille ! J’en ai besoin ! Rends-le moi ! » Beaucoup de nervosité mais pas une once de réelle hostilité. Les humains sont comme les bêtes, quadrupèdes ou bipèdes, il les chasse tous. Le larron hausse les sourcils et indique d’un air étonné son nouveau et hideux faciès. « Joue pas au con », menace l’autre en forçant ses mimiques pour prendre contenance. C’est que la carrure en face, bien bâtie, haute et nichée d’armes, n’inspire ni la confiance, ni la dominance. Les épaules soulevées par un rire franc, le pillard fait fi de l’avertissement dans une outrecuidance accordée aux plus arrogants des mâles. Rouge de colère, l’acteur fait mine de tendre la patte pour récupérer son dû. Toutefois, avant qu’il ne puisse ne serait-ce que frôler les reliefs en terre cuite, un coup violent le désarçonne et finit par le déséquilibrer, broyant son poignet qui, dans un craquement sinistre, retourne en volte-face suprême. Prostré à terre, l’énergumène laisse brusquement rugir un cri de douleur qui force son agresseur à lui intimer le silence. La laide créature à la gueule figée se pare d’une phalange inquisitrice et d’un sifflement de serpent que sa proie n’écoute guère, trop occupée à tenir dans son autre paume l’excroissance démembrée que seule la chair retient au reste du bras. La saynète attire rapidement les regards du restant de la troupe, des clameurs agressives derechef lancées à son encontre. Sa pogne vient tâter le manche de sa dague ; les faire taire ? Trop de témoins. Mauvais terrain. Tournant les talons avec une agilité bestiale, il se met à courir pour s’enfoncer dans la mare humaine, ses détracteurs – pourvus d’un esprit vengeur des plus opiniâtres – à ses trousses. Halte ! Au voleur ! Arrêtez-le ! Assassin !, éructent-ils, gonflant dans le poitrail du Cerbère des éclats hilares qu’une telle traque excite plus qu’autre chose. Secouant, bousculant, il galope à travers foule en lorgnant de temps à autres par dessus son épaule sans savoir où la cavalcade le mène variablement.

Si ce n’est contre une épaisse montagne qu’il culbute avec force, renversant à moitié le colosse et s’obligeant à tourner les épaules. Son regard se fracasse contre la titanesque charpente qu’il reconnaît à la seconde près. « Par les mamelles de Catharsis », déclame haut et fort l’ignoble masque qui se tord la nuque en pliant l’échine à hauteur d’yeux du bousculé. « Enfoiré de mes deux ! » L’injure, pourtant, suppure d’une affection comme seuls les bandits savent la noyauter. Tirant son accessoire écarlate d’une main et aidant de l’autre le mastodonte à reprendre équilibre – plus pour le saluer d’une franche accolade que pour assister le fier guerrier – c’est un faciès fendu d’un large sourire qui fait bientôt face au Krorag, la mine grivoise d’un vieil ami aux relents fraternels.

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Zorkharr

L'Édenteur

Zorkharr
L'Édenteur
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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyDim 27 Avr - 17:42



L
'essaim de misérables diptères vrombissait gaillardement, tous extasiés par la résurrection de ce qu'ils prénommaient Printemps. Des crânes couronnés jusqu'aux va-nu-pieds, tous s'étaient improvisés pèlerins pour assister à cette commémoration que d'aucuns prônaient grandiose, prémices de temps meilleurs et propice à une ataraxie éphémère. Sur le flanc dextre – sur le flanc senestre – il ne voyait décidément qu'un agglomérat de lombrics qui avaient eu besoin d'une allégation pour germer hors de leur usuel cloaque. Pourquoi les bombances ? Pourquoi les danses ? Pourquoi des pitres dans tous les coins ? Et surtout, pourquoi ces fards faciaux à l'effigie d'il ne savait quelle créature rocambolesque ? Avait-on besoin de se cacher pour festoyer ? Trois ans qu'il tentait d'abattre la cloison des cultures à grands coups de tête, et tout ce qu'il récoltait était une belle plaie ouverte et encore plus de questions qu'au commencement. Il avait abandonné l'idée de comprendre les moeurs continentales, et encore plus celle d'enseigner la quintessence des siennes. Il n'y avait jamais eu qu'un maraud qui avait outrepassé toutes ses espérances en la matière, et les dieux seuls savaient entre quelles cuisses il se fourrait présentement.
Une ridule naquit à la commissure de ses lèvres, alors qu'il s'était immobilisé pour contempler les criardes enjolivures d'une façade, dubitatif face à un tel art. L'on claqua de la langue à plusieurs reprises comme l'on appellerait un corniaud, et Zorkharr ne put s'empêcher de biaiser son attention vers la source de la résonance, animal rétif mais curieux qui huma l'arôme du stupre. A quelques coudées, deux ribaudes aux mamelles plus exposées que suggérées, prêtes à mettre en joie quiconque aux bourses souffreteuses et à l'aumônière bien remplie aussi, car les unes ne se vidaient pas sans l'autre. L'une d'elle adressa une oeillade suggestive au colosse et fit choir le lacet de son corset, indiquant de sa main libre le chiffre quatre. Quatre ? Quatre quoi  ? Quatre coups de reins et il lui disloquait le bassin ? Quatre mornifles et c'étaient ses molaires qu'il récupérait à la fin ? Espèce sonnante et trébuchante pour la vulve d'une gouge, voilà bien un principe qu'il ne concevait pas et qui lui donnait comme l'envie de la forniquer sans consentement au centre de la place. En guise de réponse à l'aimable proposition, il renâcla et réserva toutes les substances plausibles au fond de son palais, avant d'expectorer un immonde glaviot sur les pavais, et de poursuivre sa route.

Jouant de sa musculeuse charpente pour se frayer un sentier parmi les innombrables badauds, il remonta une venelle, puis deux, diable de bohème qui ne se souvenait même pas pourquoi il se trouvait en Ibenholt. Ce bourbier était glacial, et que nul ne le leurre quant au prétendu retour du soleil car, lui, avait coudoyé l'astre diurne sous sa forme la plus ardente. Il ne songeait pas  aux strates méridionales, mais bien à son archipel natal et surtout aux dunes arides de sa terre-mère. Le désert et ses températures lui manquaient encore aujourd'hui, et soudain, comme si l'on s'appliquait à exaucer son voeu, il sentit une vague de chaleur succinctement l'embaumer et enjôler son attention sur le côté. Spectateur taciturne, il contempla sans mot dire les facéties de cracheurs de feu dont, là encore, il ne comprenait pas les tours. Pourquoi voudrait-on expirer des flammes et chercher à dompter les éléments ? S'ils n'étaient pas nés avec ces dons, cela signifiait qu'ils ne devaient pas en jouir. Quel outrage, de constater pour la énième fois que l'Homme de ces truculentes strates s'efforçait à façonner le monde à sa façon... alors que c'était originellement l'Homme qui devait s'adapter au monde. Tous ces coquins ignoraient sciemment la saveur de l'humilité humaine, et c'était bien pour cela qu'ils étaient tous indignes d'être. Tous... de potentiels sacrifices qui ébaudiraient les figures déifiées.

Boum. Ce qui s'apparenta à une folle offensive entrava ses fantasmes meurtriers et fit courber son galbe sous le caractère contingent et pour le moins violent de l'impact. « Enfant d'putain... ! » Qu'il rauqua en tordant ses babines, la salive déjà aux lèvres et l'oeil démentiel, les doigts quêtant pour le manche de l'énorme hache qu'il transbahutait dans son râble. L'injure était celle d'un maître des basses oeuvres qui s'apprêtait à faire du zèle et à égayer les ornementations citadines d'un bougre préalablement élagué de tout ce qui dépassait. Le phonème altéré par le port du masque qui n'était qu'un charbon de plus jeté dans l'âtre de sa furia, il ne le reconnut point, et aurait très certainement fendu la hideur de l'accessoire d'un jet d'arme si l'anonyme ne l'avait pas retiré à temps. Et l'ironie faisait parfois bien les choses. « Dante ?! » Le Krorag en eut la mâchoire décrochée, rengainant tout de go son aspiration sanguine au profit de l'implacable euphorie des retrouvailles. Il saisit volontiers l'aide pour se redresser et tira brutalement son vis-à-vis vers lui pour le faire échouer dans une étreinte virile. « C'était là que tu t'planquais, j'aurais dû m'douter que j'croiserais les brandons de ta barbe dans les parages ! T'es toujours là où ça sent la merde ! » Après l'avoir malmené de son affection convulsive, il le relâcha enfin, pantomimant son sourire évasé avant de guigner l'effroyable masque et de le désigner d'un geste mou. « C'est quoi ce truc ? T'es pas assez laid comme ça ? » Les traits d'esprit irrévérencieux étaient monnaie courante, pour ne pas dire sempiternel jaspe de leurs discussions – ce qui n'avait pas toujours été le cas, car le nomade avait mis un certain temps avant de révéler son véritable faciès à celui qui était devenu bien davantage qu'un comparse de péripéties.

Une année, juste une année, mais il y avait sûrement tant à narrer. Enchanté à la perspective d'écouler pintes et anecdotes en une compagnie qu'il n'avait pas espérée, il fut sur le point de s'enquérir à son sujet, lorsqu'une cohorte burlesque s'en vint près d'eux en criant haro. « C'est lui ! Vil larron ! » Pantois, le mercenaire considéra chacun des histrions ci-présents, comme un peu tous ceux qui se trouvaient dans les alentours. « J'retire ce que j'ai dit... t'es tellement bonne que t'as une meute de fot-en-cul à tes trousses... » Il courba un sourcil, puis croisa les bras en se tournant vers son camarade. « Sérieusement... t'as fait quoi encore ? » Lui demanda t-il en krorag, sa langue maternelle qu'il était ravi de pouvoir articuler à une oreille exercée, car à moins que les douze derniers mois n'aient endommagé les leçons acquises par le Firebeard, celui-ci serait enclin à le comprendre et même à lui répondre. Combien d'apartés avaient-ils tenu ainsi, au nez même de leurs antagonistes qui n'avaient pu que conjecturer sur la nature de leurs dialogues ? Dans un quotidien comme le leur, être polyglotte s'avérait être un avantage parfois salvateur. Toutefois, les explications allaient devoir être prorogées, car les comédiens manifestement furibonds et opiniâtres n'avaient pas l'intention de s'en retourner à leurs tréteaux sans que justice soit rendue et leur bien récupéré. L'un d'eux, enhardi par le mouvement de foule qui formait un cercle autour d'eux, s'avança et se mit à vitupérer et menacer le cabot rubigineux dans une drôle d'esclandre. Ignoré nonobstant son physique singulier, Zorkharr se fit étonnamment discret, comprenait au gré des objurgations que le fameux masque était la source du problème. Tout ça pour ça ? Il avait du mal à y croire. En temps normal, il aurait fait volte-face et laissé la vindicte populaire molester le baudet de l'histoire sans s'en ombrager, mais à circonstances exceptionnelles, actes à la mesure.

Le bateleur continua à semoncer le voleur dont il veillait néanmoins à ne pas approcher de trop près, sans s'attendre à ce qui se profilait à l'horizon. Il se fit soudainement asperger d'un étrange liquide diaphane qu'il crachota, scandalisé, en se tournant vers le responsable. « Mais... qu'est ce que tu fais ?! Moi ? » Le titan se débarrassa du récipient désormais vide. « Tu chiales pour un masque, alors j't'en offre un que personne pourra t'dérober. » Il s'avança et agrippa la tignasse du quidam avant de lui agglutiner la bribe embrasée d'une torchère en plein visage, qui prit instantanément feu. Pendant qu'ils se querellaient, il s'en était allé emprunter le matériel des cracheurs à proximité dans un dessein précis, celui qui faisait alors s'époumoner la torche humaine que les flammes étaient en train de dévorer. La scène fit glapir l'auditoire et un bon samaritain s'extirpa promptement de la masse horrifiée pour jeter un  baquet d'eau sur le malheureux, dont le cuir chevelu et une majorité du visage étaient grièvement brûlés. La fragrance de la chair rôtie et le corollaire de son action tirèrent un rictus ténébreux au barbare qui, jamais repu de ces grisantes mises à mort, aurait volontiers poursuivi les réjouissances sans aucune crainte d'être inquiété par la garde civile, si seulement un poing n'était pas venu s'écraser au coeur de sa physionomie. Destabilisé par la traîtrise du coup, il fit deux pas en arrière puis baissa la gueule, ne la relevant que pour sentir le fluide purpurin ruisseler de ses voies olfactives et colorer son museau. Avec le dos de sa main, il essuya vainement le sang qui infiltra sa denture et ses papilles, et s'adressa à Dante. « T'aurais pas pu me prévenir ? Ca t'fait bander de me voir pisser l'sang, frère ? » Ses calots se portèrent sur le fautif, l'un des artistes et simulacre d'un goret avec son nez retroussé et sa taille ventripotente, qui sembla mesurer toute l'étendue de sa bévue, mais il était trop tard. Le Krorag s'arma de sa hache, faisant résonner les chapelets de dents qui y étaient accrochés, et déclara. « Rien d'tel que d'trancher des têtes pour des retrouvailles. C'est censé être la fête, et on va enfin pouvoir commencer à s'amuser ! »

Zorkharr n'était pas homme à songer aux conséquences de ses frasques, c'était là tout l'intérêt qu'il avait eu de demeurer aux abords du chasseur de primes qui restait, malgré tout, bien plus réfléchi que lui.

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Dante Firebeard

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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyDim 27 Avr - 22:04

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It's been a while, fucker.

zorkharr & dante
Le mastodonte s’ébranle en effusions que lui seul sait arroger, asphyxiant de peu son vieil acolyte qui redouble d’hilarité contre le poitrail flanqué de muscles en acier. L’estime des deux compères semble être aussi fameuse que triviale, une contagion allègre transfigurée de testostérone qui se meut en accolades et rires graves qui font tirebouchonner les nuques alentour et happer les regards de badauds curieux. Aux railleries de l’épais Krorag, le larron ne manque d’ailleurs pas d’éclater d’un phonème jovial en retrouvant les facéties béotiennes du mercenaire basané. « Ravale ton foutre, t’es simplement jaloux de ma belle gueule de mirliflore que les dieux rêvent de baiser ! » Il ornemente son maquis roussi d’une singerie folâtre, argumentant son manifeste d’un clin d’œil turpide qui ferait détremper ces dames dans le bain de leur libidineux appétit, mais qui ne se résulte qu’en caricature grotesque et risible devant Zorkharr. Interrompus dans leurs retrouvailles intellectuelles, ils finissent tous deux par tourner figure vers les énergumènes venant à leur encontre. « 'chier. J’avais complétement oublié les puterelles » souffle-t-il en roulant des yeux et réadaptant la gestuelle à sa nonchalance basique de clephte, une main embrassant le manche de son poignard, l’autre valdinguant dans l’air, sa prise entre les phalanges, le menton baissé mais les orbes plantés sur la troupe hâtée. « Tu vas rire », réplique-t-il dans l’idiome barbare, roulant les syllabes et crachant le timbre avec une délectation triviale. Il devine dors et déjà la réaction de l’Edenteur face au litige fortuit, et, si la chamaille s’avère inapte à récréer Zorkharr, au moins déridera-t-elle le Cerbère qui voit là l’opportunité de lâcher en pâture la merdaille dans la gueule du Krorag. Tout sourire de chacal, il accueille ses détracteurs.

Et la discorde qui s’en suit ne fait qu’assommer le resquilleur qui, entre haussements de sourcils et ricanements acerbes, se plait à ponctuer la diatribe proférée d’onomatopées acides. Jusqu’à ce que le colosse à ses côtés ne vienne en aide à son ouïe soulée de palabres, jetant sur l’antagoniste ce qu’il ne croit être au début que de l’eau, tirant une risette satisfaite chez Dante, qui se meut en masque admiratif – et franchement sale – lorsque le mercenaire vient garnir son trophée d’une péroraison embrasée. L’assistance remue de panique et expire au scandale entre les bouches tordues par les grimaces affectées, tandis qu’il se détache du binôme pour visiter la torche humaine que l’on a gratifié d’une salve analgésique. D’une bonhomie feinte, il plie genoux auprès du brûlé qui hurle sa géhenne comme l’on égorge une brebis. « Si j’avais su l’ami », exprime-t-il d’un tapotement sur l’épaule soulevée de sanglots arides. La chair immolée ressemble aux naseaux de Firebeard au fumet d’une viande faisandée qui ne lui tire pas même une contorsion de gueule. A dire vrai, c’est même alléchant, pour ce ventre creux ayant été habitué, dès sa genèse, à se sustenter de rats et racines. Il découvre ses canines en une compassion féroce. « Allez, va, reprends-le. » Dénaturant la belligérance même de toute cette histoire, il tend l’accessoire au pauvre hère qui, entre plaintes et pleurs, le mire derrière la coulée de ses paupières. « Reprends-le, te dis-je », gronde la rocaille de sa voix en altérant les traits amènes en ses véritables saillies de fer, Dagoth aboyant dans ses calots qui, de teintes plurales, se mettent à ondoyer comme des nids de serpents. De force, le chasseur de primes soulève le masque et l’enfonce dans un bruit humide sur le portrait calciné, arrachant derechef des vagissements d’agonie chez l’acteur de théâtre défiguré, qui tente avec ses pognes de retirer son masque de jeu, devenu instrument de torture pour sa chair à vif.

Mais un peu plus loin, sans lui laisser le temps adéquat pour profiter de son ludisme carnassier, la voix du Krorag tonne dans son dialecte originel en décochant l’attention de Dante qui tourne son faciès pourvu d’une légèreté atypique à la situation. « Arrête chérie, tu vas m’faire chialer », renchérit-il dans un sourire gouailleur en contemplant l’effigie de cuivre tachetée du fluide écarlate. En se relevant de la poussière à l’instar du titan, il se met à monitorer l’assistance en cherchant la moindre œillade hostile chez d’autres possibles audacieux. Mais l’on se tient tranquille, révolté, mais tranquille. Plus encore en cet instant où le mercenaire rugit sa joie en envisageant l’agape qui l’attend. « Je ne sais pas si … » Non pas qu’une riflette le débecte, loin s’en faut, puisque lui-même sent ses muscles grouiller d’ivresse à l’idée de faire chanter sa lame, mais un coup d’œil circulaire lui fait prendre conscience que l’arène est loin d’être propice au carnage. Si d’héroïques chiures se décident à porter assistance, c’est bientôt tout le parvis, qu’il faudra trancher. Et connaissant la bête, il doute que femelles, gamins ou infirmes puissent dès lors cautériser la soif vandale de Zorkharr. Le printemps s’en vient à peine et le chien de rouille préfère en profiter hors de toutes geôles. Tirant un surin de courte taille de sa botte, il finit par le lancer droit sur la proie du barbare pour le lui planter dans le tendon calcanéen. L’homme braille, s’effondre aux pieds du colosse et Firebeard rejoint à grandes enjambées son comparse en ignorant pleinement les deux éclopés mordant la poussière. « Tu décrocheras les crânes un autre jour frangin, la putaille risque trop de me manquer derrière les barreaux. » Rabaissant la hache du guerrier, il indique l’horizon de la cité planant sur les têtes spectatrices. « Ça m’a donné soif et j’parie que toi aussi. Viens que j’te paie une barrique mon salaud, avant qu’ils n’aillent glapir dans les jupons des sous-verges cuirassées. » Cherchant à embrigader le mastodonte à sa suite en signant du chef, il recule dans la petite foule qui s’écarte comme un banc de poisson.

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Zorkharr

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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyMar 29 Avr - 15:17



D
ans son erg insulaire, n'y avait pas de frairie sans offrande sépulcrale, en particulier lorsque lesdites réjouissances commémoraient une déité plus qu'elles ne servaient d'exutoire au genre humain. Plus qu'une question de sadisme latent, il s'agissait de déférence envers les entités divines qui les gouvernaient depuis le firmament et leur offraient leurs bonnes grâces. Nul ne voulait quitter le giron d'êtres supérieurs, la foi orale était une chose, seulement un versant de la pieuse montagne dont il fallait atteindre le faîte, et les actes en étaient une autre. En lui explosant les voies nasales, le pourceau s'était certes condamné à un trépas d'apparence certain, mais il agrichait aussi la chance d'être un combustible d'allégresse pour le panthéon krorag qui n'arrivait jamais à satiété quant aux dons de sang et de chair. Ce que ces yeux de parjures agglomérés aux entours de l'arène de fortune verraient comme un homicide inique avait, pour le barbare, des relents de privilège. Car la mort était un privilège, à la seule différence qu'il ne s'épuiserait pas en rituels post-mortem pour le porc qu'il éviscérait du regard, rituels qui n'importaient que dans le cas de braves ou d'êtres chers. Lui ? Il s'en allait juste lui faire tâter de sa némésis tribale, et bon vent à l'histrion bouffi. La babine se retroussa en un sourire de jaguar affamé, rêvant déjà aux lambeaux juteux qu'il arracherait du corps encore palpitant de son adversaire, sans prêter l'oreille à la réponse irrésolue de son compère qui mirait la situation d'un œil bien plus sagace. A en voir l'attitude pugnace du goliath, c'était à se demander comment il avait pu survivre une kyrielle de douze mois consécutifs sans les incursions avisées du Firebeard, sur lesquelles il ne se reposait nullement mais qui lui avaient toujours été d'un secours éloquent. Aujourd'hui ne ferait pas exception, et ce fut stupéfait que Zorkharr vit une lame se ficher dans le talon de son vis-à-vis qui s'alita sur le sol. Il se tourna en direction du responsable qu'il gratifia d'une oeillade puissamment significative de fils-de-raclure-tu-m'as-piqué-ma-proie avant de se voir cracher la raison de cette spoliation. Ah, oui, les geôles, lui qui s'échinait à rôdailler hors des citadelles le plus possible en avait presque omis leur existence, et là encore, il n'avait jamais compris l'intérêt de ces sentines terrestres qui s'apparentaient davantage à des garde-manger pour bourreaux.

« Pfff... » Le titan abaissa son arme sans opposer de résistance, roulant des calots avant de mirer l'horizon comme s'il y voyait le point de leur destination, désappointé par les mœurs middholtiennes qui s'avéraient profondément spartiates. Fort heureusement pour Dante, son ami à long crin n'était pas délicat à arrêter tant qu'il n'était pas entré dans une rage berserk, et au-delà de cela, il avait son estime, donc sa confiance, et par une plus grande extension son attention dans de pareils cas. Peut-être la créature d'apparence indocile donnait-elle l'impression d'être un animal domestiqué aux pieds du faquin roux, une allégorie qui avait indéniablement du vrai, mais le molosse savait être rétif à ses moments perdus. Et s'il avait rengainé sa hache et fait quelques pas pour talonner son frère de cœur, il s'immobilisa finalement. De tout son gigantisme, il toisa celui qui aurait dû être son holocauste, perclus dans la douleur d'un tendon tranché. L'occire n'était qu'une option, un moyen bien plus qu'une fin, et s'il pouvait renoncer à l'étêter séance tenante, la sensation lancinante à son nez sanguinolent lui rappela qu'ils n'étaient pas quittes. Alors, avec la grâce affectée d'un pochard dans une valse musette, il frappa de son pied directement dans la mâchoire du comédien qui brama derechef. Celui-ci roula sur la panse et se mit à crachoter des trophées d'ivoire en plus de gerbes pourprines, suffoquant dans son propre fluide tant il en avait en bouche. « J'prends ça pour le dédomagement. » Sa charpente se courba pour récupérer une canine à peine abîmée par le choc sur laquelle il souffla comme pour l'épousseter. Elle glissa ensuite dans sa paume et rejoignit les quelques consoeurs qui sommeillaient en poche, reliques inusuelles de rencontres passées. Puis, tranquille, il rallia les abords du cabot. « Je déteste ton pays. » Où on ne pouvait même plus tuer impunément.

Sillonnant les venelles comme les burnes d'une même paire, les deux hommes s'enfoncèrent dans l'hypogastre de Jernvugge avec en eux, l'étincelle d'une camaraderie cinglante et pourtant plus probe que bien des liens sociaux. La seule présence de Dante apportait cette âcreté addictive qui faisait du quotidien une galimafrée poivrée, de quoi s'excorier les papilles sur le grain dont on mésestimait la puissance. C'était parce qu'ils savaient mitonner d'incroyables péripéties que leurs retrouvailles étaient synonymes de plaies pour ceux qui auraient à subir leur truculence. Un fou seul n'était jamais rien qu'un fou, ajoutez un dément au premier et vous obteniez un fléau bicéphale. C'était avec cette sensation qu'à deux ils pourraient conquérir le monde qu'ils poussèrent l'huis d'une taverne déjà bien remplie, et dans laquelle ils eurent à jouer des coudes pour se frayer un chemin jusqu'au comptoir. L'endroit regorgeait de bambocheurs passablement imbibés en dépit de l'heure qu'il était – il n'y en avait certainement pas pour s'enivrer – et l'ambiance pittoresque était prompte à décoller la rétine du pauvre krorag à la gueule carminée. « J'nous trouve des places assises. » Affirma le géant comme si la besogne était déjà accomplie. Il chercha un instant du regard puis jeta son dévolu sur une table en bordure de bar, dans une encoignure bien placée depuis laquelle ils auraient vu sur l'entrée de l'établissement, et donc, sur tous ceux qui partiraient ou arriveraient. A ladite table, une trinité de ce qu'il devinait être des pieds-plats, veules près de leurs pintes à demi entamées qui ne devaient pas être les premières de la journée. Zorkharr approcha et fit choir son arme sur la surface de bois rongé et pommelé de substances sirupeuses, le vacarme faisant soubresauter les trois olibrius. « Dégagez. » Nul besoin de s'exprimer en dialecte local pour se faire comprendre, certaines mimiques tenaient du langage universel et celle de l'ostrogoth à cet instant précis fut limpide comme de l'eau de roche. Ses poings fermés se posèrent sur le meuble et il se pencha, l'éclat oculaire noir, sa blessure donnant l'impression d'un anthropophage venant tout juste d'achever un bon repas, ce qui contribua probablement à la décision du trio de mouvoir. Une fois cela fait, le duo put s'installer à leur aise. « Meute de démons colorés. Tu m'avais jamais parlé de ça. Pourquoi les masques ? Qu'est c'qu'ils fêtent vraiment ? » S'enquit l'Edenteur en se déchargeant de ses affaires. Il attrapa un broc dans lequel restait un fond d'eau et se nettoya le visage, contraint de tirer un morceau d'étoffe qui avait déjà servi pour une autre meurtrissure de la pochette à son ceinturon. Avec, il tenta d'endiguer l'écoulement d'hémoglobine, lançant une oeillade torve à son compagnon. « Marre-toi et j'te plante un tisonnier dans l'cul. » Une menace qui prenait des allures de mot doux dans leur idiome alternant middholtien et krorag.

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Dante Firebeard

Cerbère des Bas-Fonds

Dante Firebeard
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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyVen 2 Mai - 0:02

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It's been a while, fucker.

zorkharr & dante
Foutu rite auquel il ne se fera jamais ! Arracher les ratiches de ses proies pour tout butin, comme le métayer moissonne sa récolte aux prémices estivales. Contorsionnant une grimace, il détourne la gueule du lointain spectacle en jouant de ses larges épaules contre les derniers badauds. Mordiable, y peut pas s’en empêcher ! D’aucuns trouveraient ironique que le molosse, usuellement tant affamé de chair fraîche, puisse à ce point être rebuté par deux ou trois quenottes déterrés, et pour cause, nul autre que lui ne saurait être à ce point bon public pour de telles rapineries. Mais ça. Ah, ça, c’est autre chose. Ce n’est pas vraiment du dégoût, qu’il éprouve, et loin, très loin, d’être une relent de compassion pour les pauvres hères mutilés. Si les mœurs triviales de l’ostrogoth n’ont jamais été pour lui qu’un riche folklore mirobolant duquel il n’a cessé de s’instruire, Dante n’en reste pas moins une progéniture de la mouscaille qui n’a que trop vu ses pairs cracher de noirs chicots la quinzaine passée. Il se souvient encore du vieux, la peau tannée de plis au crépuscule de sa vie, lui sourire cet aggloméra sanieux de gencives dépouillées de la moindre dent. Le pater mastiquait alors leurs maigres collations avec ce qu’il lui restait d’ossature buccale comme il eut usé d’un pilon. « T’inquiète, les becs de mon pays n’doivent pas trop t’apprécier non plus », roule-t-il l’idiome barbare derrière une fausse acrimonie, se gardant bien de sourire tant que l’écho de l’émail décroché ne s’estompe pas des parois de son crâne. Non, vraiment, il ne s’y fera jamais. Qu’importe si sa névrose de pétochard n’est qu’un ridicule vaudeville sujet aux railleries. Tant que ses crocs restent à leur place, Dagoth lui-même peut bien gouailler.

Sans trop tarder, la liesse lui revient tantôt. Elle galope même pour irradier son faciès de canaille lorsqu’ensemble, les acolytes traversent l’huis d’un bouge vertigineusement fréquenté et que les effluves de sueur, d’alcool et de pissat se mettent à folâtrer contre ses narines. Il mire et reluque, s’avance et saboule, décoche quelques œillades grivoises aux typesses et finit par tendre l’oreille au phonème grave de Zorkharr en branlant du chef, avant de poursuivre jusqu’au comptoir. Le tavernier, un homme trapu à l’air porcin, ne lui porte attention qu’une fois le point abattu par deux fois contre le bois miteux. Le timbre haut rivalisant avec le bourdonnement ambiant, Firebeard lui commande ses plus grosses pintes de bière avant de patienter qu’on les lui serve, un coude accroché et les épaules tournées vers le reste de la salle. Une gigolette vient déjà l’accoster, trayons à l’air, le décolleté déchiré par d’autres aventureuses rencontres et le long crin gras ébouriffé d’avoir trop sautillé sur les cuisses masculines. Gorgée de jus, imagine-t-il en lui pétrissant une fesse et lui jargonnant quelques douces poésies à l’oreille qui la font rire d’une voix lourde et épaisse. « Peut-être plus tard », lui bruisse-t-il finalement en ourlant ses lèvres d’une basse risette en interceptant dans son champ de vision le mastodonte. Il la repousse d’un vaste geste, récupère les deux bocks fournis à raz-bord et dépasse la putain sans plus un regard pour ses miches défraîchies. Il lui faut dès lors jouer des coudes et faire preuve d’un magistral équilibre pour traverser la pétaudière bariolée sans trop renverser de la précieuse liqueur à même le sol noirci de crasse. La tablée, tout juste débarrassée, accueille les deux pendards et leurs litres de bière plus ou moins saufs. « Ton grand retour, voilà ce qu’ils fêtent », raille le cerbère en découvrant ses canines avant d’avaler une goulée pleine, assoiffé comme une bête. En déposant la pinte dans un bruit mat, il s’affaire à son tour à ôter ses quelques effets en biglant sur la sale gueule que son comparse tente de débarbouiller. « Ça va, tu vas pas m’faire un ulcère non plus ! » L’œil rieur, il articule avec morgue : « Tu t’es fait talocher par un coquin comme une gamine par son daron, bon, ben voilà, on va pas y passer la– », capturant subito la mine patibulaire du Krorag derrière son tissu poisseux, Dante se redresse en laissant couler un franc sourire derrière son hilarité. « Wholà ! J’rigole frangin ! Tiens, avine-toi un peu la couenne avant d’aller chercher le tison », il pousse la chope vers son compère, les épaules secouées par un rire rocailleux. « Et tu devrais tringler un peu plus souvent, si tu veux mon avis, ça te détendrait. Parce que c’est pas très sain d’penser à mon cul comme ça. » Le sourcil arqué, il se ravale une gorgée avant de reprendre, l’air plus quiet et ses orbes de glace déportés sur la clientèle.

« Tu sais, c’est pas franchement mon truc, tout ça. » Il indique le panorama bigarré d’un mouvement de barbe. « Déjà qu’avant, les us et coutumes de la ville me dépassaient, mais alors maintenant… » Maintenant. Exorde d’un renouveau loin des Îles Brûlées, mais après une décennie loin de sa mère patrie, rien ne lui semble tout à fait pareil et tout à fait familier. Étranger parmi les siens, spectre plus qu’individu, il ne trouve plus dans ce pays qu’un ersatz difforme de ses souvenirs poudreux. Il n’a pas la moindre foutue idée du nombre d’années qui se sont écoulées, mais suffisamment pour ne devenir qu’un piètre outsider. Un apatride. Ni Sade, ni Ibenholt, ni aucune autre cité ne réussirait à accueillir son patriotisme clandestin. « Quand j’étais môme, on faisait brûler un immense feu dans la bourgade. » Il en revient au titan de bronze, la pinte toujours en main mais les calots scindés d’une lueur chatoyante. « T’aurais dû voir ça. Une fournaise de plus de trois mètres de haut, on suait tellement qu’on finissait presque tous à poil en dansant et chantant autour. Des putains d’énergumènes j’te dis ! » Un éclat de rire traverse son gosier, il boit à nouveau et reprend. « Et puis, à la nuit tombée, les anciens venaient offrir au brasier l’effigie d’un gamin. Un gamin tressé de paille et habillé d’oripeaux, une couronne des premières fleurs du printemps fichée sur son crâne de chaume. J’ai longtemps cru que c’était un vrai gosse, l’un de mes frères m’avait assuré qu’je serai un jour le prochain. » Il roule des yeux à l’évocation, non sans suppurer d’une affection camouflée. « Tout ça pour dire que j’ai pas vraiment connu les mœurs citadines, on était déjà bien heureux d’pouvoir trouver de quoi brûler une telle flambée avec le peu d’bois qu’il nous restait à la fin de l’hiver. Mais y’a une chose qu’il faut qu’tu retiennes frangin, c’est qu’ils sont juste heureux. Avec des foutus masques et des nippes bariolées, ou en levant des feux d’bouseux pour gigoter autour, le peuple du nord crève juste de joie à l’idée de plus s’geler les burnes et de plus voir ses enfants clamser la bouche ouverte. »

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Zorkharr

L'Édenteur

Zorkharr
L'Édenteur
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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyVen 2 Mai - 16:47



S
i les autochtones de ces landes givrées et incultes avaient véritablement voulu festoyer son retour triomphant, ils auraient fait vrombir les olifants cérémoniels et brocheté des âmes innocentes ou coupables en totem immoral, mais en symbole figuratif. Mais au lieu de ravitailler les déités en combustible, ils se contentaient de se dissimuler dans une anonymie fantasmagorique pour commémorer une saison et couvrir leurs peccadilles festives ? Non, ce n'était assurément pas sa venue qu'ils célébraient, et auquel cas, il aurait été se jeter dans la mer pour rejoindre la poiscaille et y crever en paix, loin de ce cheptel de décérébrés travestis. Si autrefois Zorkharr, au second degré plus que lacunaire, aurait pris son camarade au mot, il avait appris l'art de l'humour et celui des figures de style, et même s'il n'était pas un parangon en la matière, il avait acquis suffisamment de jugeote pour faire la différence entre une véracité et un trait d'esprit. En l'occurrence, il ne répondit qu'un micromouvement facial à la boutade, lorgnant la pinte à la spume dégoulinante tout en mouchant son nez. Pour ce qui fut de l'allégorie de la gamine et du daron en revanche, l'oeillade enténébrée décapita la tirade avant même qu'elle ne s'achève et le rouquin eut le réflexe salvateur de ne pas la poursuivre, substituant le quolibet par le faro frais qui n'attendait plus qu'à être lampé. Le colosse finit d'essuyer sa gueule et l'empoigna enfin, sans pour autant y tremper ses lippes tout de go. « T'as pas envie d'savoir ce qu'il y a dans mon crâne à propos d'ton cul. » Se contenta t-il de commenter d'une expression évasive, avant de lui prêter l'oreille pour une conversation moins libidineuse – même si elle risquait à tout instant de le redevenir, encéphales phalliques obligent.

Lorsque le cabot indiqua la salle comme l'on désignerait des créatures énigmatiques, le barbare balaya l'assemblée d'un regard pénétrant, comme s'il espérait comprendre ce qui lui apparaissait comme inintelligible simplement en les observant. Il avait du mal à concevoir que les us et coutumes de ce qui était malgré tout son peuple puissent ainsi échapper au Firebeard, qui avait peut-être trop longtemps vécu en cage du côté de l'archipel embrasé. C'était un peu comme si les marottes dévotes des Krorag lui étaient obscures alors qu'il avait toujours grandi au sein de la tribu, quoi que, en y songeant, les peuplades du continent étaient atrocement disparates et toutes bien trop absconses, si Dante peinait à les comprendre, lui ne le pourrait certainement jamais. Toutefois, il écouta le récit de son comparse avec attention, essayant d'accoupler les morceaux d'un puzzle qui avait du mal à prendre forme. Grand bûcher + valse à poil, jusque là, il visualisait, ce n'était rien d'inusuel dans sa culture où il n'y avait guère besoin d'évènement spécifique pour ce faire, et il se demanda d'ailleurs en quoi un tel comportement faisait d'eux des énergumènes. Mais soit. La suite le laissa par contre sceptique, perclus d'incertitude quant à ce leurre de chaume que l'on offrait aux flammes, ce qui lui tira une brève interjection goguenarde. Il courba son sourcil balafré pour ce que fut de l'explication en épilogue, et n'afficha qu'un air profondément incrédule accentué par de longues secondes d'un mutisme éloquent. « S'ils se les pèlent ils ont qu'à pas rester là, et s'ils veulent pas voir leurs mioches agonir, bah, z'ont qu'à les tuer eux-mêmes ? » Le discours aurait pu être celui d'un comédien récitant le texte d'un illustre primitif, et encore, l'on y aurait perçu un aspect sciemment pléthorique pour intensifier le burlesque des propos. Cependant, cela n'avait rien d'une gaudriole. Le mercenaire pensait très sincèrement ses suggestions, car c'était ainsi que l'on faisait dans ses steppes îliennes, l'on s'énamourait de nomadisme et d'infanticide entre bien d'autres choses. « J'vois pas ce qu'il y a de mal à tuer ta progéniture, des gosses ça se refait et vaut mieux que ce soit toi plutôt qu'un autre qui s'en charge si y en a b'soin. Vous les continentaux, vous vous emmerdez trop la vie, ça vous perdra un jour. » Il opina négativement du chef puis porta sa boisson à ses lèvres pour en prendre deux bons gorgeons.

« Puis faut pas vous étonner que vos dieux vous chient d'ssus, j'veux dire, vous leur donnez de fausses offrandes sans chair, sans âme, c'est exactement comme lancer un os déjà rongé à un crève-la-faim. Vous essayez de les tromper en déguisant d'la paille, et encore, vous l'faites une fois l'an en passant l'reste des saisons à penser qu'à vos gueules d'infidèles. La vie doit être une épreuve et une preuve de foi dans son intégralité, un homme sans dieux n'a pas de guides, un homme sans guides n'est jamais que perdu, ou assez con et orgueilleux pour croire qu'il est son propre guide. » Il sourcilla, les paupières closes, dans une contenance inconsciemment réprobatrice. « Si j'étais parmi vos dieux j'vous enverrais la peste, la variole et une invasion de chameaux à trois têtes crées spécialement pour l'occasion. Ouais. » L'Edenteur gobelota sa pinte puis mira son interlocuteur, en face duquel il se retrouva subitement embarrassé. Si en temps normal il n'avait d'égard pour personne et sûrement pas lorsqu'il était question de théories et pratiques impies et illogiques, le chasseur de primes était le quidam le plus ouvert d'esprit qu'il avait rencontré dans son existence, et nonobstant certaines apparences, il le respectait trop pour renvoyer un sectarisme ingrat. « J'glaviote pas sur tes croyances frère... c'est juste que... t'avoueras que c'est un peu bizarre quand même. » Si, bien sûr, il expectorait tous ses glaires dessus, il ne pouvait pas s'en empêcher, il n'était pas Dante et ne le serait jamais, le panthéon krorag savait à quel point il l'admirait pour sa tolérance et sa faculté d'adaptation. Il connaissait les réelles qualités de l'animal, et elles étaient loin d'être laides.

« Quand j'ai noyé mon fils, il était honoré de mourir pour son père. » Reprit-il soudain, se plongeant à son tour dans une rétrospection dans laquelle il ne regrettait pas ce que d'aucuns auraient qualifié d'ignominies. « Avait-il peur ? J'sais pas, peut-être, sûrement un peu, on a toujours les boules de c'qu'on connait pas, et la mort est la plus grande des inconnues. Je l'ai plongé dans la source et j'ai attendu, j'ai regardé l'eau remplir ses poumons, jusqu'à ce que sa petite poigne ne m'tienne plus. Le lien qui s'est forgé à cet instant restera toujours en moi, c'est quelque chose que le temps n'emportera pas, il a joué son rôle et a contribué à la communauté en acceptant son sacrifice comme un Krorag digne de ce nom. Son âme pur d'enfant a traversé les mondes, et j'sais qu'il a délivré sa requête de prospérité pour les siens une fois devant les dieux, avant de refleurir dans un nouveau corps et de recommencer le cycle éternel. La mort est vaine que si on veut qu'elle le soit, et elle l'est jamais, ou très rarement, chez nous. » Zorkharr était un agglomérat de muscles, de véhémence et d'incongruité, il n'était pas un intellectuel, lui qui se débrouillait infiniment mieux une hache à la main qu'à travers la discussion, mais, cela ne signifiait pas qu'il était totalement dépourvu de réflexion. Une réflexion relative et sombrement originale, mais il n'était pas le dernier des imbéciles, il n'était... qu'un Krorag. Qui leva tardivement sa boisson pour trinquer avec le Firebeard. « A la tienne. »

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Dante Firebeard

Cerbère des Bas-Fonds

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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyDim 4 Mai - 18:43

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It's been a while, fucker.

zorkharr & dante
Que ne peut-il pas entendre de la gueule de ce titan. Considérant l’allégation d’un œil lourdement dubitatif, il se garde toutefois d’émettre quelconque son. Zorkharr est un monde à lui seul. Une planète dans laquelle il ne ferait pas bon vivre pour tout quidam dépossédé d’un profil de cyclope et d’une âme sanguine. Pour avoir écouté maintes et maintes fois les apophtegmes de l’ostrogoth ci-présent, il sait que la tirade édictée n’est en rien goguenarde, mais bel et bien un effort dégrossi et sincère d’apporter une opinion féconde au fléau du peuple des neiges. Usant de toute sa permissivité amicale, il hoche brièvement sa tignasse rendue auburn par la maigre clarté environnante, fort d’un flegme à toute épreuve qui préfère accueillir le verbe sentencieux du Krorag comme une putain rémunérée le vit de son client : docilement. Il sait que toute insurrection serait vaine et illusoire face aux dédales cérébraux du mastodonte. Et quand bien même l’énergie lui viendrait-elle, en aurait-il au moins la foi ? Défendre une morale, voilà qui serait des plus caustique venant de sa part, essence dépourvue de toute éthique et de toute idéologie. Au diable l’objurgation, Firebeard soulève les sourcils et s’abreuve derechef à son bock en imitant son reflet terreux, remettant à plus tard, voire même à jamais, la transe intellectuelle d’une profonde réflexion sur les mœurs des peuplades. Il n’est pas encore venu ce jour flamboyant où tous deux débattraient idiosyncrasie native. A chaque heure ses maux, et celle-ci croule sous la bibine. « Aye », est-ce là le seul son qu’articulent ses lippes saupoudrées de bière.

Mais le cataclysme au crin de jais ne s’arrêtant pas en si bon chemin, Dante se voit bientôt assiégé par une averse de semonces. Se renversant en arrière à la fin de la tirade, le Cerbère aviné se met à rugir d’un rire épais. « A trois têtes ? Par les dieux, ta cruauté est nonpareille ! Que Dagoth me la tranche si ce n’est pas là la créature la plus terrifiante qu’il m’ait été donné d’imaginer ; un foutu méhari à la gueule triplée ! » Rugissant encore quelques salves en écrasant le charivari ambiant et frappant d’un poing féroce le bois de leur table, il parvient enfin, larmes aux yeux, à domestiquer son accès par une énième lampée, coude haut levé. Partisan chevronné de la désinvolture, il semble, là encore, préférer la souplesse d’esprit à la xénophobie impitoyable du fanatisme aguerri. Qu’il puisse y avoir mille déités dans la voute céleste n’est guère son problème, plus encore si, seuls et dépouillés, les mortels arpentent cette terre sans nul autre que les astres pour porter attention à leur médiocre existence. « Je ruinerais ta ménagerie des horreurs à moi seul. Il est pas encore né le démiurge qui m’fera tartir un semblant de vénération. Même le Père des Dragons peut aller s’faire pisser sur la raie pour que j’lui voue un tel culte », achève-t-il, opiniâtre, libre penseur et aigrefin des plus oublieux à ses heures. Chacun pour sa truffe, avec ou sans dieux à satisfaire. La vie lui semble trop courte pour allouer de son temps en holocaustes sacrificiels. A faucher ses pairs, autant que ce soit stipendié. « Et si j’suis encore là, c’est qu’ça doit pas trop conchier sur leurs plans, aux dieux. » Ou qu’ils ont autre chose à foutre que de s’attarder sur pareil apostat méconnu comme un goret dans son boiton. « Hey mignonne », apostrophe-t-il un loufiat à poitrine passant d’aventure, sa paluche la retenant de peu par son croupion de génisse bien en chair. « Deux autres, tu veux ? », indiquant les chopes semi-vides de leur tablée et ourlant sa figure d’un sourire qui se déstructure aux paroles de Zorkharr.

La fille loin, les épaules de Dante reviennent avec lenteur sur son vis-à-vis, dévorant l’idiome rêche avec silence et soudain trouble. Même l’encéphale imbibé, il sait reconnaître la véracité du récit et le privilège accordé que de lui en dévoiler les moindres arcanes. Sans faire montre d’un rictus offensé, il paraît se murer dans l’écoute quasi humble de la narration, dressant à retardement son gorgeon tout contre son homonyme en un bruit mat de bois heurté, les lèvres bien trop verrouillées pour répondre au toast et la mine bien trop pensive pour décoller ses rétines de l’effigie krorag. Le tintamarre voisin gobant net le silence de leur huis-clos, il accueille le retour de la serveuse en branlant brièvement du chef sans un regard pour son fieffé minois. On leur dépose les bocks remplis à raz et on repart. « Je n’dis pas que j'comprends », fait-il enfin, haussant sourcil et tordant nuque avec expression. « Tu m’perds parfois loin avec tes exploits, frangin. Je pensais être rodé, entre ton fétichisme », grimace-t-il à la souvenance. « Tes offrandes en nature, et tout ton… folklore. » Il balaye l’air d’une vague gestuelle tant ledit folklore serait laborieux à lister. « Mais je dois avouer que si j’avais un rejeton, et dieux l’en gardent, je veillerais à incendier les cieux s’il le fallait pour envoyer mon message aux divinités, plutôt que d’le crever de mes propres mains. » Il vide d’une dernière rasade sa pinte, la repousse et s’empare de la nouvelle qu’il retient entre ses phalanges, l’une d’elles, l’index, levé en direction de Zorkharr. « T’es un sage. Un vrai putain de sage. Y’a qu’un mec comme toi pour avoir les couilles d’envoyer son fils jouer aux hérauts les bronches pleines. Je crois que j’serais définitivement trop égoïste pour laisser la Camarade m’enlever si facilement mon gamin. » A son tour de sourciller et de remuer sa tignasse avec négation, avalant une longue lichée pour reposer rudement le tout contre la surface. « J’espère au moins qu’ça a été efficace. » Considérant le mastodonte d’un air évasif, que l’alcool rend narquois, il plisse le regard et semble chercher dans la cire de ses souvenirs. « Remarque que, au point où t’en es arrivé, j’ai comme un doute sur cette histoire de prospérité. »

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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyMer 7 Mai - 11:05



U
n camélidé tricéphale de gueules, quoi de plus effarouchant, il était vrai ! Il ignorait de quelle tranche fantasmagorique il avait bien pu enfanter pareille créature, mais c'était sans peine qu'il s'illustrait à la tête de telle armée. Il aurait pu être fort de sa billevesée, n'en demeurait pas moins qu'il pensait le fond vindicatif de ses paroles et qu'il les aurait bien châtié à la trique, tous ces impies qui se délectaient de leur basse connerie. Dante le premier, peut-être, car en dépit de sa tolérance sur le sujet, il n'était pas quidam suffisamment impliqué dans une quelconque foi aux yeux d'un dévot tel que son mastodonte de compère. Il se pensait guide de ses propres pas, con parmi ces cons qui se mystifiaient à coups d'orgueil et d'incurie – quel gâchis. Peut-être étaient-ce ces glaces sempiternelles qui les encellulaient dans une sécheresse spirituelle à en faire blêmir un Krorag, là où la fournaise du désert originel plaquait d'or l'âme des fidèles. Les hommes se perdaient, mais il n'était pas héraut d'une quelconque cause qui outrepasserait l'entendement, il n'était pas même un émissaire, rien qu'un être de bohème qui harpait les vestiges de sa quintessence passée. Spectateur impuissant et depuis longtemps résigné, il s'abreuvait des propos profanes comme un touareg à une fontaine de sable, ce n'était rien de plus que de la crasse qui empâtait l'oesophage et l'ensemble des organes non sans le risque de se gangréner pour celui dont la dévotion était précaire. Ce n'était pas le cas du barbare, qui avait depuis belle lurette compris que tout colloque sur ce sujet était stérile. Et en guise de cautère, l'élixir des tavernes recommandé comme si leurs pintes n'avaient été que des tasses de thé qu'ils lampaient sans mal. Sans doute était-ce l'unique produit de ces steppes sur lequel il ne crachait pas, le faro du continent était loin d'être insipide – ou il l'était peut-être trop et lui curarisait les papilles, et même si le rogomme de sa contrée lui manquait, il s'en satisfaisait malgré tout.

Nonobstant ses efforts pour être intelligible, Zorkharr demeurait ésotérique et réussissait encore à perdre son camarade dans la bourbe de son occulte science. Il se vit opiner négativement du chef lorsque ce que le Firebeard semblait considérer comme des truculences convergèrent en masse compacte qu'il se hâta de lui foutre dans la tronche, comme si l'anomalie était infuse à ses mœurs que, lui, trouvait tout à fait justifiées. Et tandis qu'il vidait le fond de son verre avec une ferveur plus prononcée que pour les cultes divins, l'ostrogoth se complut en commentaire qui ne rendrait pas le tout plus concevable. « Incendier les cieux serait un sacrilège, le ciel est sacré, et les enfants l'sont aussi jusqu'à ce que les garçons aient tué leur première proie et que les filles se soient faites saillir... ou qu'elles tuent aussi, c'pas rare. » Sanctifiables par leur innocuité, c'était cette innocence qui faisait des progénitures les commissionnaires idéaux de la surface vivante à l'immatériel, même si, par principe de postérité, ils préféraient généralement offrir les portées des non-Krorag plutôt que les leurs. En voulant paraître plus limpide, peut-être s'embourbait-il, dans tous les cas, cela ne modifierait pas l'avis du libre d'esprit qu'il avait en face. Celui-là même qu'il fit usage d'un adjectif inusuel pour le qualifier ; « sage » ? Comment était-il censé accueillir cela ? Et le bougre de le toiser avec l'un de ces airs matois qu'il abhorrait chez lui, persiflant avec certainement l'impression ivre d'être immunisé contre l'ire tribale qui ne se fit pas prier pour rétorquer à peine la dernière syllabe prononcée. « Gaffe à ta gueule chiure de putaille, m'oblige pas à te pisser d'ssus pour nos retrouvailles ou je jure que c'est tes bronches à toi qui en s'ront pleines. » La tête légèrement inclinée vers l'avant pour appuyer l'oeil noir sous le crin d'ébène, les iris mordorés bravèrent le quartz impudent avec l'envie de lui arracher l'organe lingual, non pas pour cette histoire de fils holocauste, mais bien pour lui remémorer indirectement la bévue qui l'avait conduit ici. Coude sur la table, ses doigts se placèrent en constriction autour de se chope en rêvant qu'il s'agisse plutôt du cou d'une biche à la carnation pâle, c'est que tout ceci avait mis son stupre en appétit. « Joue pas à ça Dante, t'sais très bien comment j'me suis retrouvé là. Ca a pas rapport avec toutes les offrandes que j'ai pu faire avant ou en devenant chef du clan, un Krorag qui crève pour ses croyances ne meurt ni pour lui ni pour une personne en particulier, il le fait pour la tribu entière, et les dieux veillaient sur nous. C'est moi qui ai été indigne des miens, j'ai été arrogant, j'ai cru pouvoir compter sur ma force et mon instinct, j'me suis voilé la face... J'ai blasphémé mon don et j'ai payé pour ça, l'affaire s'arrête là. »

A son tour, il s'enfila le reste de sa première pinte, une saveur amère en bouche. Il se souvenait parfaitement de la vision qu'il avait eue ce jour-ci, il l'avait sciemment ignorée au profit d'une fierté mal placée, parce qu'il avait été élu Khan et qu'il s'était indûment pensé au-dessus de tout. Une erreur, une seule, des frères avaient été occis, lui n'avait pas même pu mourir en portant encore son titre, des faits qui lui avaient retiré tous ses privilèges et qui constituaient les causes de son exil volontaire. Il avait choisi de ne pas retourner parmi les siens, une décision dont il souffrait plus qu'il n'aurait été plausible de l'exprimer, et il n'y avait pas pire idée que remuer le couteau dans la plaie suppurente pour le mettre d'humeur acariâtre. « J't'emmerde, ok ? Putain de sorceresse à couilles qui s'est paluchée dans sa cage pendant dix ans avant que j'débarque et qu'elle s'décide enfin à mettre les voiles. Tu crois que c'est une coïncidence ? Tu crois que la vie est un hasard que tu peux tringler comme tu tringles tes ribaudes ? Y a pas d'hasard, sinon y aurait pas de visions de l'avenir et... pourquoi j't'ai pas jeté du bateau avant qu'on arrive sur le continent bordel ?! Fait chier... » Il voûta sensiblement son rachis et maugréa dans sa longue barbe comme un mioche offensé, songeant à une vindicte adéquate et vouant le cabot rubigineux aux plus atroces gémonies. L'amitié fraternelle ne se façonnait pas toujours de tendresse, elle se bariolait surtout de dissonances plus épiques les unes que les autres qui finissaient avec la cloison nasale fracturée ou la lippe tuméfiée – pas de quoi garder rancoeur, donc, rien que des allégations pour rivaliser d'ingéniosité en terme de taquineries. Et justement, pour l'avoir courroucé avec si peu de tact, Dante devait payer. « J'ai un cadeau pour toi. » La paluche hâlée disparut sous la table – non, il n'allait pas lui sortir la bête qui sommeillait sous les braies – sembla fureter dans quelque chose et réapparut trop prestement pour que le rouquin ait le loisir de voir la menace poindre. Ce fut en pleine caboche qu'il se reçut une salve de dents que le colosse collectionnait, les organes durs tombant en symphonie autour du malheureux qui entendit un distinct plouf durant l'assaut. L'une des quenottes avait décidé de prendre un peu de bon temps dans sa boisson fraîchement servie, et Zorkharr s'esclaffa sans contenance. « Oh merde ! » Son rire tonitruant attira l'attention d'olibrius qui les observèrent, tandis que l'Edenteur prit le soin de saisir son breuvage pour le sauvegarder de toute vendetta. « Danse pour moi catin, et p't'être que je t'en payerai une ! »

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Dante Firebeard

Cerbère des Bas-Fonds

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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyVen 9 Mai - 0:11

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It's been a while, fucker.

zorkharr & dante
Dans un haussement de sourcil, il prit la menace avec une équanimité surfaite, tant et si bien, qu’il parut faire fi avec grandiloquence de la gronderie vomie. Mais si son visage restait aussi marmoréen que les tranchants des Solvkant, ses entrailles, elles, rutilaient d’une brûlante lave. Que n’eût-il pas supporté de ce tas massif comme un résineux et grincheux comme un vioque, qui prenait ardemment le quidam comme gibier de festin. Même lui, qui n’était pourtant pas le premier serin venu, devait souffrir de l’humeur vindicative du mastodonte à la moindre incartade commise. Certes. Il l’avait bien cherché, avec ses airs de moralisateur patenté et ses sagaies tournées et retournées encore dans les blessures de l’ostrogoth. Mais l’année qui les avait séparés s’était manifestement éployée à éroder le peu d’amabilité qu’il avait laborieusement pu lui inculquer au fil de leur partenariat. Déjà que l’animal était d’égale réceptivité qu’un mur de terre, il le retrouvait à présent aussi délicieux qu’un aigre baudet ; fort de ses grands blâmes, et incapable d’ouïr ses propres fautes. Roulant des épaules en un haussement bref, le Cerbère préféra étancher sa soif pour censurer là de quelconques palabres virulentes. Non pas qu’il craignait les muscles de son ami – à bien moindre échelle que sa hache, en tout cas –, mais corrompre leur beuverie de quelques poings sanglants aurait été gâcher la soirée. Plus encore pour de si maigres raisons – bien qu’à réfléchir, tout leur était recevable lorsqu’il s’agissait de se lancer dans un branle-bas le combat. A point nommé, le krorag mollarda ses aveux qui, sous un autre contexte et une autre lueur, auraient très certainement affectés le semblant d’empathie mûrie chez le chasseur de primes tout au long de leur amitié. Mais l’affaire s’arrêtant bel et bien là, l’inimité reprit ses aises dans le gosier de Zorkharr, gonflant et pourrissant en un verbe qui, à son tour, contusionna Firebeard. Il était des sujets comme celui de sa captivité qui gâtaient inévitablement son flegme et sa réflexion d’obscènes flétrissures, et s’il savait reconnaître dans le phonème grave du titan la balourdise d’une froide revanche, le tout n’en restait pas moins blessant. Fracassant le cul de son bock tout contre la table en des gerbes de liqueur, il estampilla son vis-à-vis de son regard lazurite détrempé dans l’ire d’une sourde violence. Si sa patience était de fer, il avait lui aussi ses limites, et, plus encore, ses plaies à vif. Oui ! Ce couillé de frangin avait été son éclat salvateur au crépuscule de sa claustration. Oui ! Dix putains années, c’est ce qu’il avait dû patienter avant qu’un géant de foutre ne ramène ses miches et ne l’aide à décamper. Et oui ! Peut-être bien aurait-il encore été cloisonné dans les arènes de Sade si le fatum ne s’en était pas mêlé. Et que n’eût-il pas vociféré pour décharger toute cette frustration accumulée, et titillée par la glaire du butor, si sa rage ne maculait pas déjà sa gueule d’un ciment corrosif, rêvant en silence de lui faire avaler profond sa chope pour qu’elle ressorte flambante par le fion de Zorkharr.

Accueillant l’annonce avec aussi peu d’entrain que d’aménité, il grogna et pesta une demi-douzaine de sabots dans sa gorge avant d’esquisser un brusque geste de recul sous une grimace ahurie. Qu’étais-ce que cette merde ? Il ne lui fallut que peu de temps pour constater les résidus laiteux jasper son périmètre comme une armée de vermines l’aurait fait. « 'CHIER !! », articula-t-il les ridules difformes et le ton identique à la foudre, bien moins enclin au bidonnage que son comparse et casse-burnes ne l’était visiblement. Lorgnant dans sa boisson, il y dégota l’un des excréments blancs qui fut, à n’en point douter, le glas de sa torpeur. Se levant avec force et brutalité, il alla jusqu’à renverser une serveuse et un faquin qui passaient d’aventure dans le dos de sa chaise. Touts poings serrés comme des massues et l’allure d’un clébard atrabilaire pour seul portrait, il laissa rouler à ses pieds la carcasse de son verre renversé qui jouait encore avec la cauchemardesque molaire. « J’vais t’fermer ta grande gueule de baisoir à mouche !! » A ceci près que, vers sa droite, ledit client culbuté, un homme trapu nippé comme un cul-terreux, s’égosillait déjà en bourlinguant l’air d’affronts et invectives pour lui avoir ainsi fait goinfrer le sol. « Putain ! », rugit le Cerbère en salve de postillons, empoignant le malheureux par le col de ses frusques et l’envoyant tête la première contre le rebord de leur tablée. Une craquelure fendit l’air, et, lorsqu’il redressa le maraud, ce ne fut que pour en constater sa figure rougie de sang, la bouche empâtée d’éclats purpurins. « En'oiré 'u m’as pé'é les 'ents !! » Force était de constater que, oui, la bouillasse fomentée sur les lèvres du faquin était à n’en point douter le résultat girond du choc mâchoire versus table. Transfiguré par un rictus pantois, Dante parut comme dompter une divagation sauvage lorsqu’enfin, il tira vers lui son pantin dans un : « Viens par là », aussi aimable qu’une geôle. Brinquebalant avec sa lourde prise, il monta sur sa chaise, puis sur la surface lisse du madrier en bois, hissé haut face au krorag et surtout face à toute l’assistance de la taverne, qu’il sollicita de trois coups de pieds sur la table en hélant le reste avec hégémonie. Embrassant l’horizon tamisé du bouge, le maraud sonné toujours dans une pogne, il patienta avec une arrogance de lévrier que l’on se taise, et, une fois fait, clama. « Messieurs, je n’voudrais pas interrompre les festivités, mais j’ai comme qui dirait besoin de votre glose avisée, à défaut d’celle avinée », mâcha-t-il avec un sourire oblique, déclenchant quelques hilarités de foies imbibés et encéphales abâtardis. « Mon ami ci-présent », dit-il en désignant d’un vaste geste Zorkharr. « Ahhh ! C’est un sacré métèque ! La panoplie complète du tarasque qu’on nous décrit dans les légendes et qui nous fait chier d’ssus quand on est môme ! » Non moins dénuée de sarcasme, sa voix tonnait avec emphase, jetant quelques coups d’œil gouailleurs au mastodonte à l’instar de toutes les mirettes tournées vers ledit mythe vivant, Fireabeard reprit, se désignant faussement dépité. « Au contraire de moi, qui n’suis qu’un humble petit paysan, voyez ? J’peux pas rivaliser, hein que j’peux pas rivaliser ? » Différentes négations toutes plus ventripotentes les unes des autres se mirent à fuser, même son éclopé crachota quelques gouttes dans le seul espoir de participer. « Naaaan ! Bien sûr que non. On est toutes des putains à qui on a collé des burnes, pour toi, pas vrai mon grand ? » Puis en revenant à la salle. « Y veut même que j’danse pour lui, le mufle ! Si ça c’est pas un guerrier pourvu d’couilles de taureau ! T’as dû être abreuvé d’foutre quand t’étais chiard pour avoir autant d’testostérone en toi mon mignon ! Y’a pas moyen autrement ! » De nouveaux rires gras jaillirent.

Devenant tout au long de ses fadaises de plus en plus mauvais, il finit par ne plus s’adresser qu’au titanesque spectateur, vers qui il se tourna complétement, enserrant le coquin tout contre pour lui prendre la mâchoire de l’autre main. « Tu veux que j’te fasse des oboles, moi aussi ? A la hauteur de tes putains d’critères ? » Engouffrant ses phalanges dans le crin de sa glèbe fertile pour le tenir crûment, et enfournant ses autres doigts dans sa bouche sanglante, il se mit, une à une, à lui retirer les dents comme on décrasse les fers d’un cheval, nonobstant les cris et gesticulations du misérable et les soudaines contestations du public. Envoyant les quelques six quenottes en pleine poire du mastodonte, il conclut en balançant à son tour le quidam sur l’effigie tannée, la patte poisseuse de son méfait et un air de dégoût griffant ses rides. Levant les bras, il gaussa finalement avec cynisme et bile. « Alors trou du cul ?! Ça t’fais bander ? »

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Zorkharr

L'Édenteur

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L'Édenteur
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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptySam 10 Mai - 17:20



L
'offensive dentaire avait été choisie avec sagacité, carreau rancuneux fiché dans la répugnance pathologique du clabaud qui aboyait soudainement beaucoup moins. Oeil pour oeil et surtout dent pour dent, il s'était bercé d'utopies s'il avait cru que le fruste hirsute aux moeurs dissolues avait rasséréné sa causticité et l'ensemble de son caractère de merdeux. Sous un quant-à-soi d'apparence lorsque l'on ne le coudoyait pas, une véhémence inique vivotait en attendant de pouvoir prendre son essor et amarrer en pleine faille de l'adversaire de joute qui avait tout intérêt à avoir la patience costaude. Proches ou moins proches, qu'une flopée d'hosties potentielles à faire calciner dans le feu de son fiel, et tant pis pour les stigmates, Zorkharr n'avait que trop cette marotte d'agir sans réellement songer avant. Sa bégueulerie était prétexte à épancher une aigreur naturelle qui l'empêchait généralement de demeurer impavide aux actes ou propos qui l'incommodaient, une tare qui s'équilibrait avec le fait que sa rancoeur était le plus souvent éphémère, âcre sur le coup mais promptement digérée et jetée aux oubliettes comme si rien ne s'était jamais produit. Pas de la mansuétude, ce n'était jamais rien qu'un trait de personnalité extravagant et pas toujours intelligible, avec lequel il fallait composer – ou pas. Sans gêne ni remord, il heurtait sans prendre en considération l'irritabilité d'autrui, et si le tout devait se transfigurer en rixe, cela n'en était que plus plaisant à son goût. Sciemment ou non, Dante lui avait infligé un coup bas, et ce fut avec délice et gausserie qu'il contempla le corollaire de sa riposte inopinée. De quoi réveiller l'éréthisme pugnace du cerbère qui bondit sur ses pattes, babines retroussées en une grimace ostentatoire pour dévoiler les crocs qu'il s'en venait lui planter dans la nuque. Une perspective qui enchanta le mercenaire et lui fit écarter ses lippes en une contorsion tout aussi révélatrice bien qu'assurément moins furibonde que son vis-à-vis, appelant au dialecte des poings qui fracassent et des os qui craquent en guise d'alternative, puisque les voies du dialogue semblaient définitivement bouchées. Rien de plus efficace qu'un pugilat pour pacifier les esprits et musculatures échauffées, une violence ironiquement panacée aux yeux du titan qui s'apprêta à se lever.

Cependant, ce fut un autre qui fut le bouc émissaire et réceptacle d'hostilité, si bien que l'Edenteur congloméra derechef son séant à son siège et prit un gorgeon de sa gueuze fraîche en se faisant spectateur, pas tant offusqué de s'être fait dérober son rôle d'acteur. Un rire spontané et presque compatissant fit même convulser son poitrail en apercevant la denture éclatée du badaud qui se fit ensuite ramasser. Puis, il observa la situation prendre d'étranges atours sans comprendre l'idée qui avait vraisemblablement germé dans le crâne au pelage rutilant, bientôt haut juché sur la table en quémandant l'attention de toute l'assemblée. Un intermède qui fit perdre son air goguenard au barbare au profit d'un faciès aux aguets, le menton relevé pour distinguer la paire de quartz pour une fois plus haut placée. Une tournure qui l'indisposa, non pas par la déclamation qu'il augurait tout sauf flatteuse à son égard, mais par tous ces regards bovins et ces visages dissimulés sous masques qui avaient soudainement convergé vers eux. Il n'était pas quidam à apprécier se faire remarquer, et ce, même si sa carnation et le reste de son allure en faisait une saugrenuité ambulante parmi la masse populaire. Accoutumé à une réclusion itinérante et à ne pas vivre pour l'estime d'anonymes, être ainsi le substitut d'une bête de foire le mettait sur des charbons ardents et ne le renvoyait que trop à l'âge gladiateur. Mais, curieux, il ne dit mot et se contenta d'écouter la pantalonnade, sans jamais quitter l'azur diaphane qui rageait plus qu'il ne semblait rire. Une fulguration de stupeur et de vif intérêt éclaira succinctement ses traits quand il vit les phalanges violer l'antre buccale et usurper son fétichisme avec une hardiesse remarquable. Râble agglutiné à son dossier, il ne se mut pas plus lorsqu'il se reçut une ondée d'organes durs dont certains le maculèrent d'écarlate dans leur chute. Finalement, il ne bougea qu'en voyant l'olibrius prêt à lui choir dessus, et, contraint de se redresser en un saut instinctif, il récupéra le meurtri pour mieux le balancer sur sa droite, aux chausses de l'auditoire désormais scandalisé. Qui aurait cru que les choses se dérouleraient ainsi ? Certainement pas lui, en pérégrinant vers le Nord pour assister à la Grande Mascarade.

Désormais déplié de toute sa hauteur face au traqueur qu'il toisa en contre-plongée, perchoir oblige, le mastodonte fit silence, ignorant les doléances contigües et les commentaires réprobateurs qui glissaient vainement sur le galbe du roux. Au bout d'un instant, il inclina le chef sur le côté à l'instar d'un animal interrogateur, comme si cet angle était susceptible de l'aider à sonder le cuistre brailleur, et le phonème éraillé s'enquit. « Mon odeur t'rappelle si fort les lices de temps passés que tu t'sens obligé de t'faire ta propre arène ? » Il plissa les yeux, puis obliqua sur la foule de pochards qui les mirait avec une effervescence heureusement moins éloquente que celle du public qu'ils avaient pu côtoyer à Sade. Dans tous les cas, ne manquait plus que le sable, la poussière et une chaleur térébrante sur la zone intuitivement délimitée autour d'eux pour qu'ils puissent s'y croire, et il se demandait sincèrement si la décennie de captivité du Firebeard n'était pas en train de ressurgir tel un vieux démon sous-jacent. « C'est sur mes os à moi que t'espère t'faire les dents, chien des tréfonds ? C'est ça que tu veux ? Que c'te danse on la mène comme deux gladiateurs qu'on admire pour leurs putain de singeries ? » Aussi étonnant cela pouvait-il être, nulle vibration belliqueuse n'altérait la phonation de rogomme, qui ne faisait que s'informer des intentions d'un orateur qui ne lui avait pas encore sauté à la gorge. Les orbes mordorées accrochèrent celles rivales, un mutisme équivoque ankylosa la saynète, puis... les lèvres primitives s'évasèrent en une risette carnaire. « C'est quand t'es comme ça que j'te vouerais un culte mon salaud. » Le colosse s'esclaffa, perdant probablement les spectateurs dans la kyrielle composite d'émotions sans logique. « Un humble petit paysan qui aurait fait un foutrement bon Krorag, si seulement les choses avaient été différentes. T'as l'âme insoumise et farouche, un sirocco dans la brise hivernale, c'est ce que j'aime chez toi. J'te retrouve enfin. » Il hocha une fois de la tête, salut distinct du frère pour l'adopté dans les paluches duquel il fourra sa pinte, en plus d'une tape amicale sur le flanc à défaut d'être à hauteur d'épaule. « La voilà, ton obole à toi. » Ce fut cette fois une oeillade fière qu'il posa sur son camarade, non mécontent de constater qu'au gré des années traversées ensemble, l'influence pernicieuse avait fait son office, même si des deux, c'était sans nul doute l'ostrogoth qui avait le plus changé depuis son expatriation.

« Bande d'coquins impies, allez vous sucer la queue ailleurs plutôt que de gâcher la fête ici ! » Les prunelles indociles se plantèrent sur la silhouette de l'énergumène qui venait de se manifester, et qui ponctua son intervention en glaviotant sur le plancher non loin d'eux, aussitôt repris dans son idée par le reste de la taverne visiblement indisposée. Zorkharr soupira et fit rouler ses iris de fauve dans ses orbites – ces retrouvailles étaient décidément houleuses. « T'aurais quand même pu éviter de t'donner en spectacle, j'aurais franchement préféré que tu m'fracasses le pif à coup d'pinte. Le résultat aurait été le même mais on aurait pas été le centre de l'attention... tu sais très bien que j'suis un grand timide. » Il guigna un quidam qui tentait de l'approcher par derrière et ne se fit pas prier pour sonner le glas de la passivité ambiante. En faisant volte-face, il décocha un uppercut au malheureux qu'il retint toutefois de culbute, pour mieux tourner sur-lui même et l'envoyer sur le comptoir dont il lustra toute la surface jusqu'à s'écraser à l'antipode. « Suivant ? » Et il n'en fallut guère plus pour que les réjouissances dégénèrent en règlements de comptes divers. Les serveuses et ribaudes se réfugièrent sous les tables ou dans les encoignures plus sûres tandis que les bambocheurs cognèrent sur les museaux voisins, créant une grande mêlée décousue dont le binôme ne fut plus spécialement la cible. Le principal était de frapper, qu'importait les mâchoires que l'on disloquait ou les yeux que l'on pochait ! Une cohue comme il n'était pas rare d'en rencontrer dans les établissement d'éthylisme, mais qui finirait pas nécessiter l'ingérence musclée de la garde civile, et alors, il y avait fort à parier que les deux comparses seraient désignés comme les fauteurs de trouble. Les grains du sablier fluaient inexorablement avant que les roquets cuirassés ne soient prévenus, et parvenir jusqu'aux huis se promettait laborieux. « Dante ! » Appela brusquement une voix parmi les pugilistes, et le rouquin put repérer le mercenaire qu'il avait égaré dans ce chaos. Ce dernier se trouvait en difficulté, pris à parti par une cohorte de reîtres dont un s'agrippa à son échine en ceignant sa gorge d'un bras dans le dessein de le faire chuter. « DANTE !! » Eut tout juste le temps de bramer le Krorag avant de s'étaler lourdement, la meute d'assaillants se jetant sur lui comme des charognards sur une carcasse.

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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyDim 11 Mai - 0:49

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It's been a while, fucker.

zorkharr & dante
Puant d’une rancune increvable, le Cerbère persistait à rester niché sur son trône d’âcreté où le paysage lui paraissait, à défaut d’être clair et sain derrière ses effluves miasmatiques et ses lueurs percolées, d’une satisfaction relative. Piétinant bois et mirant bas, il semblait attendre le déluge ou au moins son champion, subitement reclus dans un silence noir que ses calots transfiguraient en malveillance. D’aucuns auraient pu le dessiner enfiellé contre son mastodonte de témoin, mais il aurait fallu disséquer à vif cette caillasse lui servant de crâne pour connaître la vérité ; rares étaient ceux à pouvoir l’envenimer à ce point qu’il en égrugeait flegme et patience, et plus rares encore étaient ceux à pouvoir l’atteindre là où la lumière ne filtrait guère. Animé non pas par un fiel de chiard blessé, mais bel et bien par l’ire d’un homme meurtri, Dante n’en réagissait pas moins comme un animal blessé, acculé autant par la véracité que par ses surins aiguisés. Dors et déjà prêt à recevoir cette fois les ecchymoses de la carne et rendre à égale mesure, il continuait de lorgner le krorag qui semblait à des lieues de vouloir entrer dans la valse des poings. Tout au contraire, même, puisque le chasseur le surprit à animer sa gueule bâtarde en une interrogation qui lui fit tordre sa broussaille rousse, avant qu’il ne réponde tout-de-go par un épais mollard craché à même son juchoir. Si les cadavres des quelques insultes clapotaient dans le déchet de son glaviot en le laissant mutique, c’est parce qu’il ne se sentait plus d’expectorer quelconques autres syllabes à l’encontre du titan. Fallait-il qu’il scénarise plus encore ses humiliantes balourdises pour que Zorkharr daigne enfin lui céder ses massues de chair ? Naseaux dilatés en reniflements adverses, il se décidait à aller au devant de la scène pour venir lui-même chercher l’effigie tannée, lorsque, derechef, le phonème grave le suspendit à ses belliqueux desseins. Resté coi par le panégyrique celé dans l’idiome barbare, il regardait à présent la paire d’yeux bistrée comme s’il eût été frappé par la foudre. Bottes en lisière de table, muscles saillis et sourcils froncés, Firebeard observait une stupeur manifeste sous son masque fêlé. L’égo plus que flatté, il ne savait plus que faire ni quoi dire, tant et si bien qu’il détourna son chef en joutant les autres spectateurs de ses orbes lazurites, cherchant parmi les toiles anonymes, toutes plus laides les unes que les autres, l’encre d’un semblant de réflexion. Fort jusqu’à présent de son courroux bestial, il lui semblait dorénavant strictement ardu que de reprendre une contenance quiète et, plus encore, de balayer sa rancœur mauvaise. Et pourtant. Aussi rares qu’étaient les phalanges à connaître les lésions du molosse, celles-ci mêmes étaient dotées d’un génie consacré quant au miraculeux déclic de son Accalmie. Ancrant une paluche sur sa hanche gauche, il leva son bras droit et recueillit sur ses lèvres l’écume de sa bile dans un large geste de paume, la carrure de ses épaules toujours soulevée par son ahanement belliciste, mais la lueur furibonde de ses iris volatilisée comme escarbilles au vent. L’embarras lui étant étranger, il parut toutefois être des plus gaucher lorsque le krorag le gratifia d’une contorsion amicale, arrachant un rictus au rouille de crin qui ressemblait à s’y méprendre à l’ombre d’un sourire. Peste soit ce foutu géant ! songea-t-il, un cyclope qui pouvait autant le travestir de colère que lui faire gerber toute sa triviale affection. Leurs tempêtes pouvaient éclater, féroces et torrentielles, mais elles retombaient toujours. Étonnamment, celle-ci n’avait guère eu besoin de phalanges ensanglantées, hormis celles poisseuses de l’ersatz d’édenteur qui se tenait toujours haut perché.

Considérant son homonyme, il fut prêt à parler enfin lorsqu’un faquin lui coupa net la chique pour les huer de quelconque nasarde. Plissant nez et redressant une moitié de lèvre, il tirebouchonna sa nuque pour river droit ses globes tout contre la bobine avariée. Dire qu’il profita de l’algarade engendrée avec délassement eût été une bien piètre litote. Dès lors que le mercenaire s’en fut empoigner sec le malandrin, Dante railla de son ricanement de gravier. Partisan invraisemblable du mastodonte qu’il semblait prêt à égorger quelques minutes plus tôt, il haussa les épaules sans se défaire de ses éclats hilares lorsque son comparse clabauda en langue krorag. « Tes os brisés pourraient réveiller une nécropole entière. T’aurais quand même été l’clou du spectacle frangin. » Et sur ces entrefaites, les réelles festivités commencèrent. Déboisant la table de ses grolles, il sauta dans la mêlée en écrasant de tout son poids un binôme puant les crottins équins. Assénant coups, recevant torgnoles et esquivant singeries éthyliques, il en vint à écraser la silhouette du bougre qu’il avait délesté de ses six quenottes, rampant à terre comme un lombric gémissant. Découvrant ses canines en un sourire carnassier, il flanqua néanmoins une botte contre les flancs du malheureux pour le blottir sous une table avec deux autres serveuses, estimant, comme l’aurait fait un dieu, que celui-ci n’avait que trop soupé de sa malchance pour la journée. Loin d’être récompensée, sa bonne action lui attira un crochet subreptice qui l’ébranla jusqu’aux chaises qu’il renversa et ébrécha, refourguant des injures dans sa barbe qui furent le zéphyr de ses voiles ; il se redressa rondement et fendit sur son assaillant. Les cabrioles et mimiques se poursuivant ainsi un long moment, il prit à nouveau conscience du biotope lorsqu’il croisa non loin les carrures équipées de l’autorité. Arcade fendue, mâchoire bleuie et lèvres contusionnées, il leva le menton par-dessus la cohue pour chercher à la fois Zorkharr du regard ainsi que feu leur tablée ; il y avait laissé là ses effets, autrement dit son oseille et ses quelques équipements. Décidant qu’il était à présent temps de décaniller loin, il se courba et lézarda entre les corps mus d’une fièvre querelleuse pour rejoindre la table sur laquelle reposait déjà un luron proche du coma et un autre encore toussotant des crachats écarlates. Il repoussa le premier qui tomba mollement à terre et empoigna ses effets et ceux du krorag en évitant tant bien que mal les torrents de chairs valdinguant çà et là. Restait maintenant à trouver le mastodonte dans ce fatras de vermines. Et, justement, on le hélait. Dressant derechef son faciès, il china la gueule cuivrée avec un empressement non feint, un rictus d’impatience fendant ses ridules, jusqu’à ce qu’il perçoive, un bref instant, la montagne choir plus loin. « Mordiable » rugit-il. Cette colonie de fourmis avait réussi à accomplir l’impossible ! Et si cette prouesse aurait pu lui déloger un éclat certain, l’ombre des cuirasses flottant plus encore dans la taverne ne fit qu’attiser son anxiété. Il ne craignait pas à proprement parler l’Ordre, puisque lui-même, ironiquement, faisait parti de la plus basse et officieuse des autorités, mais se retrouver de l’autre côté des barreaux n’était pas sans le débecter. Il chérissait bien trop sa liberté d’action et de mouvement pour finir en tête d’affiche dans les venelles de la cité. Enfournant une patte dans sa gibecière en peau cuivrée, il en retira un petit récipient en céramique de la taille d’une orange, duquel s’échappait une mèche torsadée en crin de cheval et directement plantée dans une maigre dose de poudre noire mélangée à une forte dose de poudre blanche, principalement du calcaire.

Il rejoignit l’âtre du bouge, incendia la cordelette en tendant la main dans les hautes flammes, puis s’accroupit et projeta son fumigène droit entre les innombrables godasses, faisant rouler le tout au plus loin – à l’opposé, même – jusqu’à ce que, dans une explosion tonitruante, un écran de fumée ne se mette à gonfler telle une chimère évadée. Plaquant un torchon contre ses narines et sa bouche, il poursuivit sa déambulation jusqu’à rejoindre le métèque dont il débarrassa quelques énergumènes de coups de coudes et talons dans les tibias, clavicules ou omoplates – les autres étant trop sonnés, à l’instar du reste des clients, pour poursuivre leurs exactions forcenées. « Du nerf mon gros, t’es trop frileux pour les geôles » gouailla-t-il avec une camaraderie retrouvée, aidant le krorag à se relever et lui indiquant la retraite à suivre d’un signe de tête. « Me perds pas des yeux, tanne mon cul comme t’aimes si bien le faire. » C’est qu’on n’y voyait foutre, dans ce brouillard asphyxiant, aussi vérifia-t-il par-dessus son épaule, et à de nombreuses reprises, que Zorkharr le suivait toujours jusqu’à atteindre le comptoir, puis les portes va-et-vient de la cuisine. L’espace n’étant guère clos à la salle commune la brume crachotait encore de son stupre, jusqu’à ce qu’ils ouvrent l’huis à portée et se retrouvent au dehors. Là, l’air frais d’un début de soirée cingla leurs trognes blanchies par le prodige. Toussant à s’en déchirer les bronches, il cracha des résidus de salive et de dépôts blancs contre le sol avant de s’écarter un peu, poings contre les hanches et menton fléchi, pour faire quelques pas autour en respirant comme s’il réapprenait à le faire. « Bons dieux, je déteste cette diarrhée des enfers ! Je n’l’avais jamais utilisé en espace clos, et on n’m’y reprendra plus, crois-moi », pesta-t-il en branlant négativement du chef, avant de s’arrêter et de guigner le mercenaire. « Ça va frère ? » Il eut un sourire qui, s’il se voulait de prime abord navré, se transforma vite en légère risée tant la vision du titanesque barbare hâlé salopé de blanc était cocasse. « Ma foi, au moins comme ça, tu s’ras vite intégré à la populace nordique. » Il déposa le butin sauvé à même la terre et entreprit d’épousseter la crasse laiteuse de ses frusques sans détacher son regard rieur du krorag.

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L'Édenteur

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MessageSujet: Re: [event] It's been a while, fucker. (zorkharr)   [event] It's been a while, fucker. (zorkharr) EmptyVen 16 Mai - 1:38



L
'ivraie des tréfonds pestilentiels avait pris soin de s'immiscer parmi les bambocheurs avec des desseins autrement moins allègres, au guet de l'occasion idéale pour laisser libre cours à leur aspiration avaricieuse ou leurs pulsions assassines sans fondement. En transvasant la liesse inoffensive par une effervescence belliciste, l'infrangible binôme leur avait ouvert grand les battants de l'opportunisme pour ce faire, car les pouacres qui venaient de faire choir Zorkharr en avaient après un éventuel pécule avec lequel ravir leur cupidité – un mastodonte dans son genre ne pouvait qu'avoir l'aumônière bien garnie, pensaient-ils naturellement, convaincus qu'il était homme vénal et trop gargantuesque pour être mis en déroute dans ses contrats. Un syllogisme qui n'était pas tant insensé, et s'ils avaient fureté dans le fatras qu'il transbahutait avec lui, ils auraient assurément été heureux de tomber sur le magot amassé ces dernières semaines. Les paluches tâtonnaient comme s'il avait été une puterelle aux mamelles trop généreuses et découvertes, cherchant en vain l'espèce sonnante et trébuchante en essuyant tant bien que mal les offensives du barbare qui ne savait plus où donner du chef. Ses mâchoires claquèrent sur la main d'un des soudards qui lui immobilisait un bras, les ratiches scièrent le derme, fendirent la chair et agrichèrent l'os, goûtant à l'ichor qui se déversait dans le gosier déjà bien abreuvé. La gueule rougeâtre se détacha finalement du membre, emportant avec elle l'auriculaire que les crocs mâchouillèrent un instant avant de cracher la phalange arrachée au faciès d'un assaillant, qui lui fut bénit du poing enfin libéré. Ses longues jambes en repoussèrent un troisième, puis, il eut le temps de discerner le chatoiement d'un coutelas voué à finir quelque part dans l'aine de sa cuisse – ou dans les armoiries de sa masculinité, il n'avait pas tant envie de le découvrir. - avant qu'un rouquin ne frappe de sa ruse salvatrice. Un smog aveuglant embauma l'ensemble de la pièce, lave volatile qui agressa les orifices du Krorag qui fut au moins sauvé de la castration et en profita pour se redresser – le monde vu d'en dessous n'était définitivement pas pour lui. Les naseaux fourrés dans la plissure de son coude et du textile qui l'habillait, il tenta de discerner les identités dans cette insoutenable brumasse, avare de vengeance sur les bélîtres qui l'avaient attaqué.

Toutefois, force était de constater que ce n'était point le moment adéquat, et plus que tout, qu'il devait sa survie et ses bijoux de famille à son comparse dont il reconnut l'accent rauque dans ce tintamarre. De nouveau sur ses pattes, il ne se fit pas prier pour talonner le Firebeard, bousculant pour se frayer un passage et martelant parfois pour le simple plaisir de fendre des arcades. Il se hâta à l'air frais et s'arc-bouta à la première paroi venue pour crever d'une quinte de toux phénoménale, s'essuyant sur ses nippes sans remarquer que plus que se décrasser il se maculait davantage. Au moins parvint-il à débarrasser ses yeux de la poudre et à y revoir convenablement, glaviotant lui aussi comme si on lui avait fait bâfrer les pires immondices du continent. C'était à croire que les deux compères avaient testé leur aptitude à l'apnée tant les bronches réclamaient leur oxygène, et foutre que cela était désagréable. « Si tu r'trouves mon poumon, sois sympa de m'le rendre... ! » Réussit-il à articuler d'un phonème rocailleux, et il préféra répondre à la raillerie du clébard par un majeur en érection plutôt que s'esquinter la gorge. Il fallut de longues secondes avant qu'il ne soit de nouveau apte à s'exprimer sans la sensation de gravier dans son oesophage, et, las, il ne s'épuisa même pas à s'épousseter comme le faisait son interlocuteur. « Ca va, t'es belle comme ça princesse, pas b'soin de te nettoyer. » Un rire fit frémir sa barbe, puis il se rehaussa de toute sa hauteur. « Ca c'est c'que j'appelle des retrouvailles frère, mais, j'arrête là moi. » Il secoua la tête. « Pérégriner jusque dans cette putain de région m'a juste totalement vidé, faut que j'pionce sinon tu vas devoir me ramasser. J'vais me poser à l'auberge à l'entrée de la ville, t'sais... la Chatte en Fleur ou j'sais pas quoi... » Il s'étonna de voir Dante s'esclaffer. « Quoi ?... hein ? La Cape en Fleur... Ouais, c'est pareil, fous moi la paix ! » Esprit vicelard révélé au grand jour, il haussa les épaules et récupéra son fourbi qu'il jeta sur son trapèze. « Dans tous les cas j'serai là-bas si tu m'cherches, fais pas trop le con toi, on a échappé deux fois aux geôles et tu sais ce qu'on dit : jamais deux sans trois. » Un soupir exténué, puis Zorkharr emprisonna le nordique dans une furtive étreinte virile, tant pour le saluer que pour le resalir au passage. Il prit ensuite la route de son côté, avec l'unique envie de se trouver une couche même vide pour s'évanouir.

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