« Avez-vous déjà entendu parler de Ser Gawain Crowgale ? Conseil en art de la guerre auprès des Ravncrone, avant de se retrouver propulser au conseil du Roi ? Oui, beaucoup d'entre vous ont certainement entendu parler de lui. Que cela soit pour ses avis tranchés et guerriers, ou encore pour ses aptitudes sur un champs de bataille, que cela soit martiales ou stratégiques. Après tout, n'attend-on pas cela d'un tel conseiller ? Sans nul doutes. Peut-être le temps a-t-il fini par enjoliver la réalité, peut-être des prouesses ont-elles été exagérés ? Peut-être lui a-t-on attribué des mérites qui ne lui revenaient pas ? Personne ne le sait. Malgré tout, vous qui le connaissez, ou encore vous qui n'en avez que vaguement entendu parler, ce que vous savez de lui remonte aux guerres menées une fois lord Jorkell arrivé au trône. Mais cet homme a un passé. Certainement sommes-nous rares à le connaître -et encore, il existe de nombreuses zones d'ombres- que diriez vous de la connaître ?

Tout commence en début d'année de l'an 898 de la cinquième ère, en Orkenenmyr, terre régie par les Ravncrone, épaulée principalement par les Crowgale et les Farseer. Comme vous le savez-tous, Gawain naquit en position d'héritier au sein de sa noble famille. Famille emplie de traditions depuis qu'ils ont jurés allégeances à la Corneille en étant l'un des premiers colons à s'installer dans leur hameau. Ceux-ci, ont toujours été reconnus pour leur expertise martiale, mais aussi pour leur entreprises guerrières. D'aucuns disaient qu'ils préféraient frapper avant de poser des questions ou de réfléchir à d'autres alternatives plus pacifiques. Il est vrai, ceci-dit, que les alternatives moins sanglantes n'ont jamais été le point fort de cette lignée. Pour eux, trop réfléchir, laisser trop de marge à son adversaire, n'était en aucun cas une bonne idée, c'est comme cela qu'on se retrouve, un beau matin, avec une dague dans le dos. Non, en cas de conflit, il fallait frapper. Frapper fort. Frapper vite.

C'est donc dans cette optique que le seigneur de la maison -dont l'Histoire finit par perdre le nom- éleva son premier fils. A peine fut-il en âge d'apprendre qu'on le laissa entre les mains d'hommes sages pour l'instruire, mais aussi entre celles d'un maître d'armes pour lui apprendre les rouages du combat à l'épée. Son père, quant à lui, le forma pour prendre sa succession, tant au sein du domaine qu'auprès de leur seigneurs. Car oui, les Crowgale avaient reçu l'honneur de siéger au Conseil des Ravncrone, les assistants de leurs conseils militaires. Ne les ayant jamais déçu jusqu'à lors, la tradition fit que chaque génération apportait un nouveau conseiller, dès que ce dernier était prêt.

Le garçon se montra assidu et impliqué dans son apprentissage, bien qu'il avait une certaine préférence pour le combat à l'épée, endroit où, sans nul doutes, il excellait, à la plus grande joie de son père et de son maître. A ses dix ans, la famille s’agrandit, une jeune fille naquit, Emphyria. L'héritier eut comme un déclic, un rappel à la réalité. S'il devait faire tout ça, ce n'était pas seulement pour son père, non, s'il devait devenir un grand guerrier et un fin stratège, c'était avant tout pour protéger les siens, sa famille, et le peuple qui habitait leur terre. Désormais, l'adolescent n'était plus seul, désormais, il avait une petite sœur sur qui veiller, une petite sœur à protéger coûte que coûte.

Dès lors, il redoubla d'effort, devenant écuyer d'un chevalier servant la maison. Ce dernier ne lui accorda aucun traitement de faveur, si bien que -raconte-t-on- notre ami garda des marques de ces entraînements tout au long de sa vie. De l'épée, l'apprenti passa à l'épée longue. Plutôt grand pour son âge, le combattant chevronné opta pour une arme plus grande et plus lourde avec laquelle il serait plus dangereux.


Six années passèrent, l'enfant était devenu adulte. Le chevalier était convaincu que son disciple avait acquis ce qu'il fallait pour être adoubé à son tour. La cérémonie eut lieu devant le regard fier de ses parents, et curieux de sa chère sœur. Devenu ser, Gawain vint à accompagner son père, dès lors qu'il rejoignait Ravenhole lui présentant ceux qu'il se devait de connaître, lui expliquant les rouages de la cité, tout en continuant à le former sur la mission qui lui finirait inéluctablement à lui incomber. Lui, écoutait toujours avec grande attention. C'est durant son premier voyage qu'il fit la rencontre d'une lady qui lui tira dans le cœur. Une certaine Erika, une jeune femme au sang noble, et au visage d'ange. Le jeune homme passa du temps à tenter de la courtiser, eut la chance de porter ses couleurs lors d'un tournoi, avant d'avoir l'honneur de danser avec elle. Oui, Gawain en était fou. A ses dix-sept ans, le chevalier finit par demander sa main, pour enfin l'obtenir.

Les années passèrent dans un grand bonheur. Ses entraînements et l'éducation de son père ne cessèrent pas, mais, aux côtés de sa douce, plus rien ne semblait le soucier. Rien ? Enfin … Presque. Était-ce sa faute à lui ? Ou bien à elle ? Qui sait ? Dans tous les cas, leur union ne donna pas un seul enfant, au plus grand désespoir de son père. Ce qui se passa ensuite fut perçu comme un geste des Dieux pour certains, de la fatalité pour d'autres, ou encore pour les restants, cela ne fut qu'un enchaînement de malchance horrible. En effet, la belle finit par tomber malade, les remèdes ne firent rien, et, en à peine deux semaines l'éclat de ses yeux finit par s'envoler, tout comme celui de son âme. L'héritier tomba dans une lourde dépression qui dura plus d'un an.

Cet épisode le changea quelques peu, se promettant de faire tout ce qu'il pourrait pour protéger les siens, quitte à déshonorer ses vœux de chevalier. Plus jamais il ne regarderait quelqu'un qui lui est cher mourir sans qu'il ne puisse faire quoi que se soit. Ainsi, le combattant s'entraîna de plus en plus, espérant devenir un combattant digne des héros d'histoires anciennes. L'épée longue laissa place à une claymore qu'il abattait avec force sur ses adversaires. La stratégie devint aussi chronophage pour lui. En plus de ce que lui enseignait le seigneur de la maison, l'aîné de la fratrie lisait tout ce qu'il y avait à lire sur les batailles d'antan. Voulant se souvenir de tous les mouvements de troupes, celles qui ont fait mouche, tout autant que celles qui se sont vue brisées.

C'est ainsi que les années passèrent, jusqu'à ce que lord Jorkell lève ses troupes pour prendre Ibenholt. Cette histoire tout le monde la connaît. Le père de notre ami, dit-on, donna de très bons conseil à son seigneur, ce qui lui permit de prendre la citadelle, tout comme celle d'Askevalle. Gawain, quant à lui, voulait faire ses preuves sur le terrain, là où était sa place en tant que chevalier. Et, à ce que l’Histoire raconte, le Crowgale s'illustra. Suite à cela, son père le jugea enfin prêt pour prendre sa place, finissant par se retirer du Conseil, pour rester séjourner dans leur demeure, tandis que son fils vivait à Ibenholt, au côté du rois, lui offrant son expertise. Expertise qui, bien entendu, au début fut remise en cause à cause de son âge, mais, Gawain était un Crowgale, et cela, il le rappela à tout le monde. C'était dans son sang, qu'importe l'âge qu'il avait.

Quant à la suite, tout le monde la connaît. Où s'arrête l'Histoire et où commence la fiction ? Je ne saurais le dire. Ce que l'on sait c'est qu'il devint un grand Homme. Mais qui sait … ? »
   

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