Si cette épître t’est conformément parvenue, c'est que mestre Josius a pu te la remettre en main propre et, de fait, que ta venue en Redcliff n'était nulle mystification. Ton retour est un soulagement et tes mots une bénédiction, car nul autre qu'un digne Snowhelm ne saurait ainsi penser aux siens. J'aime à me dire que, à défaut de ton propre père, notre famille est devenue pour toi oriflamme de conviction, une conviction suffisante pour conduire à nouveau tes pas sur la terre de tes ancêtres, et en devenir cerbère de protection. Car, d'une protection, Redcliff en aura bientôt grand besoin, et je sais que les Entrailles du Solvkant ne seront jamais mieux gardées qu'entre ta poigne.
Pense toutefois que ce legs n'est point argile à tes caprices. Tout lord ou père indigne que je puisse être à tes yeux, j'en reste à ce jour le seigneur de ce fief. Ainsi me suis-je résolu à venir au plus tôt à ton encontre pour que nous puissions deviser de toute voix et non plus à travers de piètres flots d'encre. Tu restes mon héritier, mon fils, mais je ne saurais livrer mes terres à quelque jeune quinteux, quand bien même il soit sang de mon sang. Garde en tête que je n'hésiterai pas à appuyer mestre Josius dans son intendance si ton esprit m'apparaît aussi séditieux et impulsif qu'à ton départ.
J'ai, de toute manière, fort à te dire. Les clabaudages qui te sont parvenus sont authentiques et, plus encore, d'autres rumeurs ne sauraient tarder à s’esbigner de Jernvugge. De cela, il nous faut nous entretenir au plus vite, si ce n'est de père à fils, au moins entre Snowhelm. Il me faut encore sceller quelques derniers impératifs au palais, puis je prendrai route vers Redcliff à la prochaine lune.