Les armées de Middholt connaissent une organisation semblable. Chacun des Cinq Royaumes connaît ses particularités, mais l'organisation de leurs armées sont, en réalité, assez similaires. Pour commencer, chaque souverain dispose de sa propre armée. Souvent réduite en nombre, elle se rapproche plus d'une garde d'élite qu'autre chose. C'est néanmoins suffisant pour assurer sa protection en temps de paix. Ainsi, il n'existe pas vraiment d'armée royale permanente à proprement parler. Quand la guerre est déclarée, le souverain convoque le ban et l'arrière-ban, c'est-à-dire l'armée de ses vassaux et celle des vassaux de ses vassaux. En somme, chaque vassal se doit de fournir des hommes armés et équipés - le nombre dépend de la puissance dudit vassal - à son suzerain, qui les dirigera à la guerre pour une durée ou selon des objectifs déterminés à l'avance et généralement approuvés par ses principaux seigneurs. L'ost ainsi rassemblé peut alors partir en guerre, généralement avec le Roi à sa tête. Celui-ci représente l'autorité suprême et il dirige la stratégie, bien que les vassaux les plus puissants soient généralement associés aux décisions à travers la tenue de conseils de guerre. Les autres occupent souvent des rôles d'officiers chargés de diriger leurs hommes lorsque la bataille fait rage. Pour finir, il faut savoir que les vassaux ainsi convoqués ne touchent pas de solde, mais qu'ils touchent une part du butin en fonction de leur participation à l'effort de guerre. Ainsi, leur fortune est associée à la réussite de leur Roi, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

Néanmoins, la convocation du ban et de l'arrière-ban n'est pas le seul moyen pour le Roi de se procurer une armée. Ainsi, il n'est pas rare que les souverains les plus puissants - et surtout les plus riches - n'hésitent pas à investir de larges sommes pour engager des compagnies de mercenaires qui louent leurs services au plus offrant. Ainsi, en plus d'offrir un appui considérable au reste de son ost, le souverain qui engage des mercenaires s'assure par la même occasion qu'ils ne combattront pas pour son ennemi, le privant alors de troupes supplémentaires. D'autant que, au contraire de ce que l'on imagine souvent, ces compagnies sont rarement tentées de trahir leur commanditaire tant leur réputation est importante : qui engagerait des soldats en qui on ne peut avoir confiance ? Ainsi, tant qu'ils continuent à percevoir leur soldes, ces soudards sont rarement tentés de changer de camp.

Pour finir, il reste le cas des hommes du Guet. Ce sont, en réalité, les gardes civiles chargées de la protection des citadelles et autres grandes villes de Middholt. Ici, il s'agit souvent de simples habitants que les villes arment et équipent plus ou moins bien selon leurs moyens. Leurs rôles sont multiples : en plus de veiller à ce que l'ordre règne au sein des villes, ils servent aussi de garnison en cas de sièges, ils gèrent les prisons, assurent la sécurité des habitants... Selon les cas, ils sont dirigés par un noble ou par des membres de la grande bourgeoisie car il s'agit de poste de prestige et d'influence : qui contrôle le Guet d'une ville possède une énorme influence sur ce qu'il s'y passe, d'autant que les troupes du Guet réunissent parfois plusieurs centaines voire milliers d'hommes, comme c'est le cas dans les Citadelles. Par ailleurs, il n'est pas rare que la corruption y soit monnaie courante, et il est relativement fréquent que les habitants assistent ou soient victimes d'abus en tout genre, ce qui rend les troupes du Guets parfois très impopulaires au sein de la communauté.
   

Faire la guerre est une affaire trop sérieuse pour pouvoir être improvisée. C'est ainsi que s'est façonné, au fil des siècles et des batailles, ce que l'on peut véritablement un art de la guerre. Bien sûr, même le plus brillant des plans ne se passe jamais comme prévu, et même le stratège le plus avisé ne peut commettre aucune faute. Néanmoins, une connaissance même succincte de cet art de la guerre permet d'éviter les erreurs aux conséquences les plus funestes.

Ainsi, il faut garder à l'idée que faire la guerre dans les Cinq Royaumes n'est jamais chose aisée. Convoquer le ban et l'arrière-ban est souvent lourd de conséquences : les campagnes durant plusieurs semaines voire plusieurs mois, elles éloignent les nobles de leurs fiefs, les paysans de leurs champs et les artisans de leurs ateliers. En somme, toute la vie économique du Royaume se met à tourner au ralenti. L'idéal est donc de mener une guerre efficace et rapide. Pour cela, on cherche idéalement à privilégier les batailles décisives. Le but ? Vaincre en une seule fois, si possible, son adversaire, et ne lui laisser aucune opportunité de refaire ses forces. Mieux encore, ce genre de batailles permet souvent de faire des prisonniers prestigieux, notamment parmi les membres de la noblesse adverse : en plus de priver l'ennemi de ses officiers et décideurs, cela permet de les utiliser comme otages ou de les échanger contre rançon.

Malheureusement, les batailles aussi décisives restent relativement rares. Bien souvent, le vaincu parvient à battre en retraite, et le vainqueur n'a pas toujours les forces nécessaires pour achever l'ennemi. Ainsi, il peut s'en suivre une succession de batailles, escarmouches, embuscades meurtrières et, bien sûr, des sièges. Personne ne veut jamais en arriver là, mais ils restent une part importante des guerres entre les Cinq Royaumes. Très coûteux en hommes et en temps, les sièges sont des plaies à organiser, aussi bien pour le défenseur que pour l'attaquant. Ils peuvent durer des semaines, parfois des mois, avant que la faim et la maladie ne finissent par faire céder l'un des deux camps. Bien sûr, il arrive que l'attaquant finisse par donner l'assaut, ou que l'assiégé désespéré tente une sortie, mais soyez certains que cela finit toujours dans un bain de sang.