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 Deep Within our Eyes ♤ Dralvur

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Jora Ebonhand

Perle de Nacre

Jora Ebonhand
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MessageSujet: Deep Within our Eyes ♤ Dralvur   Deep Within our Eyes ♤ Dralvur EmptySam 12 Avr - 17:22




J
ora se remémorait. Elle se souvenait, de la jactance patriarcale, et de ces quelques vers qu'Hulgard avait persiflé lorsque, méjugé, Jorkell s'en était retourné à son aire méridionale en maugréant son aigreur après s'être fait spolier d'une partie de son butin « légitime ». « L'Aigle vole seul ; ce sont les choucas, les étourneaux... et les corbeaux, qui vont en groupe. » Elle se souvenait, de cette tirade qui aurait aisément pu faire office d'apophtegme, lue dans cet opuscule dont l'auteur avait porté le patronyme de Ravncrone. « Les freux entre eux ne se crèvent pas les yeux. » Elle se souvenait, de ce pontife et banneret affirmé des landes du Sud qui lui avait laissé entendre, doucereusement gouailleur. « La fatalité épargne les corneilles et s'acharne sur les colombes. » Elle amoncelait ces réminiscences pour en faire une entité anthropomorphe aux yeux d'un rubis flamboyant, un spectre de morgue et d'influence néfaste qui l'aurait âprement effarouchée naguère... Mais plus maintenant. A ce démon, elle expectorait son bon sens, résolue à lui prouver qu'elle avait appris des erreurs et croyances erronées d'autrui, prête à faire de sa peur non plus une faiblesse, mais une force. Ne plus se laisser transir ni par elle, ni par sa bienséance docile qui l'avait toujours fait obéir sans mot dire, et appréhender de façon plus intelligente, plus lointaine. Car aujourd'hui, lorsqu'elle mirait l'horizon depuis sa tour d'ivoire, elle voyait un avenir. La flammèche d'une destinée dans les cieux obscurcis de brigues, qui un jour serait prompte à embraser le firmament et faire pleuvoir les chardons ardents sur tous ses détracteurs. Son défunt père s'était fourvoyé en plaçant sa morgue et son prétendu mérite tels deux astres infrangibles, comme un soleil et une lune qui gouvernaient inéluctablement Middholt et le reste de la planète. Persuadé de se suffire à lui-même, noyé dans l'eau viciée de son propre égotisme après avoir considéré toutes ses alliances non plus comme des privilèges, mais comme un dû. Et cet écrivain au noir pennage, dans quel idéal ubuesque avait-il vécu ? Les charognards ne distinguaient pas les différents goûts de carne, un cadavre qu'il soit des leurs ou d'une autre race n'était jamais rien qu'une pitance à mangeotter jusqu'à ce que plus rien ne demeure, et c'était peut-être encore mieux quand ils pouvaient l'achever à coups de bec. Quant au dignitaire goguenard... elle le remerciait, de lui avoir rappelé que même dans les brumes enténébrées, elle ne restait pas moins une colombe – un symbole d'espoir parmi les oiseaux de mauvais augure.

Voilà ce qu'elle devait apprendre à faire, s'échiner à tourner toutes les conclusions et situations pour en tirer un quelconque avantage plutôt que s'en mortifier. Devant elle, s'étendait une tenture à l'héraldique de freux sur un champ violin, qu'elle ne regardait plus du même oeil désormais. Là où, il y a peu encore, elle aurait brûlé d'envie de dilacérer la tapisserie avec ses ongles comme seules armes, elle ne se contentait plus que de la toiser avec une haine étouffée par la perspective d'une fuite à venir. Elle n'aurait jamais pensé cela plausible, mais son conciliabule avec Sylarne l'avait immergée dans une mer bienfaitrice, où l'écume des vagues avait cessé d'être de l'acide sur sa peau d'albâtre. Elle était promise à embrasser la liberté à condition que les projets soient convenablement ficelés, et elle le savait pertinemment, sans aide, ils n'y parviendraient point. Elle ignorait ce qu'Ehvan ourdissait dans son coin, où qu'il puisse être et s'il était seulement encore en vie, ce dont la donzelle n'était pas même certaine. Si elle avait foi en sa dévotion pour sa cause, elle ne pouvait décemment patienter qu'il daigne réapparaître, les bras ballants à endurer les soupers en compagnie de l'Usurpateur. Un nom s'était alors niellé en lettres de confiance aveugle dans son esprit, assurément, l'unique personne qui était encline et déterminée à la sauver. Un messie si proche, et si loin tout à la fois. Elle ne l'avait pas revu depuis le jour où l'estoc de Jorkell avait scindé le faciès de son paternel en deux parts inégales, mais l'on était venu lui susurrer ce qu'il était devenu à l'oreille. L'ironie voulait qu'il ait toujours été le premier à se tenir éloigné des tumultes et tribulations de la cour, sans pour autant en omettre sa ferveur féodale, et à présent, il nageait parmi les squales et progressait parmi les fauves certainement plus que tous les autres dignitaires qui s'étaient un jour gaussés de son isolationnisme. Il veillait, sous un masque de plumes d'ébène, la truffe alerte, forçant son ambition à hiberner en attendant que le temps soit propice. D'aucuns lui auraient dit qu'elle avait tort d'estimer sa fidélité sans preuves tangibles, toutefois... Dralvur n'était pas seulement un partisan des Ebonhand. Il était bien plus.

De l'effervescence attira l'attention de la sylphide, qui observa les seigneurs et badauds aller et venir de la Salle du Trône, bourlinguant d'un hall à un autre à l'instar d'abeilles près d'une ruche. Elle avait ouï-dire que Jernvugge accueillerait du monde et bien qu'elle ignorait pourquoi, elle en avait conclu que celui pour lequel elle quêtait désespérément depuis plusieurs jours prendrait part aux réjouissances, quelles qu'elles soient. Elle avait aperçu les huis de la Salle Ovale s'ouvrir à quelques reprises, et après un froncement de sourcils, elle se mêla à la foule. Pour une fois, la garde qui lui était éternellement rattachée s'avéra utile, puisque les sujets s'écartèrent instinctivement sur son passage et lui permirent ainsi de guetter les visages plus facilement. De longues minutes s'écoulèrent, infructueuses, et alors que Jora jurait que Catharsis devait l'exécrer, elle reconnut une toison de cendre qui passa au loin. Elle se statufia, le coeur pétri d'angoisse et d'incertitude. Que devait-elle faire ? Comment le devait-elle ? Il fallait réfléchir, mais à chaque seconde, le galbe du quidam s'éloignait, et elle crut se pâmer en  le perdant par deux fois de vue, sans que lui ne se doute de rien. Elle aurait tant aimé hurler, simplement appeler et s'empresser dans ses bras, ce qu'elle savait improbable. Sur le fil de l'anxiété, elle choisit finalement d'écouter son intuition et de s'élancer à sa suite, le pas hâtif pour le rattraper.

« Halte !! » S'époumona t-elle soudainement, non sans bousculer deux individus qui conversaient sur son chemin et attirant par la même occasion tous les regards sur elle. Il lui sembla qu'un cercle naturel se créa autour d'eux après que les gens aient compris qui était la cible de son oeillade assassine, ils s'écartèrent et prirent la place de spectateurs, trop curieux, animés par le plaisir de pouvoir cancaner après coup. Parmi cette masse, Jora ressemblait à une triste étoile. L'éclat argentin de sa chevelure épousait le nacre de sa robe au point de lui offrir l'allure d'une fée des glaces, ou d'une revenante qui irradiait une aura virginale. Les Ebonhand, disait-on, possédaient une vénusté particulière, des traits sculptés dans un marbre unique qui les rendait reconnaissables entre mille. Mais aujourd'hui, ce n'était pas sa beauté que la princesse déchue était venue déployer, en témoignait l'expression torve de son minois. Avec un mépris incandescent, elle jaugea l'Ours depuis sa position, avant de marcher en sa direction. « Dagoth vous emporte, félon ! » Qu'elle feula comme un chaton mécontent, puis une fois devant lui, elle s'immobilisa avec, subitement, un aspect de lionne. « Si j'avais été homme, je vous aurai sommé de tirer votre épée hors du fourreau et aurais pris plaisir à vous éventrer devant foule. » Les babines retroussées, elle darda le vert d'eau de ses prunelles dans les onyx rivaux, qu'elle confrontait pour la toute première fois avec hostilité. Ces insondables calots avaient toujours été plus prompt à la réconforter qu'à l'indisposer, elle savait quelle âme dévote et réellement bonne s'y cachait, mais elle se répétait en kyrielle : « tout n'est qu'un jeu ». Des tréteaux, sur lequel le spectacle d'illusions devait commencer, chacun avec un rôle, et ils n'étaient pas amis. Ou du moins, ils ne l'étaient plus. « Ainsi vous frappez, ainsi vous trahissez ! » Reprit la jouvencelle, mue par ce qui s'apparentait à une rancoeur abyssale, au point d'en détourner l'adage de la maison Snowhelm et de l'utiliser contre son propriétaire. Son regard biaisa alors sur l'auditoire qu'elle sembla dédaigner, alors qu'en réalité, elle passait un message tacite à l'adonis. Ils avaient la cour autour d'eux, les parfaits spectateurs qui seraient, à leur insu, des acteurs de leurs machinations. Nul doute que cette scène aurait tôt fait de passer de bouche à oreille et que tout Ibenholt apprendrait l'altercation des anciens alliés, lustrant ainsi la vraisemblance du personnage que jouait Dralvur. Car il feignait, elle en était intimement persuadée, et elle attendit avant de reprendre parole, distillant le venin de ses objurgations pour qu'il ait davantage de portée.

« Vous osez vous pavaner à Jernvugge avec la tête haute, sans une once d'opprobre dans votre sillon et pis encore ! Paré de votre nouveau titre à l'instar d'une ribaude avec un bijou fraîchement acquis ! » Elle entendit des ladies inspirer, outrées par les propos de Jora qui, décidément, avait mésestimé l'acuité de son fiel. Elle se tourna derechef vers l'assemblée et se drapa cette fois d'un sourire évasé, avant de pivoter tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche en illustrant ses paroles de quelques geste pour rendre le tout plus burlesque. « N'est-ce pas amusant ? N'est-ce pas hilarant, de constater qu'il suffit de tendre un pot de miel à l'Ours ancestral pour le faire sortir de son antre ? Le lord de l'une des plus augustes maisons de Middholt qui se révèle être un seigneur de petite vertu, peut-être, le premier du genre ! Devrions-nous faire de la cour un lupanar et nous y donner à coeur joie ? Pourquoi ne riez-vous pas, bonnes gens d'Ibenholt ? » Elle ricana, puis se recentra sur sa victime principale avec laquelle elle était loin d'avoir fini – même si, et elle l'espérait sincèrement, Dralvur saurait faire preuve de mansuétude une fois qu'ils pourraient se retrouver en d'autres circonstances. Sa risette s'évanouit lentement alors qu'elle le contemplait, comme si la seule vision de traitre suffisait à lui donner la nausée. « Dites-moi monseigneur, quel goût avait la Main ? Vous savez, celle qui vous a longtemps sustenté en tant que suzeraine, et que vous avez finalement mordue voire arrachée de son poignet ? » Elle s'approcha à nouveau et ne s'arrêta qu'une fois son parfum prompt à irriter les voies nasales du Snowhelm. « Dites-moi, monseigneur... » Entonna t-elle encore, les mâchoires serrées et bien moins badine. « Quel a été votre rôle exact dans la chute des Ebonhand ? Depuis combien de temps guettiez-vous dans l'ombre que feu le roi Hulgard fasse un mauvais pas ? Peut-être est-ce vous qui l'avez empoisonné pour qu'il soit souffrant... Peut-être est-ce vous qui avez prévenu l'Usurpateur... Sûrement est-ce à cause de vous, si je me retrouve orpheline et sans trône... »

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MessageSujet: Re: Deep Within our Eyes ♤ Dralvur   Deep Within our Eyes ♤ Dralvur EmptySam 12 Avr - 20:41

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Deep Within our Eyes.

jora & dralvur

Dédales vertigineux de faciès et cloisons, bouches entrouvertes et pas pressés. La masse compacte des entrailles du palais est une cage d’or dans laquelle il se doit de complaire, ou, tout du moins, de survivre vaille que vaille. Les champs de batailles ne sont rien face au marbre piétiné d’étoffes fastueuses. Les effluves capiteux des parfums fruités remuent ses naseaux avec protestation, supplantant le calvaire olfactif du sang des entrailles versées par les épées. Troquant sa cuirasse fêlée et abîmée par un masque de carne en fer forgé, le lord avance avec ce quidam qui ne lui inspire rien d’autre qu’un grossier pharisaïsme suppurant de paroles et sourires mielleux. Fort lui est de constater que, malgré le lac putride dans lequel il baigne depuis maintenant plusieurs semaines, sa carcasse ne s’est pas encore morcelée en lambeaux et son esprit ne s’est pas encore asphyxié de terreur. Pis encore, il lui prend à aimer ce jeu dangereux car, comme il en est question à la guerre, il ne s’agit que d’avances stratégiques, de batailles perdues ou gagnées, mais toujours l’on avance, estoc en main, destrier sellé. L’ennemi, toutefois plus vicieux que paré d’oriflammes aux couleurs partisanes, est ici constamment déguisé. C’est bien là le seul ombrage que le seigneur pleure en silence. Veiller à ne jamais baisser sa garde, nuit et jour, est une dépense d’énergie considérable qui amenuise ses aptitudes.
Il y a peu encore, un félin s’en est venu le déranger. Miaulements apocryphes et ronronnements doucereux qui ont tôt fait de l’inquiéter. Dialoguer avec la reine n’est en soit que badinage de cour, correspondance courtoise et tradition galante. Mais l’entendre proférer de douteux sous-entendus est soit un appel au suicide, soit un appel à la trahison. Le second étant plus probable qu’autre chose, au vu du crin dont se pare ladite bête. Sylarne, suzeraine jusqu’ici considérée, mais dès lors honnie. Faut-il qu’elle le piétine, lui aussi ? Aucun doute ne subsiste chez le patriarche qui connaît le reflet des petites morts obscures glissées dans les couloirs. Si les hommes s’arment d’épées, les femmes, elles, s’arment de poisons. L’impérieuse dérogerait-elle au folklore ? Faire tomber un soldat n’est pas lui ôter la vie. Non. En pleine mêlée, peut-être, mais sous les alcôves de Jernvugge, on défait un être avec discrétion, perfidie et subtilité. Dénonciations, rumeurs, duperies, tout est bon pour saler le breuvage des conspirations. Est-il la prochaine cible ? La prochaine sentinelle à vaciller dans les douves des conjurations ? L’amer venin coule en flots irascibles dans ses veines depuis de longs jours, noircissant son humeur et le rendant plus taciturne encore qu’à son habitude. S’il n’est pas rare de le constater affable, civil voire sophistiqué, la roche acérée de sa figure n’a jamais été plus rugueuse qu’en ces dernières aurores.

Et, une peine ne venant jamais seule, un éclat soudain amarre son pas lourd et celui du quidam. Une sommation à faire trembler la pierre des murs, un ordre dont il reconnaitrait le phonème dans une tempête de grêle mais qui, plutôt que de soulever les fines lippes de Dralvur, les tord en un saisissement. On ne le hèle pas comme un ami, comme une connaissance ou, tout au plus, comme le lord qu’il s’avère être, non, il est ici commandé comme un valet. Néanmoins, loin de s’en offusquer, les larges épaules se détournent vers la lueur immaculée pour laisser ses orbes contempler la divine enfant. Inspiration exaltée étanchant son torse. Début de flamme. Et puis un souffle, cinglant, violent. Meurtrissant. Un fiel rance et clandestin précède l’injure qui contracte les sourcils de l’homme avec effarement. Que Dagoth l’emporte, certes oui, car ceci est un cauchemar éveillé ! A n’en point douter ! Il devine Jora bien trop fine et bien trop vigilante pour lui insuffler là une quelconque farce de mauvais goût.
Une fois en face, elle continue de vomir une colère qui paraît non seulement dépasser, mais entièrement engloutir le sieur, dont la bouche se torsade en un rictus à peine audible. « Votre Altesse ! » Requête évasive pour la faire taire, calmer la houle qui tempête dans ce regard jadis si doux et qui n’est maintenant plus qu’une pluie de flèches. La stupéfaction fait place à la colère sourde lorsqu’avec bassesse, l’enfant prodigue de son cœur perce les défenses en bafouant la fière oriflamme de ses ancêtres. Comment ose-t-elle ?! Que sont-ce ces cavaliers qu’elle déferle sur ses plaies ouvertes ? L’humiliation n’étant visiblement pas couronnée, l’héritière poursuit ses assauts en invitant cette fois les rats au ballet, charognards affamés malgré leurs faciès outrés, qu’il contemple à son tour comme un animal acculé, la patte prise dans un collet sanglant.

« Cela suffit ! », rugit l’Ours, faisant sursauter quelques cafards travestis et fardés, sans pour autant acquérir une soumission quelconque de la princesse. Le souffle coupé de devoir autant endiguer le courroux qu’elle réveille dans ses entrailles et de se faire violence pour ne pas expier des mots aussi blessants et cinglants que son adverse opale, il la regarde venir à lui comme un prédateur le ferait avec sa proie. Le tumulte de ses calots vient sonder avec un quasi désespoir la folie qui peut bien bercer les iris de la belle. L’inquiétude qu’elle puisse peser le moindre verbe expectoré se mêle à un pudique chagrin de se voir ainsi molesté par la seule clarté de ses vicissitudes. Est-elle finalement rongée par la même rancœur ayant, naguère, corrompu son père ? Fait-il front au reflet éthéré d’Hulgard, dont le spectre serait revenu en hanter chaque pore de sa fille ? Un silence lourd comme l’acier accueille l’ultime diatribe proférée, dans lequel les regards jadis complices se nouent de ronces et de lierres sauvages. Les lèvres tremblantes de rage, le rictus rigidifié sur ses traits, lord Snowhelm finit par héler : « Gardes », à l’encontre des roquets personnels attribués à la nymphe chatoyante, sans ciller des émeraudes hostiles. « Veuillez raccompagner lady Jora dans ses appartements, je crains que la journée lui ait été des plus éprouvantes … » Mais, comme les cuirasses se gardent d’obéir, il tourne cette fois son menton hirsute vers les factionnaires. Sa voix de gravier suinte brusquement d’une autorité seigneuriale. « Je doute que le roi apprécie d’ouïr les échos d’une telle esclandre dans son palais, plus encore s’ils découlent de la captive Ebonhand. Quelle image cela donnerait-il à l’autorité souveraine de sa Majesté ? Vais-je devoir me faire le héraut de vos exploits ? Ou allez vous incessamment mettre fin au désordre ? » On l’écoute enfin. Les armures étincelantes – et intactes de tout combat – cliquètent jusqu’à la prisonnière. Il en revient au visage connu poupon, dorénavant féminin et atrabilaire, peinant lourdement à ne pas s’en détourner les yeux. « Votre place n’est pas ici », l’entend-on exprimer, sévère. Mais de quelle place peut-il bien parler ? Celle qui la retient indéfiniment entre ces murs, dans sa geôle, ou celle qui la promène dans ces couloirs, au nez et à la barbe de la Cour ? Les faits nouveaux tendent à croire que le patriarche n’est plus désireux de croiser le minois de la princesse, redorant un peu mieux sa loyauté envers le roi Jorkell, mais détériorant un peu plus les parois de son cœur.  

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MessageSujet: Re: Deep Within our Eyes ♤ Dralvur   Deep Within our Eyes ♤ Dralvur EmptyDim 13 Avr - 12:04




E
lle le coudoyait depuis tant d'années. Tellement d'ans qu'il lui semblait être éternel, mais surtout, indivisible à sa vie. Elle l'avait aussi pensé pour Hulgard, et à présent, il était loin, plus qu'un souvenir qu'elle serait assurément la seule à chérir dans tout Middholt. Elle avait craint et craignait encore que sonne le glas des Snowhelm comme il en avait été le cas pour leur suzerain, raison pour laquelle elle ne voulait plus contempler le lord devant elle comme une figure immuable. Non. Il était altérable, comme tout à chacun, et viendrait un jour où lui aussi la laisserait, parce que c'était dans l'ordre des choses. Il n'était pas le roc impavide dont elle se souvenait, à l'instant t, il n'était qu'un homme qui tentait de survivre, un ours qui venait de se prendre la patte dans un piège de braconnier et en tombait des nues autant qu'il en souffrait. Ce reflet irisé où s'amalgamaient des sentiments nuisibles écorchait la donzelle à l'instar d'un coutelas affilé, car si l'ire tempêtait à l'extérieur, une amertume coupable tarabustait ses entrailles. Elle avait jadis écoulé des journées entières en compagnie de Dralvur et de ses oursons, elle l'avait miré et côtoyé dans une pléthore de situations toutes disparates les unes des autres, mais, jamais... elle ne l'avait vu aussi décontenancé. Elle abhorrait ces volutes d'incompréhension et d'angoisse, elle aurait tant voulu... simplement... se jeter dans ses bras et ne plus jamais le laisser s'éloigner d'elle. Un carcan oppresseur vint s'étrécir à son cou de biche, discrètement, elle déglutit, faisan le voeu enfantin que tout ne soit qu'un noir songe. N'y avait guère que la perspective de sa libération pour l'empêcher de s'élancer au sol et d'agricher la jambe de son vis-à-vis, de lui baiser les pieds, s'il en désirait ainsi, et d'adjurer qu'il ne la quitte plus. Plus jamais, au moins jusqu'à ce que le trépas les sépare. Si ce n'étaient ses gouvernantes, il avait été l'unique repère avec lequel elle s'était épanouie, il était le simulacre d'un père perdu, d'un oncle adopté, d'un chevalier servant et bienfaiteur, il était... plus. Toujours la même conclusion, et c'était justement parce que lui-même savait tout cela qu'il pensait vivre un cauchemar éveillé avec la sombre vaudeville qu'elle lui imposait. Mais elle devait cesser. Cesser de labourer son esprit en dithyrambes pour l'Ours, car elle sentait son apparence d'hydre furibonde se fissurer... elle sentait son coeur se désagréger, mais il s'agissait d'un mal pour un bien.

Jora se fit aphone, sondant les agates qu'elle percevait frémir sous la violence de son assaut, et plutôt qu'objecter ou s'enfoncer dans l'avanie, la victime appelle de l'aide. Inapte à dissoudre la rage qui le molestait ou juste prudent par peur de prendre sa suite quant aux objurgations, et si la fée des glaces s'était infiniment enhardie depuis la dernière lunaison, elle était encore à mille lieues d'avoir sa robustesse. Qu'il l'étrille avec la même virulence, et elle n'était pas sûre de s'en relever, contrairement à lui. Pas un instant, elle ne cilla, ne biaisant jamais la ligne de ses mirettes du faciès halé et démuni de l'interlocuteur qui pressait les factionnaires d'intervenir. Le malaise était en crue et la tension palpable, mais elle voulait, par l'office de son attitude, lui prouver qu'elle n'était plus l'innocente enfant qu'il avait vue grandir. L'âme muselée de l'Ebonhand aurait voulu bramer, regarde moi, je suis prête, elle aurait tant voulu s'époumoner, je serai digne. Elle guigna les plastrons s'agiter et approcher de sa carcasse, puis revint sur Dralvur lorsque celui-ci daigna répondre à son sermon. Seulement quelques mots, qui suffirent à déverser sept plaies maudites en l'être de la sylphide, dont la réaction fut instantanée. Nul ne vit le geste venir, et la paume dans laquelle il y avait, disait l'apophtegme, pouvoir et magnificence claqua sur la joue du sieur. La gifle fit souffler une bourrasque d'aberration parmi les spectateurs, alors que la princesse jaugeait le Snowhelm comme si elle était sur le point de lui bondir à la gorge et de lui perforer la carotide à coup de crocs. L'émotion était étrange et ubuesque, alors qu'elle avait elle-même instiller le fiel des mots, elle se surprenait à craindre qu'il puisse penser les siens. Entre le versant de la réalité et celui de la mystification, il n'y avait qu'un faible pas, et elle préférait encore se jeter du mont plutôt que le faire.

« Je ne montrerai aucune pitié à ceux qui ont ruiné ma vie, et je reprendrai ce qui m'appartient. » La voix n'était plus diaphane, elle était vicieusement incisive, c'était un cri de guerre, l'augure que l'avenir n'était pas celui que l'Usurpateur lui promettait. Si la réplique théâtrale semblait s'adresser directement à Dralvur, il n'en était rien, car dans leur dialogue tacite, elle ne faisait que corroborer à ses précédents dires. Sa place n'était point ici, dans sa tour d'ivoire avec la phobie à la panse qu'on l'oublie, elle était dehors, à guerroyer pour son héritage spolié. Elle sentit soudain une première poigne s'abattre sur son bras et la tirer en arrière, puis une seconde lui prendre l'épaule pour en faire de même. « Lâchez-moi ! Otez vos sales pattes de ma personne, je ne suis pas n'importe qui ! » Les quidams de sa garde avaient eu l'opportunité de l'observer et de savoir qu'elle n'était pas de celles qui abdiquaient aisément, l'esclandre pourrait durer jusqu'à ce que la sorgue assombrisse les cieux si elle en avait décidé ainsi. Passion et opiniâtreté faisaient un savant et dangereux mélange, aussi préféraient-ils la traîner eux-mêmes jusqu'à ses appartements, car elle ne s'y rendrait pas docilement. Jora se débat davantage pour la forme que pour le fond, car elle sait en retour que sa résistance sera vaine, mais surtout, parce qu'elle n'a pas délivré son principal message. On la tira, on l'éloigna, et elle feula comme un fauve à qui l'on refusait sa livre de chair après la lui avoir agité sous la truffe. « Monseigneur ! » Héla t-elle pour attirer l'attention du Snowhelm, bien que c'était déjà chose faite. « Comment pouvez-vous vivre avec sur la conscience l'emprisonnement d'une innocente ?! » Lasse, l'une des sentinelles étreignit sa taille et la souleva. « Comment pouvez-vous jouir de votre liberté alors qu'elle en condamne d'autres ?! » On la transporta jusqu'à l'angle du corridor où, juste avant de disparaître, elle tendit la main en direction de l'Ours Cendré. « Lord Snowhelm !! » Puis elle fut emmenée.

Une fois encore, son dernier acte pourrait laisser croire à un feulement de fureur, et ses phalanges ainsi tendues avaient semblé vouloir se serrer autour de la gorge du dit félon. En vérité, ce n'était qu'une manifestation de détresse, qu'une main suppliant son aide. Quant à ses phrases dûment choisies, elles avaient été prononcé par une lionne couronnée qui s'en était venue lui murmurer son plan, et la potentielle implication de Dralvur si elle parvenait à l'en convaincre. L'Ebonhand avait fait tout ce qui était en son pouvoir, et prierait Catharsis et toutes les déités du continent pour qu'il ait intercepté les codes de son appel.

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MessageSujet: Re: Deep Within our Eyes ♤ Dralvur   Deep Within our Eyes ♤ Dralvur EmptyDim 13 Avr - 19:25

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Deep Within our Eyes.

jora & dralvur

La rétrograde cinglante est à ce point suprême que le faciès meurtri par la paume inquisitrice reste un instant vrillé sur le côté. Mèches cendrées étalées sur un front des plus contrits, yeux braqués sur le long dallage propre et mâchoire étranglée par un sang-froid majestueux – compte tenu des circonstances – le lord s’évite la peine grossière de devoir mirer en face le courroux puéril et farouche de l’éblouissante étoile. Si l’amertume et la rancœur sont des épines dont il s’efforce d’éviter la moindre piqure, en cet instant précis, l’estime longtemps intacte offerte au portrait juvénile se craquèle et se brise en des monceaux autant épars que bileux. La colère, il aurait pu la subir. La rage physique, aussi. Il aurait été capable de passer la moindre injure crachée, le moindre verbe cinglant et le moindre regard diffamateur. Comme un père se prosterne devant sa fille pour endurer le moindre zéphyr de la tempête. Vaillant, aimant. Mais la pièce est à ce point sordide, à ce point vaudevillesque, humiliante et basse, qu’elle déracine moins en lui la figure paternelle que celle auguste d’un seigneur bafoué, pis en encore devant public. Une assistance des plus froissées et qui, pourtant, ne s’interpose d’aucune façon.

L’héritière Ebonhand, loin d’en avoir terminé, édicte subitement sa prophétie avec la grâce cruelle dont sont faites les reines. Un glorieux apanage qui aurait sans nul doute tiré chez Snowhelm une houle de fierté pure, s’il ne décelait pas là la conclusion féroce de la diatribe infligée à son encontre. Par tous les dieux ! Comme il souhaiterait rugir entre ces murs mille cris de déchéance pour contraindre l’Opale à suspendre sa lave. Comme il souhaiterait lui prendre le visage entre les mains et plonger son regard dans les orbes adorés pour n’y déceler qu’une folie passagère, un égarement fugace octroyé par la tension accumulée des dernières semaines de captivité. Son épaisse carcasse le défend toutefois de s’y risquer, préférant l’immobilité du sage, que la véhémence du juste. Ce n’est ni le lieu, ni le moment adéquat pour sommer à la belle de sévères explications, et voici que les gardes la dérobent déjà à son regard, celui-ci même qu’il refuse encore de porter sur Jora. Cette poupée de chiffon à l’hystérie volubile n’est pas ce trésor qu’il chérit depuis ces longues années, elle n’est pas l’enfant ayant pu attendrir son âme, ni la femme ayant pu corrompre son cœur. Mais alors que la parodie égratigne les parois de son crâne en de sombres pensées, dans l’atmosphère pesante valsent des syllabes notoires qui fractionnent les ridules de Dralvur en une réflexion brusque. L’écho est anormalement familier, un souvenance phonétique dont il parvient immédiatement à en excaver l’origine : la reine. Cette haïssable lionne dont le crin reluit promptement entre le verbe conjuré de la princesse. Des phrases toutes doit sorties des lippes royales et qui, dorénavant, prennent un sens inverse, complétement contradictoires avec son raisonnement premier. Enfin, la gueule de l’Ours se tourne vers la prisonnière que l’on emmène loin de lui, l’œil vif et les sourcils froncés, attentif à cette menotte tendue que d’aucuns dépeindront hostile, mais qu’il comprend finalement comme étant l’appel au secours d’une colombe désespérée.

Ce n’était qu’une farce. Un spectacle grandeur nature habilement mené, douloureux, certes, mais des plus adroits. Triste de n’en découvrir que trop tard les coulisses, le patriarche inspire une goulée timorée, se parant d’une discrétion savante quant à l’expression de son soulagement. Il lui faut, malgré l’apaisement, conserver la fange avilissante dont elle l’a maculé pour que l’œuvre de sa protégée ne soit pas vaine. Après un bref regard sur l’effigie emportée, il détourne les épaules sans plus de cérémonie, se murant dans un silence noir que la Cour disséminera bientôt comme l’humiliation de lord Snowhelm, qui, à n’en point douter, dégustera bien mieux son nouvelle allégeance maintenant que sa maîtresse s’est débarrassée publiquement de sa laisse.
Mais au plus ses pas avancent dans le palais, au plus son obsession de revoir Sylarne Clanfell s’épaissit.


– FIN –


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