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Hilda, sage-femme de Ibenhold

“-Ah, quand la petite Freya est venue au monde, personne ne s'attendait à ce qu'elle survive. Enfin, quand je dis personne, je veux bien sûr parler des gens qui étaient là quand elle est née. La femme de Dacan Snowhelm en était pourtant à son quatrième enfant, souvent, on dit que plus une femme met au monde, moins elle a de difficultés. Pour Freya et sa mère, c'était que des sottises. Quatrième née, donc, qu'elle était. Il a fallu plus de vingt heures à sa mère pour la mettre au monde. Oh, c'est qu'elle faisait pitié, ça, je peux vous le dire: elle hurlait comme j'ai rarement vu une femme hurler en mettant à bas, je peux vous le garantir. Quand finalement, la petite est venue, elle n'a pas pleuré. Elle était toute bleue et j'ai du la prendre et la secouer en tapotant son dos et son torse avant qu'elle ne se mette à émettre un son. C'était un miniscule bébé. Jamais vu aussi petit depuis et pourtant, j'en vois des naissances: c'est toujours moi qu'on appelle dans ces cas-là!”

Ermaline, servante auprès de l'épouse de Dacan Snowhelm

“La petite Freya ? On l'a toujours appelé comme ça. C'est logique, vous me direz, non seulement elle était la plus petite des filles de Dacan Snowhelm, mais en plus, elle était clairement plus petite que toutes les gosses de son âge. Pour vous dire, elle faisait pas le poids face à ses frères et soeurs. Même Edern, qui est plus petit qu'elle a été bien vite plus costaud. Freya, on aurait dit qu'elle grandissait à son rythme. Enfant, elle détestait qu'on lui parle et pouvait rester des heures près d'une cheminée avec un bout de chiffon qui lui servait de poupée. Quand je lui demandais ce qu'elle faisait, elle disait qu'elle racontait des histoires. Bien souvent, on la retrouvait cachée dans des recoins perdus. Je crois qu'elle se cachait, pas envie qu'on la bouscule, sans doute. Mais c'était pas une gosse idiote, loin de là: on raconte que c'est elle qui a rendu Lotta malade comme un chien, un hiver, après que la gamine lui eut coupé une natte. Ah c'était des histoires de gamine. Mais comme on savait que Freya passait son temps avec sa mère et sa tante à cueillir des plantes, on a vite compris pourquoi Lotta perdait tout ce qu'elle avalait. Ah, après, ça, les gamins ont plus osé s'en prendre à Freya: ils l'ont surnommé la sorcière!”

Rudrik Wintermane, époux de Freya

“J'avais entendu beaucoup d'histoires sur Freya avant de la rencontrer. Ce mariage, je le savais bien, c'était une sombre histoire d'alliances politiques, comme la plupart de ceux que faisaient les bannerets et les nobles en général. Je n'en étais pas particulièrement ravie: à l'époque, j'avais une très belle maîtresse qui me comblait tout à fait et ce n'était pas dans mes intentions de me ranger et d'abandonner mes habitudes de célibataires. Malgré tout, Père avait su me convaincre de la rencontrer -même si je savais pertinemment que j'étais d'ores et déjà engagé à bien plus.

Le premier souvenir que j'ai d'elle, c'est celui d'une jeune femme mince et au visage très doux, qui se tenait avec une certaine timidité auprès de son frère aîné, Dalvrur. Je n'ai reconnu dans ces traits aucune trace de la sorcière qu'on murmurait qu'elle était. Depuis notre mariage, il est évident que j'ai découvert bien des facettes de sa personnalité. Mais si je puis dire que Freya est une femme loyale et déterminée, je ne puis encore déterminer si elle est bien cette âme sombre qu'on m'a tant de fois décrite avant qu'elle ne devienne mon épouse.”


Anya Wintermane, mère de Rudrik et belle-mère de Freya

“L'arrivée de l'épouse de Rudrik à Skonarik a été un événement important. Je n'avais pas eu la chance d'avoir de filles mais j'étais considérablement inquiète concernant ma belle-fille. Comme toute bonne mère l'aurait fait, j'avais fait chercher à l'une de mes servantes des informations sur cette Freya Snowhelm et ce que j'avais appris ne me plaisait guère: et si cette femme tuait mon fils ? L'empoisonnait ? J'ai donc scrupuleusement surveillée Freya. Elle avait à peine 20 ans, quand elle est arrivée dans notre famille. Très vite, elle a su montrer qu'elle était savait utiliser les plantes médicinales, mais pour soigner. J'ai mis des années à lui accorder ma confiance. Ce n'est que lorsque j'ai vu son regard plein d'amour sur les enfants qu'elle avait mis au monde que j'ai compris qu'elle ne ferait pas de mal aux Wintermane.”

Theoma, servante personnelle de Freya Snowhelm

“L'épouse de Rudrik Wintermane n'est pas une femme facile à comprendre. Quand on m'a désigné pour la servir à son arrivée, j'ai été bien inquiète. On racontait des horreurs et je ne savais qu'en penser. Effectivement, Freya Snowhelm a été une maîtresse assez froide, peu bavarde et peu désireuse de me raconter ses états d'âme: c'était même quasiment impossible de lui arracher une confidence. En fait, le seul sujet sur lequel elle voulait bien parler, c'était ses enfants. Elle avait eu la chance de donner deux fils et une fille à Rudrik Wintermane et on voyait qu'elle les aimait sincèrement. Pour le reste, en revanche, j'en tirais pas une parole. Notamment, elle ne me disait rien du tout sur la politique et ce qui pouvait bien se passer à Ibenhold. C'était assez étrange: toutes les autres servantes disaient que leur maîtresse disait pis que pendre sur Kalanar mais Freya Snowhelm, elle, pas un mot. Franchement, j'étais presque désespérée: à quoi ça sert d'être la servante d'une femme comme elle si elle nous donne jamais aucune information intéressante ? Elle passait tout son temps dans la forêt ou la montagne à chercher des plantes. Et même là, elle ne disait rien de spécial, ne m'expliquant pas ce qu'elle en faisait: la seule chose qu'elle disait, en revanche, c'était que Redcliff -le domaine des Snowhelm- était bien mieux fourni. Ah, je vous jure: vaut mieux entendre ça que d'être sourde, mais quand même!”

Sanna Wintermane, fille de Freya Snowhelm

“Maman est très agitée ces derniers temps. Normalement, c'est une femme très calme, très douce et il est assez rare qu'elle se préoccupe de ce qui se passe ailleurs que chez nous. Jusqu'à aujourd'hui, je ne l'avais jamais surprise à parler de politique avec mon père. Mais hier soir, j'ai bien entendu de quoi ils discutaient. Apparemment, mon oncle Dalvrur a décidé de rejoindre les rangs de l'Usurpateur -c'est comme ça que maman l'a appelé. Je ne comprends pas tout ce qui se passe, mais il semble que les Ebonhand -nous leurs sommes loyaux, m'a toujours dit mon père -ne soient plus en très bonne posture. Je n'ai pas très bien compris ce que voulait maman, mais apparemment, elle n'était pas très contente de la tournure prise par les événements. Mon père -Rudrik Wintermane- avait l'air assez inquiet lui aussi. J'ai l'impression qu'il se passe vraiment quelque chose de très grave.”