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 The guise of man - Dralvur Snowhelm

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Irinwe

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Irinwe
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MessageSujet: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptySam 5 Avr - 17:58

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The guise of man.





V
oilà plusieurs semaines qu’Irinwe habite la demeure de lord Snowhelm dans l’espoir de voir la situation de la princesse Jora s’améliorer pour lui permettre de la rejoindre. Si la résidence lui a d’abord semblé immense, regorgeant des affres d’un homme devenu veuf, elle s’est vite familiarisée avec ce nouvel environnement et s’est même prise d’une lointaine affection pour celui qui a daigné la recueillir. La maison Snowhelm a du prêter allégeance à l’Usurpateur, comme tous les fidèles bannerets des Ebonhand, sous peine de voir leur tête tomber sur le billot élevé par les Ravncrone. Et pourtant, malgré que l’Ours Cendré se soit drapé de résignation, Irinwe ne doute nullement de sa parole. Il est encore le meilleur allié de la princesse, et vient tout juste de prendre place sur l’échiquier qui s’étend aux pieds du Trône de Jais.
La douce n’a pas tardé à faire ses marques au milieu des différents domestiques de la maison, même si les regards qu’ils biaisent sur elle sont teintés d’une vive intrigue mêlés à une défiance imparable. Elle ne peut pas leur en vouloir, elle qui a déjà souffert du jugement de ces humains qui ne coudoient que rarement des elfes dans le milieu des obligés. Autant dire qu’Irinwe puise dans son incarnation semi-australe toute la distance nécessaire pour ne pas s’en offusquer. Nourrissant silencieusement le désir de retrouver la donzelle à la chevelure d’albâtre affligée par une solitude qui ne fait aucun doute, l’elfe ne manque pas de chuchoter à la voûte céleste bon nombre de prières destinées à l’oreille de Xehmethys, Déesse-Mère des siens. Qu’on lui épargne les facéties de la cour et les caprices de Dagoth. Que la princesse Jora puisse ne pas perdre l’espoir qui a toujours su la faire rayonner au milieu des situations les plus mornes...
Si Irinwe n’en démontre rien sur son visage lisse qui puise dans les gênes elfiques un stoïcisme implacable, seules les prunelles aux nuances tumultueuses anthracite semblent vouloir la trahir. Le temps s’égrène et sa patience s’écorche sur le rempart de ses inquiétudes. Celles qui, insidieuses, tendent à vous faire perdre l’esprit.


Q
uoi de mieux pour se changer les idées que de se claquemurer derrière responsabilités et futiles préoccupations ? A défaut de pouvoir servir la princesse, la donzelle se doit bien d’occuper ses pensées d’une autre manière qu’il soit. Après avoir jeté son dévolu sur une immense bibliothèque qu’elle a entrepris de dépoussiérer de haut en bas, traitant avec un savant respect tous les ouvrages qui garnissent les étagères, la belle se retrouve à feuilleter quelques pages en articulant de manière laconique le vocabulaire qui lui saute aux yeux. Les Hommes arrivent toujours à la surprendre, jusque dans leurs lectures et la manière qu’ils ont de coucher les mots sur le papier.
Alors qu’elle lézarde entre les boiseries, en effleurant les aspérités du bout du doigt, l’elfe se trouve baignée par un rayon du soleil qui en appelle à son enthousiasme. Elle se glisse tout contre le chambranle de la fenêtre, son teint ravivé par la clémence du temps, et l’idée lui vient d’aller garnir les réserves du lord. L’elfe s’empresse d’enfiler sa pèlerine avant de mettre la main sur un panier en osier qu’elle serre contre elle avant de croiser la figure grave et préoccupée du seigneur de maison. « Bonjour ser Dralvur. » Alors qu’elle pressent les inquiétudes qui accablent son interlocuteur, Irinwe plante un regard inquisiteur dans le sien avant d’étirer un sourire chaleureux. « La lumière du soleil vient de me rappeler que votre garde manger ne va pas se remplir tout seul. » Lui confie-t-elle, les deux mains liées sur la anse de son panier dans une expression candide. Elle s’humecte les lèvres, hésitante, esquisse un pas pour poursuivre son chemin mais se ravise au dernier moment. « Ne voudriez-vous pas m’accompagner ? Le marché n’est qu’à quelques pas et je pourrais ainsi m’assurer de vos goûts culinaires. » Elle laisse échapper un petit rire fluet avant de poser ses mirettes sur lui de manière très sérieuse.


I
rinwe n’a pas eu à se montrer bien insistante pour espérer avoir de la compagnie en cette fin de journée sous un ciel dégagé. Elle se rappelle encore ses allées venues régulières dans le quartier commerçant d’Ibenholt lorsqu’elle vivait auprès de ses parents qui lui concédaient sans crainte des ballades dans les venelles les plus fréquentées. L’air ne manque pas de fraîcheur malgré le promontoire d’azur et l’astre qui décline. Irinwe profite de l’occasion pour emplir ses poumons, guidée par les odeurs alléchantes des venaisons braisées et des pâtisseries chaudes. Alors que le flux humain les mène tout droit au cœur du marché, quelques négociants tentent de les interpeller d’une voix enjouée. Un sourire de façade agrémentant les lippes églantines de la belle, celle-ci dédaigne poliment les invitations avant de se hisser sur la pointe des pieds pour repérer un étalage qu’elle ne connait que trop bien. « Oh, suivez moi ser Dralvur, il vous faut goûter à ça ! » Sans grand remord, l’elfe attrape lord Snowhelm par l’avant-bras pour l’entraîner sur son sillage à travers les corps qui se pressent. Même si les clameurs enthousiastes ne manquent pas de souligner l’effervescence populaire, il flotte sur Ibenholt un sentiment de malaise qui ne trompe pas les plus perspicaces. Avec l’avènement de l’Usurpateur, les partisans Ebonhand ont tôt fait de se tapir dans une ligne de conduite irréprochable.
Se glissant telle une anguille dans un banc de poissons, la donzelle entraîne le seigneur jusqu’à un étal qui présente divers mets acheminés de Sorhelm même. Il va de soit qu’Irinwe, malgré le siècle de vécu à Ibenholt, semble toujours profondément attachée à sa culture elfique. Dardant son regard sur les pains dorés triangulaires et les nectars de vin qui font tant leur renommée, la belle s’enquiert de demander au chevalier : « Peut-être connaissez-vous déjà ? Le vin fait à base de baies d’Agathée et de sève de Storhile. C’est un nectar léger et doux en goût, qui n’en reste pas moins fort alcoolisé. » Egarant son doigt sur son menton en signe de réflexion, elle reprend d’un ton songeur. « A moins que vous ne préfériez la bière, auquel cas je peux vous faire goûter la bière rousse elfique. » La belle croise le regard du commerçant et lui désigne une brioche myrtille que celui-ci s’empresse d’emballer. Elle le gratifie en s’allégeant de quelques pièces et se tourne vers l’Ours Cendré en lui présentant la pâtisserie dans ses paumes jointes. « Tenez. Il faut que vous goûtiez ça ! » Une étincelle de malice étire les ridules de l’elfe qui espère faire profiter le seigneur morose d’un peu de sa chaleur étrangère.  


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Dralvur Snowhelm

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MessageSujet: Re: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptySam 5 Avr - 22:40

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the guise of man.

irinwe & dralvur

Des pas feutrés dans les couloirs, une ombre passagère ; le lord se meut en sa résidence comme un spectre le ferait. Jamais véritablement présent, si ce n’est en quelques mots rauques formulés aux domestiques et quelques objets trahissant sa présence. Une chandelle allumée. Une assiette terminée. Une chaise déplacée ou sa pelisse suspendue dans le hall, égratignée d’une pellicule de neige aux senteurs frileuses. Ce jour n’a rien de particulier, l’astre diurne s’est hissé dans le laitage bleuté de son plafond céleste et la cité grouille comme à son habitude – si ce n’est un peu plus, grâce aux  rayons chaleureux délogeant la vermine et le peuple des chaumières et demeures. Ibenholt ronronne dans sa torpeur et vient clamer ses échos aux fenêtres de la maisonnée. La haute silhouette s’installe brièvement aux flancs d’une lucarne pour constater avec méditation les passants dans la rue, nobles, bourgeois, commerçants ou quidam, ce n’est pas l’artère la plus populeuse de la ville – loin s’en faut – mais la circulation mouvementée parvient à arracher Snowhelm de ses habituelles vicissitudes. Ici, le temps semble parfois s’arrêter. Les grains du sablier s’effritent avec lenteur et morosité, plongeant les affres du lord dans un vase solitaire. Une isolement qui convient on ne peut mieux au patriarche, fort de cette quiétude austère pour restructurer ses armes et armures usées et fendillées par ses visites au palais royal.

Des froissements d’étoffe et le plancher qui grince l’alertent d’un mouvement familier non loin de là, le tirant de son observation éthérée pour vriller sa nuque épaisse vers la silhouette intruse. Il reconnait les quelques éclats corail de la pèlerine et décide de rejoindre Irinwe en une courtoise indiscrétion. Les moindres faits et gestes de l’elfe seront toujours plus distrayants que la morne contemplation de l’artère pédestre. « Bonjour », fait-il simplement, l’œil aimable mais la figure dispensée d’un quelconque sourire. Pattes clouées au rachis, il détaille avec une curiosité placide le panier en osier. « Certes non ! » Enfin, une risette amusée filtre en travers de ses ridules. La logistique de cette demeure est bien loin d’en inquiéter le maître, qui offre son entière confiance et foi en la personne de l’intendant. Les tâches domestiques ne sauraient tracasser le ser, et pourtant, il faut bien se sustenter … Il mire avec un regain de frivolité le fin visage de son australe servante. Visiblement, savoir qu’elle va se charger des victuailles paraît on ne peut mieux satisfaire le lord. Ybas est un brave homme, efficace et sérieux, mais ses choix culinaires ne sont peut-être pas les plus goûteux de tout le royaume. « Oh. Je ne … », ainsi commence sa brève réticence, et pourtant, quelques minutes plus tard, les ruelles de la cité attirent l’Ours Cendré loin de son sinistre ermitage.

Une foule compacte, des senteurs et arômes à enivrer les sens pour la décennie entière, des couleurs, vives et chatoyantes, des syllabes et éclats venus de tout Middholt, des rires, des cris, des regards et faciès ; une mer d’êtres dans laquelle ils se noient. Le pas calme, les orbes attentives, le seigneur avance dans les rangées en suivant de près Irinwe, ne perdant pas une seule miette, goûte ou vision des étalages disposés. Les commissures finement dressées en un masque plaisant, il arpente avec un plaisir ostensible le marché dans lequel l’elfe l’a emmené. Prise d’un élan subit, ladite demoiselle l’emporte d’ailleurs vivement en avant pour le faire accourir au plus vite vers un stand de prédilection. Plus amusé qu’outré, le patriarche se laisse guider, brinquebalé dans la masse bigarrée et manquant de renverser une vieille dame prostrée sur une canne de cent ans d’âge. « Veuillez … ! » … m’excuser. Mais les mots s’évaporent dans l’atmosphère froide et parfumée sans lui laisser le temps d’achever. Fort heureusement, très peu sont les gens à pouvoir reconnaitre un noble, dans les alentours, et le phénomène n’est pas sans arranger Snowhelm, à qui la prestigieuse notoriété importe peu, mais qui ne saurait souffrir d’une paranoïa exacerbée en ces ruelles publiques où d’habiles égorgeurs pourraient aisément se glisser. A moins qu’on ne l’ait suivi, l’anonymat devient ici son plus farouche atout. La peuplade d’Ibenholt n’a que faire des nobles portraits, le feu dans leurs âtres et la pitance dans leurs assiettes sont leurs seules préoccupations.
Le doux timbre de son éclaireur intercepte finalement son attention, une fois stationnés devant l’étale. « Hélas, je n’ai que trop peu goûté aux délices du sud », répond-t-il en se penchant doucement vers les vins, écumant leurs reliefs d’un regard enthousiaste. « Mon épouse appréciait particulièrement le vin de Myr. Elle en remplissait nos caves comme un véritable gourmet qui se serait préparé à un siège de plus de dix ans. » La souvenance tamponne sur ses rides de la patte d’oie des traits radieux. Aucun chagrin ne suppure contre son palais, sinon une douce mélancolie d’homme encore épris par la mémoire de sa femme. « De la bière rousse de Sorhelm ? Par Catharsis, il faut que je goûte ça ! » Il somme à son tour le commerçant d’un signe de main explicite mentionnant silencieusement lesdites bouteilles. Son index indique une commande de un litre. Si le nectar lui plait, il est à gager qu’il enverra Ybas venir en racheter d’autres. L’échange commercial se fait avant qu’il ne se détourne vers Irinwe pour saisir la pâtisserie offerte dont il estampille la pâte chaude d’un coup de mâchoire épais. Un instant à goûter suffit au lord pour contracter ses sourcils en un rictus comblé et, après une longue onomatopée complaisante où ses maxillaires pétrissent le met, il finit par agiter le gâteau en réclamant avec un sérieux feint. « J’espère que vous savez cuisiner ces petites merveilles Irinwe, vous combleriez mes plus insipides soirées avec une seule de ces pâtisseries ! » Il gratifie le marchand d’un sourire, laissant le choix à l’elfe d’acheter ou non les gourmandises sucrées, avant de reprendre cette même marche en flânant avec tranquillité.  

« Vous donnerez le soin à Ybas de vous rembourser jusqu’à la moindre pièce, j’insiste », fait-il avec naturel, la barbe salée tournée vers d’autres étales et enchaînant rapidement. « A ce propos, comment se porte votre séjour en ma demeure ? Si tant est que l’on puisse appeler ça un séjour. » Légèreté de propos qu’il n’espère pas mal venu, il finit par porter ses calots sur le faciès féminin, poursuivant toutefois son cheminement, sa précieuse bouteille de bière rousse sous le coude. « Mes gens sont-ils bons envers vous ? Je suis navré de ne m’en enquérir que maintenant, la diplomatie du royaume est bien moins subtile à administrer que la bonne entente entre mes employés. » Un preste rire de rocaille ébranle son gosier, avant que le phonème grave ne s’évapore dans les senteurs environnantes. « Nous ne nous sommes que trop peu croisés, ces derniers temps, aussi j’espère ne pas vous avoir fait faux bon. Ybas est un intendant efficace, mais peut-être pas le plus humain et compatissant qui puisse exister … » Ce qui pourrait apparaître comme deux faiblesses s’avèrent être aux yeux du lord deux atouts majeurs. Tout du moins pour un tel poste occupé. Mais Irinwe n’est pas une domestique comme les autres, aussi est-elle choyée différemment dans l’esprit du seigneur Snowhelm, car leur désarroi commun tisse un lien invisible mais des plus intimes entre le ser et l’elfe austral. Ses iris sombres la dévisagent en oblique et avec discrétion, de peur d’éveiller une gêne mutique chez la servante. « S’il vous faut vous soulager d’une quelconque peine, sachez que je suis là pour vous écouter. Quelle qu’elle soit. » Un verbe enroulé d’un ton bas, comme une confidence lâchée à demi-mot. L’attention de Dralvur finit par s’arrimer sur une échoppe à ciel ouvert où l’on présente entre babioles d’or et d’argent des étoffes de tous genres. Il marque un arrêt en regardant d’épaisses pelisses en cuir tanné et fourrées de laine. Ses orbes glissent des pardessus à la frêle silhouette de l’altière brune. « Vous savez, je ne sais pas comment vous faites pour résister aux morsures du nord avec votre fine pèlerine … » On ne peut plus disposé à offrir un bien meilleur manteau à Irinwe, le patriarche paraît toutefois se retenir et hésiter. Sa vie austère et solitaire ne l’a que trop éloigné des us et coutumes favorables aux échanges entre hommes et femmes, tant et si bien que le seigneur ne sait même plus reconnaître les frontières entre la galanterie et l’indécence. Il ne s’agit pourtant que d’un employeur vigilant aux besoins de sa servante, tout du moins est-ce ainsi qu’il croit percevoir sa sollicitude. « Souhaitez-vous … ? » C’est implicite, et donc maladroit, mais suffisamment clair pour se faire comprendre.

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MessageSujet: Re: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptyDim 6 Avr - 19:46

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I
rinwe, depuis son entrée au service du lord Snowhelm, n’a pas eu d’autres occasions d’échanger sur l’accord tacite qui s’est installé entre eux. Elle le sait dans une fâcheuse posture, porté sur les devants de la scène par son implication auprès de Jorkell Ravncrone sans pour autant oublier la captive aux cheveux d’or - ce qui peut se révéler être une lame à double tranchants qui a tôt fait de susciter l’inquiétude de l’elfe amenée à le servir. Pourrait-on suspecter qu’il nourrisse secrètement le désir de voir la princesse héritière arrachée de sa geôle pour l’asseoir sur le trône de jais ? La méfiance doit être bien exigüe entre tous les protagonistes qui défilent sous les yeux de l’Usurpateur et de sa reine. Même si l’instinct de préservation d’Irinwe lui souffle que l’Ours Cendré est bien assez rusé pour s’installer sur l’échiquier stratégique d’Ibenholt, elle ne peut s’empêcher de craindre pour la vie du lord qu’elle estime être bien précieuse dans un paysage politique aussi mouvementé. Si elle n’hésite pas à témoigner de son respect au seigneur qu’il est, la belle ne se gêne pas pour autant à plonger dans la cuirasse d’austérité morose dont il se barde pour en faire ressortir cette étincelle de spontanéité chaleureuse qu’il y a en tout Homme. Même dans les tréfonds d’une âme putréfiée par l’envie et la vengeance, même au sein d’un cœur noir empoisonné par la corruption ou par un esprit gangréné par la folie.


I
rinwe ne se montre guère hésitante lorsqu’il s’agit d’énoncer quelques spécialités elfiques qui seraient susceptibles de plaire au ser Dralvur. Alors que l’homme aurait pu se montrer froid et indifférent, feignant même un mince intérêt pour ses dires, il semble réellement intrigué par les nouvelles saveurs qu’elle lui propose. Le sud. Rien que cette pensée a de quoi lui donner du rouge aux pommettes. Elle n’a eu que de rares occasions de s’y déplacer durant son siècle d’existence, mais elle aime cette région baignée par le soleil, le sucre de leurs fruits et la finesse de leurs mets exotiques. Elle s’en passionne, peut-être bien car ça tranche tellement avec les terres nordiques balayées par un climat froid et rigoureux. Alors qu’elle le laisse goûter du regard à chaque met présenté sur l’étalage, Irinwe visse sur ses lèvres un sourire satisfait, rassurée.
Ser Dralvur n’est pas de ceux qui s’enterrent dans l’amertume et la désillusion. Il est un homme d’espoir, qui a du affronter son lot de désenchantements et de souffrances. C’est du moins comme ça que l’elfe l’entrevoit, à travers ses traits burinés par le temps et les batailles - lui qui parait être si diplomate et tranquille. Lorsqu’il évoque son épouse, qu’elle comprend rapidement défunte, Irinwe guette son expression d’un regard timide mais vaguement intrigué. Il n’en parle pas avec tristesse mais d’un air comblé, comme si la perte douloureuse n’avait jamais été qu’un souvenir inhumé pour ne garder que l’amour qu’il lui porte. L’elfe n’est pas dupe - elle sait pertinemment que tout le monde se préserve de ses intimes blessures - et lord Snowhelm ne doit sûrement pas manquer à cette règle infaillible. Absorbée par ses réflexions, la belle écoute distraitement son interlocuteur qui s’enquiert d’acheter quelques bouteilles du sirupeux nectar elfique. Après lui avoir offerte la brioche aux myrtilles tout en redoutant qu’il ne la refuse, le chevalier se montre docile goûteur et une petite moue frivole vient se saisir des lippes de l’elfe. « Je suis contente que vous aimiez. Je veillerai à vous faire goûter aux cailles confits aux prunes ou au sanglier braisé à l’essence de bois d’Agathée. De quoi vous ragaillardir ! » Lui lance-t-elle lorsqu’il prétend qu’elle pourrait égayer ses soirées avec de pareilles attentions. « Je suis une modeste cuisinière, mais Elle adorait mes biscuits au miel. » Une lueur funeste s’invite dans les prunelles de la préceptrice avant qu’elle ne la chasse pour régler ses courses avec le marchand. Faisant emballer quelques pâtisseries et quelques épices du sud, la donzelle fourre tout dans sa besace de cuir avant de faire signe au lord à qui elle emboite le pas.


S
e portant à ses côtés, son panier épousant son flanc à chacun de ses mouvements, Irinwe porte son regard sur les différents visages qu’elle vient à croiser. Une vague inquiétude ternit le faciès enjoué de la belle qui prend conscience que sa présence aux côtés du lord puisse entacher son image à la cour. Que vient faire la servante de Jora dans la maison de l’un des bannerets d’Ebonhand qui a pourtant prêté allégeance à l’Usurpateur ? Une question qu’elle aimerait pouvoir étouffer dans les gorges des impudents qui se montreraient trop curieux. Elle flatte machinalement le bord de sa large capuche pour la rabattre un peu plus sur son visage, sans pour autant dissimuler le regard attentif qu’elle porte sur Dralvur en écoutant ses inquiétudes. Touchée par sa sollicitude, la donzelle hausse les sourcils et laisse échapper un rire fluet. « Ne vous en faites pas monseigneur. Même si ça ne parait pas me concernant, les efles sont, de nature, solitaires. » Lui confie-t-elle sur un ton badin. « L’essentiel étant qu’on ne me manque pas de respect. » Un petit relent d’orgueil se dépeint sur la figure d’Irinwe avant qu’elle ne se penche légèrement vers son interlocuteur pour reprendre. « Non, rassurez-vous, votre personnel de maison est parfait. » Au moins n’a-t-elle pas retrouvé quiconque à l’image de Leonild, profitant de la moindre occasion pour insulter son héritage. Elle sait pertinemment que c’est d’un œil méfiant que tous la considèrent, elle qui n’est autre qu’une arriviste logée à bonne enseigne. L’air affable et tranquille, Irinwe préfère reporter son attention sur les corps qui se meuvent d’empressement autour d’eux - jusqu’à ce que Dralvur lui fasse part de son désir d’alléger ses peines en lui offrant toute son attention et son soutien. La confidence la surprend quelque peu, même si elle n’a jamais douté de la bienveillance de son hôte. « Oh... Je vous remercie ser Dralvur. Mais je ne crains de pouvoir me résoudre à vous accabler de mes turpitudes, même si votre verbe a le don de me réconforter. » Lui glisse-t-elle d’un demi-sourire, entre gratitude et pudeur. « Même si vous avez l’envergure d’un homme qui affronte les tempêtes telle la falaise résistant aux tumultes d’une mer agitée, chacun se doit de porter son fardeau pour se traîner en ce monde. » Touchée par cette attention, la belle s’évertue néanmoins à retenir le soupir qui ne demande qu’à franchir ses lippes. Son dessein premier étant d’offrir un regain d’enthousiasme à son hôte, elle se refuse catégoriquement à laisser un voile mélancolique les plonger tout deux dans un climat chagriné. Pas alors qu’elle considère qu’ils passent un bon moment.


L
’homme ralentit et elle l’imite, suivant son regard jusqu’aux épaisses fourrures et chaudes pelisses de cuir. Tandis qu’elle se rend compte que l’intérêt du lord pour les pardessus hivernaux la concerne tout bonnement, elle reste circonspecte durant une poignée de secondes. Prise au dépourvu, la donzelle sourcille brièvement. Elle n’a jamais été habituée à susciter autant d’attention. Elle qui n’est autre qu’une servante, l’un des fantômes qui s’échinent à rendre la vie de ses seigneurs plus aisées. Jora s’est toujours montrée attentionnée et généreuse, mais Irinwe ne s’attendait guère à un privilège de ce genre avec qui d’autre que ce soit. « Ser Dralvur... » Lui glisse-t-elle d’un ton rieur. « Le froid nous semble bien moins incommode. » Un héritage sur lequel elle ne va pas cracher connaissant le froid polaire qui règne à Ibenholt. La belle s’humecte les lèvres, hésitante. Elle craint que la jalousie ne s’immisce dans les cœurs des autres domestiques de la maison qui ne saisissent pas dans quelles eaux troubles elle nage. Et pourtant, elle se sent incapable d’installer une gêne entre elle et lord Snowhelm qui n’en reste pas moins son seul allié. Alors qu’il l’interroge implicitement, assurément troublé par sa propre initiative, Irinwe s’approche de l’étalage pour s’intéresser au travail de belle facture. « Il est vrai que je me fonds difficilement dans la masse des nordiques avec ma pèlerine. Mais vous faites déjà tellement pour moi ser, que j’ai peur de ne point paraître à ma place... » Elle croise le regard du seigneur, une main s’égarant sur le cuir doublé de laine, avant d’étirer un sourire sincère. « Vous êtes si... » Généreux et rassurant mais elle se trouve incapable de finir sa phrase. Elle sent une main étrangère se frayer un chemin jusqu’à la bourse en cuir qui lui ceint la taille. Il y a bien différents protagonistes qui se pressent de traverser la ruelle où ils se trouvent de long en large, se glissant et s’effleurant en toute indifférence, mais la sensation désagréable de se faire détrousser lui noue la gorge. Alors que ses yeux semblent percer ceux du lord dans une expression effarouchée, l’elfe arrache sa main du cuir pour la plonger sur celle de l’impudent. Les doigts crasseux du vaurien qui prétend jeter un œil à la marchandise se retirent mais elle lui étreint le poignet avec la résolution de ne pas le lâcher. « Hé ! Lâche ça de suite ou tu vas y laisser ta main ! » S’époumone-t-elle, vindicative, assénant un revers de main au museau du malotru. Malgré l’intonation amère, le quidam ne parait pas vouloir la lâcher de sa patte crasseuse. Il lui arrache sa modeste richesse avant de la bousculer vers l’étal contre lequel la donzelle chancèle. Les gens s’écartent instinctivement, surpris par l’incartade et le vaurien en profite pour essayer de se faire la malle sous l’œil interloqué ou fuyant de ces derniers.

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MessageSujet: Re: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptyMer 9 Avr - 19:57

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the guise of man.

irinwe & dralvur

Fort de son autorité cavalière, de sa haute stature et de sa seigneuriale allure, le ser n’en reste pas moins confus lorsque l’australe dame lui avoue avec douceur cette faculté naturelle dont son peuple dispose envers les rudesses hiémales. Ravalant une salive soudain amère, le lord hoche péniblement la tête avec une froideur que l’on pourrait maladroitement attribuer à de la susceptibilité. Il n’en est toutefois rien, car, si son faciès de roche se pare d’une telle dureté, ce n’est que pour se sermonner seul de la bévue. Il est atterrant de constater le peu d’éléments dont il dispose envers les elfes, pis encore, il lui semble n’être qu’un barbare arriéré ne jouissant qu’à la seule vue du sang austral et s’embêtant peu de la culture issue de la chair ayant pu maculer le fil son épée. Mais Irinwe ne s’offusque pas. L’amabilité usuelle de la domestique n’est pas sans alléger l’oxygène gravitant autour de Dralvur qui devient vite rance et sale derrière les murs du palais, où toute parole n’est alors plus qu’un arc bandé. Le moindre phonème peut déclencher des conflits, des morts ou des guerres, et le Conseiller Diplomatique est des mieux placés pour en interpréter chaque aspérité.
Les orbes de bronze s’attardent un instant sur les frêles épaules de la servante qui semble se décider à jeter un preste coup d’œil aux habits. Par politesse, tact ou réel intérêt, il ne saurait dire. Mais l’attitude engendrée chez elle semble calmer les turpitudes du patriarche. Toujours mutique, les lèvres scellées par son austérité notoire, il se met à plier les coudes sur ses flancs pour laisser ses mains, jointes autour de la bouteille de bière, flanquer son rachis.
« A votre place ? » Peut-être en fait-il trop, au point d’incommoder Irinwe près de laquelle il se poste toutefois, l’œil rivé sur les étoffes. La fine main de l’elfe circule sur le cuir, confortant le ser sur son inclinaison subtile et probable à consentir au présent.

« Vous êtes si... » Envahissant ? La risette délicate glissée sur les lippes purpurines lui intimerait pourtant le contraire. Il lui faut faire acte d’observation plutôt que de discernement, car son esprit, trop occupé à s’inquiéter, paraît englué dans une fange subjective et erronée.
La saynète s’ébranle vivement. Il n’a pas même le temps de déporter ses billes sur la domestique qu’il la constate déjà vitupérer une tierce-personne de rat des champs. Un voleur à n’en point douter, car tout concorde. A cela, la nymphe australe érige son courroux et l’assène sans finesse ni compassion sur la gueule poisseuse du larron, tirant autant la stupéfaction chez Dralvur que son aphasie soudaine. Pourquoi diable interviendrait-il ? Sans vilain jeu de mot, elle semble avoir les choses en main. Que Dagoth l’emporte s’il lui venait à interrompre pareil spectacle ! Loin d’être troublé, plus amusé qu’ombragé, lord Snowhelm contemple les deux protagonistes sans rater une seule réaction car il lui semble presque acquis que la demoiselle ci-présente aura tôt fait de mater l’aigrefin.
Il n’en est toutefois rien. Projetée sans plus de cérémonie dans l’étale, il parvient à rattraper de justesse un bras de la martyre pour alléger au mieux les dégâts autant matériels que physiques. La cacophonie de la chute ébranle les ouïes alentours et l’humeur du marchand qui se noircit aussitôt dans son épais gosier. Remontrances et apostrophes irascibles deviennent leur pluie. « Bons dieux ! », s’exclame le ser en aidant sa domestique à remettre pieds à terre, ne s’intéressant, pour le moment, guère aux injures du commerçant. « Maigre mais robuste, la canaille ! » Son attention dérive vers la cohue, cherchant du regard la carrure du gredin qui n’est déjà plus qu’un souvenir dans le panorama farci de têtes et épaules bigarrées. Puis, envers Irinwe, soucieux : « Rien de cassé ? » Il mire la demoiselle avec intérêt avant de se redresser de toute son envergure vers le marchand froissé dont les grosses paluches s’agitent avec précipitation.
« Paix, mon bon ami. Je vais vous dédommager. » L’idée plaît et calme fissa l’énergumène qui lorgne avec intérêt la bourse du seigneur dont on entend les florins s’agiter avec bonhomie. « Et je vais aussi acquérir cette pelisse », désigne-t-il d’un signe de tête, indiquant là un habit plus léger que les autres de par sa fine doublure de laine noire, mais au cuir tout autant travaillé. Les pièces cliquètent entre les paumes et, s’adressant cette fois à l’elfe : « Prenez. » Une douceur de ton qui ne souffrirait pourtant d’aucune contestation. « Vous venez de perdre votre pécule, je peux bien consoler votre peine », ajoute-t-il d’un sourire tranquille, non moins pour se justifier que pour lui donner un argument valable à jeter en pâture au reste des employés. Ce qui devait être un cadeau devient habilement une compensation matérielle.

Tout concentré à son altruisme impartial, il ne remarque pas immédiatement la maigre houle qui se forme dans une partie de la foule. La scène a immanquablement attiré les globes oculaires des passants, et, parmi eux, une voix haute et soudaine, grimpant dans l’air froid avec véhémence. « SNOWHELM ! PLEUTRE ! PARJURE ! QU’ON VENDE LA PEAU DE L’OURS ! » Un bocal de fruits confits vient se briser à ses pieds, souillant ses cuissardes noires et son honneur, avant qu’il ne dresse vers le spectre impétueux un regard d’acier. Mais il ne discerne que des visages atterrés, curieux ou railleurs, point de face enragée sur laquelle marteler propos ou poings. L’affront suinte contre sa charpente, plus encore attisé par la tension engendrée en ce périmètre maudit. Reclus derrière un portait sévère, le lord verbalisé comme un scélérat de foire range son aumônière en peau tannée et impose sèchement : « Rentrons », sans plus un regard envers Irinwe ni quiconque d’autre. Son pas, pressant et marbré d’une colère sourde, se met alors à marteler la ruelle en sens inverse sans prendre ni la peine, ni le temps, d’attendre sa domestique ou faire acte de bienséance en esquivant le quidam. Ne résulte plus qu’une montagne à la roche acérée, prête à écraser les mouches d’éboulis furieux et blessés.

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MessageSujet: Re: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptyJeu 10 Avr - 11:47

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P
ourquoi fallait-il qu’un vaurien ne vienne réduire ses desseins à néant ? Ce qui semblait être une sortie chaleureuse et sans encombre se transforme bien vite en cauchemar tant l’attention se porte sur les deux protagonistes venus faire quelques achats. Irinwe étouffe un glapissement de surprise alors que l’homme aux yeux chafouins l’envoie valser tout contre l’étal pour se faufiler entre les passants comme un rat dans les venelles obscures d’Ibenholt. Heureusement, la collision est amortie par le bras prévenant du seigneur Snowhelm qui reste néanmoins pantois face à la situation. Les joues empourprées par une colère sourde, essuyant les regards appuyés et les répliques intempestives du marchand qui plaint sa marchandise, Irinwe finit par se redresser, aidée par l’Ours Cendré qui s’inquiète de son état. S’offrant un brin de dignité après ce petit intermède, la jeune femme redresse la tête en époussetant machinalement ses frusques. « Non... Tout va bien... Merci ser. » Lui répond-t-elle sur un ton bas. Sans compter qu’elle se doit de ramasser les quelques miettes de sa fierté dispersées aux quatre vents. « Je suis navrée pour le raffut. » Cent ans que la donzelle foule ces terres et elle se serait crue bien plus apte à affronter ce genre d’individus. Ravalant son amertume et replaçant sa capuche sur le sommet de son crâne, la belle jette un regard venimeux au marchand qui s’agite sans la moindre sollicitude. Froissée par cette déconvenue, l’elfe se trouve bien incapable de se confondre en excuses et d’implorer la compréhension de son interlocuteur. Snowhelm prend dés lors les devants pour calmer la situation et à la vue de la bourse seigneuriale, le marchand se fait fort attentif et intéressé. Irinwe se pince les lèvres, gênée par une telle situation, mais ne pouvant trouver un autre compromis, la belle se résigne à croiser les bras contre sa poitrine tout en jetant quelques regards autour d’eux. Elle sent son estomac se nouer en voyant l’indiscrétion de certains, qui préfèrent à rester planter là plutôt que de continuer leur chemin. Tandis que l’Ours Cendré s’adresse à elle pour lui offrir l’une des pelisses découvertes un peu plus tôt, Irinwe vacille entre surprise et gratitude. « Merci ser Dralvur... J’aurai préféré que cela se passe autrement. Je n’aime pas la manière dont tous ces gens nous regardent. » Lui confie-t-elle dans un demi-sourire ébréché par l’inquiétude d’une situation qui ne semble pas à son goût. La belle serre contre elle la pelisse repliée avant de se tourner vers la foule amassée dans un intérêt trop soudain. Une clameur méprisante a tôt fait de fuser à l’attention du lord devenu Conseiller Diplomatique  du roi Jorkell. Les paupières d’Irinwe se ferment sur les figures de la foule et la donzelle se rapproche instinctivement du seigneur - comme pour lui témoigner son soutien face à cette attaque. Surprise par le projectile qui vient se briser aux pieds du lord pour lui souiller les chausses, l’elfe se sent heurtée par l’envie carnassière de le défendre. Car c’est ainsi qu’il est perçu - comme un traître, un tourne-casaque - alors que l’homme côtoie l’ennemi dans l’espoir de préserver l’héritière d’Ibenholt. Le faciès du lord exsude une animosité mordante alors qu’il se dresse contre les dires, espérant probablement que l’orateur se montre. « Ser... » Commence l’elfe dans un murmure avant que Snowhelm ne lui ordonne de rentrer sans même croiser son regard ou attendre son avis. Blessé au plus profond de son honneur et de son affect, l’Ours Cendré se claquemure dans une expression amère et impitoyable tout en se frayant un passage jusqu’à sa demeure d’un pas pressé. Le regard d’Irinwe n’est pas fuyant et elle prend même le temps de balayer les figures intriguées avec une froideur exsangue avant d’emboiter le pas au chevalier. Le reste du chemin se fait en silence et Irinwe préserve une distance respectueuse avec son hôte pour ne pas l’importuner davantage. Puis une fois entre les quatre murs du manoir, l’huis de la chambre se referme sur la carrure du ser, de l’Ours qui tergiverse de voir son honneur ainsi rongé par le devoir politique.


L
e poing féminin qui est d’abord hésitant se fait plus assuré lorsqu’il cogne contre la porte de la chambre seigneuriale. Un plateau coincé contre les hanches, Irinwe attend une éventuelle invitation à rentrer mais se s’encombre guère de patience et finit par entrouvrir le pan pour passer la tête par l’embrasure. « Ser Dralvur... Puis-je entrer ? » La politesse rhétorique est un trait que l’elfe ne peut certes pas dissimuler malgré toute sa bonne volonté. En jetant un œil dans l’antre obscure de l’Ours, elle remarque sans mal la silhouette du lord, immobile dans un coin de la pièce. « Je vous ai apporté quelques sucreries. » Si le ton semble être enjoué, la circonspection de la donzelle est palpable, elle qui tente de juger l’état de son interlocuteur. Elle esquisse quelques pas et dépose son plateau sur une petite table dénuée de tout ornement. Elle s’essuie les mains contre son tablier et redresse la tête pour surveiller son hôte d’un œil inquisiteur. « Je vous ai fait mes biscuits au miel. Et une décoction à base de plantes qui poussent essentiellement à Sorhelm et qui apaise les corps et cœurs meurtris. » Elle étire une risette joviale avant de préciser d’un éclaircissement de voix. « Je n’essaie pas de vous empoisonner, je vous promets. J’ai toujours été une élève assidue lors de mes cours d’herboristerie, et les plantes médicinales font de vraies merveilles. » L’elfe se mordille brièvement la lèvre inférieure, ne sachant pas vraiment comment soulager l’âme en peine de son hôte, puis, remarquant qu’il porte toujours ses chausses arrosées de fruits confits, elle se rapproche de lui. « Ser Dralvur, laissez-moi vous aider. S’il vous plait. » Son timbre est doux mais dénué de pitié ou de supplication. Au contraire, l’on peut même percevoir l’étincelle d’autorité avec laquelle  Irinwe manie son verbe. Il faut dire qu’il en faut pour être nourrice et préceptrice. Quelques mèches de cheveux retombant devant ses yeux alors qu’elle s’échine à faire les activités usuelles du personnel de maison, l’elfe hésite avant de reprendre la parole. « L’on m’a toujours traité comme une fille de traîtres, depuis que mes parents ont été exécutés pour avoir prétendument conspiré contre la couronne. Vous savez, je n’ai pas toujours été domestique. Mes parents étaient tout deux de sang noble et nous vivions dans une charmante demeure d’Ibenholt. Ils fréquentaient la cour du roi Kalanar, et c’est sûrement ce qui leur a couté la vie. » Les sourcils de la belle se froncent dans un battement de cils, se remémorant les pénibles évènements qui l’ont mené à rentrer au service des Ebonhand. « Le roi Kalanar n’était pas un bon monarque. Il était capricieux, cruel et manipulateur... J’ai d’autant plus su que mes parents étaient vraiment innocents quand je suis rentrée à son service. Que je suis devenue son esclave. » Alors, même dans un cœur aussi charitable que le sien, la haine et l’amertume y trouvent une petite place. Jusqu’à pervertir la bienséance et à provoquer le fil de la lame. « L’important, c’est de savoir qui l’on est vraiment et ceux qui ont craché sur votre nom se rendront bien à l’évidence même de leur bêtise le jour où ils comprendront qu’ils ont eu tort. »



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MessageSujet: Re: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptyVen 11 Avr - 22:22

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irinwe & dralvur

La montagne souffre de quelques tremblements érosifs. Car si le calme magnifié de la falaise de chair ne se laisse que trop peu souvent ébranler par les averses acides du verbe d’autrui, il est des remous qui parviennent néanmoins à lâcher quelques rares éboulis. Et lorsque la roche se fracasse aux pieds du colosse, c’est muscles tendus et nerfs à vif qu’elle répand son écho.
Une fois l’huisserie de la résidence franchie, la bête faite d’ire sourde traverse à grands pas les couloirs de la demeure, fracassant sous ses pieds les cris de colère qui vagissent dans ses tripes, mais meurent dans son gosier. Il est une chose qui puisse le peiner bien plus encore que les affres du cœur, c’est le blason de son honneur. Maintes fois estropié, mutilé, saccagé et détérioré, il lui est d’une nécessité quasi vitale de le laisser droit et scellé malgré les intempéries. Une fierté peut-être mal placée, à n’en pas douter seigneuriale et antédiluvienne, ancrée chez les Snowhelm par leurs illustres racines. Et cet homme-là, précisément, porte l’oriflamme de l’ours sur fond de jais jusque dans son essence même.
« Parjure », répète-t-il une fois seul dans sa chambre, faisant valser avec une rage douloureusement maîtrisée son épaisse pelisse. Le vêtement chute tel un maigre cadavre d’animal sur la literie de laquelle il s’éloigne, faisant bientôt front à l’une des fenêtres. Le coude plié et l’avant-bras figé sur la pierre, il positionne son autre paluche sur une hanche et mire les reliefs aiguisés des toitures de la ville. Voudrait-il exploser qu’il ne le pourrait pas. On ne fracasse pas en un seul coup de massue une muraille forgée par des décennies de sang-froid. La nervosité est pourtant bien là, suppurant d’une contrariété farouche et venimeuse. Il en a oublié le marché. Il en a oublié Irinwe. Il en a oublié sa bière, mais la soif de l’amertume le rappelle aussitôt à l’ordre. Après une brève contemplation du panorama, il déporte sa charpente vers le litre qu’il prend à même le goulot en s’acharnait rudement sur le liège d’un coup de crocs. Une fois la bouteille ouverte, le lord vient s’affaler dans un épais fauteuil adjacent à l’âtre. Le feu y crépite depuis le lever, continuellement nourri de buches et de foin sec par les domestiques de la maisonnée.

* * *

L’éveil se fait morne. Les flammes se meurent entre le bois calciné, et une pénombre tamisée imbibe la chambre. Dans sa main trône encore la matière dure et fraîche du verre de bouteille, vidée dans sa quasi totalité et tanguant dangereusement dans le vide. Des coups plus robustes finissent par le tirer de sa léthargie avant que la porte ne s’entrouvre sur une voix familière. Le phonème de gravier s’entête à rester dans la gueule fermée dudit ser, qui ne prohibe toutefois pas l’entrée de l’elfe en sa tanière. Peu enclin aux badinages courtois et civiques, le patriarche Snowhelm préfère rester muré dans son silence de plomb, l’œil rivé sur les cendres rouges de l’âtre et l’alcool proliférant dans ses veines en un baume de sève tiède.
Un ricanement court et rêche accueille les bienfaits de la décoction, plus las et désenchanté que fortement sarcastique. Il doute qu’une tisane puisse à elle seule guérir ses plaies. Ainsi sont faits les hommes Snowhelm, aussi rudes que les hivers dont ils naissent, forçats austères et pragmatiques. Mais il ne manque pas de noter que la dame est finement instruite en la question des plantes, une qualité des plus utiles selon Dralvur, qui l’aurait volontiers gratifiée d’un sourire curieux s’il n’en était pas à se ronger l’émail avec acharnement. « Merci », sont ses seuls mots, congédiant par la même sa domestique qui ne bouge toutefois pas. Au contraire, la brune se rapproche du colosse avachi, tirant une brève attention de sa part, qui, au fil du récit, devient une concentration des plus aigues, obligeant le lord à se redresser tout en ne détachant pas un seul instant ses orbes de la silhouette féminine. Les révélations, non moins étourdissantes, sont des plus consternantes pour le patriarche. « Il suffit », la botte sur laquelle elle s’affairait jusqu’à présent recule avec empressement. La bière ingurgitée ne manque pas de noyer son geste dans une certaine rudesse, bien que son ton ne soit en rien autoritaire. Il est même atterré. « Bons dieux, Irinwe », maladroitement, il l’empoigne par les épaules et l’oblige à se relever, chancelant de peu sous la douce ébriété dont ses muscles sont pourvus. Ses pognes glissent des épaules hissées au visage fin qu’il accapare entre ses paumes, contemplant de ce même air confondu les ridules de l’elfe. « Pourquoi … » Pour peu, le souffle faiblard de la colère s’inviterait presque dans ses calots. « Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit plus tôt ? C’est honteux de ma part … » Les pattes de l’ours se désagrègent de la figure mais le regard reste appuyé. « Je ne saurai vous garder plus longtemps en tant que domestique. Vous êtes de noble lignée, quels qu’aient été jusqu’ici les méprisables offenses que l’on ait pu vous faire subir, vous ne méritez en rien cette vie de servitude ! Je m’y refuse. » Un masque écœuré traverse le faciès rugueux du fier homme que l’estime ébranle autant que l’alcool, avant qu’il ne s’écarte et fasse quelques pas dans la pièce, l’air terriblement songeur, mains sur les hanches et bousculant sa tignasse cendrée de quelques inclinaisons de tête. « Dès demain, j’irai voir Ybas, je lui expliquerai la situation, je ne veux plus de vous auprès de mes gens, votre place est à ma table, pas dans les cuisines ! Encore moins à me décrasser les chausses comme une pauvre paysanne le ferait ! », exulte-t-il, les gestes roulant dans l’air telles les branches d’un chêne soufflé par le vent, les billes cuivrées tournées à nouveau vers Irinwe. Il lève finalement un index impérieux, les lèvres tremblantes d’une houle irascible à l’écume de bière. « Et je me contrefous de ce que les domestiques diront ! Je suis ici chez moi, j’y invite qui je veux ! – Ou peut-être ont-ils eux aussi des commentaires salés à proférer contre moi ? » Le ton haut, il braque ses calots contre le bois de l’huis, comme s’il s’adressait effectivement à ses serviteurs jusqu’en travers des murs.

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MessageSujet: Re: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptyDim 13 Avr - 1:10

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A
lors qu’Irinwe s’affaire à décrasser les chausses de son hôte, une fragrance alcoolisée lui fait froncer le nez et lui arrache un sourcillement sceptique. Ainsi reclus dans son antre, l’ours ne semble pas avoir lésiné sur la boisson et c’est d’une œillade discrète que l’elfe remarque la bouteille de bière à peine abandonnée sur un coin du bureau. Les quelques confidences qu’elle offre à Dralvur sur son passé tumultueux ne trahissent guère d’opiniâtreté ou de malaise - le ton est dénué de douleur, imprégnant l’anecdote du désir qu’elle a de le rassurer. Tout comme elle n’a jamais supporté de voir lady Jora victime du désespoir ou de l’abattement, il en va de même pour cet homme qui l’a accueilli sous son toit et dont elle est parvenue à ébrécher la carapace dans une connivence particulière.
La préceptrice essaie tant bien que mal de le réconforter avec ses mots de femme, s’échinant à lui faire comprendre que l’avis des autres est souvent injuste et biaisé. Qu’il ne doit pas laisser leur bile l’atteindre car il est un roc, une falaise inébranlable, taillée aux pieds par les remous d’une mer agitée qu’il doit s’efforcer de subir sans faillir. Elle essaie d’insuffler un brin de soulagement dans cet esprit embrumé par l’alcool et d’étirer une risette au lord déshonoré. En vain.
Snowhelm s’agite et la belle relève vers lui ses mirettes interrogatives alors qu’il l’amène à se redresser dans un geste téméraire. Alors qu’il vacille dans le même temps où il semble la réprimander, Irinwe s’agrippe fugacement à lui dans la crainte de le voir s’écrouler. « Ser ? » Lâche-t-elle, perplexe. Il lui offre un regard décontenancé qui frise le reproche et alors que les mains masculines encadrent son visage, la belle fronce les sourcils en signe d’incompréhension. « Dit plus tôt ? » Répète-t-elle, battant des cils avant de saisir ce qui pose tant de tracas au seigneur de la maison. C’est bien la première fois que quelqu’un se trouve scandalisé par le fait de la traiter de la sorte. Même Jora qui a toujours su témoigner de son respect ne s’est pas outré pour si peu. Les phalanges de l’homme se détachent de son visage et le belle ne cille pas, s’assurant d’une prise hésitante sur l’avant-bras seigneurial que Dralvur ne menace pas de vaciller vers l’arrière. Il refuse vigoureusement de la traiter comme une domestique maintenant qu’il a connaissance de sa haute naissance - nouvelle qu’Irinwe accueille avec circonspection. Toutefois attendrie par l’estime du chevalier, l’elfe se fend d’un petit sourire amusé. « Monsieur... » L’homme coupe court à son désir de le rassurer en la dépassant d’un air préoccupé, faisant les cent pas dans la pièce plongée dans une semi pénombre. Croisant les bras contre sa poitrine, la donzelle s’incline légèrement vers lui - pétrie par une patience qui tranche avec l’agacement viscéral de son interlocuteur. Alors qu’il lui explique avec férocité ses desseins, vitupérant ses domestiques sur l’éventuelle réaction envieuse et méprisante qu’ils puissent avoir en retour, Irinwe le suit d’un regard attentif, approuvant ses dires dans un vague geste du chef. Malgré tout le sérieux du seigneur qui tend à défendre ses intérêts, la donzelle se mord les lippes pour étouffer un rire. Eprise d’une frivole candeur, la préceptrice s’appuie avec nonchalance contre le bureau avant de saisir la bouteille de bière par le goulot et y jeter un œil lourd de sens.  « Dois-je en conclure que monsieur a aimé la bière de Sorhelm ? » Le questionne-t-elle sur un ton badin.
Jamais Irinwe n’a eu l’occasion de voir ser Dralvur se confondre dans de tels gestes expressifs, amplifiés par l’alcool dans un caractère exubérant. Elle est à la fois navrée de le voir dans cet état, et s’englue dans l’envie de lui porter secours pour apaiser son ire.  « Ser... » Souffle-t-elle alors qu’il achève son laïus par une réprimande formulée à l’attention de ses domestiques absents. « Ser Dralvur ! » Le timbre un brin autoritaire se couple à un regard appuyé.  « Je vous en supplie, cessez donc de vous ronger les sangs ! » Un soupir s’échappe des lèvres de la belle qui se dirige vers son interlocuteur pour se saisir des pognes masculines, comme une mère le ferait avec son enfant désobéissant.  « Il n’y a pas d’offense ser Dralvur. Cela fait maintenant vingt ans que je sers la famille Ebonhand. L’oisiveté me rendrait folle, je vous assure. » Les prunelles cristallines harponnent les yeux troubles du lord et elle appuie ses dires d’une pression téméraire dans ses paumes épaisses.  « Je ne supporterai pas d’errer dans votre demeure à n’avoir que mes pensées et souvenirs à ressasser. Vous êtes quelqu’un de respectueux, ser, et j’apprécie vous servir - mais surtout, vous aider. » Après cette confidence sincère, la donzelle plisse les yeux d’un air faussement accusateur.  « Maintenant, si vous voulez bien cesser d’houspiller vos domestiques et vous calmer... » L’elfe l’entraîne de nouveau vers sa chaise pour l’y faire s’asseoir et lui rapporte la tasse encore fumante d’herbes infusées.  « Tenez, buvez. Je vous assure que cela vous fera du bien. » Pour ne pas dire qu’elle espère que ça puisse dissiper les effets de l’alcool sur ses pensées hasardeuses. Immobile devant lui et les mains plantées sur les hanches, elle ne le quitte pas de ses yeux inquisiteurs, espérant le voir enclin à accéder à sa requête.
Laissant un bref silence s’égrener en guise de pression supplémentaire, Irinwe se saisit d’une chaise qu’elle ramène aux côtés du lord pour y prendre place à son tour. Entremêlant ses doigts dans une posture songeuse, elle finit par lever ses mirettes troublées vers lui.  « Comme vous vous êtes si gentiment proposé de prêter une oreille attentive à mes craintes et appréhensions, sachez que je ne serai guère gênée d’entendre les vôtres. Qu’importe que je sois une domestique ou même une lady - considérez simplement que je suis votre amie. » La remarque a beau être culottée, Irinwe espère que ser Dralvur ne s’en offusquera pas.
Arrangeant machinalement sa chevelure, elle baisse finalement les yeux vers le sol crotté avant de reprendre dans un souffle désespéré.  « Monseigneur... Je me dois d’essayer de retourner au palais. Ma place est auprès d’Elle et peut-être me croyez vous naïve, mais j’ai bon espoir qu’on puisse me laisser la servir à nouveau. » Voilà un aveu confus qu’elle distille au gré de ses murmures. Malgré le fait qu’elle rechigne à quitter la demeure de l’Ours Cendré, redoutant de le laisser seul en proie à ses obscurs fantômes, la loyauté et l’affection qu’elle porte à Jora lui offrent une féroce pugnacité - comme une louve protégeant férocement sa portée quitte à y laisser sa peau.

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MessageSujet: Re: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptyLun 14 Avr - 15:16

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irinwe & dralvur

Imbibé comme une éponge de laquais, l’Ours dressé sur ses pattes postérieures finit par jeter un regard brumeux sur l’elfe. S’il n’était pas si preste et agile, s’il n’était, pour tout dire, qu’un piètre bonhomme à l’équilibre douteux, il est fort à parier qu’il serait déjà à tituber sur place comme ramure au vent. Misérable spectacle que celui-ci même où il se constate vagir et tempêter contre le bois centenaire de l’huis clos, la bouche pâteuse d’une âpre colère et les pensées ballotées par les flots de l’alcool. L’autorité farouche jetée sur lui par une injonction tacite l’éveille quelque peu de son esclandre soliloque. Brusquement mutique, obéissant visiblement à la sommation, il contemple la servante – ou plutôt la noble domestique – venir à lui et lui empoigner les pattes avec sollicitude. Perdu dans une nappe subite de léthargie, le lord se laisser faire tandis que la jeune-femme – pas si jeune, en l’occurrence – lui assure apprécier, et même requérir, cette vie de labeur pouvant dompter ses sombres tumultes. Par tous les dieux, quel âge peut-elle bien avoir ? Tandis que les lippes féminines s’agitent en des vagues d’éclaircissements, les orbes hagards du patriarche observent la moindre ridule tapissant le faciès opposé, comme pour y déceler la vétusté camouflée derrière la finesse d’un jeune visage. Si la bière n’éclaboussait pas à ce point ses terminaisons nerveuses, il est certain qu’il ne ce serait aucunement laissé aller à l’examen discourtois de cette sibylline effigie. Elle est pourtant si proche, qu’il croit déceler derrière une commissure cent ans d’âges et peut-être bien plus encore. Par Catharsis, qu’est-il sinon un fétu de paille devant la sagesse antédiluvienne dont cette femme fait preuve ? Envahi par un gaucher embarras, l’âme peu fière de se montrer sous un tel jour – plus encore devant Irinwe –, Dralvur finit par dévier ses calots.

Le séant croulant avec pesanteur dans le fauteuil sous un soupir de bête agonisante, il récupère le breuvage entre sa paume sans se laisser aller à de quelconques protestations. Après tout, pourquoi pas. Portant à ses lèvres la coupe en étain, il se met avaler de petites gorgées plus par fatigue que réelle appréhension du goût. La mixture n’est pas mauvaise, mais elle est loin de l’émerveiller comme la liqueur elfique a pu le faire en cette morne fin d’après-midi. Le regard un instant perdu finit par glisser sur la dame qui, à son tour, s’assied. « Une amie, voilà qui me convient », fait-il avec douceur, l’ombre d’un sourire joignant les rebords de sa coupe. N’est-ce pas ce qu’elle est, après tout ? Ni véritable servante, ni véritable invitée, et pourtant, déjà chère au cœur du vieil Ours Cendré qui ne manque d’apprécier chaque instant passé en la compagnie d’Irinwe. Une nouvelle gorgée se met à couler dans sa trachée de feu, mais le liquide manque de l’étouffer à la nouvelle énoncée. Toussant entre ses doigts hissés par reflexe, il invite soudainement un silence étrange à venir s’installer entre eux deux. Trouver les mots adéquats lui semble être une bataille des plus harassantes, en cet instant même, autant à cause de son ébriété narcotique que de ses élans contradictoires molestant ses pensées. « Eh bien, je savais que ce moment viendrait … ce n’est pas comme si c’était une surprise. » La mine sombre du ser n’est pourtant en rien indulgente, on la croirait même contrariée. « Il m’est toutefois difficile de cautionner une telle décision. Je ne vous crois pas naïve, Irinwe, mais peut-être bien aveugle … comme j’ai pu l’être, naguère, auprès de Son père. » Le sera-t-il encore auprès de Jora ? Croit-il servir des idéaux plutôt qu’un être fait de chair et d’os ? Sa propre dévotion est-elle aussi obscurcie que celle de l’elfe austral ? Qui diable croit-il duper derrière son bastion impartial et ses stratégies politiques … ? L’Histoire recommence, inlassablement. Peut-être que Irinwe n’est que son propre reflet, et que ce reflet terrifie son esprit. « La cour est une arène … une jungle de laquelle on ne peut guère voir venir les attaques … », il coupe sa parole en se souvenant que la dame n’est pas étrangère à Jernvugge, loin s’en faut. Expirant les yeux clos, il se reprend, abandonnant les œillères de la mauvaise foi. « Restez prudente. Promettez-le moi. » Et de ce fait, le lord appose son aval, avant de reprendre, d’une gravité de maître. « J’appuierai votre demande auprès du roi, peut-être pas de manière explicite car je me dois de rester neutre, et, par la même, éviter de me montrer partial envers les besoins de la princesse, mais je ferai en sorte de vous aider. » Reposant la coupe, le front soucieux, il paraît se perdre dans les dédales d’inquiétudes occultées. Néanmoins, une faible clarté vient scinder son regard, une fois qu’il le pose à nouveau sur le faciès délicat. « Je dois avouer que vous savoir auprès d’elle allègera quelque peu mon cœur. Au moins aura-t-elle un visage familier avec qui parler, une bonne âme pouvant veiller sur ses tourments. » Un phare dans la tempête, aussi bien affectif que psychologique. Retrouver sa nourrice apaisera peut-être la noirceur ayant pu éclore chez la princesse Jora, un tumulte dont, étrangement, il ne doute guère. Peut-être a-t-il trop côtoyé feu son père pour être tout à fait confiant sur la clarté des vagues sondant l’essence des Ebonhand.

Soupirant enfin, pris d’une fatigue perceptible, il s’en vient appuyer son rachis contre le dossier de son fauteuil, dévisageant Irinwe à travers un regard adoucit, voire tendre. « Vous allez me manquer. Vraiment. » D’une pudeur nobiliaire, il ne manque pourtant pas de lui avouer la peine éprouvée par son proche départ. Puis, plus léger, il indique d’un vague signe de menton le gobelet en étain : « Vos breuvages aussi. » Et toute cette douceur éthérée manquant cruellement à sa vie d’ermite, assurément.

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Irinwe

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MessageSujet: Re: The guise of man - Dralvur Snowhelm   The guise of man - Dralvur Snowhelm EmptyMar 15 Avr - 10:41

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The guise of man.



L
a préceptrice ne voit aucune offense dans la contemplation silencieuse de son vis-à-vis, elle qui ne s’encombre guère de pudeur ou de gêne lorsqu’il s’agit de prendre la situation en mains. Si elle se permet avec autant d’aisance de glisser ses recommandations à l’oreille du chevalier, ce n’est que pour espérer calmer son irascibilité du moment et lui insuffler la tranquillité d’esprit. L’alcool n’aidant rien à la tâche, elle lui intime de boire l’infusion comme elle l’aurait fait avec un malade qui serait dans la nécessité de se soigner. Elle comprend sa lassitude, ses égarements, ainsi que sa difficulté à accepter qu’on moleste son honneur comme s’il n’était qu’un vaurien et vil comploteur. Un serpent pernicieux, s’enroulant suavement autour d’une nuque avant de la briser sans le moindre état d’âme.
Irinwe décele l’étincelle honteuse qui s’éprend du lord avant qu’il ne concède à s’asseoir, résigné et dépité. Elle l’examine silencieusement, se rassurant de ne pas voir une grimace écœurée ébranler le faciès du chevalier qui goutte finalement sa décoction. Elle se fend d’un sourire charmé lorsqu’il lui confie la considérer en tant qu’amie. Si cela ne l’offense guère d’être assimilée à des basses besognes tant ça ne rythme pas son quotidien dans un cruel manque de considération, l’elfe tire une grande satisfaction de la décence avec laquelle on la traite.
Lorsque vient le moment de l’aveu douloureux, lequel fait vriller le regard cristallin de la préceptrice en direction du parquet sombre, ser Dralvur manque de s’étouffer en avalant une gorgée de sa tisane. Il tente tant bien que mal de s’éclaircir la voix et la belle redoute sa réaction, détaillant brièvement sa mine grave dans une expression confuse. La belle entremêle ses doigts en l’écoutant parler de ce ton réprobateur qui la blesse dans ses certitudes, puis elle redresse le chef pour croiser les mirettes inquiètes de son interlocuteur. Aveugle, comme il l’a été auprès d’Hulgard Ebonhand. La comparaison la sidère même si le trouble se fait fugace sur le visage fin de la sylphide. Est-ce vraiment comparable ? Cette affection et cette loyauté qu’elle porte à Jora au point d’y risquer sa peau ? Dans un froncement de sourcils, Irinwe réfute poliment ses remarques. Elle brûle de cette envie de lui dire que Jora n’a ôté aucune vie, elle - même si ce n'est pas totalement vrai mais le secret est scellé entre ses lippes de femme d'honneur. Mais à quoi bon s’empêtrer dans un débat qui pourrait être blessant ? L’Ours Cendré, de par sa désapprobation ne lui prouve qu’une seule chose - il craint pour sa vie, et elle ne peut qu’en être honorée. Ou préoccupée. La donzelle ne désire pas accabler davantage son hôte de chagrin et d’inquiétudes, surtout en cette période déjà fort sombre. La mise en garde du lord au sujet de la Cour s’avorte pour laisser place à un soupir résigné et à une retraite intérieure qui arrache un regard contrit à la belle assise à ses côtés. Évidemment qu’elle préfèrerait obtenir son aval, se refusant de partir fâchée avec celui qui l’a accueilli pour écouter et comprendre ses lamentations. Mais elle sait aussi qu’il ne peut la garder ici indéfiniment. Car elle est son invitée, pas sa captive.
Puis l’homme plie face à l’inévitable et lui demande de lui promettre d’agir avec prudence. La préceptrice étire un triste sourire avant de lui répondre dans un murmure. « Je vous le promets ser Dralvur. Tout se passera bien. » A vrai dire, elle n’en sait rien, mais à quoi bon s’enchaîner à des incertitudes qui ne serviraient qu’à freiner sa témérité protectrice ? Tout le monde a besoin d’être rassuré, et lord Snowhelm le premier en ces tristes circonstances. Alors qu’il explique pouvoir glisser quelques mots à l’Usurpateur dans l’espoir de la faire entrer au palais pour être prés de la princesse, l’expression d’Irinwe se teinte d’une profonde gratitude. Pour sûr que cela puisse l’aider, elle qui n’a pas vraiment d’arguments d’envergure à faire gober à la famille royale. Elle n’est qu’une domestique, une elfe qui plus est - et rares sont ceux qui s’encombrent de compassion pour le petit personnel. « Merci ser. Cela signifie beaucoup pour moi, vous pouvez vous en douter. Mais soyez prudent vous aussi. Je ne pourrai supporter qu’il vous arrive quoi que ce soit par ma faute. » Lui confie-t-elle en toute quiétude. Et pourtant, la belle sent son estomac se nouer, à réaliser que l’homme assis à ses côtés se doit d’affronter la Cour et se confronter à ces jeux de pouvoir en risquant de se voir démasquer jour après jour. La réflexion affectueuse qu’il lui offre vis-à-vis de la princesse, qu’il serait rassuré à savoir auprès d’elle, lui fait darder son regard dans le sien dans une franche complicité. « Je n’ose pas même imaginer la souffrance endurée par la princesse, contrainte à rester cloitrée dans sa chambre sous le joug de l’Usurpateur. Au moins pourrais-je essayer de lénifier ses turpitudes. Je l’espère. » La belle hausse les épaules, ses traits chaleureux s’imprégnant d’une douce mélancolie. Elle redoute de trouver lady Jora anéantie par sa récente détention, mais ses craintes doivent être tues. Il lui faut la voir.  
Lord Snowhelm s’installe péniblement contre le dossier de sa chaise avant de lui confier avec tendresse que son absence saurait l’éprouver. Les prunelles cristallines d’Irinwe se visse dans les calots de bronze et elle se fend d’un sourire sincère, touchée par l’aveu de l’Ours Cendré. L’elfe ferme les paupières en l’espace d’un instant, se remémorant son arrivée impromptue chez le seigneur Snowhelm et les réactions de ce dernier face à sa détresse. « Vous êtes un homme bon, ser Dralvur. Vous avez su intimer paix à mon esprit tourmenté. Vous êtes mon seul allié dans cette bataille et je ne sais comment vous remercier pour ce que vous avez fait. » Elle examine le faciès masculin, empreinte d’un attachement sincère pour celui qu’elle est peinée de voir malmené par les déboires. « Enfin si. Acceptez cette modeste preuve de ma reconnaissance. »
Sans trahir la moindre hésitation, la belle se penche par dessus l’accoudoir de sa chaise pour s’approcher de Dralvur et déposer un furtif baiser sur sa joue barbue. Elle ne saurait expliquer le cheminement de cette complicité née entre eux et espère simplement que même si elle n’est guère à sa place dans ce témoignage affectif, le lord ne le relèvera pas. Elle s’écarte finalement, un doux sourire aux lèvres, puis se redresse en époussetant machinalement ses frusques. « Vous me manquerez aussi, mais ceci n’est pas un adieu ser Dralvur. Je vous suis dévouée, aussi bien qu’à la princesse, et je ne supporterai guère de vous voir contraint à la morsure morose de vos tracas tentaculaires. » Elle lui coule une œillade amusée avant de reprendre dans un chuchotement . « Je reviendrai, soyez en sûr. »
Une expression espiègle vient à conclure leur face à face avant que la belle ne tourne les talons pour franchir l’huis de la chambre seigneuriale, espérant que toutes les paroles échangées ne sont en rien le fruit de quelques vaines espérances.


Fin

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