Jetant un énième regard par dessus son épaule afin de s'assurer qu'aucune pair d'yeux importune ne l'épie, il coule de longues et rapides foulées vers la porte, se faufilant dans l’entrebâillement et la ferme dans le plus grand silence. Sitôt entré, il l'aperçoit, s'érigeant de toute sa hauteur, contemplant quiètement le paysage, sans nul doute absorbée par le flot tumultueux de ses songes. Au dehors, l'astre coruscant choit par delà la ligne d'horizon, laissant les ténèbres vespérales plonger le monde dans la pénombre. Dans ce clair-obscur naissant, Warwick peine à distinguer clairement le galbe concupiscible de sa promise qui hante pourtant chacun de ses rêves. Oui, c'est indéniable, Helena est d'une beauté ineffable, époustouflante, qui laisse coi même les plus hardis des hommes ; des cheveux de soie, un minois façonné par les dieux eux-mêmes, des yeux opalins où luisait une bonté espiègle et, le plus mirobolant dans tout cela : elle lui était fiancée. Cette anodine pensée lui arrache un sourire que d'aucuns auraient qualifié de carnassier, cette simple prise de conscience lui fouillant ses instincts les plus basaux, faisant affluer en son esprit mille et un songes stupreux. Il allonge des foulées feutrées, fermant la distance entre eux et passe son bras noueux autour de son cou, se plaçant dans son dos. Elle tressaute mais recouvre sa tranquillité instantanément, reconnaissant l'homme se tenant derrière elle. « Vous êtes venu. » souffla-t-elle, une inflexion surprise dans sa voix mélodieuse. Le Clanfell ne répond rien, peu désireux de galvauder son temps en de futiles palabres, et appose ses lippes affamées et brûlantes au creux du cou de la demoiselle, ce qui suscite chez elle un soupir frémissant. Ce son est musique aux oreilles de l'Émissaire, qui déjà sent son âme s'embraser et de vénériennes aspirations poindre. Il ne doit pas se soumettre à l'empire de ses vices, l'objet de sa visite est tout autre. Sa main libre plonge dans le revers de sa somptueuse tunique, son autre dextre recouvre les lèvres de sa promise et, d'un geste rodé, Warwick enfonce la dague dans le dos de la splendide nymphe. Une simple exclamation de stupeur et c'en est fini, la demoiselle s’affaisse dans l'étreinte venimeuse et létale de son fiancé, elle choit, inerte, tel un pantin auquel l'on aurait coupé ses fils, son cadavre gît dans une étendue grenat, ultimes nimbes d'un ange déchu. Trop docile, trop amène, dénuée du moindre zeste d'audace, de naissance moins prestigieuse que celle du Clanfell de surcroît, elle aurait été une épouse trop passive, simple spectatrice du théâtre cruel de la politique, dont les occultes arcanes lui étaient étrangères, régissant Middholt. Ce crime ne maculera point son âme de quelconques tourments ; ce fut un mal nécessaire. S'unir avec une descendante d'une famille vassale et emprunt d'une telle langueur ne servirait pas ses desseins, cela les entraverait même de poids perpétuels. Jadis, le père de Warwick avait péché par son fatalisme et sa oisiveté, invoquant sa qualité de cadet pour excuser sa paresse patente, se prélassant dans sa basse noblesse, n'échafaudant point de stratégies afin de hisser vers des cieux plus hauts et plus favorables. Le Séraphin Noir n'a pas ce défaut  et peu importe les exigences de son géniteur, il n'est enclin qu'à épouser une femme taillée dans la même étoffe que lui. L'acte qu'il vient de commettre démontre sa volonté adamantine; son ascension est irrépressible et sa passion impérieuse.

Félicitations, très cher pion, et bienvenue sur l'échiquier de Frostfall. Gare à toi, parce qu'ici, la félonie est un plat qu'on sert à toutes les sauces...

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   Sur ce, nous te souhaitons bon jeu sur Frostfall et espérons que la Fatalité te sera favorable !