La nouvelle version de Frostfall est arrivée ! Rendez-vous dans ce sujet pour en savoir plus.
Avis aux nobles, n'oubliez pas de recenser votre maison ici, si ce n'est déjà fait.
N'oubliez pas de voter pour Frostfall sur les top-sites une fois toutes les deux heures ! Plus on a de votes, plus on a de membres.
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Partagez
 

 Sylarne Clanfell — That's all the truth I know.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
Afficher
ARRIVÉE : 24/11/2013
MURMURES : 1919



Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. Empty
MessageSujet: Sylarne Clanfell — That's all the truth I know.   Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. EmptyVen 25 Avr - 4:18

Underco.

Revenir en haut Aller en bas
Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
Afficher
ARRIVÉE : 24/11/2013
MURMURES : 1919



Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. Empty
MessageSujet: Re: Sylarne Clanfell — That's all the truth I know.   Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. EmptyVen 25 Avr - 5:32

Fiche © Quantum Mechanics
sylarne clanfell
that's all the truth i know

Septembre, 5E 930.
Sylarne a trente et un ans.

E
ssaim agité, abeilles s'affairant dans un bourdonnement incessant qui se déclinait en cliquetis métalliques plutôt qu'en agaçante acouphène. Elle était là, stoïque, une main se faisant carcan d'un hyalin calice mouillé de vermeil, le grès malachite de ses prunelles se laissant buriner par les flavescents éclats d'un soleil à l'agonie dont le substrat sanguin s'étiolait en érubescentes nuées opalines. « Lady Clanfell... » Elle ne dédaigna se retourner quand le tintement du chrome parvint à ses oreilles, encore moins quand la lourdeur de la pièce où l'oxygène se raréfiait eut porté sa déférente apostrophe jusqu'à elle. « Votre frère m'a sommé de vous faire quitter Fortrekke. Il vous ordonne de me suivre. » La léonine prunelle se détacha des flammes du ciel pour sonder l'ondée rougeoyante qui s'épanchait en tremblements imperceptibles dans le calice. Il lui ordonnait. Comme si elle avait été un de ses roquets à la laisse écarlate liserée d'argent. « Je n'ai, en cette matière, que faire des ordres de mon frère. Et je ne quitterai pas Fortrekke, dusse-t-il me supplier à genoux. » Le soupir du féal cerbère souligna sa glaciale verve alors qu'il s’apprêtait à la relancer. « Le ser Clanfell m'a enjoint d'utiliser la force si jamais vous vous refusiez à honorer sa requête. Je vous prie, ne m'obligez pas à le faire. » Bien sûr. Synric ne s'avouerait pas vaincu si rapidement. N'aurait-il pas dû, en bon patriarche et grand frère se rendre lui-même à Fortrekke pour mettre sa sœur en sûreté ? S'il n'avait pas daigné lui faire part de ses plans, s'il n'avait pas répugné à lui demander son avis, elle n'aurait pas rejeté sa demande avec autant de morgue et refusé la protection qu'il lui offrait, préférant mille fois voir son ventre déchiré par les rapières de toute la soldatesque rebelle plutôt que de se résigner, une fois de plus, à ses silences et à ses secrets. Son jumeau avait toujours préféré les brasiers de la gloire téméraire aux apyres de la calculatrice rationalité et si l'envie lui prenait de précipiter toute la famille dans les abysses de l'anamnèse par imprudence, elle préférait expier son dernier souffle avant de vivre une telle turpitude. Devant l'interdit de la frondeuse, le cerbère avait franchi les quelques pas qui les séparaient, posant une main gantée sur le parchemin de sa peau. Un bref moment avait suffi à la lionne pour dégainer la dague qui sertissait sa cuisse, désarçonnant son adversaire par la surprise avant de lui coller l'arme sous la gorge, le plaquant au mur avec une rapidité effarante. « Ne vous y trompez pas, ser Greer, je n'aurais aucun remord à ajouter un peu plus d'écarlate aux ornements du château. » La lame s'accrocha à sa gorge, juste sous la pomme d'Adam alors qu'elle exerçait une pression plus importante sur le vélin ombragé de barbe de sa peau. « Je vous fais la promesse que vous regretterez d'avoir cru que de tous les lions j'étais la moins redoutable. Contrairement à mes frères, je ne me laisse pas dompter par vos codes d'honneur et vos révérencieux principes. Maintenant laissez-moi et faites monter une amphore de myr, si je dois souffrir quelque péril autant que ce soit en bonne compagnie... »

Revenir en haut Aller en bas
Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
Afficher
ARRIVÉE : 24/11/2013
MURMURES : 1919



Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. Empty
MessageSujet: Re: Sylarne Clanfell — That's all the truth I know.   Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. EmptyDim 27 Avr - 17:08

Fiche © Quantum Mechanics
sylarne clanfell
that's all the truth i know

Septembre, 5E 913.
Sylarne a quatorze ans.

«S
ylarne ? » L'aquilon se heurtait au récif de cristal, chargé d'une frigide humidité. Il lui semblait que tous les feux de Fortrekke ne réussissaient pas à chasser les halitueux frissons qui constellaient de vallons le vélin de sa peau. Le jour agonisait, laissant sur l'horizon un linceul versicolore, progressivement happé par de noires nuées. « Sylarne ! » Pourquoi s'intéressait-il à son unique fille maintenant ? Tant d'années, elle n'avait été qu'une inconnue aux yeux de son père, une vague réminiscence qui revenait à lui dans d'égrotants éclairs de lucidité, comme si la maladie rendait enfin à sa mémoire l'acuité. Claudiquant, il avait traversé la loggia, posant une patte sur le bras de sa fille, la tirant brutalement vers lui. Le muscat et l'odeur du bois trempé. Ainsi Sylar Clanfell avait de nouveau décidé de s'étourdir de vin et de chasse pour oublier la honte de n'être plus qu'un reflet de son auguste présence. Une maladroite chute à cheval lui avait percé la cuisse d'un estoc rocheux et désormais l'illustre patriarche n'était plus qu'un clopinant infirme. Les tempêtes de sa colère étaient désormais fulgurantes et violentes, le géniteur éreinté d'avoir trop feint une parfaite santé à la cour toute la journée durant, passant ses nerfs à vif sur le moindre quidam qui croisait son chemin. Le soir n'était désormais qu'un prétexte à une déliquescente dipsomanie et à une brutalité épanchée sans remords. « Cesseras-tu un jour d'avoir sur le visage cette éternelle expression de deuil ? À te voir on dirait que j'ai enfanté une morte. Maintenant, sers-moi du vin, rend-toi utile. » L'haleine avinée l'étourdit un instant, puis il relâcha son étreinte, la poussant vers la table pour qu'elle s'exécute. Ulcérée, elle ne put qu'attacher le malachite de ses prunelles à celles, identiques, de son père avant de lui répliquer, amère : « Les domestiques servent le vin. Moi je suis votre fille, au cas où vous l'auriez oublié, pas un vulgaire échanson. » Si elle s'était préparée au fiel de paroles tranchantes, elle ne s'attendait pas au choc qui la percuta de plein fouet, la faisant choir sur la crédence, entraînant dans sa chute une amphore et quelques sébiles, fragments de verre s'écrasant sur les voliges avant de se river dans la peau délicate de ses mains. La brûlure s'étira sous sa peau, la couvrant d'une empreinte rubicond qui se teintait progressivement de guède, puis de violet. Le dextre lilial creusé de sillons d'hémoglobine s'arracha à l'emprise du sol, tremblant et elle se redressa prestement, les orbes rivés à ceux de son géniteur, le céladon de ses prunelles chancelant sous l'effet d'une magmatique rage qui lovait ses feux à l'orée de son occiput. L'homme traversa les quelques pas qui le séparaient de sa suppliciée, agrippant par les épaules pour l'agiter alors qu'elle se disloquait, poupée désarticulée, entre ses bras puissants. « Ne t'avise plus jamais de me parler de la sorte ou je te ferai murer dans cette maudite loggia jusqu'à ce que ce que ta voix se brise en supplications et que tes ongles se creusent jusqu'à l'os d'avoir trop gratté la pierre. Maintenant excuse-toi, je suis encore ton père et tu ne m'as pas encore enterré... » En un instant la flamme qui rougit sa joue se répandit comme traînée de braises sur sa peau, creusant sa nuque d'une colère qui ne dérougissait pas. Qu'il la séquestre s'il le souhaitait, qu'il la violente s'il en avait envie, elle ne souhaitait plus désormais que lui prouver qu'elle est née Clanfell tout comme lui, qu'elle était lionne et non brebis, aussi cuisante soit l'humiliation qu'il souffrira ou dont il la lestera. Qu'importe, au final. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était que cette damnée maladie l'emporte et qu'avec son dernier souffle lui vienne en tête la fureur de la fauve. N'était-ce pas une manière de la tester et de l'obliger à se prouver ? N'était-ce pas un moyen de savoir si sa fille savait faire autre chose que se murer dans le silence, feulant intérieurement ? N'était-ce pas une façon d'entendre enfin son rugissement ? D'un geste vif, elle quitta l'étau de ses mains, lui dédiant un regard mouillé de haine avant de lui cracher avec défiance : « Le lion ne plie pas le genou devant l'agneau, mon seigneur... »

Revenir en haut Aller en bas
Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
Afficher
ARRIVÉE : 24/11/2013
MURMURES : 1919



Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. Empty
MessageSujet: Re: Sylarne Clanfell — That's all the truth I know.   Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. EmptyVen 16 Mai - 5:52

Fiche © Quantum Mechanics
sylarne clanfell
that's all the truth i know

Mars, 5E 931.
Sylarne a trente-deux ans.

«V
otre Majesté... Ne sois pas stupide, Synric. » Sur la crinière flavescente un cuprifère diadème captant les longs pans solaires pour en faire gemmes nitides ornant le métal poli qu’on avait rivé à son imposante coiffure. L’esquisse d’un sourire amusé s’attardait sur les lèvres fraternelles alors qu’il la toisait, les léonines prunelles masculines s’attachant à chaque courbe jumelle sans l’ombre d’un remord. Sur ses lippes à elle ne fleurissait ni sourire ni félicité alors qu’elle arrachait d’une main preste la tiare pour la laisser choir sur une méridienne. « Te voilà reine, Syla… je dois t’adresser comme tel. » Exhalant soupir sardonique, elle s’amarra à la crédence où gisait sébiles et carafes de vin, faisant couler une cascade grenat au fond d’un calice qu’elle porta aussitôt à ses lèvres. « C’est toi qui aurait dû épouser Jorkell vu l’empressement dont tu fais preuve à asseoir un Clanfell sur le trône. Cela n’aurait-il pas été plus simple que régner par procuration à travers moi ? » Elle mouilla enfin sa lippe d’un sourire ironique, inclinant imperceptiblement du chef pour plonger le malachite de ses orbes dans celui de son frère. « Régner est un grand mot. Le freux semble peu disposé à laisser le lion apposer sa griffe, même sur le plus indigeste des morceaux de viande. Nous voilà bien avancés. » Sa langue s’imprégna une nouvelle fois des capiteux arômes de muscat pendant qu’elle prenait place sur un fauteuil, le sébile trônant entre ses doigts diaphanes comme s’il eut été un sceptre. C’était bien là le seul royaume dont elle était souveraine et les seuls sujets sur lesquels elle souhaitait poser son hégémonie étaient ceux qui fermentaient dans les amphores depuis trop longtemps. Le géminé à la crinière mordorée se glissa derrière elle, encerclant les épaules féminines de ses mains puissantes pour les comprimer avec douceur, un doigt nomade s’attardant à l’angle de sa nuque et de son lobe pour disséminer frissons aériens sur le parchemin de sa carnation. « Tu te souviens des apophtegmes de Père, Syla ? » Les prunelles noyées dans la vacuité, elle laissait les velouteuses fièvres s’éprendre de son corps. Un rictus cynique passant la frontière étanche de sa bouche pour se substituer à sa voix feutrée. « Comment les oublier ? Il n’avait que ça aux lèvres, des maximes… » Une main masculine s’était aventurée sur la soie carnée de la gorge offerte, engoncée dans un corset de satin cinabre. « Même à l’ombre le lion gouverne. Tout ce que voit le soleil est son domaine… » La voix féminine se mêla, machinale, à celle de son géminé. « …la lune, même, n’est pas souveraine. Même à l’ombre le lion gouverne. » Cet aphorisme était de loin le plus ridicule qu’elle eut entendu de la bouche de Sylar Clanfell et pourtant, il lui semblait désormais se réifier sous ses yeux. Dans l’ombre du freux la lionne était souveraine. Le dextre filial se rivait à l’arrête de sa mâchoire, un doigt hardi glissant sur sa joue alors qu’il empoignait doucement son menton pour faire courir ses lèvres sur la courbe de son visage. « Les Clanfell n’ont jamais été aussi près du but, Syla… » Fauve, il s’approchait des lèvres jumelles, son souffle se heurtant au récif halitueux du sien. Mais déjà elle se soustrayait au magnétisme de son géminé, détournant le visage de celui qui le gardait captif. « De ton but à toi, Synric… Si nous avons tout partagé jadis, nous ne partageons pas ça. » Elle sentit l’apyre de son regard se faire flammes pendant qu’il vrillait son visage de prunelles noires. Sur son propre visage la lithiase était demeurée stoïque, ses lippes résolument closes en un silence placide. « Mon but à moi ? Et quel est le tien, je t’en prie ? Qu’est-ce qui justifie que tu me tournes le dos ainsi pour fuir mon regard, Syla ? Dis-le-moi ! » De feutrée sa voix était passée à magmatique. Elle soutint de nouveau le regard de Synric, le masque de flegme soudainement lézardé par une morgue qui lui arracha presque un feulement. « Je n’ai jamais voulu de tout ça ! Le mariage, la couronne, le pouvoir, l’influence… tout ça, c’est toi qui le convoite et qui l’a toujours convoité, comme si tu devais te faire l’épigone de Sylar et porter son stupide héritage à bout de bras ! » L’imperturbable lithosphère se faisait désormais brasier qui s’agrippait à son épigastre pour laisser sur ses lèvres un âcre goût de cendres. Elle se leva, posant ses mains sur les bras du fauteuil pour faire face à son frère. « Non content de m’avoir imposé ton absence, de m’avoir obligée à apprendre comment jouer la docile chatte de compagnie en présence d’hommes, voilà que Sylar, même muselé par le sépulcre, vient s’assurer de la pérennité de mes chaînes à travers toi ! » Sur les traits de son frère elle put lire l'exaspération alors qu'il lui lançait, excédé : « Mais que veux-tu, Sylarne à la fin ? » Entre ses lèvres se glissait un souffle, soupir leste qui témoignait de sa lassitude. Elle riva une fois de plus ses prunelles aux siennes. « La liberté de choisir. »

Revenir en haut Aller en bas
Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
Afficher
ARRIVÉE : 24/11/2013
MURMURES : 1919



Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. Empty
MessageSujet: Re: Sylarne Clanfell — That's all the truth I know.   Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. EmptyLun 26 Mai - 5:28

Fiche © Quantum Mechanics
sylarne clanfell
that's all the truth i know

Juillet, 5E 906.
Sylarne a sept ans.

«E
lle ressemblait à quoi, maman, tu crois ? » Le lionceau avait une crinière flave qui s'attachait au vent. L'autre gamin amarra plutôt l'émeraude de ses prunelles à la silhouette féminine étendue dans l'herbe, ses cheveux d'or déployés en corolle autour de son corps puéril et diaphane. « Elle ressemblait à Sylarne. Je suis certain qu'elle lui ressemblait... » Tout autour d'eux n'était qu'étendue d'émeraude, mouchetée de sinople et d'orfrois smaragdins. Les prunelles léonines de l'aîné s'attardèrent sur l'épigone féminine, puis revinrent, capricantes, vers le puiné. « À Sylarne, vraiment ? » La perplexité avait oint son phonème, le cadet se renfrognant en tordant une lippe incertaine. Déjà, l'attention de Synric voguait à nouveau vers sa jumelle qui, sentant peut-être les émeraudes de son frère la mirer, tourna la tête vers lui, sa chevelure cuprifère glissant sur son épaule pour se lover sur son cou frêle. Sur les lèvres églantine parurent un sourire et la fillette se releva sur les genoux, plaquant ses paumes sur l'herbe pour les rejoindre, à quatre pattes, une expression joueuse sculptant son visage séraphique alors qu'elle s'avançait vers son géminé à la manière d'un félin. Lorsqu'elle eut atteint sa moitié, elle se jeta dans ses bras, roulant sur lui avec des éclats de rires qui, caresses tièdes, vinrent s'écraser sur la peau du jumeau qui se saisit de la taille de sa sœur pour l'obliger à se relever, la bouche toujours fendue d'une risette. Les iris nippés de céladon de la fillette s'attardèrent un instant sur Ehvan pour faire un bond jusqu'aux mirettes de Synric. « Qu'est-ce que vous faites ? » Le jumeau leva les yeux dans l'empyrée, captant quelque volucre au vol avant de revenir sur sa moitié, haussant les épaules. « On se demandait de quoi maman avait l'air. » La sentence arracha à la jeune lionne une nostalgie qui la happa toute entière, sa bouche devenant cloître d'où elle ne laissait fuser que silence. Mais la pétulance de leur cadet eut raison de leur mutisme baigné d'évanescentes réminiscences. « Synric croit que tu lui ressemblais. Mais moi je ne crois pas. C'est à Syn que tu ressembles pas à maman... » Serrant les poings, Sylarne vrilla son puiné d'un regard torve. « Qu'est-ce que t'en sais, toi ? Tu ne l'as jamais vue ! » Sous la carnation jouvencelle bouillait une magmatique colère, feu issu de l'asthénosphère instable de ses affects, une bile qu'elle ne tarderait guère à déverser sur le lionceau avec verve. « Bah toi tu étais trop jeune pour t'en souvenir, d'abord ! » Ulcérée, la fillette apposa ses pattes sur les épaules de son frère, le faisant basculer dans l'herbe avec rage. « Je l'aurais connue si ça n'avait pas été de toi ! Je te déteste, Ehvan ! Je te déteste ! » Déjà, les brasiers s'étaient faits averses, des perles hyalines déchirant le mirador carné de ses paupières pour venir s'étirer en rigoles cristallines sur les joues échauffées. Le lionceau éconduit croisa les bras, apostrophant son aîné pour lui réclamer son aide. « Elle est méchante avec moi, c'est de sa faute à elle, tu le sais, Synric ! » Le géminé ouvrit les bras, recueillant le corps sanglotant de sa jumelle, les prunelles mussées derrière un faciès visiblement contrarié. « Tu serais mieux de partir, Ehvan. » Avalé par une stupéfaction acrimonieuse, le cadet itéra, la voix éprise d'injustice : « Mais, c'est elle qui... Va-t'en !  » Exhalant un soupir rageur, le cadet se leva, quittant les jumeaux réunis avec hargne. Et sans le savoir, le frère et la sœur partageaient le sel de mêmes larmes, un atrabilaire fiel qui les amalgamait tous deux.


S
ynric passa un pouce amène sur la joue de son épigone, amarrant son front à celui de sa sœur, un sourire réconfortant calqué sur sa lippe. Dans cet intime conclave il sembla à Sylarne que le monde cessait d'exister, que tout ce qui gravitait autour d'eux n'était que mânes, spectres immatériels dont ils n'avaient à craindre que la frigidité, trouvant chaleur et refuge dans le diapason de leurs deux corps qu'on avait scindé à la naissance. La jeune fille tourna vers son géminé des yeux suppliants, toujours vitrifiés de larmes. « Je t'en prie, je t'en conjure, Synric, ne me laisse pas... » Lui parvinrent le son évanescent des ordres qu'on aboyait, des coffres de bois qu'on chargeait dans les diligences. Bientôt le lion quitterait la tanière vers les Tours d'Airain, laissant dans son sillage une jumelle éplorée et un cadet éprouvé. Refermant sa main sur celle de sa jumelle, il croisa leurs doigts, ses orbes smaragdines toujours rivées à celles de Sylarne. « Je reviendrai, Syla. Je ne veux pas te quitter, tu le sais, mais je n'ai pas le choix... » Il semblait à la jouvencelle que cent glaives mordaient son épigastre, lui arrachant le souffle pour ne laisser derrière qu'une poitrine creuse et un cœur lacunaire. Que deviendrait-elle sans lui ? Elle voulut souffrir les pires géhennes encore et encore uniquement pour ne pas vivre ce pandémonium-là. Elle ne concevait rien de pire en cette turpide existence que d'arracher une moitié à un tout, que d'amputer ainsi sa chair et son sang, l'extirpant d'un exuvie déjà consommé par la vacuité. Sur la lustrine de sa peau se déroulaient désormais rubans de cristal liquide, ses iris se chamarrant d'une nitide affliction. « Je vais mourir sans toi... » Une dextre vint se lover contre son menton pour le relever vers lui, puis il pressa ses lèvres contre les siennes, soutirant chaleur à ces lippes meurtries de pleurs, goûtant le sel de ses larmes pour en chasser la corrosive empreinte. Rien pourtant dans cette étreinte inopinée ne leur semblait contre-nature, n'arrachant même pas à leurs corps juvéniles la moindre langueur. Qu'une caresse vouée à chasser de leurs enveloppes charnelles un hiver qui les poursuivait même en été. Lorsqu'il rompit leur fusion, il vit dans les yeux homologues un amour qu'il partageait tout à fait. « Tu ne mourras pas, ma Syla, tu es plus forte que ça... » Puis il lui sourit, l'attirant à nouveau à lui pour la lover dans ses bras, une main glissant dans sa crinière flave. « Rien ni personne ne nous séparera jamais, Sylarne... » Puis il enfouit son nez dans son crin mordoré, s'imprégnant une dernière fois de son odeur si familière. « Rien ni personne... »

Ils étaient seuls.
Et pour rien au monde elle n'aurait voulu que s'achève ce moment. 

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Afficher



Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. Empty
MessageSujet: Re: Sylarne Clanfell — That's all the truth I know.   Sylarne Clanfell — That's all the truth I know. Empty


Revenir en haut Aller en bas
 

Sylarne Clanfell — That's all the truth I know.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Sylarne Clanfell
» Sylarne Clanfell — Untamed strings.
» Sylarne Clanfell — Sheep's maze, lion's craze.
» Sylarne Clanfell — The lion never bend knees for a lamb, my Lord.
» All I Want is Truth [ Irinwe - Morgana ]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
FROSTFALL :: Personnages :: Gestion des personnages :: For privé-