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 Sylarne Clanfell — The lion never bend knees for a lamb, my Lord.

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Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
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ARRIVÉE : 24/11/2013
MURMURES : 1919



Sylarne Clanfell — The lion never bend knees for a lamb, my Lord. Empty
MessageSujet: Sylarne Clanfell — The lion never bend knees for a lamb, my Lord.   Sylarne Clanfell — The lion never bend knees for a lamb, my Lord. EmptyLun 10 Mar - 5:44



Sylarne Clanfell



     

Jeux des apparences

Que la grâce des dieux t'accompagne, Sylarne Clanfell, fille de Septentrion. Que leur clémence te préserve des complots et de la périlleuse valse des poignards, toi qui a déjà affronté trente-deux hivers et s'en est sorti indemne. Que tu sois reine consort d'Ibenholt ou simple vagabond, sache que c'est d'un œil intrigué que te jaugent les rois et les reines de jadis, passant tes jours au fil d'une rapière qu'on appelle Jugement. Puissent les augures du mois de décembre t'apporter prospérité et bonne fortune et puisse tes congénères d'Ibenholt t'apporter leur appui et leur soutien dans les intempéries. Souhaite que ton statut de noble t'empêche de glisser dans le gouffre de l'oubli et puisse ton cœur éperdu de mariage trouver libération dans les neiges des Terres du Nord. Bienvenue au Cimetière des dieux, bienvenue sur Middholt, bienvenue sur l'échiquier...

   

Jeux des ambitions

Moralité : L'esprit tortueux de la reine peut admettre la double-pensée, peut concevoir l'existence simultanée de codes moraux complexes, voire contradictoires. Elle compartimente sa conscience avec autant de facilité qu'elle se glisse dans l'incertitude des esprits qui tentent de trouver un dénominateur commun à ses actes. Elle peut à la fois défendre la liberté de certains individus sans hésiter à mettre sa vie en danger et réprimer celle d'autres personnes sans en éprouver ne serait-ce que l'ombre d'un remord. Si elle a du mal à concevoir qu'on puisse choisir de ne pas se battre pour nos convictions, elle accepte néanmoins sans mal de conscience, qu'on tue par amour ou pour survivre, que tous les moyens sont bons pour parvenir à ses buts, à ses objectifs. Pour Sylarne, rien n'est plus valable que ses propres valeurs, elle les universalise sans même songer au sophisme, croyant avec une ombre de naïveté que tous aspirent exactement à grimper à la même échelle qu'elle. Elle respectera inéluctablement ceux qui lui ressemblent, même si leurs intérêts menacent les siens, et elle est capable de reconnaître les forces et les bons coups de ses adversaires s'ils s'avèrent plus rusés, plus intelligents qu'elle. Conséquemment, elle peut exécrer avec beaucoup de morgue ceux qu'elle considère comme inférieurs et entrent dans cette catégorie tous ceux qui ont des valeurs antagonistes aux siennes. Même si elle la conçoit en tant qu'idéal absolu, elle ne croît pas à l'égalité, foncièrement convaincue que tous naissent inégaux, que tant que les Hommes existeront comme ils existent actuellement, cet idéal ne restera que chimère. Elle préfère concevoir l'égalité comme une utopie, ce qui lui permet de vivre avec cette réalité (qui l'affecte, puisqu'elle est née femme) et de s'en servir à son avantage. Elle n'est ni foncièrement mauvaise, ni fondamentalement bonne et le manichéisme est loin de la caractériser. Sa morale est subtile, difficile à saisir, changeante selon ses intérêts et ses sentiments, selon sa logique et son pragmatisme. Elle semble défendre les femmes auprès des hommes qui les considèrent comme inférieures, semble se soucier de l'image que les femmes projettent, de celle qu'elle peuvent projeter pour parvenir à leurs fins. Elle ne voit que comme légitime le fait de se servir des charmes qu'offre le corps féminin pour manipuler les hommes, considérant ceux-ci comme un instrument qui peut réussir là où la simple intelligence a échoué. Par contre, elle préférera cent fois convaincre avec la justesse de sa rhétorique et sa vivacité d'esprit plutôt que de se laisser aller à la facilité de la chair. Elle n'y aura recours qu'en dernier, si la situation s'avère désespérée, mais ne répugnera pas à en faire usage. Même si elle considère l'égalité comme chimérique, elle met les enfants, les vieillards et les femmes sur le même pied d'égalité qu'un homme adulte. Le meurtre d'enfant, de vieillard ou le simple homicide étant pour elle aussi préjudiciable. Elle ne ressent donc pas le besoin de qualifier ces actes ou de les inscrire sur une échelle de gradation de la gravité. Si elle admet que la famille et les liens du sang ont leur importance, elle peut concevoir que certains intérêts peuvent être placés au-dessus des liens filiaux et ne voit aucun inconvénient à défendre des intérêts contraires à ceux de sa fratrie. Par contre, les membres de sa famille qui ont eu un impact significatif sans sa vie méritent d'être défendus coûte que coûte et sa protection envers eux n'en sera que plus grande s'ils servent des intérêts communs. Elle croit que le peuple ne peut se gouverner seul, qu'il n'a pas les outils nécessaire au bon fonctionnement du gouvernement, mais ne placera pas nécessairement ses intérêts du côté de la noblesse qu'elle croît lacunaire : tous les nobles ne sont pas davantage outillés pour régner, certains se complaisant dans l'oisiveté et la facilité. Il est plausible, donc, de la voir former une alliance avec un roturier. Elle est peu encline à croire aux dieux, sa grande confiance en ses capacités lui permettant de se débrouiller sans eux, de réussir sans leur concours. Cela ne l'empêche pas de porter des offrandes à la déesse de l'hiver, plus par superstition irrationnelle que par réelle conviction, une attitude qu'elle ne s'explique pas et qu'elle peut elle-même, en intellectualisant, considérer comme ridicule. Sylarne ne croit pas à l'honneur et à la bonté désintéressée. Selon elle, même ceux qui agissent par honneur ou se prétendent blancs comme neige adoptent cette attitude par arrivisme, dans le but d'être couronnés de gloire ou de lauriers. Sa conviction la plus profonde reste l'arrivisme intrinsèque de tous les êtres vivants qui font le bien ou le mal dans le seul but inavoué et inconscient de plaire aux autres, de se faire admirer ou craindre, de se faire respecter au aimer. Beaucoup la décrivent comme une cynique aux tendances dystopiques, foncièrement pessimistes et fatalistes. Il est vrai qu'elle peut sembler défaitiste, mais elle refuse plutôt d'admettre sa foi en quelques individus capables de transcender les limites qu'elle a elle-même imposées à l'humanité. Elle ne demande rien de mieux que d'être détrompée et que se révèle devant son regard sombre la lumière d'une réalité où tous accepteront de mettre les armes de côté pour vivre en harmonie, même si elle est persuadée qu'elle mourra avant même d'en entrevoir la naissance.

Allégeance : Si elle peut admettre plusieurs codes moraux contradictoires, elle peut également compartimenter ses allégeances, les faire se chevaucher et s'entremêler sans même la plonger dans le dilemme. Elle ne saurait les hiérarchiser, leur accorder une priorité, puisqu'elles se succèdent toutes au sommet de ses priorités, un jour ou l'autre. Elle est d'abord une Clanfell, par son sang et sa naissance, par la main assurée de la fatalité. Elle ne saurait conspirer directement contre sa famille, la tirer dans l'ombre ou la faire chuter entièrement, même si elle est capable de lui nuire à petite échelle pour lui faire bénéficier de ses acquis un peu plus tard. Elle cerne rapidement les intérêts à long terme d'une entreprise qui peut sembler préjudiciable à sa famille à court terme, mais qui rapportera invariablement dans un avenir plus éloigné. Elle ne saurait nuire de façon cruelle à Synric, son frère jumeau, mais est prête à le contredire et à mettre à mal ses plans si le besoin se présente et si elle sent qu'il met lui-même en danger certains intérêts familiaux. Elle doit allégeance aux Ravncrone ensuite, à Lorkhan plus qu'à son époux. Elle ne saurait conspirer contre son mari si cela menait à la défection des Ravncrone, Lorkhan inclu. En outre, face aux revendications de Jora Ebonhand, elle adoptera systématiquement le camp de Jorkell, il en va de même pour les partisans d'un retour de la régence elfique à Ibenholt. Par contre, elle soutiendra Lorkhan contre son père et n'hésitera pas à fomenter dans les complots qui pourraient évincer l'Usurpateur au détriment de son fils. Une chose est certaine, sa survie lui importe plus que ses autres allégeances et elle choisira toujours celle qui lui permettra de conserver la tête hors de l'eau. Si elle peut se hisser au pouvoir, elle s'assure de respecter tous ses engagements et d'être fidèle à sa conscience.
   


   

Jeux du passé

Synric.
« Alors je serai envoyée à la cour pour marier ce Jorkell ? Tu comptais me l'annoncer quand, Synric ? » Un long ruban d'argent s'étirait devant ses yeux, creusant les flancs du Solvkant, chargé de neige et de glace. Une main posée sur le carreau, elle laissait le froid du verre caresser ses doigts et celui de la lande enneigée captiver ses yeux. Un cliquetis lui parvint alors qu'il déposait ses gantelets d'acier chromé sur la table et poussait un soupir résigné, tout aussi désenchanté qu'elle. « Je t'ai laissé trop d'années de répit, Syla, tu le sais... Tôt ou tard, je devais te marier à un autre. » Un sourire avait ombragé ses lèvres un instant, laissant au creux de sa gorge l'amertume de l'ironie. Trop d'années. Durant trop d'années elle était frappée d'un fléau qu'on appelle liberté. Elle devait maintenant payer le prix fort pour être née femme, pour être devenue femme, pour avoir vécu femme sans le concours d'un homme. Payer d'avoir été une femme libre, une femme souveraine de son propre monde, de sa propre couche. Pourtant, Synric posait déjà une main sur son épaule et une autre sur sa taille distillant à la frontière de sa peau une chaleur qu'elle ne connaissait que trop bien, mais jamais assez. Le turquin de ses yeux se perdant dans les vapeurs évanescentes de la brume, elle l'ignorait. Ignorait cette folie qui la targuait, qui l'étreignait depuis qu'il était revenu des Tours d'Airain, plusieurs années auparavant. Elle l'avait laissé partir enfant, il était revenu homme. Et depuis ce temps, tout avait changé, tout n'était que prison, que supplice, que délice et que délivrance... Aujourd'hui, il lui passait encore les chaînes au poignet, mais pour l'envoyer, presque ligotée, dans le lit d'un autre. « Console-toi, ma sœur. Une fois ton mariage célébré, nous serons toujours côte à côte. Mes fonctions de conseiller me garderont près de toi aussi souvent que possible... » Une fièvre s'étirait sur son échine pendant que ses mains glissaient sur son ventre pour l'arracher au paysage hivernal qui dévorait son attention toute entière. Il l'attira à lui, se lova au creux de ses reins pour déposer sur sa nuque un baiser qui se voulait rassurant. Rien n'aurait pu moins la rassurer que la pression de ses mains sur son corps, que ses lèvres fusionnelles puis fuyantes, que ses caresses brûlantes et déchirantes... Rien ne serait plus pareil. Pourtant, le cynisme de la situation la faisait presque sourire devant la fatalité, celle qui avait osé lui arracher son jumeau sept ans durant pour lui arracher encore une fois en l'enchaînant elle-même à son tour. « Voilà une grande consolation que celle de savoir que tu garderas la porte de la chambre nuptiale pendant que mon époux me baisera à loisir... » La colère. Cette sourde compagne qui ombrageait sa silhouette sur le mur, celle qui se découpait dans les torches murales et les lueurs mourantes d'un jour achevé. Elle s'était retournée pour se soustraire à sa tendre emprise, pour capter son regard et y laisser couler le ressentiment avant de l'abandonner, de le laisser à lui-même. « Aurais-tu préféré que je laisse le nom de Clanfell tomber dans l'oubli ? Que cet usurpateur de Ravncrone prenne pour épouse la fille Dragonfall ou celle des Lonerider ? Aurais-tu préféré, dis-moi ma sœur, que je laisse l'homme le plus puissant des Cinq Royaumes épouser une autre femme au risque de rester dans l'ombre de toutes les grandes maisons sans rien dire et sans rien faire ? » Bien sûr que non. Et même si la logique la plus élémentaire commandait les actions de son frère, elle ne savait effacer la blessure profonde qui l'affligeait, suppurait en elle comme une infection et transformait son sang en bile infecte, la forçant presque à cracher l'acide qui tapissait les parois de ses poumons au visage de celui qu'elle aimait le plus au monde. Une partie d'elle était morte, nécrosée par l'ambition et la peur de l'oubli, par l'arrivisme et l'honneur, par tout ce qui commandait aux pères et aux frères de se servir de leurs filles ou de leurs sœurs comme d'une vulgaire monnaie d'échange charnelle, échangeant cuisses ouvertes pour un gramme d'influence ou de renommée familiale. Pourtant, quelque chose en elle lui disait qu'elle n'était pas la seule à payer le prix de la liberté au nom de ce sacro-saint prestige. Il devait s'être vendu, lui aussi. Elle s'avança vers lui, le toisant avec une attitude sardonique avant de lui lancer, caustique : « Et toi, à qui as-tu vendu ton âme, ton cœur et tes bourses ? » Elle lui avait empoigné l'entre-jambes, soufflant un soupir de dédain qui s'accrocha à ses lèvres avant d'être bu par sa conscience alors qu'elle lâchait sa prise sans jamais décrocher son regard du sien.

Brusquement il la plaqua sur le mur, relevant ses jupes pendant que ses lèvres happaient les siennes dans un orage de soupirs languides et qu'il conquérait de ses doigts avides chaque parcelle de ses cuisses avec empressement. Déjà, sa bouche ombrée d'une barbe naissante arpentait son cou, l'habillant de frissons délicieux et lui arrachant gémissements étouffés et chaleurs inespérées. Mais cette étreinte, aussi brûlante et volcanique soit-elle, fut déchirée par le brasier ardent d'une colère qui l'emplissait désormais plus qu'elle ne l'aurait cru et elle le repoussa violemment avant de le gifler, ses yeux opalescents faisant courir sur son visage une traînée brûlante de rage avant d'y voir l'expression médusée de son frère. « Qui, Synric ? Qui t'arrachera à moi encore une fois ? » Un chevalier ne bronche pas. Il avait tenu parole et son serment n'en avait pas été esquinté l'espace d'un instant. Pourtant, la marque écarlate qui s'étirait sur sa joue, s'émaillant de violet avec les secondes, était le fruit d'une force qu'il ne lui avait jamais connue, alimentée par la blessure et ce goût de mordre, plus fort encore, jusqu'à ce que la lionne arrache au lion ce qu'elle désirait : la liberté. Et quelque moelle à se glisser sous la dent...  « Cienna Lonerider. Je l'épouserai dans quelques mois si la reine Ethaìn y consent. » Elle y consentirait, bien sûr. Aussi honorable et méritocratique qu'elle l'était, elle ne pourrait voir en Synric qu'un combattant jamais égalé et qu'un chef de famille idéal. Il donnerait à son écervelée de fille des descendants forts, intelligents, braves. La chose était déjà faite et Sylarne venait de perdre définitivement son frère, la moitié d'elle-même. Mais elle ne serait pas la seule à y perdre gros. Elle y veillerait personnellement. « Des cheveux blonds comme les blés du Val, des hanches bien faites, une taille svelte, des seins fermes... et une jeunesse, une vigueur, une beauté qui n'a pas encore fané et qui ne se fanera pas avant bien longtemps... » Il la prit dans ses bras, la lovant sur son torse alors qu'elle soupirait, terrassée par le chagrin. Il caressa ses cheveux, de longs filaments d'or soyeux qui glissaient entre ses doigts, laissaient au creux de sa main un parfum de fleurs d'oranger et de baies d'Agathée. « Et pourtant, toute sa beauté, n'égalera jamais la tienne, ma sœur, mon amour... » Sylarne avait posé une main sur l'épaule de son frère, goûtant ses lèvres une autre fois, laissant son souffle s'emballer et se heurter au sien alors qu'il vidait la table d'une main empressée et qu'elle l'obligeait à s'étendre sur le bois. Déjà, elle remontait le cours sinueux de son pantalon, laissant ses cheveux blonds auréoler la taille de son frère avant de le couronner d'un halo doré pendant que sa bouche cherchait la sienne, désespérément. Alors que leurs langues se mêlaient dans le creuset de leurs lèvres, il dénouait les lacets de son pantalon, laissait sa sœur explorer de ses doigts les aspérités musculeuses de son abdomen pendant qu'il faisait de même en emprisonnant entre ses mains sa voluptueuse poitrine. Sous la brise parfumée de ses gémissements, il se laissait souffler par la beauté de celle qui était son reflet, par la symétrie de ses traits, par le cristal de ses yeux alourdis de plaisir pendant qu'elle relevait ses jupes pour en ceindre le bassin de son frère, laissant ses hanches suspendues à quelques centimètres de sa virilité, à la frontière de l'inceste. Frissonnant, il la laissa s'emparer de ses poignets pour qu'elle les cloue à la table avec les siens alors qu'elle se penchait sur lui pour l'embrasser à nouveau avant de lui souffler, avec langueur : « Je t'aurais donné cet instant de bonheur, Synric, si tu ne m'avais pas enchaînée à cet homme contre mon gré. Mais je sais quel est mon devoir et je l'accomplirai sans broncher. Le tien sera de jouer à la sentinelle devant la porte de la chambre royale pendant qu'il me prendra comme la docile épouse que je serai et que je gémirai, juste pour toi, sous ses assauts, j'y veillerai personnellement. Sache, mon frère, que tous mes soupirs de plaisir te seront dédiés... »

Puis tout avait cessé. Les caresses, les étreintes, le sulfureux baiser de son corps contre le sien. Plus rien ne serait pareil, désormais.

Lorkhan.
Ne t'encombre pas des sentiments, ils constituent autant d’écueils qui précipiteront ton naufrage. Elle tanguait à la frontière de l'aporie, le piège de fer se refermant sur elle pour la contraindre à l'asphyxie, une situation de laquelle elle ne pouvait s'extirper comme elle le faisait toujours,  en faisant couler des mots sulfureux et languides sur la volonté de son adversaire, le criblant de flèches verbales lestées d'aconit liquide, haleine empoisonnée de persuasion comme seuls savaient le faire les enfants de Septentrion. L'or de sa chevelure ruisselait sur son avant-bras, ceignait son poignet d'un anneau de platine pour orner ses doigts de bagues ambrées alors qu'il s'accrochait à sa joue, impérieux, l'explorant de ses yeux turquin, la dénudant d'un battement de paupières pour faire courir sur le parchemin de sa peau les reliefs d'un frisson voluptueux. Cuir battu par l'envie, sa carnation se tendait dans l'expectative d'une caresse qui se faisait attendre, qui frôlait la chair de sa gorge avec tant de parcimonie qu'elle en aurait hurlé de rage s'il n'avait pas étanché sa fièvre d'une main brûlante portée à ses lèvres pour les parcourir avec ardeur. « Vous frissonnez, ma Reine... » Plus encore, elle en tremblait, déchirée d'inanition, anorexique d'une sensation qu'elle n'avait connue ni aux mains d'autres amants ni à celles de son époux le Roi. Mais elle se priverait de le lui dire, préférant cent fois voir sa carnation se consumer sous l'effervescence du brasier qui assiégeait son ventre, préférant mille fois avaler la cigüe indigeste de l'orgueil que de se laisser gagner par ses paroles onctueuses et ses caresses trompeuses. « Le froid règne en maître à Ibenholt, prince Lorkhan. Et pourtant le lion des neiges persiste à le dominer. » Sur les lèvres blêmes du prince s'étirait l'amusement, sur ses dents lactescentes brillait une imminente averse de mots sulfureux qu'il ponctuait d'un air de proverbiale arrogance. Peu s'en fallait qu'elle lui confie n'avoir jamais voulu épouser Jorkell, ses murmures se perdant dans une gorge nouée par la fierté que lui imposait son patronyme. Les Clanfell jamais ne tendaient leurs armes à quiconque. Une parole amenait bien souvent un orage de poignards, jetait sur eux l'anathème d'une réputation aussi vacillante que les flammes des torches qui claquaient dans le vent hivernal d'Ibenholt. Le lion n'avait à craindre de la corneille que son coassement strident, que ses ailes noires qui emportent avec elles secrets honteux, paroles avilissantes, pour les distiller aux quatre vents.

Déjà, une subtile rhétorique s'instaurait entre eux, émaillait le bal de leurs langues, la valse de leurs paroles et chaque mot semblait mesuré, mille fois pesé avant d'être extirpé du berceau capucin de leurs lèvres dans une exhalaison sucrée de verve calculée. Une journée s'était écoulée depuis qu'elle avait croisé son regard, depuis qu'ils s'étaient toisés dans l'appréhension, étudiant l'autre comme on lit une carte, se perdant dans le relief aquilin de visages frappés par la fatalité, comme si on en connaissait les traits depuis toujours, en ressentant intérieurement les contours comme s'ils eurent été façonnés ensemble pour s'embrasser dans un magnétisme inexorable, pôles antagonistes qui s'attiraient irrémédiablement. Sa chevelure blonde coulant sur celle d'un noir carbone qu'il arborait comme une flaque d'or liquide sur fond de charbon, ses yeux céladon cherchant l'azur céruléen du sien dans une perpétuelle étreinte énigmatique et intrigante. Le vent transportait les vestiges d'une aurore boréale mourante, les reflets turquoise du ciel s'effaçant dans la longue procession des nuages de jais qui en avalait les voiles colorés pour les faire disparaître dans l'horizon, quelque part au-dessus de la silhouette gargantuesque de l'Alenefjell qui somnolait en expirant une haleine gorgée de cendres et de neige. Pourtant l'humidité glaciale de l'hiver ne pleurait pas sur sa peau, attachant ses larmes de frimas sur la fourrure de sa cape qui s'ouvrait sur une robe blanche de voiles aériens. La marque chaude que sa main laissait sur sa gorge l'alanguissait d'un calme tiède. « Comment se fait-il que la Reine ne se trouve pas auprès de son roi le soir de ses noces ? » Ses doigts remontaient le cours de sa robe, s'attardant sur son ventre pour aller rejoindre leurs confrères qui paressaient sur sa gorge. Dans le creux de ses reins elle sentait l'ardeur du prince, sur sa dorsale s'étiraient des langueurs enivrantes alors que le souffle brûlant de Lorkhan embrassait sa nuque.  « Le roi qu'on m'a choisi n'est pas celui que je désire... » Peu importe le roi qu'on lui donnerait, une Clanfell ne saurait y laisser ses griffes, y consentir sa liberté sans lutter à coup de dents. Jorkell lui permettait de gravir un échelon supplémentaire, de s'approcher plus près qu'elle ne l'aurait espéré du trône. Elle saurait s'y asseoir pour y asseoir sa famille, dût-elle passer toutes les nuits de son existence à se languir d'un autre dans les draps glacés de l'Usurpateur.  

« Et quel roi auriez-vous choisi ? Celui qui vous couvre de richesses... » Le contact glacial du métal sur sa peau la fit soupirer, l'éclat des rubis qui perçait le platine du bijou brillant d'un éclat sanguin dans le reflet des torches. Ses doigts se posèrent sur les joyaux qu'il avait attachés à son cou, chevillant son âme à la sienne comme si elle n'avait été qu'une poupée à la volonté disloquée.  « Celui qui vous offre un pouvoir incommensurable et qui vivra assez longtemps pour vous l'obtenir... » Il éveillait en elle les feux d'une envie qui enflammait son âme, faisait pulser le sang dans ses veines. L'arôme capiteux d'un vin auquel elle aspirait depuis si longtemps, en esquissant simplement le goût sans jamais le connaître réellement. Elle voulait qu'ils la voient comme son frère la voyait, elle voulait qu'ils l'admirent tous, comme son frère le faisait. Longtemps les enfants qu'ils étaient s'émerveillaient devant les rois qui pouvaient, d'un seul geste, trancher le fil de la vie ou le raccommoder, ternir une existence jusqu'à ce qu'elle soit oubliée ou la blanchir d'une lumière rutilante jusqu'à ce qu'elle éclipse toutes les autres. Tôt, elle avait appris le poids des mots, jeune, elle avait saisi cette essence immatérielle et intangible du pouvoir qui portant se transmuait en acier, se colorait du rouge sanguin et brillait, couronne sertie de joyaux sur la tête des rois. Le pouvoir était invisible. Il n'existait que par le symbole, que par le sens qu'on lui donnait. Il n'existait qu'à travers le consensus, qu'à travers un subtil équilibre de coercition et de poudre aux yeux. Lorkhan lui offrirait le métal, le jais du trône et l'or de la couronne, elle lui offrirait la poudre, l'apparat et l'artifice, mais aussi la connaissance. « Ou celui qui vous habillera de feu pour faire courir entre vos cuisses une fièvre que lui seul pourra éteindre ?»

Jorkell.
« On dit que j'ai fait un enfant à la princesse Jora. On dit aussi que Lorkhan n'est pas mon fils et que j'ai couché avec ma propre fille. On dit que vous êtes allée à la nuit tombée voir une avorteuse et que vous séduisez les hommes pour les dévorer dans votre couche, les laissant sans vie au petit matin. » Une coupe de vin ciselé de rubis au gobelet d'argent émaillé de platine et au pied de cristal lui servait d'unique bijoux. Ça et le sourire qu'elle arborait, transpirant un mépris à peine dissimulé. Elle bu une gorgée du liquide carmin, cendré puisque provenant de Myr et pourtant toujours aussi capiteux, avant de lui souffler, amusée : « Des rumeurs, rien de plus, mon Roi. » Dans le visage de Jorkell se creusaient les vallons sinueux de l'âge et le cuir de sa peau s'étiolait, craquelant, sous une sempiternelle expression autoritaire, jamais, elle, amusée. La grande table qui les séparait ne l'empêchait pourtant pas de faire glisser vers elle la carafe de vin dont un domestique se saisissait pour emplir son verre avant de quitter la pièce. « Rien de plus que des rumeurs... Que des paroles, que du vent, que des langues qui claquent sur des palais, oui, que des badineries inoffensives... » Le vin l'étourdissait, mais ne lui arrachait pas sa lucidité. Quand Jorkell posait sur elle ces yeux cristallins et perçants, elle sentait la lourdeur de l'orage, l'averse glaciale que le nuage de son regard menaçait de laisser tomber, goutte à goutte, sur son dos nu. Il y avait déjà des mois qu'elle ne le redoutait plus, ni cette attitude placide de colère latente qui l'habitait ni la tempête grondante de ses gémissements rauques quand il la saillait, sans tendresse et sans amour, tout comme elle l'embrassait chaque soir sans tendresse et sans amour. « Et pourtant, des mots tranchants comme des glaives faisant vaciller les certitudes et s'insinuer le doute dans le cœur de chaque sujet. L'évidence même vous échapperait-t-elle, ma Reine ? » Le silence l'accueillit. Une chape de plomb qui la lestait d'appréhensions. Elle était loin d'être stupide, elle était loin de ne pas voir l'évidence et dans son arrogance il perdait lui-même de vue les évidences. Heureusement. Pourtant, quelque chose au creux de son ventre lui faisait sentir qu'il n'était pas aussi aveugle qu'elle voulait bien le croire. Et c'était là sa plus grande peur. Elle se força à déglutir la gorgée qui arrosait sa langue, préférant endosser le masque de l'innocence et feindre l'incompréhension. Serait-il dupe ? « Le peuple n'a que ça à faire, semble-t-il, de colporter les racontars les plus juteux pour se divertir de sa propre misère et se laver de sa propre fange... » Elle accueillit ces paroles avec une autre rasade de vin, laissant ses doigts pianoter sur le métal lisse de sa coupe. Elle le vit se lever de sa chaise sans broncher, parcourir le bois du meuble d'une main absente, s'avançant vers elle avant de s'asseoir sur la table, devant elle. « Vous seriez surprise de savoir ce que la plèbe a encore inventé pour se divertir, Madame... Cela concerne le prince Lorkhan et vous. » Il se saisit de sa coupe de vin, lui arrachant des doigts pour la vider d'un trait avant d'éponger ses lèvres humides avec le tissu de son pourpoint. Le froid la submergeait, le sang quittant progressivement ses tempes et ses joues, la laissant blême, adamantine. Son regard fuyait, se perdant dans les replis du pourpoint anthracite clouté d'argent de son époux le Roi. « Voudriez-vous l'entendre ? » La peur pulsait sous le tissu de sa peau, se fondait en tambours violents sous sa poitrine et percutait ses tempes d'angoisses implacables. Alors que ses lèvres cherchaient leurs mots, il se pencha vers elle, lui empoignant le menton d'une main ferme pour l'obliger à river ses yeux pairs aux siens, dénués de toute chaleur, aseptiques. « Ne soyez pas si muette, Sylarne, vous qui aimez les rumeurs comme toutes les femmes aiment les joyaux... » Résignée, brûlante, elle leva les yeux vers lui, empoignant d'un regard son attention tout en laissant se dessiner sur le carmin de ses lèvres un sourire narquois.  « Je vous en prie, mon Seigneur, faites-m'en part si cela vous brûle autant... » La satisfaction de Jorkell n'était visible qu'à travers ce sourcil qu'il levait impunément en sa direction. La commissure de ses lèvres brillant de rouge dans l'éclat diffus du soleil qui se répercutait sur les parois réfléchissantes et noires comme l'obsidienne des planchers de Jernvugge. Avec des gestes mesurés, il se resservit une coupe de vin et la but lentement tout en la toisant, le regard toujours rivé au sien, jaugeant sa réaction comme un fauve salivant épiant sa proie. « On dit que vous vous êtes éclipsée quelques fois de votre chambre pour rejoindre celle du prince Lorkhan. Lorsque Kaedred m'a fait part de cette rumeur, je ne l'ai pas cru. Après tout, que pourrait bien faire la Reine dans la chambre de son beau-fils ? » Elle lui sourit, bonne comédienne, alors que sur son visage se calquait une expression de dérision. « C'est ridicule. Kaedred a du me confondre avec une autre. Votre fils a un goût certain pour les catins... » Un rictus déforma un instant les traits de son époux le Roi alors qu'il relâcha son étreinte. « Étrange pourtant. Kaedred m'assure qu'il s'agissait de vous. Pourquoi douter de ses paroles alors qu'il a risqué sa vie tant de fois pour sauver la mienne, dites-moi ? » Elle se releva, quitta le berceau oppressant du siège sur lequel il l'avait clouée, lui faisant face et lui servant un visage teinté d'arrogance avant de lui souffler, vénéneuse : « Les hommes mentent par ambition, mon Roi. Kaedred n'est rien de plus qu'un homme. Il est faillible et sa parole également. » Le contre-coup du poison de ses paroles se fit sentir en quelques secondes alors qu'il se leva brusquement pour saisir ses bras et la contraindre à le regarder pendant qu'il resserrait son étreinte, laissant sur le parchemin délicat de sa peau le sceau de sa jalousie violente. « Jouez à la vipère tant que vous voudrez, Sylarne. Mais si ce que m'a révélé Kaedred s'avère vrai, je vous ferai écarteler par mon armée au grand complet avant de vous laisser saillir par tous mes chevaux et dévorer par les nécrophages de Ravenhole, me suis-je bien fait comprendre ? » Elle lui opposa sa morgue, imprima à ses yeux une lueur de défi avant de se défaire de son étau et de lui servir sa plus belle révérence, quittant la pièce dans un tourbillon d'étoffes à la teinte vairon. Aussi noires soient les plumes de la corneilles et aussi indigeste soit le goût de sa chair corrompue, la lionne écartera les dents et avalera le monde dans une salive de sang et une écume de désolation...

Jeux du réel

Pseudonyme/Prénom : Quantum Mechanics/Pravda, Caro pour les intimes, Caroline pour ceux qui ne tiennent pas tant que ça à ce que leur tête reste sur leurs épaules  Grincheux Âge : 24 ans et des rechutes, la sagesse, c'pas mon truc. Localisation : Le royaume des neiges éternelles et le pays du sirop d'érable. RP : Des tas. Je peux vous pondre des pavés assommants à souhait, n'ayez crainte. Je dirais entre 40 et 80 lignes tout dépend, en fait, de mon inspiration et du nombre de tasses de café que j'ai dans le corps. Occupation: Historienne, geek assumée et reine de vos nuits PerversLe mot qui vous décrit le mieux: Hypomaniaque  Salut ! Comment avez-vous découvert Frostfall ?: Il est sorti de mon ventre. Ça a fait mal. Commentaire/Suggestion ?: Remplacer la fondatrice par une personne normale  Siffle

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Sylarne Clanfell — The lion never bend knees for a lamb, my Lord.

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