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 La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix.

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Jorkell Ravncrone

Roi d'Ibenholt, de Ravenhole & Askevale

Jorkell Ravncrone
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MessageSujet: La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix.   La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix. EmptyVen 9 Mai - 3:41

Ayez pitié des méchants ! Vous ne savez pas ce qui se passe dans leurs cœurs.

Le repas allait refroidir. La fumée se faisait déjà moins dense, la fraicheur revenait. Ce pays était froid. Une certaine nostalgie de Ravenhole sur le ciel du monde et de ses vents puissants revenait au roi. Cela ne lui ressemblait pas, mais depuis la mort de Lokmir il avait des absences où il se surprenait lui-même à un sentimentalisme qui ne lui était pas familier. Il fit un signe au serviteur et se leva pour se poster à la fenêtre. Il attendait Jora. Il attendait la princesse Jora. L’Usurpateur avait convié la fille d’Hulgard à dîner. Elle le fascinait. Il n’arrivait pas à se l’expliquer, mais il lui pressentait une importance future. Il aurait besoin d’elle, elle lui serait utile… Il ne savait pas exactement. Une intuition qui lui rappelait celle qu’il avait eue pour son père. Et il voulait comprendre.

De plus, cette fillette était populaire. La fille de ce traître, de ce tyran, de cet assassin, cet usurpateur. Mais non, il était aujourd’hui l’Usurpateur comme Ebonhand avant lui, et Jora était passée de fiancée à otage, de princesse à martyr.

« Votre grâce. »
Un sourire ironique glissa sur ses lèvres avant de disparaitre bien vite. Elle était là, ils allaient pouvoir manger. Il allait pouvoir étudier cette impression étrange qu’elle lui faisait, et comprendre ce pressentiment.  « Je suis ravi que vous ayez accepté mon invitation à souper. » Un sourire à nouveau, mais presque doux. Elle était jolie cette enfant, avec ses cheveux d’argent et sa peau pâle. Elle aurait du être sa femme. Quelle femme aurait-elle fait ? La trahison de Sylarne lui revenait comme un goût amer au fond de la bouche. Était-ce vrai, cette histoire de coucherie innommable ? Il en était presque certain. Aurait-elle été une traitresse, comme cette lionne, comme son père ? Ou aurait-elle été l’épouse dévouée qu’avait été sa première femme ? Rien n’aurait pu être pire que la Clanfell qui partageait sa couche dans tous les cas. « Bien, mangeons. »

Il se servit un nouveau verre de vin, directement importé de Ravenhole, et porta la coupe à ses lèvres. Son regard étincelant ne quittait pas son invitée. Il avait entendu parler d’un accroc avec Dralvur Snowhelm. A l’heure des trahisons Dralvur avait joué son tour, il avait tourné le dos à Ebonhand avec le même empressement que Ravncrone avait eu à lui porter un coup mortel quand le poison avait agi. L’ire de Jora était légitime. Lui-même n’était pas tendre quand ses bannerets lui tournaient le dos. Tout de même, l’anecdote l’amusait. « On m’a rapporté que vous avait eu une discussion animée avec mon Conseiller Diplomatique ?... » La fourchette arracha un morceau de chaire sanglante mais  même quand sa mâchoire déchira la viande ses yeux si brillant ne quittèrent pas Jora.


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Jora Ebonhand

Perle de Nacre

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MessageSujet: Re: La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix.   La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix. EmptyDim 18 Mai - 18:00




E
lle abhorrait cette intimité ironique. Elle exécrait cette fatalité sadique. Elle n'en pouvait plus, du freux plein de morgue qui estampillait chaque tenture qui vêtait les murs de Jernvugge, là où, naguère, avait trôné une Main de nacre. Elle ne supportait plus rien de ce quotidien émétique, en particulier depuis qu'elle avait la certitude que les conspirations s'ourdissaient pour la faire sortir de sa cage. Qu'avait-elle fait aux déités pour éternellement s'arroger le rôle de prisonnière, de gemme que l'on prend soin de mettre hors de portée et que l'on chérit dans une encoignure mal éclairée en attendant de savoir sur quelle couronne l'incruster. Et ce ne serait assurément pas à celle de l'Usurpateur que Jora se laisserait nieller, à ce triste sort, elle préférait encore la mort. L'estocade, elle y avait un temps songé, car à quoi bon survivre dans une fosse qui recelait de prédateurs tous plus alouvis et benoîts les uns que les autres ? La colombe avait bien du mal à trouver sa place, et pour cause, elle n'était pas ici, à faire office de dame de compagnie à sa Majesté lorsque le coeur de ce dernier lui en disait, non, elle était à la tête d'une légion de féaux qui lutteraient jusqu'au trépas pour leur reine à en devenir. Une fois encore, cette soirée en conciliabule la mettrait face à sa plus grande source d'aversion... et de fascination. La duplicité d'une relation qui n'était pas pour apaiser ses maux lancinants, elle qui était la première à s'interroger quant à ce qui l'unissait au tartufe qui était également le meurtrier du seul parent qu'elle avait jamais eu. Depuis qu'il l'avait réduite à l'état de captive, la donzelle s'était ardemment trituré les méninges pour dénicher une façon de l'importuner... et tout ce qu'elle avait trouvé était de le faire languir tandis qu'il l'attendait pour souper. Piètre offensive, si tant était que l'on pouvait qualifier cet acte de désespoir et de juvénilité de la sorte. Tant pis si les mets devaient refroidir, il lui fallait prendre le temps de rassembler ses esprits, son hardiesse ainsi que toute sa circonspection rusée pour tirer le meilleure de la situation, quand bien même ne l'apprécierait-elle sans aucune couture.

A chaque foulée dans le corridor, elle avait l'impression de se rapprocher du gibet, martyre prête à l'exécution s'il devait en être ainsi. Les pas tout aussi cadencés des gardes qui la talonnaient avaient le don de l'irriter, et ce fut les mâchoires déjà contracturées qu'elle pénétra dans les appartements du monarque d'Ibenholt. Le port altier et la mine durcie, elle ne répondit ni à sa salutation ni à son remerciement, qu'elle considéra d'ailleurs comme de pures goguenardises tant tous savaient qu'elle aurait préféré se retrouver dans les geôles du palais plutôt qu'ici. Mais à défaut de dégorger de bienséance, elle ne rauqua pas d'incongruité, et attendit docilement la permission pour s'installer à la table bien garnie. Si elle sentit les calots royaux lui lécher le galbe, elle garda ses prunelles sur l'ostentation culinaire dont elle déroba des bribes pour orner son assiette plus que la remplir. Toutefois, la mélodie des couverts eut tôt fait d'être substituée à celle de la conversation, avec un premier sujet qui l'ankylose un bref moment. Ses prunelles se relevèrent et elle contempla la pièce, comme si elle y distinguait le spectre de Dralvur. « Je n'ai jamais fait que lui expectorer sa félonie en plein visage, rien qu'il ne serait pas apte à assumer, lui qui a gracieusement accepté d'être Conseiller à votre cour. Après tout, que sont plusieurs ères de féodalité en comparaison à un tel titre ? » Elle obliqua enfin son regard vers son interlocuteur, une moue accusatrice aux lippes et l'humeur manifestement mauvaise. Cependant, c'était là l'occasion d'offrir encore un peu plus de vraisemblance au personnage de l'Ours Cendré, ce dont il aurait inexorablement besoin s'ils désiraient mener leurs projets à bien. Alors, la jouvencelle prit le masque d'actrice, elle déglutit, et peignit ses traits avec un profond écoeurement.

« Lord Snowhelm m'a vue grandir, et moi, je l'ai toujours aperçu aux abords de feu mon père. J'ai visité son fief, j'ai coudoyé ses fils, et nous étions à ce point que nous avions levé le voile du vouvoiement. Il était un exemple de loyauté, jusqu'à ce jour... » Dans sa contenance glaciale, naquit une flamme pugnace, celle qu'elle avait autrefois réellement ressentie lorsqu'elle n'avait pas encore la certitude que ledit féal était toujours de son côté. Cette ire, elle ne la feignait pas entièrement, pour la simple et bonne raison qu'elle y avait vraiment goûté. « J'aurais préféré qu'il meure. » Trancha t-elle subitement, à l'image d'un couperet qui venait de choir. Plusieurs secondes à la saveur de drame passèrent, puis elle se reconcentra sur sa nourriture. « Au moins serait-il mort pour ses convictions, pour peu qu'il sache encore ce que cela signifie. » Elle découpa une lamelle de carne et la porta à son palais, mais elle fut si fine qu'elle y fondit avant même qu'elle puisse la mastiquer. Si l'Ebonhand se plaisait à être toujours présentable lors de ses repas avec Jorkell, elle ne s'y sustentait jamais de très bon appétit. « Ce n'était rien de plus qu'une vaudeville qui n'a point faire rire vos sujets, il n'y a pas matière à ergoter là-dessus. Les traîtres seront dûment châtiés lorsque le temps viendra. »

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Jorkell Ravncrone

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MessageSujet: Re: La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix.   La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix. EmptyLun 19 Mai - 17:42

Ayez pitié des méchants ! Vous ne savez pas ce qui se passe dans leurs cœurs.

Sa fourchette restait suspendue en l’air, comme son attention l’était aux lèvres de Jora. L’intérêt que le souverain portait à cette enfant tenait de l’intuition. Et cela avait quelque chose de fascinant, l’intuition. Il écoutait, le regard rivé sur la jeune fille aux cheveux d’argent, un début de sourire, presque sincère, dessiné sur le visage. Comme il la comprenait car s’il y avait une chose que l’Usurpateur ne supportait pas, c’était bien la traîtrise. Et, ironie curieuse, c’était précisément cette rancœur contre un félon qu’avait nourrie Jorkell qui aujourd’hui les faisaient se tenir tout deux face à l’autre, elle en position d’otage politique et lui en qualité d’Usupateur, titre qu’il avait hérité d’Hulgard. Il se souvenait de la rage qui l’avait prise quand il avait compris scélératesse de son ancien allié, et il n’avait pas grandi avec lui, il ne l’avait pas apprécié au point de lever le voile du vouvoiement. Mais une trahison est une trahison, surtout au jeu des trônes, et il arrive toujours un moment où la félonie est punie. Le moment était venu avec le poison des Cladfell, et le duel qui s’était soldé par la mort. Il se souvenait de la satisfaction qu’il avait tirée de l’acte – certes abominable – de planter son épée dans le ventre de son ancien allié, exactement comme celui-ci avait pu lui planter un poignard métaphorique dans le dos. Il ne trouvait pas de fierté dans ce meurtre, car il s’agissait bien d’un meurtre puisqu’il l’avait préalablement fait empoisonner, mais une véritable jubilation à montrer à Hulgard ce qu’il en coûtait de vouloir se jouer d’un Ravncrone. A montrer au monde. Certes, ce geste lui avait coûté bien du mépris de la part de ses adversaires sur l’échiquier, mais lui avait fait acquérir le trône de jais, et le contrôle d’Askevale. Mais ce vaudeville là n’avait pas non plus amusé. Les traîtres seraient châtiés. Il eut un sourire amusé. Cette violence des mots n’allait pas à ce visage empli d’une candeur toute enfantine – la fille d’Hulgard serait-elle vraiment meilleure que son père si elle pouvait monter sur le trône comme le pensaient certains ? Toujours était-il que Dralvur ne lui était pas antipathique à lui, son Conseiller n’avait plus appuyé Ebonhand dans les derniers mois, mais il avait très vite prêté allégeance à Jorkell. Hulgard ne s’était pas toujours montré un roi avisé, il suffisait de voir ce qu’il avait fait à Kalanar, et s’il avait été son banneret et non pas son allié à l’époque, il aurait sans doute lui-même désapprouvé certaines de ses actions. Cependant, ces dites actions l’avaient servi autant qu’Hulgard, sans qu’il ne soit le premier responsable et donc celui qui avait eu les mains les plus salies – encore qu’il avait participé lui aussi à cette nuit de cendre et de sang qui avait vu la mort de centaines d’elfes. « Soit. Vous me voyez navré de vous avoir rappelé à un souvenir si désagréable, je ferai à l’avenir attention à ne plus vous entretenir des… anciens alliés de votre père. Je m’interrogeais juste quand aux raisons de votre ire, mais celle-ci est on ne peut plus légitime, c'était évident. »

Plantant à nouveau sa fourchette dans la viande, il ne put s’empêcher de remarquer que, comme souvent, la jeune Ebonhand ne semblait pas avoir beaucoup d’appétit. « Vous mangez peu… » Futilités cette fois, mais il était difficile d’entretenir la jeune femme d’autre chose. Déchirant un nouveau morceau et sentant le sang se répandre dans sa bouche, il tomba dans la contemplation de son invitée. Ses cheveux argentés, sa peau pâle, son visage encore plein des charmes de l’enfance qu’elle quittait à peine pour devenir une femme à la beauté sans pareille. Il y avait de quoi en amadouer plus d’un. Était-ce à cela que se fiaient ses partisans ? Face à la sévérité froide de l’Usurpateur, elle était une bouffée d’air frais et fleuri. Mais elle aussi aurait usurpé le trône de jais si elle s’y était installée, dans son sang coulait celui du régicide, et la main blanche n’était toujours pas lavée du sang de Kalanar. Quel rôle allait-elle jouer ? Quelle importance prendrait-elle à l’avenir, dans son destin, dans celui de milliers d’autres ? Questions sans réponse. Autant les desseins de son père lui étaient très vite apparus, à peine dissimulés par feu Jyden, autant elle restait une énigme et il ne disposait d’aucun indice pour la percer à jour.

« Les festivités en l’honneur de Veloth auront lieu bientôt. Je songeais à cette occasion à désigner quelques gardes de plus pour assurer votre sécurité – bien trop de cœurs seraient peinés s’il vous arrivait malheur. Naturellement vous n’y voyez aucun inconvénient ? »
Comme sécurité était un doux mot pour surveillance. Comme invitée l’était pour captive. Dans la bouche du souverain, une demande devenait un ordre, un souhait une volonté. Il maniait l’euphémisme aussi bien que l’épée. Portant à ses lèvres fines un verre de vin de son pays natal, il ferma un instant les yeux, savourant son repas et sa position de force. Il aimait voir ses pions si bien placés sur l’échiquier, et sentir la difficulté de ses adversaires à faire échec au roi. Elle, ou plus exactement ceux qui étaient derrière elle, ne faisaient pas – ou en tout cas le croyait-il, exception à la règle.


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MessageSujet: Re: La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix.   La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix. EmptyMar 20 Mai - 15:31




S
on palpitant était sanguinolent d'avoir à honnir l'un des hérauts de sa libération de la sorte, mais c'était un mal nécessaire tant pour lui que pour elle. Que la cour pense qu'elle le vouait aux pires gémonies et qu'au fond, lui n'en avait cure, et que de l'autre côté du miroir de l'aversion flambe l'allégeance passionnée qui unissait Ours et Main Blanche. Vomir sa bile sur le monde était devenu un exercice coutumier, sans doute ne s'était-elle jamais enfiévrée d'acerbité à ce point que depuis que son héritage lui avait été spolié. Mais étrangement, elle savait qu'elle n'avait pas encore frôlé le paroxysme de sa démence, et que le cas échéant, les dommages seraient irréversibles. Inexorablement, elle était vouée à stigmatiser l'Histoire comme un grand nombre de ses aïeux avant elle, même si les plus célèbres ne l'étaient généralement pas pour les bonnes raisons. Son destin ne resterait pas moribond dans l'enceinte de ce palais aux allures de pourceau ferré, et ce n'était pas faire preuve d'une abjection atavique que de promettre que les parjures trouveraient le sort qu'ils méritent une fois l'avènement atteint. La mansuétude était une qualité qui pouvait rapidement choir en défaut si l'on en faisait pas usage avec parcimonie, et Jora savait que des félons seraient inéluctablement étêtés lorsque l'heure viendrait. Quiconque à sa place en ferait de même, drapé de la même résolution à reconquérir et à asseoir une autorité suffisamment robuste pour rallier une pléthore de partisans, et regagner le prestige d'antan. L'objection du Freux royal aurait été fort inopportune après qu'il ait fait parler et trancher sa rancune dans le vif du sujet – à savoir son père. - et la donzelle ne s'était pas attendue à moins de compréhension de sa part. Même si cela lui excorier la bouche de le concéder, Jorkell était un quidam diantrement intelligent et assez sagace pour s'être arrogé la couronne de trois royaumes sur cinq. A lui seul, il possédait plus de la moitié de Middholt, et en était devenu le plus puissant des représentants. Il faudrait occire les corbeaux dans l'oeuf avant qu'ils n'installent leurs nids dans tout le reste du continent, forts de leur insatiable impérialisme qui finirait par les perdre.

« Je n'ai pas faim. » Votre présence me coupe l'appétit, pensait-elle en réalité. Parce que l'Usurpateur avait beau constituer un sujet d'étude plus qu'intriguant, il lui inspirait tout autant d'écoeurement. Une haine émétique, pour être exact, parce que cette même main qui la conviait à s'asseoir avait pourfendu le faciès d'Hulgard et avait sommé son emprisonnement. Les libertés qu'il lui cédait au compte-goutte n'y changeaient rien, elle n'était pas maîtresse de ses mouvements, et ne le serait jamais tant qu'elle survivrait sous son joug. Un truisme qui se matérialisa sous forme d'interrogation rhétorique, dans le but certain de lui remémorer qu'elle était empêtrée dans ses serres et que rien ne serait à même de l'en délivrer. Chaque repas était un supplice de Tantale renouvelé, et c'était bien pourquoi elle les abhorrait. En plus de se sentir insolemment dévisagée à chaque seconde qui passait, il saupoudrait ses plaies d'une pincée de sel et heurtait son amour-propre – la mettait-il à l'épreuve ? Désirait-il voir de quel marbre l'Ebonhand était faite ? Cette dernière déglutit laborieusement, un carcan de contrariété étant venu ceindre sa gorge, et répondit d'une intonation glaciale. « Si, j'en vois un. Mais peu vous chaut, alors à quoi bon. » Et elle scella ses lippes d'incarnat dans un mutisme paradoxalement meurtrier, cachant tant bien que mal le rictus hostile qui enlaidissait ses traits graciles et encore si juvéniles. C'était à croire que le Ravncrone oeuvrait avec zèle pour ne pas s'attirer sa sympathie, si elle s'était conjuguée au masculin, elle aurait réclamé qu'ils en finissent par l'office d'un duel à la mesure de leurs rangs respectifs... mais si elle avait été garçon, elle n'aurait sûrement pas été épargnée non plus, il y avait plus d'un mois de cela. Etre femme était à double tranchant, et lui fallait apprendre à en tirer les avantages plutôt que les inconvénients.

Armée de ses couverts à défaut d'une estoc, elle se mit à énergiquement découper l'épais morceau de viande qui gisait lamentablement devant elle, ses pensées voguant vers une erg salvatrice où elles vociféraient ce qui ne pouvait décemment être dit dans la réalité. Mais elles le firent avec tant de pétulance que la jouvencelle ne sentit pas la force excessive avec laquelle elle malmenait sa pitance, et, les mirettes grandes ouvertes mais bel et bien absente, elle se réveilla au son atrocement strident que produisit son couteau contre son assiette. Elle en fut la première pantoise et se surprit à soubresauter, l'eurythmie affolée comme si elle venait d'essuyer une tentative d'assassinat. Ses nerfs indiciblement à vif ne purent en tolérer davantage, et excédée, ses petits poings frappèrent sourdement contre le bois de la table en même temps qu'elle se leva. « Cela suffit, j'en ai assez ! » Les mâchoires contracturées, l'oiselle se transforma en louve et émit un grognement aussi bien harassé que furibond. Les iris d'opaline accrochèrent leurs jumeaux azurs et sonna le glas du quant-à-soi. « Je n'en peux plus de ces simagrées, je souffre suffisamment votre présence de façon quotidienne pour m'en tenir à la bienséance que votre titre empiété enjoint ! Jubilez-vous à ce point de me contempler dans cette situation ? Votre sadisme ne se heurte t-il donc à aucune lisière ? Vous qui êtes un père... » et lui qui avait failli être son époux, plus elle y songeait, plus elle trouvait cette finalité inconcevable, et ne se demandait pas quel genre de mari il aurait fait. Sa tirade en suspend, elle le jaugea de toute sa colère, et reprit de plus belle. « Je n'ai plus envie de me taire, je vous assourdirai jusqu'à vous conduire à votre sépulture s'il le faut, car n'omettait pas ceci : je suis une fille de Xyhmis, vous aurez passé l'arme à gauche bien avant moi, vos enfants aussi, et si je dois passer les deux prochains siècles à ourdir quelque complot et bien soit ! Ibenholt est mon hoirie, pas votre aire, l'iniquité de votre couronnement ne restera pas impunie, parole de la Main Blanche. » Ou plutôt de ce qu'il en demeurait, et aux yeux de beaucoup, Jora n'était rien de plus qu'une infortunée aux legs ancestraux trop pesants pour ses frêles épaules, elle leur prouverait qu'ils se fourvoyaient. « Et de grâce n'arborez pas feu Hulgard en guise de défense dans l'espoir de me remettre à la place que vous jugez être la mienne, je ne suis pas idiote, je sais parfaitement les ignominies dont il est coupable – dont vous êtes coupables. Je ne les ai jamais encouragées et encore moins assumées du temps où il était encore vivant et monarque, j'ai été la première à condamner votre démence criminelle, mais les faits sont là : le Trône de Jais appartenait initialement aux Ebonhand, les actes fous du roi Reylan ne faisaient pas matière à écarter ma famille de la souveraineté ! Et de toute façon... cela ne vous concerne pas, à cette époque, Ravenhole n'existait même pas, vous n'étiez rien. » L'éclat bleuté de sa robe contrastait avec le rouge de ses pommettes, et sans même s'en rendre compte, la sylphide avait lâché sa fourchette mais gardé son couteau fermement en main. Une main tremblante, qui retenait son désir de frapper... « Vous me maintenez en vie pour mieux me regarder faner, mais si vous croyez que je suis une rose inoffensive, vous vous trompez. »

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Jorkell Ravncrone

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MessageSujet: Re: La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix.   La liberté existe toujours, il suffit d'en payer le prix. EmptyMar 1 Juil - 17:03

Ayez pitié des méchants ! Vous ne savez pas ce qui se passe dans leurs cœurs.

«Si, j'en vois un. Mais peu vous chaut, alors à quoi bon. »
La réponse l’aurait presque amusé. Mais lui revenait à l’esprit que cet agneau avait des griffes, avait des crocs et qu’il ne pouvait s’émouvoir de son sort. A chacun de ses cris sourds, un millier répondait dehors, avec violence. Alors la lassitude prenait le roi freux. Il avait trop sacrifié, trop donné pour laisser une révolte lui voler ce qui lui revenait. Une rage silencieuse l’habitait alors, en y repensant. Voilà leur dette complètement effacée, mon fils. C’était trop, trop enduré. Il s’enfonça dans le mutisme. Hulgard l’avait trahi, il n’avait eu que ce qu’il méritait et...

« Cela suffit, j'en ai assez ! Je n'en peux plus de ces simagrées, je souffre suffisamment votre présence de façon quotidienne pour m'en tenir à la bienséance que votre titre empiété enjoint ! Jubilez-vous à ce point de me contempler dans cette situation ? Votre sadisme ne se heurte t-il donc à aucune lisière ? Vous qui êtes un père... Je n'ai plus envie de me taire, je vous assourdirai jusqu'à vous conduire à votre sépulture s'il le faut, car n'omettait pas ceci : je suis une fille de Xyhmis, vous aurez passé l'arme à gauche bien avant moi, vos enfants aussi, et si je dois passer les deux prochains siècles à ourdir quelque complot et bien soit ! Ibenholt est mon hoirie, pas votre aire, l'iniquité de votre couronnement ne restera pas impunie, parole de la Main Blanche. Et de grâce n'arborez pas feu Hulgard en guise de défense dans l'espoir de me remettre à la place que vous jugez être la mienne, je ne suis pas idiote, je sais parfaitement les ignominies dont il est coupable – dont vous êtes coupables. Je ne les ai jamais encouragées et encore moins assumées du temps où il était encore vivant et monarque, j'ai été la première à condamner votre démence criminelle, mais les faits sont là : le Trône de Jais appartenait initialement aux Ebonhand, les actes fous du roi Reylan ne faisaient pas matière à écarter ma famille de la souveraineté ! Et de toute façon... cela ne vous concerne pas, à cette époque, Ravenhole n'existait même pas, vous n'étiez rien. Vous me maintenez en vie pour mieux me regarder faner, mais si vous croyez que je suis une rose inoffensive, vous vous trompez. »
La surprise avait tout d’abord laissé pantois la corneille, qui sans voix, avait écouté la jouvencelle les yeux écarquillés. Et puis le silence s’était fait. Et elle se tenait là, à quelques pas de lui, à la main un ridicule couteau sur lequel les doigts de sa main ivoirine se crispaient, tremblants pourtant. Sa peau claire s’était enflammée, et le feu colorait ses pommettes. Face à un tel tableau, il ne put se retenir. Un rire froid, grave et terrible déchira ce calme fragile. Tout en riant, il s’était levé, pour arriver à sa hauteur. Et juste devant elle, il souriait encore, son regard clair et brillant plongé dans ses yeux opalins. « Qu’est-ce que tu vas faire avec ce couteau ? Me le planter dans le ventre ? » Le feu de Catharis brûlait en lui, et malgré son hilarité éphémère, il se trouvait à nouveau calme et déterminé, jouant de sa facilité d’élocution pour essayer d’écraser de toute sa hauteur cette fillette frémissante. Sa main alla vers celle de Jora, mais s’arrêta à quelques centimètres de l’arme qu’elle gardait serrée dans sa paume. « Tu te trompes. Sur beaucoup de choses. Tu devrais apprendre enfant. » Le sourire disparaissait lentement, mais les pupilles brillaient toujours. « Je ne te crois pas inoffensive. Ce serait une folie, et je suis encore sain d’esprit. Je sais que dans ma position, un simple souffle pourrait me faire choir et sombrer, avec les miens. Mais ça n’arrivera pas, tu m’entends. Mon nom est plus jeune – peut-être moins illustre que le tien, mais ce ne sont plus les règles du jeu. Tu veux user chaque printemps de ta longue vie sur l’échiquier ? Vraiment en es-tu sûre ? D’ici deux siècles comme tu le dis, ceux qui s’opposent à moi aujourd’hui seront morts depuis longtemps, et avec eux beaucoup de leurs idées. Dans deux cent ans, trois ou quatre générations des miens se seront succédées sur le trône de jais, et les cris de révolte se seront tus depuis longtemps chez les Hommes. L’Histoire ne se souviendra pas de ce que tu garderas en toi, pour Elle, Hulgard sera le responsable de la nuit des larmes, et il sera tombé en combat singulier face à l’allié trahi qui aura simplement racheté son honneur. Voilà ce que dira l’Histoire. Et toi qui auras traversé les siècles sans oublier, sans pardonner, tu arriveras à l’automne de ta vie ignorée par les hommes. Ils sont lâches Jora, tous autant qu’ils sont. Ils veulent la paix et la sécurité, ils ont peur de la mort, ils ont peur pour les leurs. Catharis nous a fait mortels, et par conséquent fous et avides, et peureux. Ce sera plus simple alors de t’ignorer, de t’oublier, plutôt que de se battre pour une cause qu’ils ne connaitront même pas car ils seront nés trop tard. » Alors que ses doigts étaient toujours en suspens proches de l’arme de fortune, son autre main alla lentement au menton de la jeune princesse, et il la détailla un instant avant de la lâcher. « Tu ne me crois pas ? As-tu déjà entendu de Jyden Ravncrone ? » En prononçant ce nom, son visage s’assombrit. « Le tyran de Ravenhole. Un roi fou qui écrasait son peuple tandis que son fils serrait les poings et ravalait sa rage. Il organisait des raids, il détruisait tout ce que ses ancêtres avaient construit. Unanimement détesté, méprisé, rejeté. Mais sans pitié pour ceux qui auraient pu tenter de s’élever contre lui pour faire tomber un despote. Un homme cependant, que la mort toucha alors qu’il était déjà vieux, tranquillement dans son lit. Un monstre à qui les dieux accordèrent un trépas indolore et tranquille. Crois-tu que les Ravncrone furent affaiblis par son règne ? » Les lèvres s’étiraient à nouveau. Jouait-il ? Peut-être. « Non. Bien au contraire. Car son fils ne commit pas ces impairs, son fils redressa le pays pour lui donner une prospérité qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. Et grâce à cela, il gagna une assez grande légitimité, pour aller en conquête avec un allié, Hulgard Ebonhand. » La main se décida à saisir le couteau, au niveau de la partie tranchante, et elle serra sans que le visage tiré de Jorkell ne trahisse rien. « Qui se souvient des horreurs commises par mon père sinon moi ? Qui se souvient de cette horrible odeur de sang alors que je rentrais des Tours d’Arains ? Personne. Toutes ces horreurs furent balayées au moment où la couronne me revint. Comprends-tu où je veux en venir ? » Il marque une pause. « Un jour mon fils Lorkhan montera sur le trône, et ils oublieront... »

Si le visage de la vénus s’était embrasé plus tôt, une certaine douceur compatissante peignait ses propres traits. N’avait-il pas été comme elle ? Ravalant sa rage et pliant l’échine face à un homme qui lui paraissait presque un monstre, mais qui était roi. Cette troublante idée qu’elle pourrait lui être utile sans qu’il ne sache encore comment lui revenait sans cesse. Quel rôle allait-elle jouer, cette nymphette ? « Mon désir n’est pas de te faner, la vie suffira pour cela, la longue vie qui t’attend. Et je sais quel danger tu représentes pour moi et pour les miens. Mais dis-moi, si ton père avait triomphé, comment crois-tu qu’il aurait traité mes filles ? Suis-je vraiment si sadique ? »


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