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 Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha]

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Sylarne Clanfell

Reine consort d'Ibenholt

Sylarne Clanfell
Reine consort d'Ibenholt
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MessageSujet: Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha]   Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha] EmptyLun 26 Mai - 4:25

sylarne & zentha

Iron doesn't make crowns, gold does
AVRIL 5E 931


O
phidiens, ils crachaient une glaire venimeuse qu'ils camouflaient d'une langue ointe d'or et parementée de guipures. À l'image de la méphitique céraste, ils charmaient d'une prunelle sinople, puis statufiaient de phonèmes envoûtants avant de mordre, distillant une strychnine morfale. Aux conciliabules des vouivres succédaient ceux de quelques officiers, connétables ou marguillers, substituant le poison d'une rhétorique minaude par d'aseptiques et austères syntagmes ; de bien soporifiques discours dont elle devait s'abreuver, le faciès fendu de l'ombre d'un sourire qui ne trahissait que les mânes zélotes d'une léthargie naissante. Les absences de son géminé se traduisaient irrémédiablement par d'assommantes responsabilités qu'il incombait d’honorer dans l'intérêt des fiefs et dépendances Clanfell. C'est ainsi qu'elle écoutait, placide, les tergiversations d'un juriste qui plaidait avec une outrecuidante logorrhée la cause d'un berger dont la chèvre avait mordu un bambin, le sordide incident causant préjudice à la famille de l'enfant dont le doigt avait été arraché par la sanguinaire bête. « ...ne peut être responsable du geste commis par une de ses bêtes, d'autant plus qu'il doit veiller sur un troupeau de plus de cent têtes. En outre, votre Majesté, le bambin n'a eut que de mineures... Cela suffira. » lui rétorqua-t-elle en levant une impérieuse dextre, faisant s'abattre le couperet du silence sur l'éhontée logomachie. « La bête fautive sera abattue et le berger compensera le préjudice en octroyant à la famille éprouvée une somme de dix florins. Quant au père de l'enfant, veillez à lui dire qu'il surveille sa progéniture à l'avenir... » Opinant du chef, le notable se retira après avoir esquissé une simiesque révérence, la souveraine glissant des pupilles smaragdines vers son intendant. « Autre chose ? » L'intéressé, un quinquagénaire émacié, se pencha vers la léonine héritière, la main toujours posée sur un parchemin au vélin constellé de taches d'encre. « La Sadéenne qui vous a réclamé une audience est arrivée. Dois-je la faire entrer ? » Arcane que cette indomptable Sadéenne qui semblait se complaire dans les périls qu'entraînaient irrémédiablement de mauvaises relations d'affaires avec les Mercantes. Dans les coursives ont médisait déjà, s'épanchant en friselis calomnieux ou en murmures empressés, les mignards et pécores tous indéniablement envoutés par le stupre de la diffamation comme frelons attirés par l'orfroi d'alvéoles gorgées de miel. La férale souveraine avait du mener sa propre enquête sur l'étrangère qui avait quémandé une rencontre avec sa régalienne personne, déterrant bien rapidement les fossoyés antécédents qui la liaient aux Mercantes dans des accointances plus que houleuses. Les Clanfell eux-mêmes entretenaient avec les oligarques de bien ambivalentes relations, unique maison qui n'avait contracté auprès d'eux aucune dette et qui, ce faisant, ne leur devait ni obligations ni redevances. Un fugace sourire façonna les sculpturales lippes alors qu'elle se relevait, quittant le siège ouvragé qui lui servait de trône dans cette bastide qui était la sienne. « Faites apprêter la loggia et veillez à ce que nous ne soyons pas dérangées. »


D
ans la loggia tout n'était que draperies cinabre, qu'oriflammes rubicondes brodées du fauve ivoirien gueule rugissante, fier étendard de la maison d'écarlate qu'on déroulait sur la pierre éburnéenne des murs orbes du castel Clanfell. Perchée sur un socle de bois ouvragé parementé de soieries de nacre tissées de lions d'incarnat, Sylarne versait déjà derrière la pulpe de ses lèvres le sirupeux myr qui se fracassait sur les parois hyalines d'un sébile tout aussi ciselé que l'était l'âtre où valsaient des flammes spéculaires qui n'avaient rien à envier à l'éclat cuprique du jour qui fusait à travers les draperies écartelées. Sur l'argile ductile de ses iris se burinaient les scripturaires pensées qui agitaient les flots impavides de son encéphale alors qu'elle clouait son regard aux anfractuosités du ressac qui s'abattait sur l'écran cristallin de son calice. On disait des femmes qu'elles n'étaient que féales créatures soumises aux empires de leurs affects, que sur le vélin lilial de leurs poignets elles glissaient les entraves hégémoniques d'une dépendance indéniable aux volontés mâles. Or la lionne ne comptait ni sur l'ergastule doré d'un homme ni sur ses fers forgés de promesses d'un hère pour réifier les desseins qui étaient les siens, préférant mille fois s'assujettir aux brasiers dont on enflammerait son existence au risque de n'être qu'apyre au fond d'un broc vétuste. Les couronnes ne sont pas forgées par le fer, mais par l'or. L'apophtegme du patriarche n'était qu'une énième sentence qui avait empanaché la langue de Sylar, si prompte à claquer pour des préceptes et à se faire moribonde lorsqu'il s'agissait de commisération. Meilleure élève que ses frères, pulsionnels et volcaniques héritiers, elle avait tissé l'arantèle de son intellect des prophétiques aphorismes d'une sagesse paternelle glanée à l'aulne des si rares conciliabules qu'il lui octroyait, coudoyant dès qu'elle le pouvait une figure paternelle qui se faisait plus évanescente que tangible. Et s'il avait toujours dédié ses homélies à ses fils, se contentant de répéter machinalement les préceptes enseignés à son unique fille, Sylar avait néanmoins servi à l'esprit affamé quelques miettes ; fragments dont elle avait fait un tout, une globalité amalgamée et syncrétique de sagesses éparses pour en faire une compendieuse gnose. Si faiblesse il y avait chez elle, elle ne devait pas être de l'ordre de l'escient ; l'unique souverain auquel elle se prétendait docile se nommant Logique et Pragmatisme. L'écho de pas se répercuta jusqu'aux factionnaires qui flanquaient l'entrée de leur métallique présence, le chambellan précédant l'invitée qu'on avait conduit jusqu'à l'antichambre pour son audience avec la reine. La dextre toujours attachée à la coupe, un index caressant lestement la cime du sébile, elle accueillit la commensale avec un sourire amène, un sourcil levé comme unique témoin de la perplexité qui faisait étinceler ses prunelles de jade. « Zentha Zorael, de Sade ; Sylarne de la maison Clanfell, reine consort... Laissez-nous, Marten, nul besoin d'étourdir notre invitée de titres tous plus pompeux et superflus les uns que les autres. » L'interpellé tordit ses lippes en un pincement avant d'incliner du chef et de tourner les talons, fermant les grandes portes d'ébène sur l'intime conciliabule des deux sylphides. La prunelle léonine détailla un instant le visage vénuste de la bourgeoise, puis elle désigna d'une main le siège qui faisait face au sien, glissant une coupe couronnée de grenat vers son interlocutrice. « Soyez la bienvenue, lady Zorael. J'espère que la capitale nordique ne vous rend pas trop mélancolique ; l'hiver a l'étrange faculté de rendre asthéniques tous ceux qui ne sont pas habitués à sa frigide étreinte. » Les lèvres royales vinrent à nouveau embrasser le calice et sa rougeoyante libation, un pâle sourire émaillant ses traits léonins. « Je dois dire qu'une telle requête de votre part m'a passablement intriguée. Dites-moi en quoi je peux vous être utile... »

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Zentha Zorael

Succube nantie d'Ibenholt

Zentha Zorael
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MessageSujet: Re: Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha]   Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha] EmptyVen 30 Mai - 16:54

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Iron doesn't make crowns, gold does.

Sylarne & zentha

Faisant les cent pas sur l'escalier de pierres taillées qui dominait l'entrée de Fortrekke, je laissais mon regard se perdre dans le bout de jardin bordant l'allée principale. Les boutons rouges étaient d'un éclat peu commun et me rappelaient avec nostalgie certaines des espèces sauvages que l'on pouvait trouver en s'enfonçant dans la jungle Sadéenne. Cela avait quelque chose de rassurant et j'en oubliais presque mon attente interminable pour rencontrer la Reine. Dans mon dos, la grande porte s'ouvrait à intervalles réguliers laissant sortir tour à tour des gardes, puis des habitants d'Ibenholt sans aucun doute reçus en audience puis de nouveau, des gardes. Je commençais à m'y habituer, c'est pourquoi je ne bougeais pas quand le battant s'ébranlait une nouvelle fois derrière moi. Cette fois-ci cependant, un petit raclement de gorge peu discret m'incitait à me retourner et je découvrais Marten, l'intendant de la Reine, qui attendait bien sagement que je m'aperçoive de sa présence. L'interrogeant du regard, il m'indiquait alors qu'elle concédait à me recevoir avant de m'inviter à le suivre.

L'homme, que les années avaient déjà for abîmé, me guidait au travers d'un dédale -dont j'étais sûre de ne pouvoir ressortir seule- jusqu'à une double porte en bois sombre. Il n'était pas du genre bavard et de fait, le trajet s'était effectué dans un silence religieux, à peine rompu par l'écho de nos pas sur les dalles de la demeure luxueuse. Il poussait les panneaux de bois et j'entrais à sa suite dans la pièce pour alors découvrir une décoration faite de draperies et oriflammes aux teintes de la famille Clanfell. L'endroit ne ressemblait en rien à l'image que je m'en était faite, il était plus intime et plus chaleureux que la grande salle d'audience à laquelle je m'attendais et je préférais nettement cela, au vu du sujet que j'avais à aborder. « Zentha Zorael, de Sade ; Sylarne de la maison Clanfell, reine consort...Laissez-nous, Marten, nul besoin d'étourdir notre invitée de titres tous plus pompeux et superflus les uns que les autres.» Le quinquagénaire pinçait ses lèvres, tandis que les miennes s'étiraient doucement en un large sourire. L'entretien s'annonçait moins formel que de coutume et même si cela semblait perturber l'intendant, il n'en pipait mot, se contentant de sortir et de refermer consciencieusement derrière lui. Répondant à l'invitation de la souveraine, je relevais un pan de la soie émeraude qui m'habillait pour venir m'asseoir confortablement face à la coupe qui m'était offerte si généreusement. « Merci. » glissais-je, d'une voix qui se voulait chaleureuse.

Jambes croisées, le dos contre le dossier et le verre à la main, j'avais l'air si parfaitement à l'aise face à cette inconnue aux hautes fonctions que l'on pourrait aisément se méprendre et penser que ce n'était qu'une entrevue entre deux amies de longue date. Et pourtant. Mais une telle aisance était dans ma nature et même si je respectais ses fonctions, je ne voyais pas seulement une Reine face à moi, non, je voyais une femme, avant tout. Son allusion à l'hiver m'arrachait un sourire en même temps que mes lèvres s'abreuvaient du liquide carmin, et mon regard ne tardait pas à se teinter de malice. « Je vous sais gré de vous inquiéter pour moi mais, vous ne devriez pas. L'hiver ne me dérange point, au contraire car, je trouve toujours de quoi me faire oublier le froid... » répondais-je, le coin des lèvres vissé au bord des joues. Mon goût pour le libertinage n'était un secret pour personne en ces contrées obscures, et la compagnie de mes amants savait me réchauffer les sens -et le corps.
« Je dois dire qu'une telle requête de votre part m'a passablement intriguée. Dites-moi en quoi je peux vous être utile...» Mon sourire s'estompait légèrement. J'attendais d'elle une chose bien précise et rien ne me disait qu'elle était prête à me l'accorder, d'autant que je n'avais pas forcément beaucoup de choses à lui offrir en échange, si ce n'était du tissu ou de l'argent et ma visite pourtant sommaire des lieux, m'avait appris qu'elle ne manquait ni de l'un ni de l'autre. Comme si je ne m'en étais pas doutée plus tôt.

Après un moment de silence, je prenais une profonde inspiration. « Je pense que vous pouvez m'être utile pour plusieurs choses. » lâchais-je, assez énigmatique, en reprenant une gorgée du délectable breuvage. « Sans vous assommer de détails inutiles dont je suppose que vous connaissez déjà l'existence j'ai, à mon arrivée ici, commis une erreur de jugement. Ce qui m'a attiré les foudres d'une certaine catégorie de la population. Les Mercantes, pour être plus précise. Ils n'apprécient pas mes agissements, ce que je peux aisément comprendre mais, là où cela devient problématique, c'est qu'ils ne se contentent plus de me détester cordialement. Désormais, ils veulent me voir morte. Et vous comprendrez bien que, je ne souhaite nullement leur donner satisfaction. » En effet, si les Mercantes m'avaient plus ou moins laissée tranquille pendant de longs mois, les choses s'étaient quelque peu précipitées ces dernières semaines lorsque j'avais réussi à racheter l'un des plus gros commerces de tissus d'Ibenholt. Dès le lendemain, un homme m'avait suivie dans l'une des venelles et menacée, me jurant que la prochaine fois que nos chemins se croiseraient, mon mari pourrait dès lors se considérer comme veuf. Je n'avais pas vraiment eu peur, mais je me doutais bien que cet avertissement était tout ce qu'il y avait de plus sérieux et que je ne devais pas le prendre à la légère. Alors comme je l'avais fait plus tôt à Sorhelm, je venais frapper à la porte de la plus haute instance, espérant y trouver l'aide dont j'avais besoin.
« C'est pourquoi je souhaitais vous rencontrer. Il me faut une protection. Et je me disais qu'entre femmes de pouvoir, l'on devrait arriver à s'entendre. »

Sans doute ma requête pouvait-elle paraître bien audacieuse mais à mesure que l'entretien se déroulait, mes espoirs se confirmaient. Sylarne Clanfell n'était pas du genre à se contenter d'être une épouse jouissant du statut de son mari, ou d'une fille, profitant de la fortune de sa famille. Non. Je devinais sur les traits de son visage et la profondeur de son regard une intelligence vive et des intentions bien personnelles. Nous nous ressemblions quelque part, et je ne doutais plus un seul instant que cette entrevue puisse trouver une issue favorable. Pour l'une, comme pour l'autre.
« Maintenant la question est, que puis-je vous offrir en échange de ce service ? Je suppose que la survie a un coût bien élevé de nos jours... » concluais-je, portant une nouvelle fois la coupe à mes lèvres.

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MessageSujet: Re: Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha]   Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha] EmptyJeu 5 Juin - 22:55

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D
e ce biscornu conclave, elle n'avait calculé aucun paramètre, remettant son escient à une entropie qui, bien qu'hasardeuse, n'avait rien de périlleux. La calculatrice encéphale n'omettait jamais une quelconque variable et bien que l'épeire de ses ambitions tissait inlassablement une orbiculaire visqueuse, tendant sa toile sur le moindre aspect de son existence, elle n'avait pu voir en cette singulière négociante, la source d'un salut aussi incommensurable. Et si les tourments de la belle succube étaient mortifiants, géhenne alimentée par l'imminence d'une mort qui se voulait délibérée, ils étaient trésors inestimables pour la férale lionne. Après tout, jamais le fauve ne se chaulait de voir les nécrophages se disputer entre eux un morceau de carne indigeste, aussi massif et juteux pouvait-il être. Mais lorsque subsistait agape de choix, il apposait inéluctablement une griffe morfale, se faisant veto de tout ce que pouvaient se partager les freux et les rapaces. C'est la prunelle nitescente, qu'elle détailla la vénuste néréide, relevant chaque joyau rehaussant ses azuréennes pupilles, soulignant chaque liseré niellant ses nippes indéniablement fastueuses. Les Mercantes devaient, certes, pâlir d'effroi devant l’inatteignable fortune de l'apatride, révulsés de ne pouvoir glisser leur patte ladre et avaricieuse sur un morceau de cette autarcie qui se faisait tare sur leurs immaculés monopoles. Si la ténébreuse voyait son ontologie même menacée par le surin de leur convoitise, elle n'était certes pas en mesure de saisir l'ampleur de l'aversion que Sylarne portait à cette poignée de ploutocrates thésauriseurs. Et c'est sous le soleil nocif de leurs fielleuses velléités et de leurs méphitiques sollicitations qu'elle vivait le jour de ses ambitions, ne sacrifiant jamais un gramme de souveraineté à leurs revendications qui se faisaient tantôt suppliantes tantôt comminatoires. Combien de fois avait-elle dû se dérober à leurs insistances, refusant catégoriquement de se donner à quelque créance qui ne ferait qu'apposer leur seing sur un pacte qu'elle n'avait pas voulu sceller ? C'était donc plus que l'intérêt qui l'obligeait à tourner vers la Sadéenne un sourire plus qu'équivoque, mais aussi la solidarité d'avoir partagé le fardeau de leur outrecuidante insistance. Et si le rubis qui léchait de son ressac éthylique la paroi hyaline de son sébile n'était que l'unique témoin d'une lassitude qui ne trouvait écho que dans la démesurée lésine des Mercantes, elle se mussait derrière un masque de flegme qui, lui, n'était lézardé par aucun affect - encore moins par la pointe de dérision qui ornait la voix de sa vis-à-vis, faisant inévitablement référence à la réputation dévoyée de la sylphide à l'écrin de jais. Lorsque la nymphe lui confia que sa régalienne personne pourrait lui servir plus que ne le percevait son entendement, la lionne inclina du chef, l’œil grigné par le caractère énigmatique que laissait entrevoir son phonème.


L'
encre dense des cabalistiques paroles se dissipa aussitôt, lorsqu'au détour d'une phrase son interlocutrice lui fit savoir qu'elle attendait de la royale lionne quelque bitume à ajouter à l'infrastructure de ses remparts. Un subreptice sourire vint éclairer les incarnadines lippes qui s'attachèrent à nouveau à l'ourlet du calice pour venir y cueillir quelque fleur liquide avant qu'elle ne vienne arrimer une dextre à sa joue liliale. Le grès de son visage ne tarda pas à s'ébranler, laissant fuser une voix feutrée. « Voilà qui est bien peu habile de leur part eux qui, d'ordinaire, mussent au moins leurs malveillantes intentions derrière une quelconque  ruse... » Il n'était pas proverbe, après tout, qu'ils machinaient avec autant de finesse que les plus adroits rhéteurs. Peut-être étaient-ils contraints à l'honnêteté par une pressante et incoercible cupidité ? Quoiqu'il en soit, ils avaient indéniablement omis les plus instables variables, jonglant désormais avec une équation dont la nature fluctuante risquait de précariser l'édifice de leurs acquis. Attachant un doigt nacré à la cime de sa coupe, la férale reine ne put retenir un rictus, témoin railleur du mépris qu'elle entretenait à leur égard. « Une inepte erreur que celle de sous-estimer deux esprits féminins conjugués, en effet... » Musarder avec une telle alliance aurait été une néophyte méprise et de cette inopinée rencontre ne manquerait pas de naître une coalition qui pourrait être pour les deux esprits calculateurs plus que bénéfique. Déjà s'attachaient à l'arantèle de son pensum de nitides perles d'acuité, la patiente araignée de ses aspirations entrevoyant déjà la kyrielle de possibilités que lui offrirait une telle complicité. Le flot jaculatoire de ses pensées ne fut que couronné par l'interrogation légitime de la sylphide, confortant davantage la pragmatique lionne dans ses assises durables. Le râble toujours rivé au fauteuil, elle croisa ses doigts, laissant une cascade flave chuter devant ses épaules drapées d'étoffes aériennes à la teinte chrysoprase. « La survie est modique à l'esprit aiguisé qui sait s'entourer des bons créditeurs... » Il n'y avait dans l'apophtegme que spéculaire évidence pourtant tissée d'une ineffable vérité.


E
n choisissant de jouer la carte de l'audace en quémandant audience avec la reine, Zentha avait su trouver similitudes là où ne semblaient s'étirer que dissonances et divergences. Sylarne lui adressa un regard niellé d'entendement, laissant un doigt valser sur la cime cristalline de son sébile. La pérennité de son existence, la reine pouvait l'offrir à la Sadéenne sans trop d'effort, les manteaux d'écarlate essaimant comme frelons dans une ruche dans les venelles de la capitale si bien qu'on en était venus à les comparer à du cruor irriguant les jaspures éburnéennes de la Ville veuve de Septentrion. « Assurer votre protection est pour moi plus simple que de m'arroger les services d'un créancier qui ne se laisse pas aller à une exécrable mégalomanie. Ces chers oligarques n'oseraient jamais, qui plus est, s'approcher d'un allié des Clanfell sans craindre de voir se refermer sur leurs étiques râbles les mâchoires souveraines du fauve. » Tout pacte avec sa contrepartie, toute promesse, sa garantie. La Sadéenne l'avait compris, une rare perspicacité que la monarque savait apprécier dans cet océan de mânes sottes et amblyopes. « Vous l'avez si adroitement souligné, les femmes puissantes devraient s'entraider. Vous n'êtes donc pas sans savoir qu'étant frappée d'une telle anathème, je suis pieds et poings liés pour mener mes propres entreprises sans être forcée d'en ébruiter les fondements aux hommes qui gravitent autour de moi. » Une bien dantesque réalité que celle avec laquelle elle devait jongler pour tirer son épingle du jeu, hélianthe d'astres masculins qui n'avaient de cesse de se faire ombres pour ne jamais la laisser suivre son cours comme elle l'entendait. La Sadéenne avait sans doute vécu pareilles entraves. « Oh certes, la fortune Clanfell ne saurait s'alourdir d'inanes créances, se suffisant à elle-même, mais mes... ambitions personnelles nécessitent des moyens qui, eux, doivent passer sous silence. Mon astre jumeau ne saurait poser son éclatant regard sur les activités que j'entreprends sans son consentement... Je suis certaine que nous pourrions nous entendre et que nos aspirations convergent. Qu'en dites-vous ? »

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MessageSujet: Re: Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha]   Iron doesn't make crowns, gold does [Zentha] EmptyDim 15 Juin - 1:11

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La remarque de la souveraine quant aux manières de faire des Mercantes lancinait dans mon esprit tout du long de la conversation, comme une sombre litanie. Assez préoccupée par leurs menaces directes, je n'avais pas réfléchi à ce que cela signifiait réellement... Je les dérangeais moi aussi. Je les dérangeais vraiment, au point qu'ils en arrivaient à préférer l'attaque franche à leurs habituels stratagèmes sournois. Cette constatation m'emplissait de satisfaction, ma vengeance à leur égard prenait forme et j'étais sur la bonne voie. Ils n'allaient pas tarder à amèrement regretter de m'avoir traitée comme une parvenue d'étrangère. Peut-être même le regrettaient-ils déjà.
Entre regards entendus et acquiescements silencieux, la Lionne finissaient par entrouvrir ses lippes pour accéder à ma requête, avouant également que m'offrir protection était chose aisée pour elle et, au vu du nombre de tours de garde auxquels j'avais assisté pendant mon attente, je ne pouvais qu'y croire. La demande formulée par mes soins ne se faisait pas de gaieté de cœur, chérissant ma liberté de mouvement plus que je chérissais tous mes amants réunis, je n'appréciais que modérément de me voir affublée d'une protection rapprochée, même si elle était diablement nécessaire. Aussi, accueillais-je la nouvelle avec flegme, me contentant d'un hochement de tête en guise de remerciements. Je portais une nouvelle fois le cristal à mes lèvres, m'abreuvant au succulent liquide carmin qui me chatouillait les papilles, et attendais que la Reine aux cheveux d'or m'annonce quelle serait la contrepartie de notre petit arrangement.
Elle se disait pieds et poings liés, et je ne pouvais que la comprendre. Dans ce monde dominé par l'ego masculin, il était bien difficile pour une femme de se soustraire à la vigilance accrue d'un père, d'un mari ou même d'un frère quant à ses agissements. Ils nous savaient douées d'intelligence et de ruse, mais plutôt que de nous donner la liberté d'agir à notre guise et bénéficier de nos compétences, ils préféraient nous tenir à l'écart, surveillant le moindre débordement de notre part, et se méfiant de nos paroles ou actions comme si elles n'étaient que le ténébreux résultat d'une folie logée au fond de nos organes reproducteurs. Je détestais cela, presque autant que l'idée d'enfanter. Finalement, un sourire en coin se dessinait sur mes lèvres. Oui, il semblait évident que nous avions des aspirations communes.

« J'en dis que si ma fortune vous permets d'assouvir vos ambitions personnelles et ainsi vous libérer du joug abusif de votre jumeau... Je serais honorée de la faire entièrement vôtre s'il le fallait. » répondais-je, avec espièglerie. Contribuer à l'émancipation féminine m'emplissait à chaque fois de joie, et quand il s'agissait d'une femme de la trempe de Sylarne Clanfell, cela ne pouvait que me rendre d'autant plus fière. Etrangement, alors que tout semblait nous différencier, je me sentais proche d'elle. Je ne savais que trop bien ce qu'était de vouloir se sentir libre de ses actions, et espérer réussir ses manigances sans que quiconque ne vienne mettre son foutu nez dans vos affaires.
Levant mon verre à la hauteur de mon visage, je lançais un regard appuyé à mon interlocutrice. « Aux femmes de pouvoir ! » annonçais-je, avant de boire une gorgée. Notre accord ainsi scellé, je me devais de préciser une dernière chose avant que la conversation ne puisse se poursuivre de façon plus naturelle. « Je dois me rendre à Sade dans quelques jours, et je pense pouvoir jouir d'une sécurité -toute relative bien entendu- dans mes terres natales. Aussi, je souhaiterais que la protection prenne effet à mon retour, si cela vous est possible bien entendu. » Il était inutile de s'encombrer un peu trop précocement de cette maudite garde rapprochée même si, comme l'avait-elle si bien soulignée, la seule présence de manteaux écarlates dans mon sillage devrait suffire à dissuader les Mercantes de me poursuivre de leurs assiduités qui pour le coup, n'avaient rien de sexuelles. Et puis, lors de mon voyage vers l'île, je serais déjà sous bonne escorte entre le mari et l'amant.

Prenant un peu plus mes aises au fond du fauteuil, j'observais la Reine du coin de l'oeil en pianotant du bout de mes doigts sur le cristal opalin. « Vous êtes vous déjà rendue sur Sade ? » questionnais-je soudain, l'air pensif. « Là bas, on dit que plus une fleur ou un serpent arbore des couleurs vives, plus il est mortel. Certains vous diront que ce ne sont que des boniments qui se racontent de génération en génération, et cela dans l'unique dessein de protéger ces espèces rares et sublimes mais je sais que c'est faux, et il me plaît à croire que les femmes sont comparables à la faune et la flore exotique Sadéenne. J'ignore quelles sont vos ambitions personnelles mais, je subodore que le venin qui coule dans vos veines est semblable à celui qui coule dans les miennes. Aussi, me dis-je que nos accointances ne peuvent être que la promesse d'une belle entente. » lâchais-je, sur le ton de la confidence. J'aurais pu parler d'amitié, mais il m'était d'avis que l'expression ne pouvait s'accorder avec deux personnalités comme les nôtres. La méfiance faisait partie intégrante de nos chairs et une relation basée sur un respect mutuel saurait sans doute suffire à nous satisfaire l'une et l'autre.

Intérieurement, je brûlais d'envie de savoir de quelle façon mon argent l'aiderait à s'abjurer de la suprématie fraternelle mais je doutais qu'elle ne me le dise aussi aisément. Il y avait toujours dans ce genre de relation un besoin d'égalité, elle savait que j'avais des différents avec les Mercantes, et en contrepartie, je savais qu'elle avait des ambitions personnelles. Mais pour que les langues se délient, il fallait se laisser aller à quelques confessions et cela tombait bien, car j'avais une autre chose à lui demander et pour se faire, quelques aveux étaient nécessaires.

«  A mon arrivée, je vous ai confié que vous pouviez m'être utile à plusieurs égards... reprenais-je doucement. Eh bien, j'ai également besoin de vous pour une toute petite chose. Comme vous l'avez sans doute deviné, mes difficultés avec les Mercantes m'ont laissé un goût amer, je n'aime guère être humiliée de la sorte. C'est pourquoi je mène une croisade tout à fait personnelle à leur encontre. En rachetant tous les commerces de tissus un par un, je compte bien leur montrer qu'eux aussi, ont fait une erreur de jugement. Toutefois, certains commerçants restent assez récalcitrants, malheureusement. Si jusqu'ici j'ai usé de diplomatie, j'en ai dorénavant assez mais... je suis mal à l'aise avec la manière forte, je préfère de loin la subtilité. J'offre à ces gens de larges compensations et je garde leurs employés, j'aurais du mal à mieux faire, alors j'ai du mal à concevoir un refus... »
J'estimais que c'était là déjà une bien grande faveur. Ils avaient de quoi refaire leur vie, ici ou ailleurs, ils pouvaient s'offrir les plus belles choses dont ils n'avaient jamais osé rêver et je ne jetais personne à la rue. L'on pourrait même dire que j'étais assez généreuse, à ma manière. Bien sûr, ma patience avait des limites, comme tout le monde, et ceux qui refusaient de me céder leur commerce avaient le don de m'irriter légèrement, c'est pourquoi j'envisageais de changer de méthode. J'avais pensé à m'entourer d'un acolyte qui serait moins diplomate que moi, une sorte d'associé qui saurait m'aider pour les cas difficiles en usant d'intimidation et forcément, un nom m'était venu à l'esprit, Dante. Mon amant était parfait pour ce rôle et j'attendais juste le meilleur moment pour lui en faire la proposition, ne sachant guère si cela pourrait l'intéresser. Toujours était-il qu'en attendant cette alliance mélangeant affaires et plaisir, l'aide de Sylarne pouvait m'être précieuse. Il n'est rien que l'on refuserait à une reine après tout...
« De fait, je me disais que si un soutien disons plus officiel demandait gentiment aux réfractaires de se laisser convaincre...  Mes chances seraient meilleures. Qu'en dîtes-vous ? Il y en a un surtout qui me pose problème. Les autres se laisseront sans doute plus facilement amadouer avec quelques pièces de plus... »

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