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 [!] Les charognards. (greer)

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Dante Firebeard

Cerbère des Bas-Fonds

Dante Firebeard
Cerbère des Bas-Fonds
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MessageSujet: [!] Les charognards. (greer)   [!] Les charognards. (greer) EmptyDim 20 Avr - 1:53

Fiche © Quantum Mechanics


les charognards.

greer & dante
Il constate son reflet dans l'abreuvoir. Une gueule crasseuse à n'en point douter, disgraciée par une barbe de plusieurs jours taillée de peu au couteau à viande. Voilà quelques lunes qu'il discerne, dans sa broussaille faite de rouille, des poils aussi blancs que la neige. Ils sont bien peu, mais ils sont là. Un autre craindrait les affres du temps et de la vieillesse, car l'on ne peut déjà plus parler de jeunesse, passé la trentaine. Mais l'égorgeur découvre ses canines en un sourire obscène. La Camarade ne l'effraie pas. Elle est sa compagne, sa sœur, sa maîtresse. Et si Elle pouvait sourire, sûrement aurait-Elle cette identique risette où, habiles, sournois, la morgue et l'appétit s'esclaffent comme des chiens japperaient.
Il se met à plier l'échine pour offrir la carne poussiéreuse de son faciès à ses larges paumes venues toutes droit des flots croupis de l'auge. L'eau éclate et dégouline sur ses traits, trempant de gouttelettes glacées ses courtes mèches auburn tombant sur son front.

« Qu'en dis-tu l'ami ? » Sa voix se fait légère, rieuse. Ses orbes d'acier se tournent vers une silhouette prostrée à ses côtés. Ils sont seuls dans cette ruelle, l'une des innombrables artères de la cité Ravenhole. « Tu me trouves assez présentable ? C'est qu'on est mandés au palais, faudrait pas décevoir les culs dorés. » Il lâche un ricanement acerbe, non moins dénué d'un réel amusement. Son menton revient à la position originelle pour que l'eau ruisselle à nouveau, concluant cette fois sa toilette improvisée en mouchant ses narines. Il renifle et se redresse dans un bruissement de métal et de cuir usé. « J'aimerais mieux pas courroucer leur subtil odorat, bien que, sans vouloir te vexer, de nous deux, t'es celui qui renifle le plus. » Se tournant vers son interlocuteur, le sourcil sceptique : « Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre, pas vrai ? On va y rester quoi … cinq minutes ? Moi je vais retrouver mon or, et toi … tu vas retrouver les dieux, j'imagine. » En face, agenouillé dans la fange de la venelle, un homme en oripeaux jadis fastueux, les mains liées dans le dos et les globes oculaires rougis de pleurs séchés gémit avec frénésie, les naseaux dilatés. S'il ne peut guère s'exprimer comme tout être humain normalement constitué, c'est qu'on lui a cousu les lèvres. « En d'autres circonstances, l'ami, je t'aurais épargné le voyage et ses … désagréments. Mais tes ennemis savent me convaincre. Leurs pièces, surtout. » Dante est un homme pragmatique. Cruel, affirmeraient les ineptes saltimbanque aux arceaux de vertus. Mais rien n'est chez lui plus sincère que sa vocation de faucheur. Un légitime fils de Dagoth, un prince parmi les princes, seulement plus poisseux et moins aromatisé. Il détache la laisse faite d'une vieille bride de cheval de sa ceinture en cuir ferme et redresse de force sa prise. L'homme se lève gauchement, la nuque rougie et ankylosée par des jours de frottement. Ses lippes saignent derrière leurs fils noirs tant les mots se bousculent dans leur cage de chair.

* * *

Les sangles en fer de ses lourdes bottes cliquettent à chacun de ses pas et dieux savent que les couloirs sont longs, dans ces entrailles sombres. Tout résonne en échos disparates et la moindre figure croisée se teinte d'une mine blanchâtre, maladive. C'est à croire que les richesses ne font guère sourire, par ici. Si lui était aussi fortuné que ces coqs et dindes enguirlandés, il se fendrait constamment d'épais rires orgueilleux qui iraient jusqu'à exhorter les déités.
Son air, pourtant, placide dans sa légèreté, ne manque pas d'attirer l'attention. On le mire déambuler, piétinant le fastueux sol qu'il encrasse de glaise, trainant à ses côtés un homme attaché comme un animal le serait, et offrant au panorama d'étoffes de lin, de soie et de coton travaillé sa carrure limée d'épaulettes en métal et d'armure en cuir usé. Des lanières et ceintures enserrent sont torse et sa taille, laissant çà et là apercevoir le reflet d'une lame ou de tout autre objet contendant. Une pelisse noire à capuche le préserve des intempéries, vieillie et délavée par de nombreuses années d'utilisation. Le bas du manteau n'est que textile sale et déchiré, ondulant à la suite des pans ouverts par sa marche tranquille.
« Halte là ! » Deux gardes empoignent leurs épées sans toutefois dégainer. Obéissant, quoique nonchalant, l'intrus s'arrête en face des deux sous-verges.
« Messieurs », salue-t-il d'un vague mouvement de tête, narquois. « Il compte aller où, comme ça, le gueux ? Je peux savoir ce que tu fous avec cet homme ? » Le soldat plisse son nez d'un air écœuré en remarquant les lèvres du bougre. « Par tous les dieux … ! C'est quoi cette farce ?! » Dante soupire avec flegme, tirant sur sa laisse et faisant venir plus près son martyr. « Ce n'est pas une farce, c'est un colis. Alors sois un bon chien et va prévenir qui de droit que je ramène Ryal Woodcutter. » L'autre grimace une fierté bafouée, mais après un court regard avec son compère, il tourne les talons pour s'en aller annoncer la venue du chasseur de primes. « Et dis-leur de ne pas oublier ma paye ! », hèle-t-il d'une voix puissante à la cuirasse qui s'éloigne, avant de vriller la nuque vers le second factionnaire, un sourire de squale vorace niché contre ses commissures.

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Greer Claymerie

Corbeau de Ravenhole

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MessageSujet: Re: [!] Les charognards. (greer)   [!] Les charognards. (greer) EmptyMar 22 Avr - 6:14

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greer claymerie & dante firebeard
charognards
L
e Corbeau. Pourquoi donne-t-on un surnom à la mort, à cette épigone abyssale qui avale les chairs et lape les sangs comme le ferait une louve, à cette généreuse mère qui, de ses mamelles purulentes nourrit tous ses infants, spectres carnassiers aux dents jaunes et effilées, aux ongles hyalins et tranchants qui se vrillent à cette peau décadente pour en sucer plus de vie encore ? Il comprend pourquoi, mais il ne le conçoit pas. Comme si les feux échappaient à son esprit, flammes bues par les ombres de sa psyché et chassées par les mains faméliques de son instinct. Ils s'accrochent à la vie comme il le fait avec les corps disloqués qui se brisent sur le chevalet, insensiblement happés par l'Abime et ses méandres tortueux, viandes jetées en pâture à un charognard du plus, pareil aux autres. Comment peuvent-ils ignorer la finalité, comment peuvent-ils vouloir la repousser plus encore comme si leurs tentatives dilatoires y changeraient quelque chose ? Il saisit. S'imprègne de leurs supplications, de leurs imprécations, de leurs lamentations. Mais il ne comprend pas. Un sourire morcelle ses lèvres, déchire son faciès. Une paluche s'avance vers le parchemin moucheté de vermeil et il glisse un doigt effronté sur la rosace de chair qui s'étire sur l'ivoire. L'oiselle tremble, frétille, chancelle. Il ne lit dans ses yeux vitrifiés que la lassitude, que la fatigue, celle qui suit immanquablement les obsèques d'une fronde qu'elle a abandonnée aussi vite qu'elle l'a éprise, s'attachant à son ventre comme le ferait un parasite. Il y a quelques heures déjà qu'elle a saisi qu'elle ne s'en sortira pas, mais elle ne peut le concevoir. Elle lui ressemble, au fond. Tout comme lui, elle cerne, mais ne comprend pas. Non, elle ne comprend plus. Il tord sa lippe en une grimace perplexe et se rapproche de son oreille, glissant au creux de son être des mots qu'elle sait mortifères et qu'elle ne redoute plus tant elle les as entendus : « C'est bientôt fini, ma toute belle. » Puis, il approche ses lèvres des siennes, lèche ce qui subsiste d'elle à la commissure de ses lèvres. Elle ne se renfrogne pas. Elle ne se renfrogne plus. Même lorsqu'il brûle ses lèvres d'un humiliant baiser, même lorsqu'il enserre sa nuque pour forcer l'entrée et qu'il glisse son surin à l'angle de sa hanche pour le placer devant son propre bas-ventre, collant la lame à son pubis dénudé, jouant l'insolent, jouant l'ordure... « Hé, le rapace, t'as du boulot... Fini de faire mumuse avec la fille. » Il lâche sa prise, soupire. Elle tremble toujours, ses mamelons s'érigent, sa peau se constelle. Puis, il la déleste des sangles de cuir, tire sur les chaînes qui pendent entre ses poignets et ses chevilles, la halant jusqu'à une cellule avant de lui agripper le menton et la forcer à le regarder droit dans les yeux. « Bientôt nous pourrons reprendre là où on nous a interrompus. Ne t'en fais pas, je sais à quel point nos rendez-vous te plaisent. » Il coule une main avide sur le bassin de l'affligée, glisse son index en elle avec un sourire alors qu'elle étouffe un gémissement, affolée. Mais elle ne se débat pas. Elle ne se débat plus, consciente qu'elle alourdira son calvaire d'une lutte perdue d'avance. Il insinue en elle une frayeur liquéfiante qui a tôt fait de la brûler d'une fièvre déliquescente. Et elle suppure cette haine, une cyprine plus qu'humiliante qui, pourtant, est toute dédiée à la morgue, à l'animosité qu'elle entretient à l'égard de son tortionnaire. Il retire cette main inquisitrice, la porte à sa bouche avant de la nettoyer d'une langue famélique et de la faire claquer au fond de son palais. « Humm... Le plus capiteux des vins. » Puis il la pousse sur la paillasse sans délicatesse avant de refermer la porte et de la verrouiller. Le cerbère n'a pas bronché, toujours fiché dans l'embrasure de la porte, une expression de trouble grandissant sur le visage. « Le boulot, encore le boulot. Pas une raison de se tuer à la tâche, hein, le casque ? Alors, dis-moi, tu m'amènes qui cette fois ? » Un cliquetis de métal précède les paroles mal assurées du factionnaire qui a visiblement perdu son aplomb maintenant qu'il a toute l'attention du bourreau. « Un chasseur de prime vient de rapporter Woodcutter. C'est toi qui t'en charge de celui-là. Paraît qu'il a prodigieusement fait chier les Ravncrone et qu'ils le veulent amoché. »


L
e tortionnaire montre ses dents, amusé. Un chasseur de prime ? Vraiment ? Et le guignol écervelé qui débarque dans ses quartiers privés réclamant sa becquetance comme un freux. Greer s'approche d'une crédence, plante son surin dans le bois avant de se frotter les pattes et de se lécher les babines. « Et pourquoi tu vas pas chercher le chasseur de primes pour me le présenter ? Tu manques de manières, le casque, ça me désole. On est pas des sauvages... » Puis il rigole, ses dents brillant d'une lueur blafarde dans la flavescente lumière des torches alors qu'il se dirige vers le factionnaire, le poussant violemment dans le corridor pour s'extirper de son antre, chaude odalisque vespérale qui n'ouvre les cuisses que pour lui, qui se dénude et s'emplit de cris, grosse d'avoir trop avalé les suppliques de ceux qu'on enferme dans son giron. Un sourire aux lèvres le lombric traverse les quelques mètres qui le séparent du cerbère et de son étrange compagnon, glissant insensiblement des yeux trop clairs vers le martyre enchaîné qu'on a forcé au mutisme. Voilà qu'on lui épargne des efforts. Le Rampant sourit, posant une paume sur l'humide lithiase des cachots. « Voilà qui est efficace ! J'ai jamais connu de chasseur de prime aussi zélé, faut te récompenser. J'ai pas de putes sous la main, mais j'ai bien un peu de bière dans mon antre. Et puis je voudrais pas te priver d'exercer encore tes talents de couturière, je connais bien une donzelle qui aurait besoin d'être raccommodée un peu, si tu vois ce que je veux dire... » Inconscient des convenances, il s'approche de l'oreille du chasseur de prime, laisse fuser quelque graveleux commentaire. « Elle est beaucoup moins serrée qu'au premier jour, tu comprends ? » Avec une expression narquoise il se détache du quidam, lui lance une moue équivoque, hausse les épaules et enserre les chaînes du nouveau condamné qu'on livre au supplice de son mauvais goût. Greer fait tinter les mailles de fer et tire le supplicié vers son odalisque fébricitante, exhortant son nouveau compagnon à le suivre d'un signe de la main. Quand enfin ils atteignent le ventre de celle qui le nourrit d'une vésanie mortifère, il pousse le condamné sur le sol, n'y prêtant plus attention alors qu'il glisse une main vers deux chopes qu'il remplit d'une bière noire épaisse et sirupeuse avant de le tendre au tueur, amène. « Où sont mes manières, hein ? À me voir on me croirait élevé par une pute. Je suis Greer. Si tu veux, je te laisse l'honneur d'attacher le quidam au chevalet et de me dire ce qui a valu à ce cher Woodcutter un aller simple pour l'Abime. »

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Dante Firebeard

Cerbère des Bas-Fonds

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MessageSujet: Re: [!] Les charognards. (greer)   [!] Les charognards. (greer) EmptyMar 22 Avr - 15:44

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les charognards.

greer & dante
Un drôle d’oiseau. La mine cireuse, le teint égrotant, le tout paré d’yeux sournois, brillants d’une lueur où l’équilibre suffoque les entrailles ouvertes. Il constate son nouvel interlocuteur comme on constate un animal exotique, les ridules fendues d’une curiosité malsaine, dévisageant l’individu sans une once de mesure. Suivre le quidam n’est pas dans son intérêt. Militairement parlant, s’exposer sur un terrain méconnu et cloisonné comme une coquille d’œuf avarié est tout sauf sagace. Les issues sont rares – il n’en a décelée pour le moment qu’une seule, celle-ci même par laquelle il est arrivé – et les possibles antagonistes bien trop nombreux : des factionnaires, du peuple au degré hétéroclite, que d’obstacles pour un seul homme. Sa lame n’aurait pas terminé de trancher ses premiers membres qu’on le noierait déjà sous une coulée de chair, d’étoffes et de cuirasses. Ce sont pourtant bien ses propres pas, domptés, qui se mettent à retracer le sillon laissé par le corbac, l’esprit animé d’une effervescente indiscrétion où l’intérêt piqué à vif transperce tout raisonnement martial. Le malingre gaillard l’emmène bientôt dans une salle qu’il devine comme sienne. Une constatation plus qu’une intuition, puisqu’il retrouve ici le même effluve empoissant les nippes de son hôte ; un relent de viande qui suinte des murs et des frusques comme la sève d’un arbre ou la mouille d’une vierge. Grand enfant importun, Dante se met à sourire en livrant son entière attention au décor du pandémonium. Tandis que ses fraîches souvenances se mettent à lui rappeler les analogies entre les cales d’un navire jadis emprunté et les artères d’une arène jadis visitée, le phonème de l’autre se met à ronfler.

« Voilà qui est efficace ! J'ai jamais connu de chasseur de prime aussi zélé, faut te récompenser. J'ai pas de putes sous la main, mais j'ai bien un peu de bière dans mon antre. Et puis je voudrais pas te priver d'exercer encore tes talents de couturière, je connais bien une donzelle qui aurait besoin d'être raccommodée un peu, si tu vois ce que je veux dire… » Faut-il encore qu’il écoute. Indifférent au monologue servi, tel un chien doté d’une grêle concentration, il lève le museau vers chaque aspérité de la pièce en s’abreuvant des moindres détails. Ici non plus, aucune autre issue que celle de l’huis. Beaucoup de barreaux, beaucoup de poussière, beaucoup de sang séché et beaucoup d’outils. Un peu plus, et il se croirait dans un atelier d’artisan – la puanteur en moins. Il sent le souffle moite de l’énergumène venir lui titiller la carne, tirant un sourcil chez le traqueur qui salue sa retenue ; en d’autres circonstances, surement lui aurait-il arraché l’excroissance de muscle servant de langue. Un réflexe de belluaire qui ne lui fait que trop peu supporter la présence d’un spécimen dans son étroit périmètre vital, si ce n’est la figure trempe desdites putains. « Elle est beaucoup moins serrée qu'au premier jour, tu comprends ? Ouais, j’ai saisi », répond avec lassitude le rejeton de l’indigence. Bouffon, se prend-t-il à penser alors que ses lippes restent scellées, les orbes d’acier continuant leur inspection. Ce qu’il peut cracher sur la verve nobiliaire. Il lui vient en mémoire ces officiers militaires qui, pour mieux intimider la vermine qu’ils étaient, se plaisaient à railler des hâbleries plus écœurantes les unes que les autres sur leur destin néfaste de chair à farcir. Beaucoup tremblaient la nuit, imaginant, comme narré, leurs cous tranchés au lendemain dans la bataille. Beaucoup se pissaient dessus, même, chuintant dans leurs cauchemars des lamentations de mômes. Et beaucoup crevaient la gueule ouverte, les mouches en-dedans, tandis que les officiers occultaient leur honorable présence derrière des lignes de fantassins, cavaliers, archers et chevaliers.
La nuque du chasseur de primes finit par se tourner vers le geôlier, traçant sur sa pulpe sèche le reflet d’une lame aiguisée d’un sourire. Et l’hôte ci-présent, se serait-il chié dans le froc une fois tiré hors de son atelier et livré en pâture à des armées de cuirasses ? Loin du giron rassurant de son joli palais et de ses gardes. Loin de ses truies à resserrer.

Le colis une fois échangé, il s’arroge quelques pas sur la plateforme des limbes, avant de rejoindre la fameux Greer et son broc offert. « Dante », fait-il simplement, s’emparant de la boisson qu’il repose derechef sur un rebord avant de s’en aller mirer d’un peu plus près ledit chevalet. « Très franchement, il aurait pu baiser ma sœur que je m’en serais foutu. On ne m’a donné aucune information sur ses méfaits, on m’a juste promis une somme disons… convaincante. » Ses rotules craquent tandis que son buste descend pour étudier le chevalet. Il y a des restes organiques flanqués entre les échardes de bois, signes évidents d’une utilisation régulière. Dépossédé de sa misanthrope placidité, il découvre ses canines en une risette captivée. « Greer ? Pas de lord Greer, ou de ser Greer. Juste Greer ? » Ses calots rutilants se lèvent vers l’effigie masculine, mirant la figure derrière l’engin. « T’es pas un geôlier tout à fait conventionnel, j’me trompe ? T’as même plutôt la gueule d’un bourreau – ou au moins ses accessoires », ricane-t-il avec morgue en soupesant les traits puérils du tortionnaire. Fort de sa perspicacité enfantine, il se redresse et revient léviter autour du martyre dont le souffle pesant enchevêtre l’atmosphère de silences rances. « Si t’ignores quels sont ses crimes, pourquoi le faire venir ici ? », demande-t-il, les billes rivées sur la carcasse prostrée, continuant de déambuler autour, pensif. « T’es pas le genre de type qu’on appelle usuellement pour soutirer des confidences aux prisonniers ? » Quel doux euphémisme. Il rirait presque de son vocable gouailleur s’il n’était pas trop concentré à jouer aux devinettes. Ses pas marquent un arrêt. « Si tu me fais l’honneur de l’y attacher, fais-moi aussi l’honneur d’assister à ta besogne. Tout ça m’intrigue », conclut-il avec légèreté, réellement séduit par l’hypothèse d’une démonstration, tel le paysan ignare qu'il peut être. Le faciès hirsute rivé sur Greer, il attend, le poignet naturellement posé sur le manche d’une large dague aussi rustique qu’abîmée.



HRP:


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Greer Claymerie

Corbeau de Ravenhole

Greer Claymerie
Corbeau de Ravenhole
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MessageSujet: Re: [!] Les charognards. (greer)   [!] Les charognards. (greer) EmptySam 26 Avr - 22:45

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greer claymerie & dante firebeard
charognards
M
onstre dans une peau d'homme. Bête aux yeux humains, animal parmi ses semblables. Il n'est pas seul, bien sûr. Il le sait. Combien sont-ils dans ces landes désolées à parcourir les sillons gelés, l'arme au poing, disséminant le sépulcre derrière les poitrines battantes et faisant étreindre le tombeau à ces nouveaux amants de la mort ? Ils sont légions. Centuries de reîtres, bataillons déchiquetés d'assassins à l'oriflamme de clandestinité, régiments de chasseurs de prime sous les galons de la solitude ; des charges indigentes pour un monde indigent. Mais dans les entrailles rocheuses des geôles, halitueuses catins au giron pestilentiel, ils sont si peu à distribuer la mort lente, la mort durement gagnée, la délivrance soporifique qui suit les dernières exhalaisons des exuvies en devenir. Les assassins ont leur Dagoth, les guerriers, leur Catharis. Les bourreaux ont le Néant et ses impavides grâces, un autel pourrissant de vide sur lequel ils sacrifient offrandes avant d'en jeter les corps, avalées par la frigide vacuité d'un gouffre sans fond. Inane prière que celle qu'il éructe en mots de chair, en litanies sanguines et en lamentatio osseuses. Son dieu à lui est celui qui coule dans ses veines et ne s'écoule pas, pour l'heure, comme celui des pauvres séquestrés qui goûtent aux aspérités de son chevalet. La bière glisse dans son gosier, tiède libation qu'il offre à la déité tordue de son encéphale. Les relents sont métalliques, amers, comme si les remugles de purulence transpirés par les murs avaient coulé dans les chopes, imprégnant l'épaisse liqueur. Les prunelles grisées, vitrifiées, il suit le clébard, s'attache à son imposante carrure pour l'étudier. Guerrier ? Sans doute. Il en a la dégaine, la gueule. Tout sourire, les dents toujours trempées de bière, il remue sa mémoire. Dante. Un pur inconnu, un étrange roquet qui a le mérite de le faire rire quand il lâche, sarcastique, ses premières questions. Greer, que Greer. Le Claymerie, il s'en tape complètement, mais comme les autres le quidam rigolera sans doute de son cul d'or, comme s'il n'avait pas depuis assez goûté à l'indigence pour effacer toute trace de son ancienne noblesse, si tant est qu'il en ait joui un jour. Le Rampant vrille vers lui des yeux gris d'orage, une lézarde craquelant son visage d'un sourire amusé. « T'as vu beaucoup de tortionnaires porter des titres, toi ? Alors Greer ça suffira. Le lord, il sort que de la bouche des crevards quand ils veulent me supplier... » Le rapace lorgne le chien, suivant des yeux les siens alors que le quidam découvre avec un intérêt non dissimulé les talents de décorateur du Corbeau de Ravenhole. Ça ne prend pas l'esprit d'un Elfe austral pour comprendre que le chasseur de primes est passablement intrigué par ce qui l'entoure. Une curiosité morbide dont il s'empanache, étudiant les moindres aspérités du bois dont le lignage sanguinolent rappelle l'anamnèse d'une boucherie. Ici, rien n'est réminiscence parce que tout est marqué, cicatrisé, stigmatisé. Le sang ne ment pas, le sang n'oublie pas, le sang ne s'étiole pas, il persiste et conquiert chaque centimètre de son sanctuaire.


I
l laisse l'homme poser ses questions, avale quelques gorgées de bière, ricanant. Un vrai marmot devant de nouveaux jouets. Il a connu ça lui aussi. À l'époque où il jouait les oisillons pour le tortionnaire de l'endroit. Trois ans dans l'ombre du précédent freux avant de prendre sa place et de répandre une peur plus aigre encore que celle qui avait caractérisé le règne du vieux corbeau. Quelques mois avait valu au Claymerie plus de crainte que le vioque en avait amassé au cours de toute sa vie. Une triste ironie que le vieillard ait été achevé de ses mains, une demande qu'il avait trouvée bien singulière, mais qu'il avait honorée, offrant à son maître une mort rapide. Un rare cadeau. Pourtant les soulards à qui il racontait cette histoire ne semblaient pas aussi prompts à le voir de la même façon. Deux poignards au fond des yeux constituaient tout de même une félicité aux yeux de celui qui soutirait la vie au compte gouttes, lambeau de carne par lambeau de carne. Tout était une question de perspective. Après avoir vidé sa pinte il la posa sur la table, s'amusant de l'enthousiasme de son invité. « Ça fait beaucoup de questions pour un chasseur de prime. Je croyais les gens de ton acabit moins bavards. Oh, pas que ça me fend le cul, rien à voir. Ça me fait plaisir, au contraire, d'avoir un spectateur. Dans ce genre de métier on a rarement l'occasion d'officier devant audience, j't'apprends rien. » Le tortionnaire retire sa tunique sans plus de cérémonie, offrant aux regards un torse glabre et crayeux déjà creusé de poussière et de crasse. Sa main s'attarde sur son surin, il glisse la pointe sur son index, faisant tournoyer la garde avec désinvolture. « Si tu veux tout savoir, je suis pas un geôlier. Les chiens en cage, je m'en occupe pas. Leur captivité, leur liberté, c'est pas à moi d'en décider et à vrai dire, qu'ils crèvent de faim, de froid ou d'avoir été trop sodomisés dans leur cellule m'importe peu. » Son idiolecte est probablement la seule chose qui trahit son appartenance feinte à la roture. Dans sa bouche, les mots sont tantôt pompeux tantôt graveleux, mais le lombric s'en accoutume. Oh il détonne avec le chasseur de prime, un rustre pur et dur. Mais dans leur monde, seuls les actes comptent. Les paroles importent peu et pourtant le bourreau s'amuse à les épancher sans se complexer. Il a toujours aimé entendre le son de sa voix. « Si j'ai la gueule d'un bourreau, c'est parce que j'en suis un. Oh, je préfère largement jouer les tortionnaires. Les patrons comprennent mal la différence entre les deux. Le bourreau, c'est un mec comme toi. Il tue, point barre. Oh, parfois il est appelé à exécuter lentement. Et là où tous voient de la torture, je vois un truc bâclé, un amusement, un spectacle léger, sans plus, orchestré pour faire peur et intimider... » Il se retourne, faisant dos au chasseur de prime, d'un geste machinal il aligne ses couteaux sur la table. Il est maître chez lui, dans son sanctuaire. La perspective d'être en compagnie d'un tueur qui pourrait à tout moment lui river un surin entre les épaules ne l'effraie pas. Il ne ressent rien. Il n'a jamais rien ressenti. Et s'il est gorgé, à l'instar de toutes les bêtes, d'un instinct de survie, il choisit de l'anesthésier. À quoi bon vivre sans danger ? « L'exécution publique, c'est politique. Une pièce de théâtre. Le bourreau est justice, bras vengeur du roi. Le bourreau a les lauriers. La foule se tend dans l'expectative, elle a soit de la compassion pour le condamné soit elle éructe une haine plus grande encore que celle qu'on attache aux crimes perpétrés. T'as déjà vu une exécution publique ? Moi, j'en ai fait plusieurs. Et j'en ai même vu où des enfants montaient sur l'échafaud pour torturer le condamné, des femmes, des vieillards, tous y passaient, infligeant au crevard des sévices pires que ceux prévus par l'exécuteur. » Il se retourne, un poignard à la main, son regard de guède accroché au fil de la lame qui devient spéculaire dans la lumière des torches. « Le bourreau il a le beau rôle. Le tortionnaire, lui, il œuvre dans l'ombre. Il n'a ni spectateurs ni laudateurs, on n'éprouve pour lui aucune sympathie, aucune qualité de rédemption ou de basse besogne qu'on doit accomplir pour maintenir le précaire équilibre de la justice. Le tortionnaire, on ne le connaît pas, on ne veut pas le connaître. Le tortionnaire, il exerce un art. »


G
reer s'approche de Woodcutter, empoigne les sangles qui maintiennent ses poignets, le relevant du sol crasseux dont il s'est fait une paillasse d'infortune. Rivant ses prunelles carnassières dans celles, affolées, de la raclure il l'épie quelques instants avant de lui lâcher d'un ton presque badin : « Tente la moindre connerie pour t'échapper et je te jure que ta propre bite, je te la couds dans l'cul, c'est clair ? » Le crevard lâche un hoquet de panique avant d'opiner du chef. Un sourire sur les lèvres, Greer lui tapote l'épaule et coupe les liens, le jetant sur le sol face au chevalet et au chasseur de prime. Malgré qu'il soit à quelques pas de la porte ouverte, le tortionnaire ne bronche pas. Il ne sait que trop qu'ils obéissent, tous. Parce que ses menaces, il sait les mettre à exécution et ceux qui ont osé braver ses ordres rejoignent indéniablement son tableau de chasse. D'une main leste, il fait chuter une lourde draperie couvrant le mur septentrional de la pièce, révélant devant les yeux révulsés du pauvre homme des visages cloués sur le mur, privés de leurs fondations rachidiennes, simplement amputés d'un squelette qu'on a jeté aux chiens. Il se retourne vers le supplicié, lui montrant du doigt les masques qu'on a rivés à la roche poreuse et enduits de poix et de bitume pour les préserver. « T'as besoin d'un dessin pour comprendre où je veux en venir, l'ami ? Tu bouges, tu rejoins ma collection. » Puis il retourne près de la table, se hisse sur le bois pour s'y asseoir, se servant un autre broc de bière, un subreptice sourire amusé sculpté sur sa gueule séraphique. Comme s'il ne s'était rien passé il reprend sa conversation, les mains derrière la tête, s'inclinant pour coller son dos nu à la lithiase suintante du mur. « Oh, pour Woodcutter on m'a simplement dit que les Ravncrone le voulaient amoché. Très amoché. Criminel, innocent... des notions abstraites tout ça. Moi, je m'en fiche. On me dit de charcuter, je charcute. Toi tu tues pour l'argent, moi je torture pour la beauté de la chose. Je suis un homme aux goûts simples, mais raffinés. » Un canevas vierge, cette vie, qui lui permet de peindre en teintes vermeilles les plus belles nuances de l'existence. « Soutirer des confidences c'est qu'une partie du travail. La plus ennuyeuse même, parce qu'en quelques minutes ils déballent tous leurs secrets. Trop rapide. Et ils t'en disent même plus que ce que tu veux savoir, me racontent leur vie, leurs vices, me confient leurs crimes... » Le freux fait craquer sa nuque, geste quotidien, anodin qui consacre son détachement. Un gouffre, le Néant, rien qu'une apathie morcelée de quelques sourires de fauve. « Ce qui est marrant, c'est qu'ils pensent tous que je fais ça par dépit, comme si j'aimais pas ce que je leur fais subir. Comme si quelques secrets rédempteurs parviendraient à écourter leur calvaire et me faire pousser un soupir de soulagement. Ils croient tous me délivrer d'une besogne difficile, comme si j'avais un glaive dans le dos qui m'obligeait à les affliger contre mon gré... les cons. » Du haut de son perchoir le charognard toise à nouveau son compagnon de jeu, la prunelle affutée. « Je préfère les contrats plus... libres. Ceux qui implquent de châtier les ennemis de l'État, de régler des comptes pour les grands de ce monde, de faire des exemples des chiens désobéissants... Des trucs bien plus amusants, si tu veux mon avis, que de jouer les confidents pour charognes. » La demande du cerbère l'amuse réellement et le saphir de ses yeux s'enflamme, un sourire vorace s'acharnant à lui déformer la lippe pendant qu'il se redresse sur ses deux pieds, termine d'un trait sa bière et jette l'écuelle sur le sol, visiblement fébrile d'avoir enfin un copain pour jouer. Greer se rapproche de l'homme, inclinant la tête avec un sourire équivoque. « Si tu me promets de pas chier dans tes braies, tu es le bienvenu. Mais sache qu'ici on ne fait pas que regarder, on participe. Je voudrais pas te priver de bouffer un peu de carne, t'as travaillé si fort pour ramener ton os. » Le Corbeau donne un coup de patte sur la croix pour s'assurer de sa solidité puis envoie un coup de pied à la vermine qui s'étend à ses pieds, arrachant à la gorge du quidam un long râle étouffé par ses lèvres closes. « Pendant que tu ficelles notre copain, dis-moi, dis-moi, qu'est-ce que t'as fait endurer de pire à un être humain... » Nouveau sourire.

Un monstre dans une peau d'homme.

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